Louise Labé, Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie à l'oral EAF - Quels sont les enjeux du lyrisme amoureux de la renaissance au surréalisme ?
- Le 22/01/2018
- Dans Commentaires EAF, français
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Comment l'amour est à la fois une constance dans l'inspiration et une source de renouvellement poétique?
Louise Labé à l'oral EAF
Je vis, je meurs; je me brûle et me noie
Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;
J'ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m'est et trop molle et trop dure.
J'ai grands ennuis entremêlés de joie.
Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure ;
Mon bien s'en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.
Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.
Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.
Louise Labé (1524-1566
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Problématique :
Comment l'amour est à la fois une constance dans l'inspiration et une source de renouvellement poétique ?
Quels sont les enjeux du lyrisme amoureux de la renaissance au surréalisme ?
(problématique de l'objet d'étude quête amoureuse dans la poésie de la renaissance au surréalisme)
I-Un sonnet lyrique
A/ Un sonnet de forme classique
→ 2 quatrains/ 2 tercets
→ décasyllabes
→ v.3 : « la vie » = diérèse
v.6 : « grief » = synérèse
→ rimes embrassées pour les quatrains, une série de rimes croisées puis une rime plate dans les tercets
B/ Un sonnet lyrique
→ pronoms personnels à la première personne : je/ me/ m'/ m'en/ ma
C/ Un lyrisme lié au sentiments amoureux
→ v.9 : « Ainsi Amour inconstamment me mène »
= personnification
II- Les contradictions du sentiment amoureux
→ le poème est construit systématiquement sur des antithèses
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vie/ meurs
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brûle/ noie
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chaud/ froidure
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rie/ larmoie
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molle/ dure
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ennui/ joie
→ accumulation de celles-ci (antithèses)
variété de procédés pour amener ces antithèses :
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virgules (« Je vis, je meurs »)
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conjonction de coordination « et » (« Je me brûle et me noie »)
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participe présent (« en endurant »)
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adjectifs (« entremêlés »
Tout cela apporte une diversité au rythme du texte et renforce la contradiction des sentiments amoureux, notamment par la singularité de ces contradictions
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« et […] et » = double conjonction de coordination = à la fois
III- Le sentiment amoureux comme une souffrance
Une souffrance physique
→ marquée par des hyperboles
→ mots ou groupe de mots très courts
v.1 : mots d'une seule syllabe qui peuvent s'apparenter à un martèlement
Une souffrance morale
→ le sujet amoureux perd pied : « Je pense », « je crois » = n'est sûre de rien
→ le sujet devient objet : « Amour me mène », « Il me remet »
Une souffrance sans fin
→ présent qui exprime la durée
→ allers-retours entre sentiments de mort et de renaissance
« Je vis, je meurs », « Je sèche et je verdoie »
→ le final parle de retour au « premier malheur »
Une souffrance qui a une portée « universelle »
→ absence de destinataire
→ pas d'indice de genre, peu de présence du féminin
Louise Labbé se démarque donc des autres auteurs de son époque car elle écrit de façon très charnelle. Son poème, qui possède une forme classique tout en étant original a une portée universelle.
Pour aller plus loin