•Comment le théâtre permet -il une représentation du pouvoir et dans quel but?
- Le 20/02/2017
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Dissertation : Comment le théâtre permet-il une représentation du pouvoir, et dans quel but ? Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur Tartuffe, de Molière et Horace, de Corneille, étudiés en classe, sur les textes du corpus et sur toute autre théâtrale que vous connaissez.
Corpus :
Texte A - Alfred JARRY, Ubu Roi, acte Ill, scènes 3 et 4, 1888 Texte B - Jean-Paul SARTRE, Les Mouches, Acte II, scènes 3 et 4, 1943 Texte C - Albert CAMUS, Caligula, acte II, scène 5, 1944 Texte D - Eugène IONESCO, Le Roi se meurt, 1962.
Texte A : Alfred JARRY, Ubu Roi, acte Ill, scènes 3 et 4, 1888.
[La scène se passe dans une Pologne imaginaire. Poussé par l'ambition de sa femme, le Père Ubu fomente une conspiration contre le roi Venceslas. Parvenu à ses fins, et une fois couronné, Ubu fait régner la terreur.]
ACTE III, SCÈNE III
Une maison de paysans dans les environs de Varsovie. Plusieurs paysans sont assemblés.
UN PAYSAN, entrant : — Apprenez la grande nouvelle. Le roi est mort, les ducs aussi et le jeune Bougrelas s'est sauvé avec sa mère dans les montagnes. De plus, le Père Ubu s'est emparé du trône. UN AUTRE : — J'en sais bien d'autres. Je viens de Cracovie1, où j'ai vu emporter les corps de plus de trois cents nobles et de cinq cents magistrats qu'on a tués, et il parait qu'on va doubler les impôts et que le Père Ubu viendra les ramasser lui-même. TOUS : — Grand Dieu ! qu'allons-nous devenir ? le Père Ubu est un affreux sagouin et sa famille est, dit-on, abominable. UN PAYSAN : — Mais, écoutez : ne dirait-on pas qu'on frappe à la porte ? UNE VOIX, au-dehors : — Comegidouille2 ! Ouvrez, de par ma merdre, par saint Jean, saint Pierre et saint Nicolas ! ouvrez, sabre à finances, corne finances, je viens chercher les impôts ! La porte est défoncée, Ubu pénètre suivi d'une légion de Grippe-Sous.
SCÈNE IV
PERE UBU : — Qui de vous est le plus vieux ? (Un paysan s'avance.) Comment te nommes-tu ? LE PAYSAN : — Stanislas Leczinski.3 PERE UBU : — Eh bien, comegidouille, écoute-moi bien, sinon ces messieurs te couperont les oneilles4. Mais, vas-tu m'écouter enfin ? STANISLAS : — Mais Votre Excellence n'a encore rien dit. PERE UBU : — Comment, je parle depuis une heure. Crois-tu que je vienne ici pour prêcher dans le désert ? STANISLAS : — Loin de moi cette pensée. PERE UBU : — Je viens donc de te dire, t'ordonner et te signifier que tu aies à produire et exhiber promptement ta finance, sinon tu seras massacré. Allons, messeigneurs les salopins de finance, voiturez ici le voiturin à phynances5. (On apporte le voiturin.) STANISLAS : — Sire, nous ne sommes inscrits sur le registre que pour cent cinquante-deux rixdales que nous avons déjà payées, il y aura tantôt six semaines à la Saint-Mathieu. PERE UBU : — C'est fort possible, mais j'ai changé le gouvernement et j'ai fait mettre dans le journal qu'on paierait deux fois tous les impôts et trois fois ceux qui pourront être désignés ultérieurement. Avec ce système, j'aurai vite fait fortune, alors je tuerai tout le monde et je m'en irai. PAYSANS : — Monsieur Ubu, de grâce, ayez pitié de nous. Nous sommes de pauvres citoyens. PERE UBU : — Je m'en fiche. Payez. PAYSANS : — Nous ne pouvons, nous avons payé. PERE UBU : — Payez ! ou ji6 vous mets dans ma poche avec supplice et décollation du cou et de la tête ! Cornegidouille, je suis le roi peut-être ! TOUS : — Ah, c'est ainsi ! Aux armes ! Vive Bougrelas, par la grâce de Dieu, roi de Pologne et de Lithuanie ! PERE UBU : — En avant, messieurs des Finances, faites votre devoir. (Une lutte s'engage, la maison est détruite et le vieux Stanislas s'enfuit seul à travers la plaine. Ubu reste à ramasser la finance.)
