Sujet corrigé bac pro de français de Pondichéry 2018 : l'homme et son rapport au monde à travers la littérature et les arts
- Le 04/05/2018
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Le corrigé de français bac pro
Question 1 :
Le reflet de soi que l'on transmet aux autres est un topo de la littérature, et est notamment lié au mythe qui fit son avènement, celui de Narcisse. Ainsi, il nous est possible de voir dans ce corpus deux textes, l'un issu du site du journal La Nouvelle République, écrit par Marie l'Hermet, publié le 28 juin 2014 où elle propose une analyse du narcissisme, en lui donnant une connotation de recherche sociologique et à la fois analogique ou introspective. Le second texte est celui écrit par Colette, issu de la première partie de l'oeuvre La Vagabonde (1910), il nous y est permis de découvrir une narratrice en proie à son propre reflet, dont elle fait elle-même l'analyse, mais où elle ne se reconnaît pas. Et enfin le corpus se clôt avec la photographie Self-Portrait with Leica d'Ilse Bing en 1931, un auto-portrait photographique pris à l'aide de deux miroirs dans lesquels la photographe peut jouer avec les points de vue de l'image qu'elle renvoie d'elle-même.
Question 2 :
L'évolution du regard dans ce texte 2 semble se traduire majoritairement par une description verticale. Ainsi l'analyse de la narratrice commence par « des paupières frottées d'une pâte grasse et violâtre » (l 4-5), puis par « des pommettes vides » (l 5) et enfin « des lèvres d'un rouge noir » (l 6).
Cependant, nous pouvons également percevoir le regard comme un moyen de recherche, alors si au début le regard ne sert qu'à analyser physiquement un visage, nous pouvons ensuite voir qu'il tente davantage de comprendre l’association de ce visage devenu inconnu par le maquillage, avec la personnalité de cette personne connue, cette idée peut-être renforcée par les questions rhétoriques telles que « est-ce toi qui est là ? » (l 8 et 10). Enfin le regard semble ici permettre à la narratrice de prendre conscience de la futilité de ce maquillage qui la fait devenir une personne qu'elle n'est pas, au risque « que le reste du visage aussi se délaie ? » ( l 19), alors l'évolution du regard transparaît ici à travers l'écriture de la narratrice qui utilise la description mais également le style direct afin de donner au regard une connotation d'introspection, dans le but de faire réaliser grâce à l'image renvoyée à elle-même, qu'elle comprenne que l'image reflétée et ce qu'elle est, ne correspondent pas.
Question 3 :
Le texte 1, où nous pouvons y voir une sous-partie intitulée « Chercher le désir de l'autre », peut être intéressant à rapprocher du texte 2 où la narratrice est spectatrice de son propre reflet.
En effet, comme il est rapporté dans le texte 1 d'après Alain Héril, la narratrice du texte 2 ne se regarde par plaisir de soi, ni par narcissisme à proprement parler, mais semble davantage chercher une explication (« est-ce toi qui est là, toute seule, sous ce plafond bourdonnant que les pieds des danseurs émeuvent comme le plancher d'un moulin actif ? » l 12) entre ce qu'elle voit dans son reflet ce qui « en lui, suscite le désir de l'autre. » Alors nous pourrions dire que la narratrice du texte 2 tente une approche déductive à travers son propre reflet, comme beaucoup de personnages de la littérature française peuvent le faire.
De même, dans la photo du document 3, il nous est possible de voir à travers l'installation et la mise en scène de la photographe, un désir de « prendre le contrôle sur son image », comme est intitulé une sous-partie du texte 1. Ainsi, à travers les deux miroirs utilisés afin de capturer l'angle sous lequel la photographe souhaite que son visage soit reflété, nous pouvons y voir un désir de proposer à la population une image contrôlée et minutieusement « maîtrisée ». Par conséquent il est possible de discerner l'expression de la photographe, qui se veut sérieuse et concentrée sur son travail et plus particulièrement au rendu souhaité.
Question d'écriture :
Les mythes, sont souvent aux origines de nombreuses expressions, comme le montre le narcissisme issu du mythe de Narcisse. Alors les mythes permettent grâce à leur forme et leur fond, d'expliquer certains comportements humains présents dans les sociétés, puisqu'ils sont eux-même issus de ces comportements. Les mythes sont l'objet de constantes ré-écritures (tel que le mythe d'Oedipe repris dans Oedipe Roi par Sophocle) car ils semblent être un réservoir de questionnements et de réponses, qui pourraient se contredire, mais également ré-interroger l'Homme dans sa généralité et avec lui le Monde qui l'entoure, comme nous le montre le texte 1 qui semble quant à lui vouloir donner une autre signification que celle étant la plus populaire. Par conséquent si nous nous appuyons sur le corpus que nous venons d'étudier, nous pouvons dire que la connaissance du mythe de Narcisse permet au lecteur d'appréhender de diverses manières et ce plus largement les textes qui lui sont proposés. Alors ici dans l'extrait de La Vagabonde (texte 2), le mythe de Narcisse prend forme dans le sens où tous deux se complaisent dans l'observation de son reflet. Il est alors possible d’interpréter de diverses manières les mythes, selon la subjectivité de chacun. Par ailleurs, il nous est possible d'ajouter que les mythes ne se retrouvent pas exclusivement dans la littérature, mais également les sciences, les arts (tel que dans le document 3, soit la photographie, le troisième art), les sciences humaines. Freud lui-même dans Introduction à la psychanalyse (1917) se sert du mythe d'Oedipe pour expliquer certains troubles du comportement, appelés désormais « le complexe d'Oedipe ». De même Antigone peut incarner dans la représentation de Jean Cocteau la résistance française à l'occupation allemande, le mythe d'Antigone permet alors de comprendre et de matérialiser une idée pouvant se rattacher à l'ineffable, puisque comme tout mythe, il se présente sous la forme d'un apologue, d'où il est donc possible de tirer une leçon. De nos jours le rapport au mythe est donc intéressant dans la mesure où cela servirait à l'enrichissement de chacun, et dans une volonté de compréhension de la société, afin d'éviter à cette dernière les désagréments représentés sous forme de châtiments dans ces mythes, et retraduits dans les œuvres tragiques, Don Juan, par Molière.
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