Victor Hugo, Hernani, Acte I, scènes 1 et 2
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Première partie de l'entretien sur Victor Hugo, Hernani, Acte I, scènes 1 et 2
- Hernani et Victor Hugo
- Problématique :
- Comment le texte théâtral et en particulier le drame romantique a t'- il tout son sens à travers la représentation?
- Le héros et le drame romantique Acte I scénes 1 et 2
I - Questions :
1) En quoi l’exposition relève-t-elle de l’esthétique romantique ?
2) Montrer que les personnages de Hernani et Don Carlos sont des doubles inversés (langage, vêtements, entrée en scène, nom) ?
3) En quoi la construction de ces personnages est-elle au service d’une contestation politique ?
Réponses :
1) Qui ? Doña Josefa, Don Carlos, Doña Sol, Don Ruy Gomez et Hernani
Quoi ? Intrigue nouée autour de Doña Sol, aimée par les trois hommes.
Où ? En Espagne, dans une chambre à coucher.
Quand ? Au XVIème siècle, la nuit.
C’est à l’encontre du principe de bienséance : la scène se passe dans une chambre à coucher, la nuit, il y a trois hommes pour une femme, des duels sont représentés, l’homme se cache dans une armoire, le roi d’Espagne est directement concerné.
Hugo utilise beaucoup de détails prosaïques : banalités, détails de la vie quotidienne : « la petite porte dérobée », « touchant ses vêtements... » . On introduit des petits détails comiques pour dédramatiser la scène : la bourse, Doña Sol s’inquiète qu’ Hernani s’enrhume … .
Hernani et Doña Sol veulent prendre la fuite : amour caché : àç l’encontre de la bienséance.
Les alexandrins sont disloqués : « c’est bien un escalier dérobé. Vite ouvrons ! »
2) Leur entrée en scène est semblable :
vêtements semblables servant à se cacher : grand chapeau + cape, tous deux sont amants de Doña Sol, aucun des deux ne donne son vrai nom, ils cachent leur identité.
Différence : Sous sa cape le roi est vêtu de maniére noble tandis que Hernani est habillé tel un bandit.
Ils n’ont pas le même language, le roi est vulgaire, manque de respect à Doña Sol, contrairement à Hernani : « Partageons, vous voulez ? », il prend Doña Sol comme un objet.
3) La contestation politique :
Don Carlos use d’un pouvoir arbitraire, au lieu de s’occuper de l’Espagne, il cherche à satisfaire ses besoins primaire, ses envies.
Sa famille a pris le pouvoir par la force est donc illégitimement et injustement.
Au contraire Hernani est victime d’une injustice, il est du peuple donc près du peuple qu’il représente, il combat contre l’arbitraire, il vit dans la nature comme un bandit, au milieu desquels il vit. Il est respectueux et a des valeurs morales.
Conclusion:
Il y a ici deux intrigues : Une intrigue amoureuse avec le quatuor et l’intrigue politique avec la vengeance d’Hernani (pour sa famille).
Comme chez les classiques, c’est le dilemme.
TEXTE :
- ACTE PREMIER
- SCENE PREMIERE
- Une chambre à coucher, la nuit. Une lampe sur une table. Doña Josefa Duarte,
- vieille, en noir, avec le corps de sa jupe cousu de jais à la mode d’Isabelle-la-catholique,
- don Carlos.
- DOÑA JOSEFA, seule. Elle ferme les rideaux cramoisis de la fenêtre, et met en
- ordre quelques fauteuils. On frappe à une petite porte dérobée à droite. Elle écoute.
- On frappe un second coup.
- Serait-ce déjà lui ? C’est bien à l’escalier
- Dérobé.
- Un quatrième coup.
- Vite, ouvrons.
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- Elle ouvre la petite porte masquée. Entre don Carlos, le manteau sur le visage et
- le chapeau sur les yeux.
- : :Bonjour, beau cavalier.
- Elle l’introduit. Il écarte son manteau, et laisse voir un riche costume de velours
- et de soie à la mode castillane de 1519. Elle le regarde sous le nez et recule.
