Concepts à définir
Hommes – rapprocher – littérature
Questions à se poser
En quels sens la littérature peut-elle rapprocher les hommes ? Quelle(s) littérature(s) ? A quels niveaux ? Et comment et en quoi l'homme (porteur de l'humanité) peut-il se retrouver en l'homme à travers la littérature ?
A définir
Le mot littérature est issu du latin litteratura, il apparaît au XIIe siècle et a le sens de « chose écrite » puis son sens évolue vers celui de « savoir tiré des livres » jusqu'à son sens actuel = ensemble des œuvres écrites ou orales ayant une dimension esthétique. Au XVIIIe siècle le mot littérature signifie, belles lettres, œuvres reconnues par les gens de goût, ce qui fait référence à la culture mondaine avec les salons littéraires et les académies.
pour Voltaire « La littérature désigne dans toute l'Europe une connaissance des ouvrages de goût ».
Le champ de la littérature s'élargit encore au Xxe siècle à toutes les productions écrites et les canons littéraires. Apparaissent des catégories littéraires comme le roman historique, la littérature de science fiction, le roman photo, le roman d'aventures, le roman épistolaire...
La littérature : une école de vie pour les hommes
Elle rapproche les hommes car elle est une source d'instruction, d'enseignement et de révélation pour l'homme
Les hommes s'instruisent à la même source littéraire, celle des écrivains qui ont pour mission de faire part de leurs expériences de la vie
Les hommes sont ancrés dans la même actualité car les auteurs évoquent les débats qui agitent leur époque à travers des genres littéraires variés, Rousseau parle du Contrat social par exemple. Donc si la littérature permet de mieux connaître son temps, elle rapproche l'homme autour des mêmes interrogations du moment sous de nombreux aspects, par exemple l'aristocratie dans le Mariage de Figaro.
L'homme s'instruit par la même littérature sur les périodes passées en lui donnant des connaissances, on peut à cet égard citer les récits de voyage comme L'histoire d'un voyage fait en terre de Brésil de Jean de Léry qui nous raconte les aventures et coutumes des Indiens, ou encore, Montaigne qui évoque sa rencontre avec des sauvages venus visiter la France dans les Essais.
L'homme se pose les mêmes questions sur le monde et la vie, sur les vices de son temps et la littérature remplit à cet instant la fonction suprême de rapprocher les hommes autour des mêmes questions. La vanité dénoncée par La Fontaine ou par Pascal est toujours ce même vice caché de l'homme qui le fait ressembler à tout le monde. L'homme en tant qu'il est porteur d'humanité se reconnaît et se juge, il s'identifie et se remet en question. La littérature fait l'homme, le fait se reconnaître et le fait évoluer à travers les temps vers le meilleur de lui. Dans la peinture des vices humains, il y a l'avare, l'hypocrite.... l'écrivain corrige l'homme en le dévoilant à travers des types d'hommes.
Les mythes n'appartiennent pas qu'au passé
La littérature rapproche les hommes car elle se réactualise à travers les mythes de l'antiquité : la réécriture de mythes réactualise les questions de l'homme et de son rapport au monde. La relecture des réécritures est donc toujours d'actualité et si le questionnement diffère, le fond de l'interrogation sur l'homme et son rapport avec l'humanité et le monde restent le même. La littérature est une seule et même question qui se poursuit à travers les siècles sur l'homme et sa place dans l'univers. Le questionnement est philosophique et la littérature permet de faire revivre l'histoire littéraire de l'homme. L'individu est au centre de la réflexion sans cesse revisitée par les genres littéraires et les auteurs à travers les siècles
La littérature rapproche les hommes qui ne font plus qu'un car c'est par la même source qu'ils se retrouvent, se reconnaissent, s'instruisent et se perfectionnent.
C'est autour des écrivains engagés que la littérature rapproche le plus les hommes pour les unir dans des combats communs.
Ex : l'affaire Dreyfus
La littérature rapproche les hommes dans leur combat commun contre l'injustice (lettre à la jeunesse de Zola). C'est en effet à partir de l'erreur judiciaire qui conduit le capitaine Alfred Dreyfus au bagne pour haute trahison que l'adjectif intellectuel devient un nom, un intellectuel. Ainsi Zola dans sa lettre ouverte au président de la République du 13 janvier 1898, sous le titre «J'accuse ! », remet en cause les autorités dans le procès de Dreyfus. Ce serait l'antisémitisme des autorités qui serait responsable de cette injustice. Zola se pose en homme de progrès voulant défendre les valeurs humanistes, l'esprit de tolérance et la foi en la nature humaine. L'écrivain entraîne les hommes avec lui dans le partage des idées et utilise pour se faire, articles, livres, pétitions...
La littérature rapproche les hommes autour des questions politiques jusque sur la place publique. On peut parler d'engagement littéraire, d'une littérature pour un idéal de justice partagé par les hommes et la jeunesse conviée par Zola lui-même à mener le combat déjà commencé par les anciens.