1. Ancienne capitale de Pologne. 2. Un des jurons ubuesques les plus violents. On peut y voir une composante sexuelle (dans le préfixe corne) et une composante digestive (gidouille) qui symbolisent les « appétits inférieurs » du personnage. 3. Nom authentique d'un roi de Pologne dont la fille (Marie) épousa Louis XV.
4. Déformation d'oreilles. Le mot appartient au vocabulaire ubuesque comme merdre. 5. Phynance est une invention orthographique que Jarry justifie en rapprochant le mot de physique. 6. Ji : je.
Texte B : Jean-Paul SARTRE, Les Mouches, acte II, scènes 3 et 4, 1943.
[L'histoire se passe dans la ville d'Argos. Egisthe, après avoir assassiné Agamemnon, et épousé Clytemnestre sa femme, a instauré un régime de terreur. Oreste, fils de la reine, revient quinze ans plus tard, suivi par Jupiter. Electre, sa sœur, traitée en esclave, incite le peuple à la révolte. Egisthe la chasse. Elle se cache avec Oreste dans le palais.]
SCÈNE III EGISTHE, CLYTEMNESTRE, ORESTE et ELECTRE (cachés)
EGISTHE. [... ] — Je regrette d'avoir dû punir Électre.
CLYTEMNESTRE. — Est-ce parce qu'elle est née de moi ? II vous a plu de le faire, et je trouve bon tout ce que vous faites. EGISTHE. — Femme, ce n'est pas pour toi que je le regrette. CLYTEMNESTRE. — Alors pourquoi ? Vous n'aimiez pas Électre. EGISTHE. — Je suis las. Voici quinze ans que je tiens en l'air, à bout de bras, le remords de tout un peuple. Voici quinze ans que je m'habille comme un épouvantail : tous ces vêtements noirs ont fini par déteindre sur mon âme. CLYTEMNESTRE. — Mais, Seigneur, moi-même... EGISTHE. — Je sais, femme, je sais : tu vas me parler de tes remords. Eh bien, je te les envie, ils te meublent la vie. Moi, je n'en n'ai pas, mais personne d'Argos n'est aussi triste que moi. CLYTEMNESTRE. — Mon cher seigneur... Elle s'approche de lui. EGISTHE. — Laisse-moi, catin ! n'as-tu pas honte, sous ses yeux ? CLYTEMNESTRE. — Sous ses yeux ? Qui donc nous voit ? EGISTHE. — Eh bien, le roi. On a lâché les morts, ce matin. CLYTEMNESTRE. — Seigneur, je vous en supplie... Les morts sont sous terre et ne nous gêneront pas de sitôt. Est-ce que vous avez oublié que vous-même inventâtes ces fables pour le peuple ? EGISTHE. — Tu as raison, femme. Eh bien, tu vois comme je suis las ? Laisse-moi, je veux me recueillir. Clytemnestre sort.
SCÈNE IV
EGISTHE, ORESTE et ELECTRE (cachés)
EGISTHE. — Est-ce là, Jupiter, le roi dont tu avais besoin pour Argos ? Je vais, je viens, je sais crier d'une voix forte, je promène partout ma grande apparence terrible, et ceux qui m'aperçoivent se sentent coupables jusqu'aux moelles. Mais je suis une coque vide : une bête m'a mangé le dedans sans que je m'en aperçoive. A présent je regarde en moi-même, et je vois que je suis plus mort qu'Agamemnon. Ai-je dit que j'étais triste ? J'ai menti. Il n'est ni triste ni gai, le désert, l'innombrable néant des sables sous le néant lucide du ciel : il est sinistre. Ah ! je donnerais mon royaume pour verser une larme ! Entre Jupiter.
Texte C : Albert CAMUS, Caligula, acte II, scène 5, 1944.
[Depuis la mort de sa sœur Drusilla, Caligula, jeune empereur romain, prend conscience de l'absurdité du monde. II décide d'exercer un pouvoir absolu, tyrannique et cruel sur son royaume.]
ACTE II SCÈNE 5
Il mange, les autres aussi. Il devient évident que Caligula se tient mal à table. Rien ne le force à jeter ses noyaux d'olives dans l'assiette de ses voisins immédiats, à cracher ses déchets de viande sur le plat, comme à se curer les dents avec les ongles et à se gratter la tête frénétiquement. C'est pourtant autant d'exploits que, pendant le repas, il exécutera avec simplicité. Mais il s'arrête brusquement de manger et fixe avec insistance Lepidus l'un des convives. Brutalement.
