Questions sur différentes textes pour les oraux EAF = Le paresseux ST Amant, l'Etranger Camus, Zadig, Voltaire, Molière, L'Ecole des femmes
- Le 21/03/2017
- Dans Réussir l'oral EAF, toutes les questions sur l'épreuve orale de français.
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1) POÈME "LE PARESSEUX" DE SAINT-AMANT :
"Accablé de paresse et de mélancolie,
Je rêve dans un lit où je suis fagoté,
Comme un lièvre sans os qui dort dans un pâté,
Ou comme un Don Quichotte en sa morne folie.
Là, sans me soucier des guerres d'Italie,
Du comte Palatin, ni de sa royauté,
Je consacre un bel hymne à cette oisiveté
Où mon âme en langueur est comme ensevelie.
Je trouve ce plaisir si doux et si charmant,
Que je crois que les biens me viendront en dormant,
Puisque je vois déjà s'en enfler ma bedaine,
Et hais tant le travail, que, les yeux entrouverts,
Une main hors des draps, cher Baudoin, à peine
Ai-je pu me résoudre à t'écrire ces vers."
- Que signifie "prosaïque" ?
C'est lorsqu'il va faire référence à des éléments physiques comiques.
- Pourquoi fait-il une comparaison avec le lièvre ?
En réalité, c'est une référence à la mort. Le poète sait qu'il va mourir un jour ou l'autre. Il se moque et joue sur l'humour car il a peur.
- Quelles sont les origines de la poésie ?
La poésie vient de l'Antiquité (Dionysos).
- Quelle est la différence entre la synérèse et la diérèse ?
La diérèse est le fait de couper deux voyelles (ex : vi + o + lon).
La synérèse est le fait de regrouper deux voyelles (ex : vio + lon).
- Qu'est-ce qu'une assonance ?
C'est la répétition d'une même voyelle.
- Quelle est la forme de ce poème ?
C'est un sonnet (il y a deux quatrains suivis de deux tercets). Il est composé d'alexandrins (12 syllabes par vers).
- Quelles sont les caractéristiques d'un poème en prose ?
Il n'y a pas de vers, ni de rimes. C'est un texte normal avec des rythmes et des sonorités propres à la poésie.
- Quel est le rapport avec l'image "Melancholïa I" de Dürer ?
Ils appartiennent tous les deux au mouvement baroque.
- Que signifie le mouvement baroque ?
Il est situé entre le XVIème et le XVIIème siècles, le mot "baroque" vient du Portugais. Cela exprime la fascination de la mort et le fait que tout soit surchargé.
2) TEXTE n°1 "L'ETRANGER" DE CAMUS :
"Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J'ai reçu un
télégramme de l'asile: «Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués.»
Cela ne veut rien dire. C'était peut-être hier.
L'asile de vieillards est à Marengo, à quatre-vingts kilomètres d'Alger. Je prendrai
l'autobus à deux heures et j'arriverai dans l'après-midi. Ainsi, je pourrai veiller et je
rentrerai demain soir. J'ai demandé deux jours de congé à mon patron et il ne pouvait
pas me les refuser avec une excuse pareille. Mais il n'avait pas l'air content. Je lui ai
même dit : «Ce n'est pas de ma faute.» II n'a pas répondu. J'ai pensé alors que je
n'aurais pas dû lui dire cela. En somme, je n'avais pas à m'excuser. C'était plutôt à lui
de me présenter ses condoléances. Mais il le fera sans doute après-demain, quand il
me verra en deuil. Pour le moment, c'est un peu comme si maman n'était pas morte.
Après l'enterrement, au contraire, ce sera une affaire classée et tout aura revêtu une
allure plus officielle.
J'ai pris l'autobus à deux heures. II faisait très chaud. J'ai mangé au restaurant, chez
Céleste, comme d'habitude. Ils avaient tous beaucoup de peine pour moi et Céleste
m'a dit: «On n'a qu'une mère.» Quand je suis parti, ils m'ont accompagné à la porte.
