Ecrit sur le tombeau d'un petit enfant au bord de la mer, V. Hugo, commentaire
Écrit sur le tombeau d'un petit enfant au bord de la mer
Vieux lierre, frais gazon, herbe, roseaux, corolles ;
Église où l'esprit voit le Dieu qu'il rêve ailleurs ;
Mouches qui murmurez d'ineffables paroles
À l'oreille du pâtre assoupi dans les fleurs ;
Vents, flots, hymne orageux, choeur sans fin, voix sans nombre ;
Bois qui faites songer le passant sérieux ;
Fruits qui tombez de l'arbre impénétrable et sombre,
Étoiles qui tombez du ciel mystérieux ;
Oiseaux aux cris joyeux, vague aux plaintes profondes ;
Froid lézard des vieux murs dans les pierres tapi ;
Plaines qui répandez vos souffles sur les ondes ;
Mer où la perle éclôt, terre où germe l'épi ;
Nature d'où tout sort, nature où tout retombe,
Feuilles, nids, doux rameaux que l'air n'ose effleurer,
Ne faites pas de bruit autour de cette tombe ;
Laissez l'enfant dormir et la mère pleurer !
Victor HUGO (1802-1885), recueil Les rayons et les ombres (1840).
Commentaire
Au XIXème siècle s’imposa un mouvement littéraire et culturel : le Romantisme. Celui-ci s’opposait aux idées très cadrées du Classicisme et prônait l’expression des sentiments, notamment grâce à l’emploi du lyrisme. Victor Hugo fut l’un des fondateurs de ce mouvement, comme Alphonse de Lamartine ou encore Chateaubriand. Apprécié comme étant le plus illustre auteur de la langue française, il est l’auteur du recueil de poésies Les Rayons et Les Ombres, dont est extrait le texte « Ecrit Sur Le Tombeau D’Un Petit Enfant Au Bord De La Mer » que nous allons commenter. Dans ce texte, la Nature est omniprésente et Victor Hugo met en parallèle la pérennité de la Nature et la mortalité de l’Homme.
Date de dernière mise à jour : 27/07/2021