CALIGULA. — Tu as l'air de mauvaise humeur. Serait-ce parce que j'ai fait mourir ton fils ? LEPIDUS, la gorge serrée. — Mais non, Caïus, au contraire. CALIGULA, épanoui. — Au contraire ! Ah ! que j'aime que le visage démente les soucis du cœur. Ton visage est triste. Mais ton cœur ? Au contraire n'est-ce pas, Lepidus ? LEPIDUS, résolument. Au contraire, César. CALIGULA, de plus en plus heureux. — Ah ! Lepidus, personne ne m'est plus cher que toi. Rions ensemble, veux-tu ? Et dis-moi quelque bonne histoire. LEPIDUS, qui a présumé de ses forces. — Caïus !
CALIGULA. — Bon, bon. Je raconterai, alors. Mais tu riras, n'est-ce pas, Lepidus ? (L'œil mauvais.) Ne serait-ce que pour ton second fils. (De nouveau rieur.) D'ailleurs tu n'es pas de mauvaise humeur. (II boit, puis dictant.) Au..., au... Allons, Lepidus. LEPIDUS, avec lassitude. — Au contraire, Caïus. CALIGULA. — A la bonne heure! (Il boit.) Écoute, maintenant. (Rêveur.) Il était une fois un pauvre empereur que personne n'aimait. Lui, qui aimait Lepidus, fit tuer son plus jeune fils pour s'enlever cet amour du cœur. (Changeant de ton.) Naturellement, ce n'est pas vrai. Drôle, n'est-ce pas ? Tu ne ris pas. Personne ne rit ? Ecoutez alors. (Avec une violente colère.) Je veux que tout le monde rie. Toi, Lepidus, et tous les autres. Levez-vous, riez. (Il frappe sur la table.) Je veux, vous entendez, je veux vous voir rire. Tout le monde se lève. Pendant toute cette scène, les acteurs, sauf Caligula et Caesonia, pourront jouer comme des marionnettes. Se renversant sur son lit, épanoui, pris d'un rire irrésistible. Non, mais regarde-les, Caesonia. Rien ne va plus. Honnêteté, respectabilité, qu'en dira-t-on, sagesse des nations, rien ne veut plus rien dire. Tout disparaît devant la peur. La peur, hein, Caesonia, ce beau sentiment, sans alliage, pur et désintéressé, un des rares qui tire sa noblesse du ventre. (Il passe la main sur son front et boit. Sur un ton amical.) Parlons d'autre chose, maintenant. Voyons. Cherea, tu es bien silencieux. CHEREA. — Je suis prêt à parler, Caïus. Dès que tu le permettras. CALIGULA. — Parfait. Alors tais-toi. J'aimerais bien entendre notre ami Mucius. MUCIUS, à contrecœur. — A tes ordres, Caïus.
Texte D : Eugène IONESCO, Le Roi se meurt, 1962.
Bérenger 1er ne veut pas comprendre le destin inexorable que son médecin et sa première femme lui ont annoncé : il va mourir. La seconde épouse du Roi, Marie, est présente.]
LE ROI. — Viens vers moi, MARIE. — Je voudrais bien. Je vais le faire. Je vais le faire. Mes bras retombent. LE ROI. — Alors, danse. (Marie ne bouge pas.) Danse. Alors, au moins, tourne-toi, va vers la fenêtre, ouvre-la et referme MARIE. — Je ne peux pas. LE ROI. — Tu as sans doute un torticolis, tu as certainement un torticolis. Avance vers moi. MARIE. — Oui, Sire. LE ROI. — Avance vers moi en souriant. MARIE. — Oui, Sire. LE ROI. — Fais-le donc ! MARIE. — Je ne sais plus comment faire pour marcher. J'ai oublié subitement.
