Sujets corrigés philo série S. Défendre ses droits, est-ce défendre ses intérêts ? Peut-on se libérer de sa culture? Texte de Foucault, Dits et Ecrits
- Le 15/06/2017
- Dans L'actualité du bac 2017
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Défendre ses droits, est-ce défendre ses intérêts ? Peut-on se libérer de sa culture? Texte de Foucault, Dits et Ecrits : corrigé en ligne
Bac de philosophie série S
Baccalauréat 2017
Sujets et corrigés : Mis en ligne le jour J à la fin des épreuves le 15 juin
Sujet 1 : Défendre ses droits, est-ce défendre ses intérêts ?
Sujet 2 : Peut-on se libérer de sa culture ?
Sujet 3 : Expliquer le texte suivant : Extrait de FOUCAULT, Dits et Ecrits (1978).
À la limite, la vie, c'est ce qui est capable d'erreur. Et c'est peut-être à cette donnée ou plutôt à cette éventualité fondamentale qu'il faut demander compte du fait que la question de l'anomalie traverse de part en part toute la biologie. À elle aussi qu'il faut demander compte des mutations et des processus évolutifs qu'elle induit. À elle qu'il faut demander compte de cette mutation singulière, de cette « erreur héréditaire » qui fait que la vie a abouti avec l'homme à un vivant qui ne se trouve jamais tout à fait à sa place, à un vivant voué à « errer » et destiné finalement à l'« erreur ». Et si on admet que le concept, c'est la réponse que la vie elle-même donne à cet aléa, il faut convenir que l'erreur est à la racine de ce qui fait la pensée humaine et son histoire. L'opposition du vrai et du faux, les valeurs qu'on prête à l'un et à l'autre, les effets de pouvoir que les différentes sociétés et les différentes institutions lient à ce partage, tout cela même n'est peut-être que la réponse la plus tardive à cette possibilité d'erreur intrinsèque1 à la vie. Si l'histoire des sciences est discontinue, c'est-à-dire si on ne peut l'analyser que comme une série de « corrections », comme une distribution nouvelle du vrai et du faux qui ne libère jamais enfin et pour toujours la vérité, c'est que, là encore, l' « erreur » constitue non pas l'oubli ou le retard d'une vérité, mais la dimension propre à la vie des hommes et au temps de l'espèce.
BAC S
Sujet 1 : Défendre ses droits, est-ce défendre ses intérêts ?
Les distinctions conceptuelles qu'il nous faudra travailler et développer dans notre dissertation :
Droit naturel / et Droit positif
Le droit naturel appartient naturellement à tout homme. La liberté, le droit à la propriété, la santé et l'égalité en sont des composantes. Le droit naturel est inaliénable et inné.
Le droit positif est le droit posé (ou fixé) par les Hommes dans une société. C'est un ensemble de règles juridiques, de loi, qui régissent la société et garantissent son bon fonctionnement.
Egalité et Liberté
La liberté naturelle / et liberté civile (distinction Roussoiste)
Droit ordinaire / Raison d'Etat
Il conviendra aussi de questionner la notion de légitimité contenue dans le Droit.
Le questionnement s'organise donc autour de la relation entre le Droit, la Société et l'Homme.
Reformulation du sujet :
Défendre ses droits, est-ce seulement défendre ses intérêts ?
Mes droits résident-ils tout entier dans la défense de mes intérêts ?
Problématisation: Défendre ses droits, est-ce défendre ses intérêts ?
Le sujet de la dissertation propose de définir le Droit comme la défense des intérêts personnels de chacun. Il conviendra alors de questionner une telle définition. Il soulève les questions suivantes :
En quoi consiste mes droits ? Comment est-ce que je défends mes droits ? Le droit n'a-t-il rapport qu'avec la satisfaction des intérêts de chacun ?
Mais encore …
Des droits qui défendent l'intérêt personnel de chacun, sont-ils légitimes ?
Comment une société peut-elle concilier les droits de chacun de ses membres (droits en tant que défense des intérêts personnels de chacun) ?
Plan possible :
I. Le droit protège les intérêts de chacun
A. Le droit naturel chez Hobbes, ou jus naturale, consiste à faire tout ce que notre raison propre jugera afin de défendre nos intérêts.
B. Les intérêts personnels peuvent-être définis comme ce que Locke appelle «la propriété ». Cela inclut la propriété (des biens que nous possédons) mais aussi, notre santé, notre liberté et notre vie. L'Etat civil et donc le droit positif, n'a d'autre raison d'être que la protection et donc la défense des intérêts de chacun en tant que la liberté, la santé, les biens et la vie de chaque individus membre de cet Etat.
C. Locke pointe du doigt un problème entre exercice de son droit et défense de ses intérêts ( intérêts définis comme préférence , ou conflits d'intérêt). En effet dans l'Etat de Nature, l'Homme possède le DROIT de juger autrui qui lui aurait tenté d'intenter à sa « propriété ». L'Homme pour défendre ses intérêts sera soit trop sévère envers autrui, soit trop tolérant envers un ami, même si celui-ci a commis un crime.
II. Défendre ses droits ce n'est pas défendre ses intérêts
A. Il faut prendre en compte que l'Homme est un animal politique qui vit en société. Comme alors concilier une vie en société ou chacun défendrait ses intérêts. Hobbes démontre que ce n'est pas possible. L'Etat de Nature ou l'Homme jouirait du droit naturel serait un Etat de guerre. Les intérêts des uns empiéteraient sur les intérêts des autres et alors il y aurait conflit.
B. Rousseau théorise la notion de volonté générale comme expression de la souveraineté du peuple. Le peuple est souverain et exerce un droit d'Etat. Ce droit défend l'intérêt général.
