Tx complémentaires, le personnage reflet de la société, étude comparative de 6 extraits
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Séquence 1: Le roman
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classe de 1ère S
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Construction, déconstruction du personnage.
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Objet d'étude: le personnage de roman du XVII ème siècle à nos jours
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Problématiques:
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Comment s'organise une portrait et que nous dit-il des personnages?
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Quelle place le personnage occupe t'-il dans le roman?
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I – Groupement de textes: différentes techniques de portraits
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le portrait de Mlle de Chartres, la Princesse de Clèves, Mme de La Fayette. XVIIème - Lecture analytique n°1
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Incipit, Jacques le fataliste et son maître, Diderot, XVIIIème - Lecture complémentaire
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Excipit, le sacre de Georges Duroy, Bel-ami, Maupassant, XIXème - Lecture analytique n° 2
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Les choses, Pérec, Xxème - Lecture complémentaire
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II – Lecture d'une œuvre intégrale du XIXème – le roman d'apprentissage ou la naissance d'un héros
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Le père Goriot
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Les lectures analytiques
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Eugène épie Goriot – Lecture analytique n° 3
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Le portrait de Mme Vauquer – Lecture analytique n°4
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L'enterrement du père Goriot – Lecture analytique n°5
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Étude d'ensemble: les initiateurs de Rastignac – lectures comparées
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Le discours de Vautrin à Rastignac, extrait
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Le discours de Mme de Beauséant, extrait
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La vie de Marianne, Marivaux, extrait
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Lucien Lewen, Stendhal, extrait
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Le hussard sur le toit, Jean Giono, extrait
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Illustration de Rastignac de A. Laisné
Paroles d'initiateurs
Textes:
A – le père Goriot, Balzac, le discours de Mme de Beauséant à Rastignac, 1834
B – Le père Goriot, Balzac, le discours de Vautrin à Rastignac, 1834
C – La vie de Marianne, Marivaux, le discours de Mme Dutour à Marianne, 1731.1741
D – Lucien Leuwen, Stendhal, la leçon du père de Lucien, 1894
E – Le hussard sur le toit, Jean Giono, lettre d'une père à son fils, 1951
F – Gravure de Laisné, 1851. 1853. Pour le père Goriot, Rastignac au père Lachaise
Question:
Quelle vision de l'homme et de la société proposent ces 5 discours initiatiques?
Texte A: le discours de Mme de Beauséant
« Le monde est infâme et méchant, dit enfin la vicomtesse. Aussitôt qu'un malheur nous arrive, il se rencontre toujours un ami prêt à venir nous le dire, et à nous fouiller le cœur avec un poignard en nous en faisant admirer le manche. Déjà le sarcasme, déjà les railleries ! Ah ! je me défendrai. » Elle releva la tête comme une grande dame qu'elle était, et des éclairs sortirent de ses yeux fiers. « Ah ! fit-elle en voyant Eugène, vous êtes là ! 5 — Encore, dit-il piteusement. — Eh bien, monsieur de Rastignac, traitez ce monde comme il mérite de l'être. Vous voulez parvenir, je vous aiderai. Vous sonderez combien est profonde la corruption féminine, vous toiserez la largeur de la misérable vanité des hommes. Quoique j'aie bien lu dans ce livre du monde, il y avait des pages qui cependant m'étaient inconnues. Maintenant je sais tout. Plus froidement vous calculerez, plus avant vous irez. Frappez sans pitié, vous serez craint. 10 N'acceptez les hommes et les femmes que comme des chevaux de poste que vous laisserez crever à chaque relais, vous arriverez ainsi au faîte de vos désirs. Voyez-vous, vous ne serez rien ici si vous n'avez pas une femme qui s'intéresse à vous. Il vous la faut jeune, riche, élégante. Mais si vous avez un sentiment vrai, cachez-le comme un trésor ; ne le laissez jamais soupçonner, vous seriez perdu. Vous ne seriez plus le bourreau, vous deviendriez la victime. Si jamais vous aimiez, gardez bien votre secret ! ne le livrez pas avant d'avoir bien su à qui vous ouvrirez 15 votre cœur. Pour préserver par avance cet amour qui n'existe pas encore, apprenez à vous méfier de ce monde-ci... »
Texte B: le discours de Vautrin