MARGUERITE, à Marie. — Fais quelques pas vers lui. Marie avance un peu en direction du Roi. LE ROI. — Vous voyez, elle avance. MARGUERITE. — C'est moi qu'elle a écoutée. (A Marie.) Arrête. Arrête-toi. MARIE. — Pardonne-moi, Majesté, ce n'est pas ma faute. MARGUERITE, au Roi. — Te faut-il d'autres preuves ? LE ROI. — J'ordonne que les arbres poussent du plancher. (Pause.) J'ordonne que le toit disparaisse. (Pause.) Quoi ? Rien ? J'ordonne qu'il y ait la pluie. (Pause, toujours rien ne se passe.) J'ordonne qu'il y ait la foudre et que je la tienne dans ma main. (Pause.) J'ordonne que les feuilles repoussent (ll va à la fenêtre.) Quoi ! Rien ! J'ordonne que Juliette entre par la grande porte. (Juliette entre par la petite porte au fond à droite.) Pas par celle-là, par celle-ci. Sors par cette porte. (Il montre la grande porte. Elle sort par la petite porte, à droite, en face. A Juliette.) J'ordonne que tu restes. (Juliette sort.) J'ordonne qu'on entende les clairons. J'ordonne que les cloches sonnent. J'ordonne que cent vingt et uns coups de canon se fassent entendre en mon honneur. (Il prête l'oreille.) Rien ! ... Ah si ! J'entends quelque chose. LE MÉDECIN. — Ce n'est que le bourdonnement de vos oreilles, Majesté.
• Dissertation :
Comment le théâtre permet-il une représentation du pouvoir, et dans quel but ? Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur Tartuffe, de Molière et Horace, de Corneille, étudiés en classe, sur les textes du corpus et sur toute autre théâtrale que vous connaissez.
Dissertation de Louise F. :
Depuis l’Antiquité, le théâtre est un divertissement utilisé à des fins culturelles. Celui-ci, à travers différents moyens, permet une représentation du pouvoir dans les sociétés. Les procédés utilisés pour montrer ces diverses emprises servent ainsi à de nombreux buts. Ainsi, la mise en scène d’une pièce d’une part et les registres tragique et comique d’autre part dépeignent les lois qui régissent le monde.
Tout d’abord, le dramaturge utilise la mise en scène pour montrer au spectateur les différentes puissances en jeu. Les personnages sont souvent des archétypes, représentants différentes autorités. Dans Tartuffe de Molière, Orgon, un père de famille a les pleins pouvoirs sur la vie de sa fille Marianne (il décide à qui accorder sa main) et de son fils Damis (il peut le déshériter). Tartuffe lui-même représente l’emprise de la religion à cette époque. L’exempt du roi est lui un envoyé du règne monarchique. Face à cette distribution, les spectateurs découvrent la répartition des pouvoirs parmi les personnages.
De plus, le choix du lieu est indispensable au contexte d’une pièce. La demeure familiale d’Orgon implique la présence d’une loi patriarcale. Au contraire, le palais de Caligula mène indéniablement à la politique et donc au pouvoir. La tombe de Polynice dans Antigone annonce la venue de la Toute-puissante Mort. L’emplacement spatial de l’action informe le spectateur du contexte de la pièce et ainsi permet eu public de visualiser la principale autorité.
Enfin, la temporalité de la pièce peut définir la portée des différents pouvoirs. Les Mouches de Jean-Paul Sartre se déroulent dans la Grèce Antique, où la religion réagit les actions de tous les jours et où le destin dirige les citoyens d’Argos. Mais certaines pièces sont atemporelles : L’île aux esclaves n’apporte aucun renseignements temporels, rendant ainsi à la domination de la bourgeoisie un semblant d’éternité. Le spectateur mesure ainsi la puissance des différentes emprises.
Toutefois, la mise en scène est avant tout un outil qui permet au dramaturge de développer différents registres et présenter ainsi les pouvoirs à des échelles distinguées. Pour commencer, le registre comique mène les chefs à la dérision et dévoile les vrais gouverneurs de la société. Dans Tartuffe, de même que dans Les Précieuses Ridicules, les maîtres tournent au ridicule face à leur propres domestiques (Dorine perce le jeu de Tartuffe et non Orgon, de plus, les deux jeunes filles à marier se font berner par des valais). La comédie permet ainsi d’échelonner réellement les différents acteurs de la société.
En revanche, le registre tragique dénonce le perpétuel affrontement entre la force cu devoir et le pouvoir des sentiments. Dans Horace de Corneille, Camille dédie sa vie à son amour alors qu’Horace suit le chemin tracé pour les combattants de Rome. Roméo et Juliette fuient les lois familiales afin de rester ensemble. Dans Antigone, le roi est partagé entre son devoir de gouverneur et son envie de ne pas tuer sa nièce. Dans Le Roi se meurt, de même que dans toutes les tragédies, le combat entre le devoir et les sentiments est toujours surpassé par le pouvoir de la mort et du destin.
Pour conclure, il est possible de dire que le théâtre dépeint, dans le fond comme dans la forme, les différents pouvoirs qui régissent la société. Le spectateur se rend ainsi compte de sa place dans celle-ci et réfléchit aux emprises exercées sur lui. Le théâtre ajoute un aspect philosophique au divertissement.
