Hernani, Victor Hugo, oeuvre au programme en littérature 2019
- Le 15/09/2018
- Dans L'actualité du bac 2019
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Hernani, Victor Hugo, littérature 2019
Hernani ou l’Honneur castillan est une pièce de théâtre de Victor Hugo représentée pour la première fois à la Comédie-Française le et publiée la même année.
Cette pièce, parmi les plus célèbres de Victor Hugo, et dont la représentation déclencha la bataille d’Hernani, consacra le genre du drame romantique.
Personnages principaux et présentations
- Hernani, personnage éponyme de la pièce, est un noble banni, amant de Doña Sol. Il appartient à la génération des héros romantiques, nécessairement enfiévrés et maudits. A vingt ans, sa vie est marquée par la mort de son père. Ce dernier fut condamné à l’échafaud, par le roi, le père de Don Carlos. Hernani nourrit depuis lors une haine vengeresse envers cet homme.
- Don Carlos est roi d’Espagne. C’est un personnage type de la Renaissance, capable du meilleur et du pire, traversé par tous les contrastes. Il feint la soumission au pape et exerce un chantage sur Don Ruy. Il sera élu Empereur du Saint Empire Romain Germanique.
- Don Ruy Gomez de Silva « duc de Pastrania » est un vieillard amoureux. C’est un duc riche, puissant, et c’est un partisan de l’ordre. Il est l’oncle de Doña Sol, et souhaite l'épouser.
Résumé
Le roi d’Espagne Don Carlos est amoureux de Doña Sol, femme promise à Don Ruy Gomez. Doña Sol, elle, aime Hernani, un homme dont le père de Don Carlos a tué le père. Hernani veut se venger mais les deux hommes amoureux de Doña Sol se rencontrent, et se provoquent en duel. Celui-ci est gagné par Hernani, mais le roi lance ses gardes à sa poursuite ; Hernani disparaît. Durant les préparatifs du mariage de Don Ruy Gomez et Doña Sol, le roi lui est présent. Hernani surgit sur ces entrefaites mais Don Ruy Gomez, contraint par la loi de l’hospitalité, décide de le protéger. Gomez découvre que dona Sol et Hernani s’aiment, mais continue de protéger Hernani.
Le roi pose un ultimatum à Don Ruy Gomez : soit il lui livre Hernani, soit il le tue. Le vieux Don Ruy Gomez refuse et Don Carlos décide d'enlever Doña Sol. Don Ruy Gomez et Hernani se mettent d’accord pour tuer le roi, en échange de quoi Hernani lui offre sa vie si il entend le cor sonner. Don Carlos est élu empereur, il pardonne aux deux alliés et annonce le mariage de Doña Sol avec Hernani. Ce dernier révèle sa véritable identité, Jean d’Aragon, et devient Don Juan d’Aragon. Il abandonne toute idée de vengeance. Lors des noces des deux amants, le cor sonne et Hernani comprend qu'il doit quitter son amour. Doña Sol décide de mourir avec son amour et s’empoisonne avec Hernani. Don Ruy Gomez, vidé de toute envie de vivre, se poignarde sur leurs corps.
La théorie du drame romantique
On ne peut parler d’Hernani sans évoquer son genre : le drame romantique. Quelques théoriciens des années 1820 comme Stendhal ou Alessandro Manzoni (Lettre à monsieur Chauvet sur l’unité de lieu et de temps dans la tragédie) l'ont d'ailleurs étudié dans leurs œuvres. Stendhal écrivait en 1823, dans Racine et Shakespeare :
Les romantiques ne conseillent à personne d'imiter directement les drames de Shakspeare [sic].
Ce qu'il faut imiter de ce grand homme, c'est la manière d'étudier le monde au milieu duquel nous vivons, et l'art de donner à nos contemporains précisément le genre de tragédie dont ils ont besoin, mais qu'ils n'ont pas l'audace de réclamer, terrifiés qu'ils sont par la réputation du grand Racine. […]
J'oubliais l'unité de lieu ; elle sera emportée dans la déroute du vers alexandrin
Analyse de l’œuvre
Sources
Cette pièce tire son nom d'une ville du Pays basque espagnol où Mme Hugo, accompagnée de ses enfants, fait halte en 1811, tandis qu’elle rejoint son époux, le général Léopold Hugo.
Victor Hugo s’inspire de sources diverses pour cristalliser dans la légende de chevalerie hispanique, comme dans Le Cid de Corneille, auquel il se référait volontiers, l’ambition romantique de sa génération. Il tire son sujet ainsi, selon ses dires, d’un passage d’une vieille chronique espagnole : « Don Carlos, tant qu’il ne fut qu’archiduc d’Autriche et roi d’Espagne, fut un prince amoureux de son plaisir, grand coureur d’aventures, sérénades et estocades sous les balcons de Saragosse, ravissant volontiers les belles aux galants, voluptueux et cruel au besoin. Mais du jour où il fut empereur, une révolution se fit en lui. » Il tira ensuite sans doute l’ambiance hispanique de ses souvenirs de ce pays, où il habita quelque temps à la suite de son père durant les campagnes napoléoniennes, et de textes récents sur l’histoire locale, toujours selon ses dires. On peut aussi noter des analogies avec des pièces qui lui ont peut-être inspiré certains passages : Le Tisserand de Ségovie d’Alarcon ou La Dévotion à la croix de Calderon (histoires d’amour, d’honneur et de sang) mais aussi des sources moins latines, tels que Evadne or The Statue de Richard Lalor Sheil (la scène des portraits), Egmont de Goethe, Les Brigands de Schiller…
Adaptations
Caricature d'André Gill (1867).
La pièce est jouée trente-neuf fois en 1830 ; elle est reprise en 1838 avec Marie Dorval dans le rôle de dona Sol. En 1867, Meurice et Vacquerie travaillent sur une nouvelle mise en scène. En 1877,sous la direction d'Emile Perrin, la pièce est jouée par Mounet-Sully et Sarah Bernhardt : la critique est louangeuse. Hugo déclarera " vous vous êtes vous-même couronnée reine, reine deux fois, reine par la beauté, reine par le talent". Jusqu'en 1927, la pièce est reprise annuellement : à cette date, Emile Fabre conçoit une nouvelle mise en scène, et Mary Marquet joue aux côtés de Maurice Escande . En 1937, Georges Le Roy fait appel à Marie Bell et à Robert Vidalin . Entre 1952 et 1972, la pièce n'est plus jouée: la Comédie Française la remet sur le plateau dans une mise en scène de Robert Hossein avec Geneviève Casile et François Beaulieu .
Hernani a été mis en musique par Giuseppe Verdi en 1844 sous le titre de "Ernani".