Une loi injuste vaut-elle mieux que l’absence de loi ?séquence morale et politique

Bac 2018

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Les sujets corrigés de Pondichéry 2018 série S

 

 

Sujet  : une loi injuste vaut-elle mieux que l’absence de loi ?

Distinctions conceptuelles :

Juste  légal // légitime

Loi positive (de l’Etat) // loi naturelle

Le questionnement s’organise autour de la question de la justice de la loi, c’est-à-dire de sa légalité ou de sa légitimité.

Reformulation : est-il préférable d’avoir une mauvaise loi au fait de ne pas avoir de loi du tout ?

Problématisation : le sujet suggère qu’il serait préférable d’avoir une loi injuste que pas de loi du tout ; toutefois on peut peut-être remettre en question le postulat de « loi injuste », ou du moins ne pas oublier le double sens de la justice : légal // légitime.

Plan :

I- Oui, il semble préférable d’avoir une loi injuste que de ne pas avoir de loi du tout.

A/ Sans loi, les hommes sont dans un état de guerre permanent, dans la guerre de tous contre tous (Hobbes). Du point de vue de la légalité, c’est la loi qui permet aux hommes de vivre ensemble sans qu’ils s’entre-tuent : mieux vaut donc une loi, même injuste, qu’une impossible paix.

B/ La loi est ce qui permet de maintenir une forme de hiérarchie. La transcendance de la loi positive est ce qui maintient la société en ordre, en sécurité (Burke).

C/ La justice ne peut se pratiquer que par la crainte, nous dit Platon. Ainsi même si la loi inspire la crainte, même si elle paraît injuste, sa transcendance prévaut à nos considérations : la loi est toujours nécessaire, juste ou pas.

II- Il semble d’ailleurs incorrect de parler de « loi injuste »

A/ Parler de loi injuste, qu’est-ce que ça veut dire ? On sous-entend que la loi pourrait être illégale ? C’est absurde : la loi représente l’autorité de l’Etat, elle ne peut être que légale, donc juste. La loi est nécessaire et doit être obéie (Hobbes).

B/ Il ne faut pas juger la loi sur sa justice mais sur son efficacité : la loi suppose la méchanceté humaine et s’efforce de la réprimer. Il n’y a pas lieu de savoir si elle est juste ou injuste : il faut se demander si elle est efficace. La fin justifie les moyens (Machiavel)

C/ La loi ne peut pas être injuste puisqu’elle représente la volonté générale. Il n’y a qu’un droit collectif qui se substitue à tous les droits naturels individuels. (Rousseau)

III- Du point de vue de la légalité, on ne saurait parler de loi injuste. Mais du point de vue de la justice-légitimité de la loi, il semble qu’on doive préférer pas de loi à une loi injuste.

A/ La loi est légitime si elle respecte la dignité humaine. Sinon, mieux vaut pas de loi du tout : les hommes gouvernés par eux-mêmes seront toujours plus libres que sous le joug d’une mauvaise loi. C’est la théorie d’un homme comme Proudhon.

B/ La loi n’est légitime, juste, que si elle cherche à défendre les plus faibles contre les plus forts. Si la loi ne fait que renforcer l’oppression des forts sur les faibles, si la force fait office de droit, mieux vaut pas de loi du tout (Rousseau).

C/ La loi qui ne respecte pas le droit naturel, fondé sur les valeurs humaines (Léo Strauss) ne mérite pas d’être appelée juste, et ne mérite pas de faire office de loi. La loi ne doit pas se tenir dans une transcendance qui en vient à ignorer les valeurs humaines, ses libertés et droits naturels.

 

Spécial bac de philosophie Pondichéry 2018

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