J'étais un peu étourdi parce qu'il a fallu que je monte chez Emmanuel pour lui
emprunter une cravate noire et un brassard. Il a perdu son oncle, il y a quelques mois.
J'ai couru pour ne pas manquer le départ. Cette hâte, cette course, c'est à cause de
tout cela sans doute, ajouté aux cahots, à l'odeur d'essence, à la réverbération de la
route et du ciel, que je me suis assoupi. J'ai dormi pendant presque tout le trajet. Et
quand je me suis réveillé, j'étais tassé contre un militaire qui m'a souri et qui m'a
demandé si je venais de loin. J'ai dit «oui» pour n'avoir plus à parler.
L'asile est à deux kilomètres du village. J'ai fait le chemin à pied. J'ai voulu voir maman
tout de suite. Mais le concierge m'a dit qu'il fallait que je rencontre le directeur. Comme
il était occupé, j'ai attendu un peu. Pendant tout ce temps, le concierge a parlé et
ensuite, j'ai vu le directeur : il m'a reçu dans son bureau. C'était un petit vieux, avec la
Légion d'honneur. Il m'a regardé de ses yeux clairs. Puis il m'a serré la main qu'il a
1gardée si longtemps que je ne savais trop comment la retirer. Il a consulté un dossier et
m'a dit: «Mme Meursault est entrée ici il y a trois ans. Vous étiez son seul soutien.» J'ai
cru qu'il me reprochait quelque chose et j'ai commencé à lui expliquer. Mais il m'a
interrompu: «Vous n'avez pas à vous justifier, mon cher enfant. J'ai lu le dossier de
votre mère. Vous ne pouviez subvenir à ses besoins. Il lui fallait une garde. Vos
salaires sont modestes. Et tout compte fait, elle était plus heureuse ici.» J'ai dit: «Oui,
monsieur le Directeur.» Il a ajouté: «Vous savez, elle avait des amis, des gens de son
âge. Elle pouvait partager avec eux des intérêts qui sont d'un autre temps. Vous êtes
jeune et elle devait s'ennuyer avec vous.» C'était vrai. Quand elle était à la maison,
maman passait son temps à me suivre des yeux en silence. Dans les premiers jours où
elle était à l'asile, elle pleurait souvent. Mais c'était à cause de l'habitude. Au bout de
quelques mois, elle aurait pleuré si on l'avait retirée de l'asile. Toujours à cause de
l'habitude. C'est un peu pour cela que dans la dernière année je n'y suis presque plus
allé. Et aussi parce que cela me prenait mon dimanche — sans compter l'effort pour
aller à l'autobus, prendre des tickets et faire deux heures de route."
- Qu'est-ce que le Mythe de Sisyphe ?
C'est le fait de pousser une pierre éternellement en haut d'une colline et cette pierre va retomber sans cesse de l'autre côté, ce qui montre que l'homme est contraint de faire toujours la même chose, c'est une routine.
- Qu'est-ce qu'un incipit ?
C'est ce qui sert à la description des personnages, des lieux et c'est aussi ce qui va annoncer l'intrigue.
- A quelle période a été écrit "l'Etranger" ?
Il a été écrit en pleine guerre, lorsqu'il y avait le gouvernement de Vichy avec Pétain qui suggérait de collaborer avec l'Allemagne. C'était donc une période trouble.
- De quel mouvement littéraire Camus était-il annonciateur ?
Il a été annonciateur du nouveau roman.
3) TEXTE n°2 "L'ETRANGER" DE CAMUS :
"C’était le même éclatement rouge. Sur le sable, la mer haletait de toute la respiration rapide et étouffée de ses petites vagues. Je marchais lentement vers les rochers et je sentais mon front se gonfler sous le soleil. Toute cette chaleur s’appuyait sur moi et s’opposait à mon avance. Et chaque fois que je sentais son grand souffle chaud sur mon visage, je serrais les dents, je fermais les poings dans les poches de mon pantalon, je me tendais tout entier pour triompher du soleil et de cette ivresse opaque qu’il me déversait. A chaque épée de lumière jaillie du sable, d’un coquillage blanchi ou d’un débris de verre, mes mâchoires se crispaient. J’ai marché longtemps.