- Quoi ! Seigneur Hernani, ce n’est pas vous ? -Main-forte !
- Au feu !
- DON CARLOS, lui saisissant le bras .
- Deux mots de plus, duègne, vous êtes morte !
- Il la regarde fixement. Elle se tait effrayée.
- Suis-je chez doña Sol, fiancée au vieux duc
- De Pastrana, son oncle, un bon seigneur, caduc,
- Vénérable et jaloux ? Dites. La belle adore
- Un cavalier sans barbe et sans moustache encore,
- Et reçoit tous les soirs, malgré les envieux,
- Le jeune amant sans barbe, à la barbe du vieux.
- Suis-je bien informé?
- Elle se tait. Il la secoue par le bras.
- : :Vous répondrez, peut-être.
- DOÑA JOSEFA.
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- Vousm’avez défendu de dire deux mots,maître.
- DON CARLOS.
- Aussi n’en veux-je qu’un. - oui, non. - ta dame est bien
- Doña Sol De Silva ? Parle.
- DOÑA JOSEFA.
- : : :Oui. Pourquoi ?
- DON CARLOS.
- : : : : : : :Pour rien.
- Le duc, son vieux futur, est absent à cette heure ?
- DOÑA JOSEFA.
- Oui.
- DON CARLOS.
- Sans doute elle attend son jeune ?
- DOÑA JOSEFA.
- : : : : : :Oui.
- DON CARLOS.
- : : : : : : : :Que je meure !
- DOÑA JOSEFA.
- Oui.
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- DON CARLOS.
- Duègne, c’est ici qu’aura lieu l’entretien ?
- DOÑA JOSEFA.
- Oui.
- DON CARLOS.
- Cache-moi céans.
- DOÑA JOSEFA.
- : : :Vous ?
- DON CARLOS.
- : : : : :Moi.
- DOÑA JOSEFA.
- : : : : : :Pourquoi ?
- DON CARLOS.
- : : : : : : : : :Pour rien.
- DOÑA JOSEFA.
- Moi, vous cacher ?
- DON CARLOS.
- : : :Ici.
- DOÑA JOSEFA.
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- : : : :Jamais.
- DON CARLOS, tirant de sa ceinture un poignard et une bourse.
- : : : : : : :Daignez, madame,
- Choisir de cette bourse ou bien de cette lame.
- DOÑA JOSEFA, prenant la bourse.
- Vous êtes donc le diable ?
- DON CARLOS.
- : : :Oui, duègne.
- DOÑA JOSEFA, ouvrant une armoire étroite dans le mur.
- : : : : : :Entrez ici.
- DON CARLOS, examinant l’armoire .
- Cette boîte !
- DOÑA JOSEFA, refermant l’armoire .
- :Va-t’en, si tu n’en veux pas.
- DON CARLOS, rouvrant l’armoire .
- : : : : : : : :Si.
- L’examinant encore.
- Serait-ce l’écurie où tumets d’aventure
- Lemanche du balai qui te sert de monture ?
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- Il s’y blottit avec peine.
- Ouf !
- DOÑA JOSEFA, joignant les mains avec scandale .
- Un homme ici !
- DON CARLOS, dans l’armoire restée ouverte .
- : :C’est une femme, est-ce pas,
- Qu’attendait ta maîtresse ?
- DOÑA JOSEFA.
- : : :Ô ciel ! J’entends le pas
- De doña Sol. Seigneur, fermez vite la porte.
- Elle pousse la porte de l’armoire qui se referme.
- DON CARLOS, de l’intérieur de l’armoire .
- Si vous dites un mot, duègne, vous êtes morte.
- DOÑA JOSEFA, seule .
- Qu’est cet homme? Jésus mon dieu ! Si j’appelais ?...
- Qui ? Hors madame et moi, tout dort dans le palais.
- Bah ! L’autre va venir. La chose le regarde.
- Il a sa bonne épée, et que le ciel nous garde
- De l’enfer !
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- Pesant la bourse.
- Après tout, ce n’est pas un voleur.
