Question sur corpus
Comment la reproduction de l'objet est-elle représentée dans ces 4 documents?
QUESTION SUR LE CORPUS:
L’Argumentation directe (textes de Benjamin et Danto)
Texte de Benjamin
* Exemples familiers au lecteur : définir l’aura de l’œuvre d’art (l.9-10, 16-17)
* Pronom personnel « nous »: inclure le lecteur dans le texte, l’obliger à réfléchir (l.9-24)
* Connecteurs logiques : structure l’organisation du raisonnement (l.12, 20, 28, 46)
* Concaténation: logique inattaquable (mêmes termes repris d’un phrase à l’autre pour montrer le lien entre les étapes du raisonnement) (l. 3-4, 28-29-30)
* Chiasme: met en valeur l’importance des masses dans le processus de crise (l.22-23)
* Incises entre parenthèses ou entre tirets : plus de précision (l. 2-3, 42)
* Autocorrection : plus de précisions (l.15-16)
* Expressions permettant le propos : plus de précisions (l. 31-36)
* Convaincre le lecteur que la possibilité de reproduire une œuvre d’art est un bouleversement dans l’histoire de l’art.
Texte de Danto
* Mêmes ressources que Benjamin mais avec plus de malice et moins de sérieux
* Questions rhétoriques auxquelles il répond comme si c’était une évidence (l. 12-13, 17-18, 18-27)
* Première personne du singulier: complicité avec le lecteur, accompagnement de celui-ci (l. 28, 30, 36)
* Affirmations évidentes : logique compréhensible et inattaquable (l.35-36)
* Tautologie : logique compréhensible et inattaquable (l. 38)
* Utilise des exemples familiers à l’amateur d’art: facilité de compréhension (l. 3, 11, 31, 52
* Anachronismes : humour pour séduire le lecteur (l.49, 53)
* Convaincre et persuader le lecteur de s’abandonner à une certaine « théorie de l’art » (permettant aux œuvres d’Andy Warhol d’être considérées comme œuvres d’art)
L’argumentation Indirecte
Œuvre d’Andy Warhol (et photo)
* Humour : l’artiste pose devant des boîtes de soupe Campbell dans un supermarché trois ans après l’exposition de son tableau
* Reproduction de l’objet devient un art (l’art de la reproduction) : l’artiste oblige le spectateur à s’interroger
* Comme Benjamin l’avait pensé, l’œuvre de Warhol est une réflexion sur le statut de l’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique.
* Warhol n’est pas théorique : il se montre, est factuel
* Visée argumentative du tableau
Planche d’Hergé
* Réflexion par l’argumentation indirecte
* Mélange du texte et de l’image (bande-dessinée) utilisé pour montrer la crise et le bouleversement engendrés par la reproductibilité de l’objet.
* Signes marquant l’étonnement de Tintin :
* signes typographiques mélangés aux étoiles (v. 4)
* étoiles hors de la bulle (v. 12)
* gouttes de sueur : émotion (v.1, 2, 4, 6, 7, 8, 12)
* tournures exclamatives (v.1, 3, 5)
* tiret de mouvement en forme de spirale (v. 12) : vertige de Tintin devant la reproduction inattendue du fétiche, l’objet qu’il cherche depuis le début de l’album
* Insistance sur les émotions du personnage auquel le lecteur s’identifie puisque Tintin n’est qu’un signe vide (principe de la « ligne claire » : réalisme et identification)
* labyrinthe (suspense) : lecteur aussi l’agent d’une quête (v.9-11)
* page 57/62 : quel dénouement en 5 pages ? Quel message ?
* perte de l’aura de l’objet dès qu’il n’est plus unique ? Changement de statut de l’objet du fétiche ? (objet religieux : objet artistique : objet de consommation)
Ce qu’est l’art, d’Arthur Danto
En s’appuyant sur l’étude du pop art, et singulièrement des travaux d’Andy Warhol, Arthur Danto, philosophe américain, a questionné la création artistique
Quelle est la différence entre les œuvres d’art et les objets qui nous entourent ? Comment comprendre la différence entre l'art et les produits fonctionnels ?
« Les œuvres d’art sont des significations incarnées », conclut-il, toute œuvre est une matière à interpréter.
Pour Danto, l’art est une « pensée visuelle ». L'objet est une œuvre après l'acte d'interprétation. C'est par l'interprétation que l'on donne une identité à l'objet. L'interprétation est un processus de transformation, d'un statut = une certaine théorie de l'art. C'est cette théorie qui fait entrer l'objet dans le monde de l'art.