Je voyais de loin la petite masse sombre du rocher entourée d’un halo aveuglant par la lumière et la poussière de mer. Je pensais à la source fraîche derrière le rocher. J’avais envie de retrouver le murmure de son eau, envie de fuir le soleil, l’effort et les pleurs de femme, envie de retrouver l’ombre et son repos. Mais quand j’ai été plus près, j’ai vu que le type de Raymond était revenu.
Il était seuil reposait sur le dos, les mains sous la nuque, le front dans les ombres du rocher, tout le corps au soleil. Son bleu de chauffe fumait dans la chaleur. J’ai été un peu surpris. Pour moi c’était une histoire finie et j’étais venu là sans y penser.
Dès qu’il m’a vu, il s’est soulevé un peu et a mis la main dans sa poche. Moi, naturellement, j’ai serré le révolver e Raymond dans mon veston. Alors de nouveau, il s’est laissé aller en arrière, mais sans retirer la main de sa poche. J’étais assez loin de lui, à une dizaine de mètres. Je devinais son regard par instants, entre ses paupières mi-closes. Mais le plus souvent, son image dansait devant mes yeux, dans l’air enflammé. Le bruit des vagues était encore plus paresseux, plus étale qu’à midi. C’était le même soleil, la même lumière sur le même sable qui se prolongeait ici. Il y avait déjà deux heures que la journée n’avançait plus, deux heures qu’elle avait jeté l’ancre dans un océan de métal bouillant. A l’horizon, un petit vapeur est passé et j’en ai deviné la tache noire au bord de son regard, parce que je n’avais pas cessé de regarder l’Arabe.
J’ai pensé que je n’avais qu’un demi-tour à faire et ce serait fini. Mais toute une plage vibrante de soleil se pressait derrière moi. J’ai fait quelques pas vers la source. L’Arabe n’a pas bougé. Malgré tout, il était encore assez loin. Peut-être à cause des ombres sur son visage, il avait l’air de rire. J’ai attendu. La brûlure du soleil gagnait mes joues et j’ai senti des gouttes de sueur s’amasser dans mes sourcils. C’était le même soleil que le jour où j’avais enterré maman et, comme alors, le front surtout me faisait mal et toutes ses veines battaient ensemble sous la peau. A cause de cette brûlure que je ne pouvais plus supporter, j’ai fait un mouvement en avant. Je savais que c’était stupide, que je ne me débarrasserais pas du soleil en me déplaçant d’un pas. Mais j’ai fait un pas, un seul pas en avant. Et cette fois, sans se soulever, l’Arabe a tiré son couteau qu’il m’a présenté dans le soleil. La lumière a giclé sur l’acier et c’était comme une longue lame étincelante qui m’atteignit au front. Au même instant, la sueur amassée dans mes sourcils a coulé d’un coup sur les paupières et les a recouvertes d’un voile tiède et épais. Mes yeux étaient aveuglés derrière ce rideau de larmes et de sel. Je ne sentais plus que les cymbales sur soleil sur mon front et, indistinctement, le glaive éclatant jailli du couteau toujours en face de moi. Cette épée brûlante rongeait mes cils et fouillait mes yeux douloureux. C’est alors que tout a vacillé. La mer a charrié un souffle épais et ardent. Il m’a semblé que le ciel s’ouvrait sur toute son étendue pour laisser pleuvoir du feu. Tout mon être s’est tendu et j’ai crispé ma main sur le revolver. La gâchette a cédé, j’ai touché le ventre poli de la crosse et c’est là, dans le bruit à la fois sec et assourdissant, que tout a commencé. J’ai secoué la sueur et le soleil. J’ai compris que j’avais détruit l’équilibre du jour, le silence exceptionnel d’une plage où j’avais été heureux. Alors, j’ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s’enfonçaient sans qu’il y parût. Et c’était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur."