- Entre doña Sol, en blanc. Doña Josefa cache la
- Bourse.
- SCENE 2
- Les mêmes. Doña Sol, puis Hernani.
- DOÑA SOL.
- Josefa !
- DOÑA JOSEFA.
- Madame!
- DOÑA SOL.
- :Ah ! Je crains quelque malheur.
- Bruit de pas à la petite porte.
- Hernani devrait être ici. - Voici qu’ilmonte.
- Ouvre avant qu’il ne frappe, et fais vite, et sois prompte.
- Josefa ouvre la petite porte. Entre Hernani. Grand manteau, grand chapeau. Dessous,
- un costume de montagnard d’Aragon, gris, avec une cuirasse de cuir, une épée,
- un poignard, et un cor à sa ceinture.
- DOÑA SOL, courant à lui.
- Hernani !
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- HERNANI.
- Doña Sol ! Ah ! C’est vous que je vois
- Enfin ! Et cette voix qui parle est votre voix ?
- Pourquoi le sort mit-ilmes jours si loin des vôtres ?
- J’ai tant besoin de vous pour oublier les autres !
- DOÑA SOL, touchant ses vêtements .
- Jésus ! Votre manteau ruisselle. Il pleut donc bien ?
- HERNANI.
- Je ne sais.
- DOÑA SOL.
- Vous devez avoir froid ?
- HERNANI.
- : : : : :Ce n’est rien.
- DOÑA SOL.
- Ôtez donc ce manteau.
- HERNANI.
- : : oña Sol,mon amie,
- Dites-moi, quand la nuit vous êtes endormie,
- Calme, innocente et pure, et qu’un sommeil joyeux
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- Entr’ouvre votre bouche et du doigt clôt vos yeux,
- Un ange vous dit-il combien vous êtes douce
- Au malheureux que tout abandonne et repousse ?
- DOÑA SOL.
- Ami, vous avez bien tardé !Mais dites-moi
- Si vous avez froid.
- HERNANI.
- :Moi ? Je brûle près de toi.
- Ah ! Quand l’amour jaloux bouillonne dans nos têtes,
- Quand notre coeur se gonfle et s’emplit de tempêtes,
- Qu’importe ce que peut un nuage des airs
- Nous jeter en passant de tempête et d’éclairs ?
- DOÑA SOL, lui défaisant son manteau.
- Allons ! Donnez la cape et l’épée avec elle !
- HERNANI, la main sur son épée .
- Non. C’est mon autre amie, innocente et fidèle !
- Doña Sol, le vieux duc, votre futur époux,
- Votre oncle est donc absent ?
- DOÑA SOL.
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- : : : :Oui, cette heure est à nous.
- HERNANI.
- Cette heure ! Et voilà tout. Pour nous, plus rien qu’une heure,
- Après, qu’importe ? Il faut qu’on oublie ou qu’onmeure.
- Ange ! Une heure avec vous ! Une heure, en vérité,
- A qui voudrait la vie, et puis l’éternité !
- DOÑA SOL.
- Hernani.
- HERNANI, amèrement .
- Que je suis heureux que le duc sorte !
- Comme un larron qui tremble et qui force une porte,
- Vite, j’entre, et vous vois, et dérobe au vieillard
- Une heure de vos chants et de votre regard,
- Et je suis bien heureux, et sans doute onm’envie
- De lui voler une heure ; et lui me prend ma vie !
- DOÑA SOL.
- Calmez-vous.
- Remettant le manteau à la duègne.
- Josefa, fais sécher son manteau.
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- Josefa sort. Elle s’assied et fait signe à Hernani de venir près d’elle.
- Venez là.
- HERNANI, sans l’entendre .
- Donc le duc est absent du château ?
- DOÑA SOL, souriant .
- Comme vous êtes grand !
- HERNANI.
- : : :Il est absent.
- DOÑA SOL.
- : : : : : :Chère âme,
- Ne pensons plus au duc.
- HERNANI.
- : : :Ah ! Pensons-y,madame !
- Ce vieillard ! Il vous aime, il va vous épouser !