III. Nous avons des droits que nous devons défendre mais ils ne doivent pas tous avoir rapport avec nos intérêts
A. Un droit qui défendrait nos intérêts propres est-il légitime ? Platon pose la question dans La République en réfutant que la loi du plus fort et donc la satisfaction des intérêts du plus fort n'est pas légitime, n'est pas juste.
B.Même si nous vivons en société et que nous devons en respecter les lois , expression de l'intérêt général, nous possédons des droits inaliénables. Déclaration universelle des Droits de l'Homme de1948 = « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »
C. Pour construire une société juste, les individus libres et égaux doivent choisir les principes fondamentaux de leur société sans savoir quelle place ils occuperont dans cette société. Cette expérience du « voile d'ignorance » proposée par Rawls, montre que le droit positif institué par les hommes doit s'émanciper de la satisfaction et protection des intérêts de chacun.
Sujet 2 : Peut-on se libérer de sa culture ?
Les distinctions conceptuelles qu'il nous faudra travailler et développer dans notre dissertation :
Nature / Culture
La culture se distingue de la Nature en ce sens qu'elle n'est pas ce qui est inné à l'Homme mais ce qui est acquis par celui-ci. L'Homme est un être de culture, il transforme le monde dans lequel il vit pour l'habiter. Il se sort de son état d'animalité, de Nature, par le langage, les traditions, le savoir mais aussi l'art.
Il nous sera utile de comprendre que la culture peut s'entendre dans le sens d'une transformation, d'une amélioration et une création libre de soi, transformation de soi vers une (pleine) humanité.
Il sera intéressant d'analyser la formulation de l'expression « sa culture » comme ensemble de tradition, religion, éducation.
La liberté comme indépendance // la liberté comme absence de contraintes
Liberté / Déterminisme
Volonté
Le questionnement s'organise donc autour de la relation entre la Culture et la Liberté.
Reformulation du sujet : Peut-on se libérer de sa culture ?
Peut-on ne pas être déterminé par sa culture ?
Problématisation:
Le sujet de la dissertation incite à produire une réflexion sur la notion de Culture. En effet, le sujet présuppose que notre culture nous contraindrait ou nous déterminerait. Or la culture est ce qui nous aurait libéré de notre Nature. Il soulève les questions suivantes :
Pourquoi voudrions-nous nous libérer de notre culture ?
En quoi notre culture nous déterminerait-elle ?
Plan possible :
I. Nous ne pouvons nous libérer de notre culture car nous sommes des êtres de culture
A. Définition de la Culture. Ce qui est acquis, ce qu'on acquiert par l'éducation, la transmission. Ce qui transforme l'Homme et transforme son monde
B. Par la culture, l'Homme s'émancipe de sa Nature et se transforme lui, ainsi que son monde le rendant habitable. L'Homme se libère par la Culture, comment alors pouvons-nous vouloir nous libérer de ce qui nous libère et nous rend pleinement humain?
C. La Nature a donné à l'Homme la Perfectibilité (Rousseau) , qui est la faculté naturelle que l'Homme a de développer ses facultés. Il n'a pas d'autre nature que de se perfectionner = se cultiver.
II. Notre culture ne peut nous déterminer
A. Comment comprendre le terme « libérer » ? En quoi la culture nous déterminerait-elle ? La culture nous détermine-t-elle dans le sens où culture comme ensemble de tradition, religion et éducation FAIT ce que nous sommes sans que nous le voulions? Par exemple, Bourdieu montre que les inégalités culturelles jouent un rôle aussi important que les inégalités socio-économiques
B. Pourtant, la culture n'est pas inscrite dans les gènes, elle est selon Edgar Morin, une affaire de transition et d'appropriation active.
C. La culture ainsi développée, ne s'acquiert pas comme l'instinct. C'est un travail que l'Homme fait et par lequel il s'approprie un héritage culturel.
Commentaire de Texte : FOUCAULT, Dits et Ecrits (1978).
Thème : L'erreur et l'anomalie comme traversant la vie de toutes parts
Thèse : L'erreur constitue « la dimension propre à la vie des hommes et au temps de l'espèce »
Ce texte mobilise les concepts suivants : Le vrai et l'erreur. Il conviendra alors de les définir lors de votre commentaire de texte afin d'éclaircir les arguments de l'auteur.
Problématisation :
En quoi l'erreur, constituant une dimension propre à la vie des hommes est à l'origine de la pensée humaine et de son histoire ?
Plan :
I. De « A la limite » à « destiné finalement à l'erreur » : L'erreur a fait l'Homme errant
A. Foucault présente son argumentation avec un exemple scientifique et biologique
B. L'erreur comme « donnée » et « éventualité fondamentale » de la vie est inscrite dans les gènes du vivant (= L'Homme)
C. Jeu de mot avec l'« erreur » inscrit en l'Homme et la conséquence de cela qui destine l'Homme à « errer »
II. De « Et si on admet que » à la fin : L'erreur est à la racine de la pensée humaine et son histoire
A. Racine de la pensée humaine car cela se retrouve dans l'esprit humain et sa capacité à opposer le vrai du faux, dans le jugement
B. L'erreur comme « éventualité », « possibilité » , « aléa » capable de mutations
C. Foucault boucle la boucle. Il termine son propos en discutant de la discontinuité de l'Histoire de la Science. Rapport entre l'erreur et l'opposition vrai/faux. L'erreur est ce qui permet la science d'évoluer. La science ne pourra jamais libérer la liberté car s'il n'y a plus d'erreur il n'y a plus de science , d'évolutions, de découvertes.
Conclusion
L'erreur est principe de mutation qui met la vie en mouvement et constitue l'élan éternel vers la vérité.