Le désir est-il par nature immoral?
Méthodologie pratique. Travailler un plan à partir d’un sujet de dissertation
Exercice et méthode : trouver un plan, exploiter et développer les idées en trois points.
Faire et développer une thèse
Le désir est-il par nature immoral?
La moralité d’une action réside t’-elle dans son intention ou dans sa réalisation?
Montrez que :
- - le désir est irrationnel
- - La moralité c’est la rationalité
- - Où trouver la rationalité?
Travail de recherche :
Le désir est irrationnel
« Le désir est la tendance consciente qui nous pousse impulsivement vers un objet au motif du plaisir que nous espérons en retirer. Parce que le désir est source de plaisir, l’idéal serait de pouvoir satisfaire tous nos désirs. Mais comme il est une tendance impulsive, souvent sourde à la raison, il suscite aussi notre méfiance, au point qu’on se dit parfois qu’il serait bien mieux de n’en avoir aucun.
On voit par là toute l’ambivalence du désir et c’est pourquoi nous devons nous demander ce qu’il faut faire de nos désirs, c’est-à-dire nous interroger sur l’attitude qu’il est souhaitable d’adopter à leur propos. »
nos désirs sont des tendances amorales ou immorales par nature : le désir est une force impulsive mue par la quête du plaisir et qui est intrinsèquement transgressive
c’est naturellement qu’ils nous poussent à mal agir ou à nous détourner de nos obligations.
nos désirs sont toujours intéressés, motivés par le plaisir que nous attachons à la possession d’un certain objet ou à une forme de satisfaction
L’action morale est désintéressée, elle ne comporte aucun motif sensible (lié à la sensibilité : les émotions, les sentiments etc) qui pourrait altérer la pureté de l’intention morale
Problème éthique posé par nos désirs : désirer c’est rechercher ardemment quelque chose, le désir donne donc de l’intensité et de la saveur à la vie ; mais nous désirons ce que nous n’avons pas et nous ne sommes jamais sûrs de pouvoir obtenir ce que nous désirons : le désir nous expose au risque de la frustration et du ressentiment ; il est inséparable de la souffrance morale du manque, voire, du fait de son insatiabilité, insatisfaisant par principe : Schopenhauer. Le désir fait donc signe vers la suppression de l’état de manque dont il est l’occasion : nous désirons non pas désirer mais consommer l’objet du désir : le désir est donc désir de sa cessation comme désir : fondamentalement nous désirons cesser de désirer. Pour être heureux, pleinement satisfait, il faut donc éteindre en soi tout désir: Epicure, l’extinction du désir est une des conditions majeures de la vie heureuse etc.
Problème moral posé par nos désirs : d’autre part le désir est amoral, donc fatalement nos désirs pourront être immoraux, transgressifs. Le désir est facteur de conflit, d’inimitié : la convoitise, l’envie de l’envieux. Saint Paul. Il faut vivre suivant l’esprit et non suivant la chair. Il faut «crucifier la chair »
LES PROBLEMES
Le désir pose donc un problème moral (il entre en conflit avec les devoirs de l’être raisonnable) : car c’est un mode de détermination de l’action qui ignore la raison, les limites raisonnables ou rationnelles de l’action. Autant la volonté est rationnelle et raisonnable, autant le désir ne l’est pas : on ne peut pas vouloir ce qu’on sait être impossible (être immortel ; descendre à ski une pente excessive) ou immoral mais on peut en avoir envie, on peut le désirer. En outre autant la volonté ferme, tenace, autant le désir est capricieux, inconstant. Le désir est donc par essence a-moral, déraisonnable, folâtre, fou. Mais faut-il pour autant vouloir réprimer le désir, voire l’éradiquer ? La morale exige-t-elle le sacrifice du désir ?
Le désir pose donc un problème éthique (de conduite de son existence, de choix du mode d’existence) : Le désir n’est pas limité comme l’est le besoin : lorsqu’on mange ou boit par faim ou par soif, une quantité limité d’aliments simples nous suffit . Lorsque c’est par désir, seul le dégoût trace une limite. En outre le désir est état de tension et expérience du manque, risque de la frustration. Comme tel il est contraire à la sérénité de l’âme, à la souveraine liberté d’un être, qui par lui devient dépendant des conditions externes de la réalisation de ses désirs. Mais peut-on vivre sans désir ? Que serait la vie sans son inventivité intempestive, inattendue et souvent folle ?
Lorsqu’un homme s’arrache à ses désirs ou à ses intérêts personnels, et qu’il se demande : « Qu’est-ce que je dois faire? », et non pas « Qu’est-ce que je désire ou qu’est-ce qui me plairait? », il s’élève au plan de la Loi morale
Kant cherche, après la critique de la raison pure, à fonder une science a priori de la conduite et de la morale, répondant ainsi à la question : Que dois-je faire ?
- La moralité c’est la rationalité
L’être humain est libre. Or, qui dit LIBERTÉ dit RAISON. L’être humain est en mesure de se donner une morale grâce à sa RAISON
- la morale est chez Kant du côté de la raison (appelée raison "pratique", car elle a à voir avec l'action, non avec la connaissance). En effet, elle suppose une faculté/ capacité d'universalisation, et elle s'oppose à tout ce qui en nous est du domaine de la sensibilité (inclinations, désirs, sentiments...). C'est d'ailleurs pour cela qu'elle est exprimée en termes d'impératifs, et qu'elle suppose les notions de devoir, de loi : elle "contraint" notre sensibilité.
- Où trouver la rationalité?
La morale s’adresse à l’homme, être libre car c’est un être rationnel qui peut se donner à lui-même ses propres règles. Celui qui s’impose sa propre loi est libre = autonome au sens où il se donne à lui-même sa propre loi.