Le baron de Rastignac veut-il être avocat ? Oh ! joli. Il faut pâtir pendant dix ans, dépenser mille francs par mois, avoir une bibliothèque, un cabinet, aller dans le monde, baiser la robe d'un avoué pour avoir des causes, balayer le palais avec sa langue. Si ce métier vous menait à bien, je ne dirais pas non : mais trouvez-moi dans Paris cinq avocats qui, à cinquante ans, gagnent plus de cinquante miIle francs par an ? Bah ! plutôt que de m'amoindrir ainsi l'âme, j'aimerais mieux me faire corsaire. D'ailleurs, où prendre des écus ? Tout ça n'est pas gai. Nous avons une ressource dans la dot d'une femme. Voulez-vous vous marier ? ce sera vous mettre une pierre au cou; puis, si vous vous mariez pour de l'argent, que deviennent nos sentiments d'honneur, notre noblesse ! Autant commencer aujourd'hui votre révolte contre les conventions humaines. Ce ne serait rien que se coucher comme un serpent devant une femme, Iécher les pieds de la mère, faire des bassesses à dégoûter une truie, pouah ! si vous trouviez au moins le bonheur. Mais vous serez malheureux comme les pierres d'égout avec une femme que vous aurez épousée ainsi. Vaut encore mieux guerroyer avec les hommes que de lutter avec sa femme. Voilà le carrefour de la vie, jeune homme, choisissez. Vous avez déjà choisi : vous êtes allé chez notre cousine de Beauséant, et vous y avez flairé le luxe. Vous êtes allé chez madame de Restaud, la fille du père Goriot, et vous y avez flairé la Parisienne. Ce jour-là vous êtes revenu avec un mot écrit sur votre front, et que j'ai bien su lire : Parvenir! parvenir à tout prix. Bravo ! ai-je dit, voilà un gaillard qui me va. Il vous a fallu de l'argent. Où en prendre? Vous avez saigné vos soeurs. Tous les frères flouent plus ou moins leurs soeurs. Vos quinze cents francs arrachés, Dieu sait comme ! dans un pays où l'on trouve plus de châtaignes que de pièces de cent sous, vont filer comme des soldats à Ia maraude. Après, que ferez-vous? vous travaillerez? Le travail, compris comme vous le comprenez en ce moment, donne, dans les vieux jours, un appartement chez maman Vauquer, à des gars de la force de Poiret. Une rapide fortune est le problème que se proposent de résoudre en ce moment cinquante mille jeunes gens qui se trouvent tous dans votre position. Vous êtes une unité de ce nombre-là. Jugez des efforts que vous avez à faire et de l'acharnement du combat. Il faut vous manger les uns les autres comme des araignées dans un pot, attendu qu'il n'y a pas cinquante mille bonnes places. Savez-vous comment on fait son chemin ici ? par l'éclat du génie ou par l'adresse de la corruption. Il faut entrer dans cette masse d'hommes comme un boulet de canon, ou s'y glisser comme une peste. L'honnêteté ne sert à rien. L'on plie sous le pouvoir du génie, on le hait, on tâche de le calomnier, parce qu'il prend sans partager; mais on plie s'il persiste; en un mot, on l'adore à genoux quand on n'a pas pu l'enterrer sous la boue. La corruption est en force, Ie talent est rare.
Texte C: La vie de Marianne, Marivaux, le discours de Mme Dutour à Marianne
« Tenez, Marianne, me disait-elle à votre place........ arrêtez-vous»
Texte D: Lucien Leuwen, Stendhal, la leçon du père de Lucien
«C'est de vous qu'il s'agit, et c'est à quoi nous cherchons une réponse. ….. parce que cela était trop sale»
Texte E: Le hussard sur le toit, Jean Giono, lettre d'une père à son fils
[Angelo, le héros du livre, est exilé en France où il erre au milieu d'une épidémie de choléra. Au cours d'une des étapes de son périple, il reçoit une lettre de sa mère restée en Italie.]
La lettre était datée de juin et disait : « Mon bel enfant, as-tu trouvé des chimères ? Le marin que tu m'as envoyé m'a dit que tu étais imprudent. Cela m'a rassurée. Sois toujours très imprudent, mon petit, c'est la seule façon d'avoir un peu de plaisir à vivre dans notre époque de manufactures. J'ai longuement discuté d'imprudence avec ton marin. Il me plaît beaucoup. Il a guetté la Thérèsa à la petite porte ainsi que tu le lui avais recommandé, mais, comme il se méfiait d'un grand garçon de quinze ans qui joue à la marelle tous les jours sur la place de sept heures du matin à huit heures du soir depuis que tu es en France, il a barbouillé la gueule d'un pauvre chien avec de la mousse de savon et le joueur de marelle a pris ses jambes à son cou en criant à la rage. Le soir même, le général Bonetto qui n'a pas inventé la poudre m'a parlé d'une chasse au chien à propos de mon griffon. Je sais donc exactement d'où vient le joueur de marelle maintenant et j'ai fait les yeux qu'il faut pour que le général sache que je sais. Rien n'est plus agréable que de voir l'ennemi changer ses batteries de place. Il y a beaucoup de rage à Turin. Tous les jeunes gens qui ont un visage ingrat et une taille au-dessous de quatre pieds et demi sont enragés. La même épidémie ravage les envieux et ceux qui n'ont jamais su être généreux avec leur tailleur. Le reste se porte bien et fait des projets. Il y en a même qui ont la folie de vouloir adopter cette mode anglaise si préjudiciable à l'organdi et aux pantalons collants d'aller manger à la campagne. Ils disent même : jusque près des tombeaux romains. Ce que je trouve exagéré, comme espoir en tout cas. Mais les routes sont les routes. Laissons faire. Les bons marcheurs s'en vont toujours de détour en détour pour voir le paysage qui est après le tournant et c'est ainsi que, d'une simple promenade, ils font parfois une marche militaire. Tout cela serait bien s'il n'y avait pas de moins en moins de gens capables de compter sur leur cœur. C'est un muscle qu'on ne fait plus travailler, sauf ton marin qui me paraît de ce côté être un assez curieux gymnasiarque. Il s'est enthousiasmé d'une bonté de rien du tout que j'ai eue pour sa mère et il est allé faire tourner ses bras un peu trop près des oreilles des deux hommes chamarrés qui ont organisé ton voyage précipité. Ils en sont tombés très malencontreusement malades le jour même. C'est dommage. J'ai pensé que ton marin avait la détente un peu brusque. Je lui ai donné de fort obscures raisons pour qu'il fasse encore un voyage en mer. J'ai été si mystérieuse qu'il s'en est pâmé de bonheur. J'aime viser longtemps.