Andy Warhol
Campbell's Soup Cans 1962
Objet emblématique d'une société de consommation qui érige en icône n'importe quel objet, même le plus banal comme c'est le cas ici, la boîte de conserve pour soupe. Elle est consacrée comme une œuvre d'art, elle est admirée indépendamment de son usage pratique, elle est consommée en série. On a l'idée de fétichisme car la collection des boîtes de conserve y ressemble. Il s'agit de posséder des objets, cela répond à un désir de maîtrise totale. Donc, la Campbell's Soup Can devient un objet mythique. L'objet fétiche participe à l'élaboration d'un mythe dans l'inconscient. L'objet ordinaire devient une icône parfaite, reproductible à son tour indéfiniment. L'objet devient esthétique. Il devient un système complexe de signes. On aime l'objet non pour ce qu'il est mais pour ce qu'il signifie, ce qu'il représente, symbolise, d'où sa puissante attraction. La Campbell 's Soup Can esst consacrée en tant qu'objet d'art. La boîte de conserve est sublimée, elle devient une icône moderne. L'objet courant et banal devient un objet culte, un signe, un objet d'art.
L'Œuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique
Walter Benjamin, essai rédigé en 1935 et publié à titre posthume en 1955
Il évoque la déperdition de l'aura. Les œuvres issues de techniques de reproduction de masse comme la photographie ont participé de la déperdition de l'aura propre de l'oeuvre unique à cause de la reproductibilité et des sous-modèles. Cela annonce un changement de statut de l'oeuvre d'art. Elle est privée de ses ornements classiques, elles perdent leur caractère sacré = ex, le Pop Art = fabrication industrielle d'artefacts. On peut parler de désincarnation de l'oeuvre d'art
Walter Benjamin fait sa réflexion autour de trois axes, la reproduction technique et ses conséquences sur l'art, l'image cinématographique et enfin le cinéma, art de masse. Les techniques de reproduction sont des nouvelles techniques qui s'affirment comme de nouvelles formes d'art. Mais ce qui se perd dans l'oeuvre d'art c'est l'aura de l'oeuvre, c'est-à-dire, «son unique apparition d'un lointain si proche ». Ainsi la technique de reproduction a changé la perception du spectateur lui donnant l'impression que l'art est enfin devenu plus accessible. Ainsi l'acteur de cinéma n'est plus qu'une image au regard du public. Son corps est subtilisé par l'appareil cinématographique. C'est cette image qui offre au spectateur une représentation du réel. Si l'aura disparaît avec la reproduction technique, elle en révèle aussi l'absence.
Hergé, L'Oreille cassée
Texte l oreille cassee (346.95 Ko)
Désacralisation : reproduction de masse
les copies du fétiche se multiplient dans ce passage, on peut dire qu’il perd de sa valeur il est désacralisé.
Désacralisation
La désacralisation consiste à retirer le caractère sacré à un objet.
La sacralisation au contraire est le fait de donner un caractère sacré
- avec le rassemblement de tous ces différents objets le vrai fétiche disparaît ; surtout dans la multitude de fétiches de la dernière vignette et aussi chez le vendeur d’apothicaire.
- la vitrine dans la 4ème vignette représente bien la situation chaotique dans laquelle tintin se trouve puisqu’elle est pleine d’objets provenant de différents endroits du monde et époques.
- Le nombre de fétiches double triple se multiplie pour atteindre les 40 fétiches dans la dernière vignette
- avec la présence de tous ces fétiches on ne sait plus comment faire la différence entre le vrai et le faux, ainsi le fétiche perd de son unicité, soit son aura ce qui signifie son authenticité et valeur religieuse.
- Malgré l’existence de tous ces fétiches, l’original reste absent et l’énigme reste irrésolue.
artefact
La valeur du fétiche change en fonction du temps et sur cette planche il passe d’un objet de culte, à un objet d’art, à un objet de consommation.
Un objet culte :
- Le fétiche a un pouvoir de présence et d’absence, il est à la fois visible et invisible, on ne sait plus comment faire la différence entre le vrai et le faux : le seul moyen d'y parvenir, est de l’ouvrir pour trouver le diamant qui y est caché.
- Le fétiche est partout et nul part en même temps, on trouve toutes ses copies mais pas le véritable fétiche.
Un objet d’art :
Le fétiche est à vendre chez le vendeur d’apothicaire, c’est -à -dire, qu’il a la même valeur que le tableau, le vase, les bustes, les meubles …
- le fétiche a une valeur d’exposition puisqu’il est dans une vitrine dans la 4ème vignette comme s’il était exposé dans un musée pour que les gens l’admirent.
Un objet de consommation :
- On donne au fétiche un prix comme si c’était une marchandise « 200 fr ! ... c’est pour rien ! … » Vignette 4, on peut lire « 17.50 la paire » et son prix diminue au fur-et-à-mesure que l’on avance dans la planche ; le fétiche est dévalué.
- Le fétiche est standardisé, il est produit comme n’importe quel objet de consommation, en masse dans un atelier par des ouvriers qui ont chacun une tache à réaliser à la chaîne ; on en voit un qui est chargé de casser les oreilles des fétiches.
- ainsi le fétiche perd de sa valeur.