CORPUS:
Le Radeau de la Méduse – Théodore Géricault.
La Vision de Saint Augustin – Vittore Carpaccio.
« Migonne » à Cassandre, Ode I, 17 – Ronsard.
« L'homme et la femme » – Victor Hugo.
QUESTION DE CORPUS: EN QUOI CES OEUVRES SONT-ELLES HUMANISTES?
Mignonne, A Cassandre
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu cette vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au votre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place,
Las, las ses beautés laissé choir !
O vraiment marâtre Nature,
Puisqu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vôtre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
Victor Hugo, "L'homme et la femme"
L’homme est la plus élevée des créatures ;
La femme est le plus sublime des idéaux.
Dieu a fait pour l’homme un trône ; pour la femme un autel.
Le trône exalte ; l’autel sanctifie.
L’homme est le cerveau ; la femme le coeur.
Le cerveau fabrique la lumière ; le cœur produit l’Amour.
La lumière féconde ; l’Amour ressuscite.
L’homme est fort par la raison ;
La femme est invincible par les larmes.
La raison convainc ; les larmes émeuvent.
L’homme est capable de tous les héroïsmes ;
La femme de tous les martyres.
L’héroïsme ennoblit ; le martyre sublime.
L’homme a la suprématie ; la femme la préférence.
La suprématie signifie la force ;
La préférence représente le droit.
L’homme est un génie ; la femme un ange.
Le génie est incommensurable ; l’ange indéfinissable.
L’aspiration de l’homme, c’est la suprême gloire ;
L’aspiration de la femme, c’est l’extrême vertu.
La gloire fait tout ce qui est grand ; la vertu fait tout ce qui est divin.
L’homme est un Code ; la femme un Evangile.
Le Code corrige ; l’Evangile parfait.
L’homme pense ; la femme songe.
Penser, c’est avoir dans le crâne une larve ;
Songer, c’est avoir sur le front une auréole.
L’homme est un océan ; la femme est un lac.
L’Océan a la perle qui orne ; le lac, la poésie qui éclaire.
L’homme est un aigle qui vole ; la femme est le rossignol qui chante.
Voler, c’est dominer l’espace ; chanter, c’est conquérir l’Ame.
L’homme est un Temple ; la femme est le Sanctuaire.
Devant le Temple nous nous découvrons ; devant le Sanctuaire nous nous agenouillons.
Enfin pour finir : l’homme est placé où finit la terre ; la femme où commence le ciel.
Vittore Carpacio, peintre italien du XV et XVI siècles, a peint La vision de Saint Augustin entre 1502 et 1508. Durant le même siècle, Ronsard a écrit « Mignonne » à Cassandre en 1552. Théodore Géricault a peint quant à lui Le Radeau de la Méduse en 1819. Et Victor Hugo a écrit « L'homme et la femme » au XIX siècle.
Nous allons voir en quoi ces œuvres sont humanistes.
Tout d'abord ces œuvres sont humanistes car elles donnent une vision réaliste [NL1] de l'homme et du monde qui l'entoure. Vittore Carpaccio peint Saint Augustin de façon réaliste, ses habits sont bien ceux d'un homme d’Église : il porte une chasuble blanche et un capuce noir de moine. De plus, les nombreux livres ouverts au premier plan, la bibliothèque et instruments de science éparpillés dans la pièce témoignent de sa condition d'homme érudit. Dans ce tableau, il ressort d'ailleurs une atmosphère particulièrement réaliste de travail. Le peintre décrit Saint Augustin comme un homme qui pense, écrit et s'éduque mais il y ajoute une dimension encore plus humaniste en développant l'idée selon laquelle l'homme peut atteindre Dieu par la connaissance. [NL2] Théodore Guéricault peint quand [NL3] à lui des hommes à l'agonie, la scène est d'un réalisme frappant. En effet, le tableau est inspiré d'un fait réel et le peintre souhaite donner à ses personnages l'image la plus vraie, tant dans leur composition que dans leur proportion et leur mouvement. Ainsi, nous pouvons observer tous les corps tendus vers leur dernier espoir. Ils sont blêmes, parfaitement reconstitués, presque scientifiquement. [NL4] Le décor est tout aussi impressionnant : Guéricault peint de façon déconcertante le réalisme de la tempête, des vagues qui se déchirent, du radeau qui risque de sombrer. Il s’appuie sur l'atmosphère écrasante de son œuvre pour nous faire ressentir le réalisme de la situation. Ronsard écrit dans son ode « Et en sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez votre jeunesse : Comme à cette fleur, la vieillesse Fera ternir votre beauté. » Dans ce vers, le poète compare la jeune fille à une rose et en fait la métaphore. Il utilise l'impératif pour donner un conseil et manie les antithèses avec talent : « fleur » et « vieillesse » ou « ternir » et « beauté ». Ces procédés lui permettent ainsi de donner une vision réaliste de l'homme qui perd sa jeunesse car le temps passe. [NL5] Il garde cependant une vision optimiste, celle du Carpe diem[NL6] , qui est propre aux humanistes. Les humanistes peignent ou décrivent donc l'être humain à la fois de façon scientifique, comme un être de chair et d'os et à la fois spirituelle, par leur attachement à l'éducation et à leur qualités innées. [NL7]