Et maintenant, parlons de choses sérieuses. J'ai peur que ne fasses pas de folies. Cela n'empêche ni la gravité, ni la mélancolie, ni la solitude : ces trois gourmandises de ton caractère. Tu peux être grave et fou, qui empêche ? Tu peux être tout ce que tu veux et fou en surplus, mais il faut être fou, mon enfant. Regarde autour de toi le monde sans cesse grandissant de gens qui se prennent au sérieux.»
Texte F: Gravure de Laisné pour le Père Goriot, Rastignac au père La chaise
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Réponse à la question du corpus, paroles d'initiateurs
Ces textes présentent une vision pessimiste de l'homme et de la société dans laquelle on peut trouver de nombreux points communs.
Dans la société, il n'y a pas de place pour les sentiments, Mme de Beauséant montre que le sentiment vrai constitue un danger pour celui qui le ressent, que les liens familiaux et amoureux n'existent plus. Les filles Goriot on renié leur père et se renient entre elles, la relation entre femme et amant est dictée par l'intérêt et l'ambition, les amitiés sont minées par la rivalité. Il ne s'agit que de calculer et de frapper sans pitié, comme la vicomtesse, Vautrin dénonce un monde conduit par l'envie, la calomnie qui est un champ de bataille. Chez Marivaux, les relations amoureuses sont basées sur le mensonge et le profit. Giono montre aussi que les valeurs dans la folie et qui représentent la noblesse de cœur, sont menacées par cette époque dominée par le matérialisme et l'intérêt.
Il n'y a pas de place non plus pour la morale. Si Mme de Beauséant tente de garder son nom, «blanc» et demande à Rastignac de ne pas se situer parmi les fripons, elle sait combien est profitable la corruption féminine. Vautrin et M. Leuwen montrent avec cynisme l'absence de principes moraux dans cette société. Pour Vautrin, le travail ne peut mener à rien et il faut forcément se salir les mains. Pour Leuwen, toujt homme politique est par définition un coquin. Seule compte l'apparence, «sachez seulement vous bien débarbouiller. Là est toute la morale de notre époque. Les grands idéaux de justice ne résistent pas non plus à son ironie. La corruption apparaît donc générale et la société «une réunion de dupes et de fripons, texte A, où la corruption est en force, texte B et les coquins au pouvoir, texte D.
Le seul principe qui guide les hommes est l'intérêt, l'argent est le moteur des êtes depuis la petite Mme Dutour jusqu'à la belle et riche Mme de Nucingen, depuis le riche bourgeois Leuwen jusqu'à l'aristocrate Rastignac, on retrouve cette idée chez Giono et dans la métaphore de la société, un champ de bataille, chez Vautrin, chez Mme de Beauséant, «nos batailles à livrer». La société se partage entre bourreaux et victimes.
Ces textes montrent les clivages de la société, riches, pauvres, textes A et C . Mme de Beauséant pose aussi la question de la société de la restauration. Le père Goriot renié par ses filles mariées dans l'aristocratie, les bourgeoises, singent les nobles, la noblesse d'argent de la chaussée d'Antin et l'aristocratie d'ancien régime.
Vautrin et la duchesse évoque un autre clivage incluant les hommes supérieurs, texte B et les esprits originaux, texte E au milieu d'une masse de haut bétail, texte B.
Le forçat et la duchesse dénoncent la médiocrité ambiante, des faibles ou des sots pour Vautrin, des mesquins sans idéal ni panache pour la duchesse et exaltent le génie qui est au dessus de la masse.
Les quatre premiers initiateurs montrent donc la société de manière cynique comme un terrain de lutte où le héros doit habilement trouver son intérêt en se servant des autres.
Mais la duchesse Pardi, texte E tient un discours différent, pour elle, son fils Angelo doit se démarquer de cette société gouvernée par le profit et des valeurs médiocres pour se laisser guider par ses chimères et sa folie.
Pour aller plus loin
Date de dernière mise à jour : 31/10/2018