Rejet de l’impératif hypothétique = rejet de la raison instrumentale qui ne sert qu’à satisfaire les désirs
Lorsque nous agissons selon l’impératif hypothétique, nous nous donnons tel moyen pour arriver à telle fin = si tu veux telle chose, fais donc ceci plutôt que cela
= c’est une raison instrumentale, une règle qui me permet de satisfaire un désir et mettant en œuvre le bon moyen.
la raison est impuissance à dicter les «bons» sentiments moraux. La raison n’est qu’un instrument permettant de satisfaire les passions toutes-puissantes : «La raison est, et ne peut qu’être, l’esclave des passions…»
Impératif hypothétique = raison instrumentale. Cette raison n’est pas de nature morale pour Kant, elle n’est qu’un instrument.
La morale suppose une autre raison et le rejet de la raison « instrument ». La morale doit poser une raison qui oblige à agir quels que soient les désirs, cette raison est l’impératif catégorique.
Cet impératif n’est pas un moyen visant à satisfaire des désirs. « Fais ce que tu voudrais que les autres fassent ».
Agir moralement, c’est être rationnel
• Agir par bonne volonté, c-à-d agir par devoir (au sens défini), c’est agir moralement.
• Agir moralement, c’est agir RATIONNELLEMENT.
• Ou : être MORAL, pour Kant, c’est être RATIONNEL
impératif catégorique : l’essence de la rationalité de la morale. Cet Impératif catégorique est l’expression de la LOI MORALE
L’IMPÉRATIF CATÉGORIQUE
Agis seulement d’après la maxime grâce à laquelle tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle.
En d’autres termes : agis d’après telle règle si tu peux vouloir que cette dernière règle devienne une loi universelle, c’est-à-dire, valable pour tous. Voler ou mentir est une règle de conduite immorale qui relève de l’incohérence si on souhaite que cette règle devienne une loi universelle. La morale est rationnelle.
PRINCIPE DE LA DIGNITÉ HUMAINE
Agis de façon telle que tu traites l’humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme fin,
jamais simplement comme moyen
L’homme n’est pas un instrument, il est une fin, l’homme a une dignité car il possède la raison qui lui permet de faire ses propres choix, il est donc un être libre, sa fin est la liberté. La raison n’est pas instrumentale mais intrinsèque, la raison oblige l’homme de ne jamais se servir de lui-même.
Dans le mensonge, je traite autrui comme un moyen pour réaliser mes fins alors que l’autre est tout comme moi un être libre et rationnel
On agit moralement lorsqu’on fait le bien non par intérêt ou sous l’effet d’un sentiment mais parce qu’on a conscience que c’est le bien, c’est-à-dire lorsqu’on agit librement. La moralité implique la liberté comme autonomie de la volonté, ce qui suppose de faire face à la force impulsive et sans règle de nos désirs et de s’efforcer de s’en rendre maître. Lorsqu’on fait son devoir (rendre son dû à son propriétaire) au seul motif que c’est là son devoir, on agit moralement et librement.
Qu’est-ce qu’une bonne volonté ? Ce n’est pas une volonté qui atteint ses objectifs, c’est une volonté dont les intentions sont pures. Qu’est-ce qu’un volonté pure ? Une volonté qui obéit au concept du devoir. Ainsi, la bonne volonté c’est agir par devoir.
La moralité désigne une action faite en voulant accomplir son devoir :
“Une action accomplie par devoir tire sa valeur morale non pas du but qui doit être atteint par elle, mais de la maxime d’après laquelle elle est décidée”
Le formalisme de Kant en morale renvoie à l’idée qu’il suffise qu’on applique une règle pour être moral. Cette règle est celle de l’universalité : puis-je universaliser la maxime de mon action ?
“L’autonomie est donc le principe de la dignité de la nature humaine et de toute nature raisonnable“.
Les différentes formulations du devoir :
Il a différentes formulations, qui viennent de son manque de contenu. Le problème qui s'est posé à Kant, c'est de savoir comment un homme va bien pouvoir se "représenter" (concrètement) le devoir, comment il va bien pouvoir savoir qu'il est en présence de la loi morale.
(1)"Agis comme si la maxime de ton action pouvait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature"
Maxime : principe subjectif d'après lequel un sujet veut agir
Loi : un principe objectif (ayant une portée universelle comme les lois de la nature) d'après lequel un sujet doit agir
Pour agir moralement, il faut se demander si une règle d'action qu'on se donne peut devenir la règle de tout homme placé dans la même situation. Si oui, c'est qu'on est en présence de la loi morale. Dans le cas contraire, c'est qu'on veut faire une exception pour soi (les lois de la nature ne souffrent pas d'exception).
(2) "Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen".
La loi morale est une fin en soi. L'être porteur de cette loi ne peut donc se subordonner à qui que ce soit qui lui soit extérieur. Il est donc lui aussi une fin en soi. Par conséquent, se demander si on traite un être porteur de la loi morale comme une fin en soi, c'est un moyen de repérer qu'on agit vis-à-vis de cet être selon la loi morale
(3) "Agis de telle sorte que tu puisses toujours te considérer en même temps comme législateur et comme sujet dans le règne des fins".
Règne des fins : sorte de royaume idéal que constituent les hommes en tant qu'ils se considèrent et considèrent chacun des autres comme une fin en soi
Nous pouvons considérer que nous sommes en présence de la loi morale quand nous sommes à la fois les sujets (en tant qu'êtres sensibles) et les auteurs (en tant qu'êtres raisonnables). Obéir à une loi qui est nôtre, c'est l'autonomie.
Pour aller plus loin : consultez les documents du site
Date de dernière mise à jour : 01/05/2021