- Quoi donc ! Vous prit-il pas l’autre jour un baiser ?
- N’y plus penser !
- DOÑA SOL, riant .
- :C’est là ce qui vous désespère !
- Un baiser d’oncle ! Au front ! Presque un baiser de père !
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- HERNANI.
- Non ; un baiser d’amant, de mari, de jaloux.
- Ah ! Vous serez à lui !Madame. Y pensez-vous ?
- Ô l’insensé vieillard, qui, la tête inclinée,
- Pour achever sa route et finir sa journée,
- A besoin d’une femme, et va, spectre glacé,
- Prendre une jeune fille ! ô vieillard insensé !
- Pendant que d’une main il s’attache à la vôtre,
- Ne voit-il pas lamort qui l’épouse de l’autre ?
- Il vient dans nos amours se jeter sans frayeur !
- Vieillard, va-t’en donner mesure au fossoyeur !
- Qui fait ce mariage ? On vous force, j’espère !
- DOÑA SOL.
- Le roi, dit-on, le veut.
- HERNANI.
- : :Le roi ! Le roi !Mon père
- Est mort sur l’échafaud, condamné par le sien.
- Or, quoiqu’on ait vieilli depuis ce fait ancien,
- Pour l’ombre du feu roi, pour son fils, pour sa veuve,
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- Pour tous les siens, ma haine est encor toute neuve !
- Lui,mort, ne compte plus. Et tout enfant, je fis
- Le serment de vengermon père sur son fils.
- Je te cherchais partout, Carlos, roi des Castilles !
- Car la haine est vivace entre nos deux familles.
- Les pères ont lutté sans pitié, sans remords,
- Trente ans ! Or c’est en vain que les pères sont morts,
- La haine vit. Pour eux la paix n’est point venue,
- Car les fils sont debout, et le duel continue.
- Ah ! C’est donc toi qui veux cet exécrable hymen!
- Tant mieux. Je te cherchais, tu viens dans mon chemin !
- DOÑA SOL.
- Vousm’effrayez.
- HERNANI.
- :Chargé d’un mandat d’anathème,
- Il faut que j’en arrive àm’effrayer moi-même !
- écoutez. L’homme auquel, jeune, on vous destina,
- Ruy De Silva, votre oncle, est duc de Pastrana,
- Riche-homme d’Aragon, comte et grand de Castille.
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- Ô défaut de jeunesse, il peut, ô jeune fille,
- Vous apporter tant d’or, de bijoux, de joyaux,
- Que votre front reluise entre des fronts royaux ;
- Et pour le rang, l’orgueil, la gloire et la richesse,
- Mainte reine peut-être enviera sa duchesse !
- Voilà donc ce qu’il est.Moi, je suis pauvre, et n’eus
- Tout enfant, que les bois où je fuyais pieds nus.
- Peut-être aurais-je aussi quelque blason illustre
- Qu’une rouille de sang à cette heure délustre ;
- Peut-être ai-je des droits, dans l’ombre ensevelis,
- Qu’un drap d’échafaud noir cache encor sous ses plis,
- Et qui, si mon attente un jour n’est pas trompée,
- Pourront de ce fourreau sortir avec l’épée.
- En attendant, je n’ai reçu du ciel jaloux
- Que l’air, le jour et l’eau, la dot qu’il donne à tous.
- Or du duc ou de moi souffrez qu’on vous délivre,
- Il faut choisir des deux, l’épouser, ou me suivre.
- DOÑA SOL.
- Je vous suivrai.
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- HERNANI.
- :Parmi mes rudes compagnons ?
- Proscrits dont le bourreau sait d’avance les noms,
- Gens dont jamais le fer ni le coeur ne s’émousse,
- Ayant tous quelque sang à venger qui les pousse ?
- Vous viendrez commander ma bande, comme on dit ?
- Car, vous ne savez pas, moi, je suis un bandit !
- Quand tout me poursuivait dans toutes les Espagnes :
- Seule, dans ses forêts, dans ses hautes montagnes,
- Dans ses rocs où l’on n’est que de l’aigle aperçu,
- La vieille Catalogne en mèrem’a reçu.
