Sujets corrigés bac 2014, philosophie. Correction des dissertations séries technologiques
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Les sujets tombés au baccalauréat de philosophie : séries technologiques, bac 2014
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BACCALAURÉAT technologique
SESSION 2014
PHILOSOPHIE
Série technologique
Durée de l’épreuve : 4 heures
Les dissertations du bac technologique :
1er sujet de dissertation:
Les échanges sont-ils toujours intéressés ?
2ème sujet de dissertation:
Une vérité peut-elle être définitive ?
2ème sujet de dissertation:
Une vérité peut-elle être définitive ?
Une vérité peut-elle être définitive?
Reformulation de la question
Nous tenterons de répondre en sachant si parmi les vérités existantes, il y en a qui sont définitives. Y a t’-il des vérités définitives?
Y a t’-il des connaissances vraies de manière définitive? Ou n’y a t’-il que des connaissances provisoires?
Analyse de la question
Vérité = « adéquation entre la chose et l’esprit ».
La vérité n’est donc pas l’authenticité mais l’énoncé, ce que l’on dit d’une chose.
Définitif s’oppose ici à provisoire;
Il nous faut savoir si une vérité peut-être définitive, c’est-à-dire, un énoncé peut-il être conforme à la réalité de manière absolue et définitive?
La vérité doit-être universelle et nécessaire. 2+2 feront toujours 4. Il semblerait donc que le fait qu’il existe une vérité provisoire, contredise l’idée d’une vérité au sens d’une vérité universelle et nécessaire.
Qu’est-ce qui nous garantit que ce que l’on juge vrai au temps présent le sera pour tous les temps à venir ?
Une vérité définitive = croyance
En science, les théories sont vraies jusqu’à ce qu’elles soient remises en question et ainsi de suite, la science se constitue donc par atavisme. Les théories ne sont jugées vraies qu’un moment au profit d’une autre qui vient la contredire et prouver la fausseté de la théorie précédente. Nous n’avons donc qu’une suite de vérités provisoires;
Si on considère que la vérité = correspondance avec la réalité, cette dernière étant toujours en changement, en évolution, la vérité le sera également. Il faudrait donc pour qu’une vérité soit définitive qu’elle soit soustrait à tous les changements.
Seules nos connaissances et nos croyances deviennent fausses
théorie scientifique héliocentrique défendue par Copernic.
toutes les planètes tournent autour du Soleil, et non l’inverse.
Le passage du géocentrisme à l’héliocentrisme n’est pas une révolution de la réalité mais de la conception de la réalité. Du jour au lendemain le soleil n’a pas cessé de se mouvoir pour devenir immobile et au centre d’un système. La réalité n’a pas changé. Ce qui a été bouleversé c’est la conception humaine de l’univers. La Terre tournait autour du Soleil bien avant que l’Homme n’existe et avant qu’il ne le sache ! C’est la connaissance scientifique et les croyances qui ont changé.
Dès lors le géocentrisme qui correspondait à nos croyances du moment devient faux, notre connaissance était fausse et elle a été rectifiée.
Concernant les vérités en logique :
Leur validité se teste différemment
La logique porte sur des raisonnements, des déductions.
Syllogisme
Raisonnement logique basé sur trois propositions. Il est toujours vrai d’un point de vue formel mais peut-être faux d’un point de vue matériel.
la logique porte sur la vérité formelle, elle respecte les règles du raisonnement déductif.
Tous les garçons blonds sont grands
Or mon frère est blond
Donc mon frère est grand
Voici un syllogisme faux d’un point de vue matériel mais vrai d’un point de vue formel.
Les vérités dans le domaine de la logique sont éternelles et universelles, elles sont définitives.
Du point de vue de la religion, les vérités issues de dogmes, des textes sacrés sont définitives. Elles supposent la foi du croyant pour être acceptées comme définitives.
Ex de dogmes chrétiens :
la trinité ( Dieu est à la fois Père, Fils et Saint Esprit)
la résurrection ( le retour de Jésus parmi les siens après sa mort)
Les échanges sont-ils toujours intéressés
Eléments de correction
Introduction : Si échanger c'est donner en vue de recevoir (réciprocité qui fonde les échanges), tout échange est, par définition intéressé. Or, s'il y a un ou des intérêts(s) à échanger, c'est qu'on suppose qu'on peut en tirer un certain profit ou encore un gain. On échangerait donc dans le but de gagner, c'est-à-dire posséder ou s'approprier ce dont on était privé. Mais si échanger, c'est gagner, que gagne-t-on à échanger ? De quel gain s'agit-il ? Il peut s'agir dans un premier temps d'un gain matériel qui s'illustre surtout dans les échanges économiques ou financiers. Mais on peut évoquer la possibilité d'un gain spirituel ou moral à travers l'échange d'opinions, d'idées et de pensées (ex : enrichir et élargir ses connaissances à travers le dialogue et le débat). Est-ce à dire pour autant que tout échange soit synonyme de gain ? N'y a-t-il pas un risque de perte, d'aliénation (perte de liberté) et de déshumanisation inhérent à tout échange ? À quelles conditions un échange peut-il être et demeurer un gain ?