Louise F., 2nde section internationale, lycée international de Valbonne Sophia-Antipolis, juin 2009.
Dissertation de Loïs V. :
Depuis l’Antiquité, le théâtre permet aux civilisations de se divertir. Bien qu’il y ait une dimension divertissante, le théâtre met en place des acteurs, chacun incarnant parfois différentes caractéristiques humaines et cela permet une représentations réaliste du fonctionnement de la société selon l’époque. En d’autres termes, le théâtre permet une représentation réaliste des différentes formes de pouvoir. Par conséquent, cette dissertation étudiera comment le théâtre permet la représentation du pouvoir tout d’abord dans la tragédie puis dans la comédie sans omettre l’optique, le but de cette représentation.
La tragédie permet, depuis l’Antiquité, de dénoncer les différentes natures de pouvoir. Les héros tragiques sont en constant affrontement entre deux forces distinctement opposées, d’une part, ils penchent vers le devoir, le pouvoir qui leur a été légué menant au bien-être de leur patrie ou de leur cité, tandis que de l’autre, leurs sentiments sont mis à l’épreuve, la passion demeure omniprésente. De nombreux auteurs classiques tels que Racine traitent du pouvoir comme une force absolue primant sur les sentiments. Par exemple, dans Horace de Corneille, Horace, soldat de Rome, se verra contraint de tuer sa propre sœur afin de mettre un terme à l’imprécation lancée par cette dernière à l’encontre de sa patrie. De même, Antigone dépeint le pouvoir comme étant plus important que les sentiments. L’oncle de la jeune Antigone se voit contraint de la condamner à mort suite à sa désobéissance qui remet en cause son autorité royale.
Dès lors que le pouvoir prime sur les sentiments, les détenteurs du pouvoir engendrent un dénouement tragique. La tragédie permet alors de dénoncer la tyrannie, l’absolutisme ainsi que tout autre contexte politique et social représentés sous forme théâtrale. La pièce d’Alfred Jarry, Ubu Roi, représente le Père Ubu comme un tyran cruel comme l’attestent les substantifs « affreux sagouin » et « abominable ». La tragédie permet une dénonciation des abus de pouvoirs et de la cruauté de nombreux de ses représentants. Par exemple, dans Macbeth de Shakespeare, Macbeth après avoir usurpé le trône, devient un tyran abominable et sanguinaire qui tombe au fur et à mesure dans la paranoïa et la folie.
A l’instar de la tragédie, la comédie permet aussi une dénonciation du pouvoir. Bien qu’elle ait pour rôle premier de divertir en faisant rire, son rôle second est aussi de dénoncer les mœurs, les défauts humains et par conséquent de remettre en cause, de dénoncer certains aspects et contextes politiques et hiérarchiques. Dans Tartuffe de Molière, Orgon, père de famille haut placé hiérarchiquement est incompétent quant à son rôle de protecteur de famille du fait de sa naïveté. Il n’en reste pas moins détenteur du pouvoir qui mène sa famille à sa perte. Molière dénonce ici l’incompétence et l’inégalité abjecte et injustifiée de la répartition du pouvoir de sa propre société.
D’autre part, le pouvoir peut aussi être exercé entre de bonnes mains. Il peut dès lors avoir un aspect bénéfique, salvateur au dénouement de la pièce théâtrale. Par exemple, dans Tartuffe, l’Exempt représentant du prince et plus amplement du Roi permet de mettre Tartuffe, le faux dévot, l’imposteur hors d’état de nuire. Une fois encore, le théâtre, le registre comique permet la représentation de cette nature salvatrice de pouvoir.
Le genre théâtral permet aux auteurs contemporains d’illustrer et de dépeindre le pouvoir exercé à leur époque. La tragédie remet en cause les principes, les fondements d’un pouvoir absolu et cruel. Les héros tragiques, sont confrontés à un affrontement entre le devoir et la passion. Les auteurs tragiques de l’Antiquité dépeignent le pouvoir comme une force primant sur les sentiments. Les comédies quant à elles représentent aussi le pouvoir, mais sous deux aspects. D’une part, elle dénonce un pouvoir mal réparti et certaines inégalités hiérarchiques tandis que d’autre part, au contraire, elle se focalise sur un pouvoir bénéfique et salvateur.
Loïs V., 2nde section internationale, lycée international de Valbonne Sophia-Antipolis, juin 2009.
http://www.ac-nice.fr/lettres/civ/articles.php?lng=fr&pg=98
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