- Parmi ses montagnards, libres, pauvres et graves,
- Je grandis, et demain, trois mille de ses braves,
- Si ma voix dans leurs monts fait résonner ce cor,
- Viendront... vous frissonnez, réfléchissez encor.
- Me suivre dans les bois, dans les monts, sur les grèves,
- Chez des hommes pareils aux démons de vos rêves ;
- Soupçonner tout, les yeux, les voix, les pas, le bruit,
- Dormir sur l’herbe, boire au torrent, et la nuit
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- Entendre, en allaitant quelque enfant qui s’éveille,
- Les balles desmousquets siffler à votre oreille.
- Etre errante avec moi, proscrite, et, s’il le faut,
- Me suivre où je suivrai mon père, - à l’échafaud.
- DOÑA SOL.
- Je vous suivrai.
- HERNANI.
- :Le duc est riche, grand, prospère.
- Le duc n’a pas de tache au vieux nom de son père.
- Le duc peut tout. Le duc vous offre avec sa main
- Trésors, titres, bonheur...
- DOÑA SOL.
- : : :Nous partirons demain.
- Hernani, n’allez pas sur mon audace étrange
- Me blâmer. êtes-vous mon démon ou mon ange ?
- Je ne sais,mais je suis votre esclave. écoutez,
- Allez où vous voudrez, j’irai. Restez, partez,
- Je suis à vous. Pourquoi fais-je ainsi ? Je l’ignore.
- J’ai besoin de vous voir, et de vous voir encore,
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- Et de vous voir toujours. Quand le bruit de vos pas
- S’efface, alors je crois quemon coeur ne bat pas ;
- Vous memanquez, je suis absente de moi-même ;
- Mais dès qu’enfin ce pas que j’attends et que j’aime
- Vient frapper mon oreille, alors il me souvient
- Que je vis, et je sens mon âme qui revient !
- HERNANI, la serrant dans ses bras .
- Ange !
- DOÑA SOL.
- A minuit. Demain. Amenez votre escorte.
- Sous ma fenêtre. Allez, je serai brave et forte.
- Vous frapperez trois coups.
- HERNANI.
- : : : :Savez-vous qui je suis,
- Maintenant ?
- DOÑA SOL.
- Monseigneur, qu’importe ! Je vous suis.
- HERNANI.
- Non, puisque vous voulez me suivre, faible femme,
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- Il faut que vous sachiez quel nom, quel rang, quelle âme,
- Quel destin est caché dans le pâtre Hernani.
- Vous vouliez d’un brigand, voulez-vous d’un banni ?
- DON CARLOS, ouvrant avec fracas la porte de l’armoire .
- Quand aurez-vous fini de conter votre histoire ?
- Croyez-vous donc qu’on soit si bien dans une armoire ?
- Hernani recule étonné.Doña Sol pousse un cri et se réfugie dans ses bras, en fixant
- sur don Carlos des yeux effarés.
- HERNANI, la main sur la garde de son épée .
- Quel est cet homme?
- DOÑA SOL.
- : :Ô ciel ! Au secours !
- HERNANI.
- : : : : : :Taisez-vous,
- Doña Sol ! Vous donnez l’éveil aux yeux jaloux.
- Quand je suis près de vous, veuillez, quoi qu’il advienne,
- Ne réclamer jamais d’autre aide que la mienne.
- A don Carlos.
- Que faisiez-vous là ?
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- DON CARLOS.
- : :Moi ?Mais, à ce qu’il paraît,
- Je ne chevauchais pas à travers la forêt.
- HERNANI.
- Qui raille après l’affront s’expose à faire rire
- Aussi son héritier !
- DON CARLOS.
- :Chacun son tour, messire !
- Parlons franc. Vous aimez madame et ses yeux noirs,
- Vous y venez mirer les vôtres tous les soirs,
- C’est fort bien. J’aime aussi madame, et veux connaître
- Qui j’ai vu tant de fois entrer par la fenêtre,
- Tandis que je restais à la porte.