1- En quels sens peut-on parler de gain ?
Selon Claude Lévi-Strauss trois niveau d'échange sont au fondement de toute société : l'échange matrimonial, l'échange économique et l'échange linguistique.
A- Le gain matériel. Est rendu possible par les échanges économico-financiers qui structurent chaque société Il s'agit d'un gain matériel ou de marchandises qui trouve son origine aussi bien dans le troc (forme naturelle de l'échange économique) que dans le commerce (forme artificielle de l'échange économique). Il y a gain matériel car il assure la survie de l'espèce humaine (échange qui correspond d'abord à une nécessité vitale). Mais au-delà des exigences vitales il permet aussi un certain bien-être, un confort. À noter que ce type d'échange e double d'un gain politique : l'échange de biens et de richesses permet d'entretenir des relations pacifiques (Montesquieu).
B- Gain spirituel (ou moral). L'Homme est un être dont la nature est d'échanger d'abord et avant tout parce que c'est un être parlant (« homo loquax »).Or, parler, c'est communiquer, entrer en contact avec l'autre, pas seulement dans le but de leur transmettre des informations, mais surtout dans le but d'enrichir et d'élargir ses pensées, ses connaissances. Kant, dans Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ? montre que c'est l'échange et la confrontation à la pensée des autres qui nous assure de la justesse de nos propres pensées. À quoi bon penser si l'on est pas sûr que ce que l'on pense est vrai et légitime ? À quoi bon penser, si c'est pour rester prisonnier d'erreurs et de préjugés ? Une pensée authentique suppose l'échange avec d'autres pensées que la mienne. Il montre aussi que l'ampleur de notre pensée dépend aussi de nos échanges avec d'autres pensées qui me permettent d'étendre mes connaissances et mon savoir. La nécessité des échanges linguistiques s'illustre de façon encore plus évidente dans les échanges culturels qui permettent une véritable ouverture à d'autres façons de vivre, de penser et de sentir que celles auxquelles nous sommes habitués. C- Est-ce à dire que l'échange est pour autant systématiquement synonyme de gain ? Gagne-t-on toujours à échanger ? N'existerait-il pas un risque inhérent à tout échange d'être manipulé aliéné, asservi ? Pire : ne perdrait-on pas plus qu'on ne gagne à échanger ?
2- Que perdrait-on à échanger ?
A- La logique du profit. Tant que l'échange économique répond à nos besoins, il n'y a pas de problème. Mais quand il n'a plus pour fin de nous permettre de vivre ou de survivre, quand l'échange se fait en vue de s'enrichir alors les échanges économiques deviennent excessifs. Aristote par exemple critique que la chrématistique : quand l'argent est à la fois le point de départ et la fin de l'échange (spéculation). Il y a alors danger car l'accumulation illimitée de richesses se fait au détriment d'un véritable rapport à l'autre et à soi-même.
B- Le potlatch (M. Mauss). L'échange est un moyen pour une tribu de montrer sa munificence, sa supériorité par rapport aux autres tribus. On n'échange pas pour assurer sa subsistance, mais pour témoigner de sa puissance politique. L'enjeu de l'échange est politique : surenchère de dons et de contre-dons. Étrangement, ce type d'échange incite au gaspillage. Plus on peut gaspiller et détruire ce que l'on donne, plus on est puissant. Ainsi, il y a bien plus dans l'échange que dans un certain usage de ce que l'on échange.
C- Le problème posé par la rhétorique. On peut échanger et débattre (dans le cadre d'échanges linguistiques) dans le but de terrasser son adversaire. Voir le Gorgias de Platon et la distinction entre persuader et convaincre. Persuader, c'est flatter, séduire, manipuler et instrumentaliser l'autre. Si, en apparence, l'échange peut être un facteur de cohésion et d'union, il peut s'avérer être un élément de division pour, là aussi, dominer au mépris même de la vérité. À quelles conditions peut-on alors penser un échange qui soit et demeure un gain ?
3- La condition pour que l'échange soit un gain
Si échanger est un phénomène constitutif de notre humanité (Aristote : l'homme est naturellement politique), il est cependant nécessaire, pour que cela soit toujours le cas, que l'échange réponde à certaines exigences. Il y a nécessité de régler les échanges pour permettre à chaque individu de réaliser son humanité. Ce n'est pas pour autant l'échange qui doit être remis en question, que ceux-là mêmes qui échangent. Dans quel but et à quelles fins échangeons-nous ? C'est la question fondamentale. Or, la notion de gain suppose qu'on aurait toujours plus au terme de l'échange qu'avant. Le gain engendre l'idée d'accroissement et le risque que certains soient lésés. Pour éviter une telle situation, il faut alors penser le gain non comme un profit, au sens économique du terme, mais comme une enrichissement mutuel. Chacun trouve un intérêt à accepter l'échange ais ce profit doit prendre la forme d'une équivalence, sans laquelle l'intégrité et la dignité d'autrui ne sont pas respectées. Ce que l'on peut repérer aussi bien en ce qui concerne les échanges économiques que les échanges linguistiques, notamment à travers ce que Platon nomme le dialogue.
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Date de dernière mise à jour : 27/07/2021