- Quelle est la signification du titre "l'Etranger" ?
Nous voyons que Meursault est étranger à ses actes, à lui-même et aux autres. Il n'assume pas son acte lors du meurtre, il subit à cause des éléments naturels (chaleur...). Il n'a aucun sentiment lors de l'enterrement de sa mère, il n'adhère pas aux conventions traditionnelles sociales. Il est étranger aux choses.
- Quels sont les aspects biographiques de cette oeuvre ?
Camus est né à Alger, et la mère de Camus était très importante pour lui, il avait un énorme attachement pour elle sachant que son père est décédé quand Camus était jeune.
- Quelles sont les techniques narratives ?
Il y a le temps passé, les phrases courtes, le présent de narration et l'omniprésence de la première personne du singulier "je".
4) TEXTE n°3 "L'ETRANGER" DE CAMUS :
"Alors, je ne sais pas pourquoi, il y a quelque chose qui a crevé en moi. Je me suis mis à crier à plein gosier et je l'ai insulté et je lui ai dit de ne pas prier. Je l'avais pris par le collet de sa soutane. Je déversais sur lui tout le fond de mon cœur avec des bondissements mêlés de joie et de colère. Il avait l'air si certain, n'est-ce pas ? Pourtant, aucune de ses certitudes ne valait un cheveu de femme. Il n'était même pas sûr d'être en vie puisqu'il vivait comme un mort. Moi, j'avais l'air d'avoir les mains vides. Mais j'étais sûr de moi, sûr de tout, plus sûr que lui, sur de ma vie et de cette mort qui allait venir. Oui, je n'avais que cela. Mais du moins, je tenais cette vérité autant qu'elle me tenait. J'avais eu raison, j'avais encore raison, j'avais toujours raison. J'avais vécu de telle façon et j'aurais pu vivre de telle autre. J'avais fait ceci et je n'avais pas fait cela. Je n'avais pas fait telle chose alors que j'avais fait cette autre. Et après ? C'était comme si j'avais attendu pendant tout le temps cette minute et cette petite aube où je serais justifié. Rien, rien n'avait d'importance et je savais bien pourquoi. Lui aussi savait pourquoi. Du fond de mon avenir, pendant toute cette vie absurde que j'avais menée, un souffle obscur remontait vers moi à travers des années qui n'étaient pas encore venues et ce souffle égalisait sur son passage tout ce qu'on me proposait alors dans les années pas plus réelles que je vivais. Que m'importaient la mort des autres, l'amour d'une mère, que m'importaient son Dieu, les vies qu'on choisit, les destins qu'on élit, puisqu'un seul destin devait m'élire moi-même et avec moi des milliards de privilégiés qui, comme lui, se disaient mes frères. Comprenait-il, comprenait-il donc ? Tout le monde était privilégié. Il n'y avait que des privilégiés. Les autres aussi, on les condamnerait un jour. Lui aussi, on le condamnerait. Qu'importait si, accusé de meurtre, il était exécuté pour n'avoir pas pleuré à l'enterrement de sa mère ? Le chien de Salamano valait autant que sa femme. La petite femme automatique était aussi coupable que la Parisienne que Masson avait épousée ou que Marie qui avait envie que je l'épouse. Qu'importait que Raymond fût mon copain autant que Céleste qui valait mieux que lui ? Qu'importait que Marie donnât aujourd'hui sa bouche à un nouveau Meursault ? Comprenait-il donc, ce condamné, et que du fond de mon avenir... J'étouffais en criant tout ceci. Mais, déjà, on m'arrachait l'aumônier des mains et les gardiens me menaçaient. Lui, cependant, les a calmés et m'a regardé un moment en silence. Il avait les yeux pleins de larmes. Il s'est détourné et il a disparu.