En outre, les tableaux Le Radeau de la Méduse et La Vision de Saint Augustin, ainsi que le poème «l'homme et la femme » constituent des œuvres humanistes car leur auteur traite tous trois des questions politiques et sociales de leur époque. Ainsi, Théodore Guéricault peint avec réalisme dans un autre but : tout en haut de l'amas de chaires entremêlées, nous pouvons distinguer un homme noir, héros du radeau. Il est soutenu par un homme blanc et agite un tissu rouge pour se faire remarquer par le bateau salvateur qui est en vue. Il est mis en avant par la composition du tableau : cet homme noir, bien vivant, est le sommet d'une pyramide d'hommes blancs, à l'agonie. Nous pouvons donc deviner en lui une véritable allégorie de l'espoir. Espoir qui peut être analysé comme celui de la survie ou de l'égalité des hommes. Au moment où le peintre met en scène ce personnage, l'esclavagisme est toujours en vigueur : il plaide donc en faveur de l'humanité en tant qu'espèce et souhaite faire passer un message pacifiste sur l'égalité au sein de celle-ci. Mais le tableau constitue aussi un réquisitoire contre l'incompétence des hommes de commandement et de l'administration royale basée sur les privilèges et à cause de laquelle, le fameux radeau est en perdition. Victor Hugo écrit quant à lui «L'homme est fort par le raison ; La femme est invincible par les larmes.» Hugo souligne la différence entre un homme et une femme grâce à l'antithèse raison/larmes. Mais il met aussi en place un parallélisme entre les mots et il utilise des termes hyperboliques pour donner à la femme un caractère important dans son poème. Ici, le poète défend l'égalité homme femme en montrant les qualités de celles-ci : il les placent sur le même piédestal humaniste. Vittore Carpaccio peint dans son œuvre, des objets scientifiques comme la sphère armillaire, les livres. Mais aussi religieux : la statue de Jésus, les clochettes pour faire fuir le diable. Ainsi, il symbolise par ces objets le conflit du siècle entre la religion et les sciences qui s'opposent à l'époque. C'est une vision profondément humaniste car il exprime le problème à la fois politique et morale selon lequel l'homme ne serait pas de création divine. Les sujets politiques et sociaux varient selon les siècles mais les auteurs humanistes sont toujours à même d'en faire le centre de leurs préoccupations. [NL8]
Enfin, ces poèmes et ces tableaux sont humanistes car leurs auteurs placent tous l'homme au centre de leurs préoccupations et donc de leurs œuvres. [NL9] Théodore Géricault peint une scène de naufrage atroce : nous pouvons deviner les corps, morts ou vivants entremêlés. L'agonie se lit sur tous les visages. Dans cette scène, les hommes noirs et blancs ne font plus qu'un. Ils gardent espoir et se soutiennent mutuellement : un homme en soutient un autre, il brandit un tissu rouge, allégorie de l'espoir. Géricault fait de son tableau une œuvre humaniste car il place l'homme au dessus de tout, capable du meilleur dans les pires situations. Il dégage donc de l'animalité apparente une profonde humanité. De même, Carpaccio met en scène son seul personnage, Saint Augustin, sur une estrade, au premier plan. Le regard est attiré par cet homme, il est d'ailleurs le sujet unique du tableau : peint comme un homme érudit, il permet au peintre de faire passer une idée méliorative quand à l'éducation en associant directement celle-ci à l'homme. Ronsard écrit « Donc, si vous me croyez, mignonne », dans cette citation, le poète utilise le pronom personnel « me » pour faire passer un message directement au lecteur. Le verbe « croire » tend à l'interpeller afin qu'il réfléchisse par lui-même. Il doit croire le poète sur la vérité qu'il énonce et en tenir compte : Ronsard exprime ici la condition de l'homme qui est un être éphémère et le conseille quand à l'attitude à adopter, celle du carpe diem. Victor Hugo écrit quant à lui « l'homme est la plus élevée des créatures.» Dans cette citation, il utilise l'expression hyperbolique « plus » pour montrer l'importance des hommes en tant qu'espèce. [NL10] L'adjectif mélioratif accentue cette idée humaniste selon laquelle l'homme est au centre de l'univers et doit être considéré comme une espèce qui s'élève au dessus des autres « créatures ». L'utilisation du présent de vérité générale permet à Hugo de faire de ce vers une maxime moralisante, une vérité qu'il faut respecter. [NL11]
Pour conclure, nous pouvons dire que ces tableaux et poèmes sont humanistes car leurs auteurs donnent de l'homme une vision réaliste. Ils traitent des problèmes moraux, politiques et sociaux qu'ils rencontrent et placent les hommes au centre de leurs préoccupations et donc de leurs œuvres. Ils font de l'être humain une créature élevée et respectable, par son éducation, sa conscienc
[NL1]A préciser, toute vision réaliste n’est pas humaniste... -1 [NL2]Très bien [NL3]Quant à lui. [NL4]Bien. [NL5]Très bien. [NL6]Très bien, mais à mettre en italiques (tous les mots étrangers dans un texte doivent être en italiques). [NL7]Très bien. +1 [NL8]Très bien. [NL9]Bien. [NL10]Métaphore. [NL11]-Bilan?