Les intellectuels français seront conduits à soutenir la cause des Républicains avec Malraux, L'Espoir, Ernest Hemingway, Pour qui sonne le Glas = défense des valeurs de la démocratie. Camus et Sartre avec Simone de Beauvoir occuperont le devant de la scène idéologique dans l'après-guerre. On peut citer l'existentialisme est un humanisme, ouvrage dans lequel Sartre développe les notions d'engagement, de liberté et de responsabilité pour l'homme.
L'engagement sera plus existentiel chez Camus qui par l'Etranger, L'homme révolté et la Chute prônera un engagement contre l'absurde de la condition humaine. Sa littérature rapproche les hommes autour de questions plus existentielles ;
Un écrivain engagé entraîne l'homme dans son combat et la littérature devient le meilleur moyen de rapprocher les hommes quel que soit l'idéal à défendre.
La littérature ne fait pas que rapprocher les hommes
Mais la littérature ne cherche pas seulement à rapprocher les hommes, elle veut plaire et distraire car elle est avant tout une activité artistique
Ainsi pour Molière, il s'agit de « corriger les mœurs, soit, mais en riant ».
La littérature permet l'évasion du quotidien dans un temps fictif dans lequel on peut s'identifier à tel ou tel héros, à telle ou telle époque
La littérature veut faire passer des messages forts sur le mode plaisant. Les fables de La Fontaine ont deux fonctions, instruire, soit, mais plaire. Le lecteur de romans policiers cherche l'aventure et le mystère, le lecteur de romans fantastiques souhaite le total dépaysement.
En tant qu'art, l'écriture se met aussi au service d'une émotion esthétique. Ainsi Verlaine conseillait, « de la musique avant toute chose ». La littérature recherche le partage d'une émotion transmise par les mots que le lecteur reçoit et revit en se l'appropriant. Les romantiques partagent leurs états d'âme et jouent avec le registre lyrique.
La littérature autobiographique est en quête d'une libération des maux par les mots, il en est ainsi des Confessions de Rousseau. Elle est cathartique.
Questions corpus
Question 1 :
Ce corpus composé de trois textes met en valeur certaines qualités humaines, ainsi nous pouvons trouver dans ces trois textes l'empathie, la dignité, le don de soi, mais également la fraternité.
Ces qualités sont valorisées au travers de situations au sein des textes, et présentées sans doute comme des qualités humaines essentielles et dont tous devrait faire preuve.
Question 2 :
A la lecture des ces textes, le lecteur ne peut faire autrement que d'éprouver des réactions d'humanité, notamment de la compassion pour les hommes en grandes difficultés. De plus ces textes semblent également chercher à susciter de la compréhension envers les actions faites par les hommes leurs venant en aide, mais aussi à nous émouvoir, et sans doute susciter une réaction allant dans le but de donner au lecteur -ou de lui redonner- foi en l'humanité suite à la lecteur de ces textes.
Commentaire du texte de Saint-Exupéry
Problématique possible :
En quoi pouvons nous dire qu'ici Antoine de Saint-Exupéry propose un texte faisant l'éloge de l'humanité ?
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Un portrait du Bédouin faisant de celui-ci un personnage mystérieux...
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… et un texte célébrant la vie humaine sur un mode poétique.
I/ Un portrait du Bédouin faisant de celui-ci un personnage mystérieux
a) Un personnage banal
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le Bédouin représente un homme parmi tant d'autres (cf la périphrase « un autre Arabe » (l.1) )
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que d'autres arabes sont passés mais ne les ont pas aidé
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le Bédouin n'est jamais nommé et ne pourra plus être retrouvé (cf « Je ne me souviendrai jamais de ton visage » (l.30)
b) mais une image divine
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lexique métaphysique ( cf « le ciel », « la mort », « le miracle » )
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comparaison du Bédouin avec un dieu (cf référence biblique de Jésus-Christ marchant sur l'eau « Il marche vers nous sur le sable, comme un dieu sur la mer » (l.9 à 10)
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apparaît comme un sauveur « toi qui nous sauves » (l.29), et représente tous les hommes du monde, il est « l 'Homme » (l. 30) plein de majesté et incarnant l'humanité .
II/ Un texte célébrant la vie humaine sur un mode poétique
a) L'eau, pas un simple besoin physique, mais un besoin humain
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représente plus la vie en elle-même qu'un moyen à la vie humaine = métaphore (cf « tu nes pas nécessaire à la vie, tu es la vie » (l.19)
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renversement de la métaphore « sources taries de notre coeur » (l.21-22)
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représente un mystère pareil à l'homme « on ne peut te définir, tu n'as ni goût, ni couleur, ni arôme » (l.18)
b) mise en valeur par un registre poétique
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multiplication des figures de styles, d'exclamations, apostrophes (cf « L'eau ! » (l.17) terme isolé afin de souligner son importance)
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célébration de la gloire (cf les répétitions « ni...ni...ni... »)
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pronom « on » désigne le lien entre la vie humaine est l'eau, renforcé par l'oxymore « ombrageuse divinité » (l.27)