Lui parti, j'ai retrouvé le calme. J'étais épuisé et je me suis jeté sur ma couchette. Je crois que j'ai dormi parce que je me suis réveillé avec des étoiles sur le visage. Des bruits de campagne montaient jusqu'à moi. Des odeurs de nuit, de terre et de sel rafraîchissaient mes tempes. La merveilleuse paix de cet été endormi entrait en moi comme une marée. À ce moment, et à la limite de la nuit, des sirènes ont hurlé. Elles annonçaient des départs pour un monde qui maintenant m'était à jamais indifférent. Pour la première fois depuis bien longtemps, j'ai pensé à maman. Il m'a semblé que je comprenais pourquoi à la fin d'une vie elle avait pris un « fiancé », pourquoi elle avait joué à recommencer. Là-bas, là-bas aussi, autour de cet asile où des vies s'éteignaient, le soir était comme une trêve mélancolique. Si près de la mort, maman devait s'y sentir libérée et prête à tout revivre. Personne, personne n'avait le droit de pleurer sur elle. Et moi aussi, je me suis senti prêt à tout revivre. Comme si cette grande colère m'avait purgé du mal, vidé d'espoir, devant cette nuit chargée de signes et d'étoiles, je m'ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. De l'éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, j'ai senti que j'avais été heureux, et que je l'étais encore. Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine."
- Qu'est-ce qu'une catharsis ?
C'est la purgation des passions, elle est habituellement trouvée au théâtre dans les drames et les tragédies. Elle vient de l'Antiquité.
- Que sont les synesthésies baudelairiennes ?
C'est le mélange entre les sensations et la vie intérieure du poète.
- Qu'est-ce que le Nouveau Roman ?
C'est un nouveau courant littéraire créé à partir des années 50. Il représente le changement des codes traditionnels. ce courant essaie de perdre le narrateur. Les principaux écrivains de ce Nouveau Roman sont : Sarraute, Robbe-Grillet, Butor et Simon.
5) TEXTE "ZADIG" DE VOLTAIRE :
"Arrivé dans sa tribu, Sétoc commença par redemander cinq cents onces d'argent à un Hébreu auquel il les avait prêtées en présence de deux témoins ; mais ces deux témoins étaient morts, et l'Hébreu, ne pouvant être convaincu, s'appropriait l'argent du marchand, en remerciant Dieu de ce qu'il lui avait donné le moyen de tromper un Arabe. Sétoc confia sa peine à Zadig, qui était devenu son conseil. En quel endroit, demanda Zadig, prêtâtes-vous vos cinq cents onces à cet infidèle ? Sur une large pierre, répondit le marchand, qui est auprès du mont Horeb. Quel est le caractère de votre débiteur ? dit Zadig. Celui d'un fripon, reprit Sétoc. Mais je vous demande si c'est un homme vif ou flegmatique, avisé ou imprudent. C'est de tous les mauvais payeurs, dit Sétoc, le plus vif que je connaisse. Eh bien ! insista Zadig, permettez que je plaide votre cause devant le juge. En effet il cita l'Hébreu au tribunal, et il parla ainsi au juge : Oreiller du trône d'équité, je viens redemander à cet homme, au nom de mon maître, cinq cents onces d'argent qu'il ne veut pas rendre. Avez-vous des témoins ? dit le juge. Non, ils sont morts ; mais il reste une large pierre sur laquelle l'argent fut compté ; et s'il plaît à votre grandeur d'ordonner qu'on aille chercher la pierre, j'espère qu'elle portera témoignage ; nous resterons ici l'Hébreu et moi, en attendant que la pierre vienne ; je l'enverrai chercher aux dépens de Sétoc, mon maître. Très volontiers, répondit le juge ; et il se mit à expédier d'autres affaires.