- HERNANI.
- : : : :En honneur,
- Je vous ferai sortir par où j’entre, seigneur.
- DON CARLOS.
- Nous verrons. J’offre donc mon amour àmadame.
- Partageons, voulez-vous ? J’ai vu dans sa belle âme
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- Tant d’amour, de bonté, de tendres sentiments,
- Que madame, à coup sûr, en a pour deux amants.
- Or, ce soir, voulant mettre à finmon entreprise,
- Pris, je pense, pour vous, j’entre ici par surprise ;
- Je me cache, j’écoute, à ne vous celer rien ;
- Mais j’entendais très mal et j’étouffais très bien ;
- Et puis je chiffonnais ma veste à la française.
- Ma foi, je sors !
- HERNANI.
- Ma dague aussi n’est pas à l’aise,
- Et veut sortir.
- DON CARLOS, le saluant .
- Monsieur, c’est comme il vous plaira.
- HERNANI, tirant son épée .
- En garde !
- Don Carlos tire son épée.
- DOÑA SOL, se jetant entre eux .
- Hernani ! Ciel !
- DON CARLOS.
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- : : :Calmez-vous, señora.
- HERNANI.
- Dites-moi votre nom.
- DON CARLOS.
- : :Hé ! Dites-moi le vôtre !
- HERNANI.
- Je le garde, secret et fatal, pour un autre
- Qui doit un jour sentir, sousmon genou vainqueur,
- Mon nom à son oreille, et ma dague à son coeur !
- DON CARLOS.
- Alors, quel est le nomde l’autre ?
- HERNANI.
- : : : :Que t’importe ?
- En garde ! Défends-toi !
- Ils croisent leurs épées. Doña Sol tombe tremblante sur un fauteuil. On entend
- des coups à la porte.
- DOÑA SOL, se levant avec effroi .
- : :Ciel ! On frappe à la porte !
- Les champions s’arrêtent, entre Josefa par la petite porte et tout effarée.
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- HERNANI, à Josefa .
- Qui frappe ainsi ?
- DOÑA JOSEFA, à doña Sol .
- :Madame! Un coup inattendu !
- C’est le duc qui revient !
- DOÑA SOL.
- : :Le duc ! Tout est perdu !
- Malheureuse !
- DOÑA JOSEFA, jetant les yeux autour d’elle .
- Mon dieu ! L’inconnu ! Des épées !
- On se battait. Voilà de belles équipées !
- Les deux combattants remettent leurs épées dans le fourreau, don Carlos s’enveloppe
- de son manteau et rabat son chapeau sur ses yeux. On frappe de nouveau.
- HERNANI.
- Que faire ?
- On frappe.
- UNE VOIX, en dehors .
- Doña Sol, ouvrez-moi !
- Doña Josefa fait un pas vers la porte, Hernani l’arrête.
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- HERNANI.
- : : :N’ouvrez pas.
- DOÑA JOSEFA, tirant son chapelet .
- Saint Jacques monseigneur ! Tirez-nous de ce pas !
- On frappe de nouveau.
- HERNANI, montrant l’armoire à don Carlos .
- Cachons-nous.
- DON CARLOS.
- Dans l’armoire ?
- HERNANI.
- : : : :Entrez-y, jem’en charge.
- Nous y tiendrons tous deux.
- DON CARLOS.
- : : : : :Grand merci, c’est trop large.
- HERNANI, montrant la petite porte .
- Fuyons par là.
- DON CARLOS.
- Bonsoir. Pour moi, je reste ici.
- HERNANI.
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- Ah ! Tête et sang !Monsieur, vous me paierez ceci !
- A doña Sol.
- Si je barricadais l’entrée ?
- DON CARLOS, à Josefa .
- : :Ouvrez la porte.
- HERNANI.
- Que dit-il ?
- DON CARLOS, à Josefa interdite .
- Ouvrez donc, vous dis-je !
- On frappe toujours. Doña Josefa va ouvrir en tremblant.
- DOÑA SOL.
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Date de dernière mise à jour : 27/07/2021