A la fin de l'audience : Eh bien ! dit-il à Zadig, votre pierre n'est pas encore venue ? L'Hébreu, en riant, répondit : Votre grandeur resterait ici jusqu'à demain que la pierre ne serait pas encore arrivée ; elle est à plus de six milles d'ici, et il faudrait quinze hommes pour la remuer. Eh bien ! s'écria Zadig, je vous avais bien dit que la pierre porterait témoignage ; puisque cet homme sait où elle est, il avoue donc que c'est sur elle que l'argent fut compté. L'Hébreu déconcerté fut bientôt contraint de tout avouer. Le juge ordonna qu'il serait lié à la pierre, sans boire ni manger, jusqu'à ce qu'il eût rendu les cinq cents onces, qui furent bientôt payées.
L'esclave Zadig et la pierre furent en grande recommandation dans l'Arabie."
- A quel courant littéraire appartenait Voltaire ?
Il appartenait à celui des philosophes des Lumières, ils annoncent la Révolution Française en 1789 (Déclaration Des Droits de l'Homme et du Citoyen et l'abolition des privilèges).
- Quelles sont les caractéristiques d'un conte philosophique ?
Il faut un héros naïf, une narration plaisante (merveilleux), et des critiques politiques et sociales pour qu'il y ait un débat philosophique.
6) TEXTE "ECOLE DES FEMMES" DE MOLIÈRE :
"Chacun a sa méthode,
En femme, comme en tout, je veux suivre ma mode:
Je me vois riche assez pour pouvoir, que je croi,
Choisir une moitié qui tienne tout de moi,
Et de qui la soumise et pleine dépendance
N'ait à me reprocher aucun bien ni naissance.
Un air doux et posé, parmi d'autres enfants,
M'inspira de l'amour pour elle dès quatre ans.
Sa mère se trouvant de pauvreté pressée,
De la lui demander il me vint en pensée;
Et la bonne paysanne, apprenant mon désir,
A s'ôter cette charge eut beaucoup de plaisir.
Dans un petit couvent, loin de toute pratique,
Je la fis élever selon ma politique;
C'est-à-dire, ordonnant quels soins on emploierait
Pour la rendre idiote autant qu'il se pourrait.
Dieu merci, le succès a suivi mon attente;
Et, grande, je l'ai vue à tel point innocente,
Que j'ai béni le ciel d'avoir trouvé mon fait,
Pour me faire une femme au gré de mon souhait.
Je l'ai donc retirée, et comme ma demeure
A cent sortes de gens est ouverte à toute heure
Je l'ai mise à l'écart, comme il faut tout prévoir,
Dans cette autre maison où nul ne me vient voir;
Et, pour ne point gâter sa bonté naturelle,
Je n'y tiens que des gens tout aussi simples qu'elle."
- Quelles sont les plus grandes pièces de Molière ?
"Le Malade Imaginaire", "Don Juan", "les Fourberies de Scapin", "Tartuffe"...
- Quel est le principe premier du théâtre ?
C'est le principe de la double énonciation.
- Qu'est-ce que l'Honnête homme ?
C'est l'élégance et l'équilibre, ce qui le rend par conséquent agréable dans la société.
L'élégance car il est cultivé et l'équilibre car il a le sens de la mesure (discret, juste milieu).
- Quelle est l'apogée du classicisme ?
Entre 1660 et 1685.
- Quels sont les auteurs classiques ?
Il y a les auteurs grecs et latins. La Fontaine est le successeur d'Esope pour la fable. Molière est le successeur de Terence pour le théâtre.
- Qu'est-ce que le classicisme ?
C'est la symétrie, c'est l'opposition au baroque.
- Quelles sont les trois règles du théâtre ?
Il y a la règle de vraisemblance (faire croire vrai), la règle de bienséance (rien qui ne puisse choquer) et la règle des trois unités (unités de lieu, de temps et d'action).
Pour aller plus loin