Une forme de connaissance de Dieu est-elle possible? Révisions bac philo 2014, la culture, la religion

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Voici quelques textes dont le premier expliqué pour répondre à la question de savoir si une form de connaissance de Dieu est possible. Vous diposez d'un certain nombre de textes pour vous entrainer à répondre à la question de savoir "en quoi la religion est elle aliénation? "

Exercices de réflexion sur texte : révision du baccalauréat de philosophie

thème de la religion




Une forme de "connaissance" de Dieu est-elle possible ?


Saint Thomas d'Aquin (13è siècle) – "Notre connaissance naturelle a son origine dans les sens, elle ne peut donc pas s'étendre au-delà du point où le sensible peut la conduire. En partant des réalités sensibles, notre intellect ne peut pas parvenir à la vision de l'essence divine. Les créatures sensibles, parce qu'elles sont les effets de Dieu, n'ont pas le même pouvoir que leur cause. Il n'est donc pas possible, en partant de la connaissance des réalités sensibles, de connaître tout le pouvoir de Dieu, ni par conséquent de voir son essence. Mais parce que les effets dépendent de la cause, ils peuvent nous conduire à savoir que Dieu est, et à connaître tous les attributs qui lui conviennent nécessairement, au titre de cause première de tout le réel et supérieure à tous ses effets. Nous connaissons donc de Dieu son rapport aux créatures, c'est-à-dire qu'il est la cause de toute la création ; nous connaissons aussi la différence entre Dieu et ses créatures, car il ne fait pas nombre avec les êtres dont il est la cause ; et nous savons que la distance qui le sépare des êtres créés n'est pas en lui un défaut mais un excès". (Somme Théologique)

- D'après ce texte, que peut-on savoir de Dieu ?

- L'un des termes important employé par St Thomas est celui d'existence. Il est bien différence de celui de présence, par exemple. Les dieux païens étaient en quelque sorte "présents" parmi les hommes, ou jamais bien loin, séjournant quelque part en un lieu réservé (l'"Olympe" chez les grecs). Du moins les Anciens l'imaginaient-ils… Tandis que le Dieu unique, il n'est pas exagéré de dire qu'il existe tout en étant absent… Philosophiquement, nous dirons qu'il n'est pas "immanent" mais "transcendant"… C'est aussi toute la différence qui existe entre l'image et la parole, l'apparition et la révélation.
- Pourquoi dit-on que "Dieu est au Ciel" ? F


- Pour la théologie, il s'agit donc d'abord de croire en son existence… C'est bien là le tout premier message de la Révélation, le premier commandement : crois en moi, J'existe ! C'est en quelque sorte le "cogito" de Dieu : tu crois en moi, donc j'existe… (version toutefois un peu ironique et biaisée de la version officielle : Je te dis que J'existe, donc tu dois croire)…

- Le 2è message de Dieu (celui de l'Ancien Testament) est celui-ci : je suis le Seul et Unique Dieu. C'est-à-dire que tous les autres dieux sont des faux, des produits de votre imagination. Avant tout, aimez-moi !

- Le message de Jésus-Christ (celui qui prétend être "Fils de Dieu" donc Dieu lui-même) est un peu différent, c'est plutôt : aimez-vous les uns les autres, et alors vous m'aimerez…

- Enfin l'une des prétentions traditionnelles de la théologie n'est autre que de vouloir prouver (ou plutôt démontrer) l'existence de Dieu. Il existe plusieurs (tentatives de) preuves, qui toutes ont été contestées voire réfutées (notamment par Kant).

1 - La preuve "cosmologique", plaquée sur l'argument aristotélicien d'un "premier moteur immobile" nécessaire pour expliquer le mouvement. Faut-il donc une "première Cause" à tout ce qui vit et se meut ? F

2 – La preuve "ontologique" : Dieu est parfait, or la perfection inclut l'existence, donc Dieu existe. C'est logique, ça?F

3 – La preuve par "l'idée d'infini", formulée par Descartes : nous avons manifestement en notre esprit l'idée d'un être infini, or les être finis et imparfaits que nous sommes ne peuvent être l'auteur d'une telle idée… Réponse ? F


Entrainez vous à réfléchir à  la question, "en quoi la religion peut elle être une aliénation?

) La religion comme aliénation et comme illusion : les critiques

a) - Dans son livre "L'essence du Christianisme" Feuerbach ne remet pas vraiment en question l'utilité de la religion, mais il souhaite révéler la vérité humaine, anthropologique, de celle-ci. Son projet est de remplacer le culte du divin par le culte de l'humain… puisqu'en réalité, si l'on analyse le concept de Dieu, l'on trouve la réalité humaine mais aliénée,c’est-à-dire séparée d'elle-même, méconnue, prisonnière d'un être fantastique illusoire… Ce n'est pas Dieu qui a créé l'homme, c'est l'homme qui a créé Dieu à son image. Analyse décisive :

Feuerbach (19è) – "La religion, du moins la chrétienne, est la relation de l'homme à lui-même, ou plus exactement à son essence, mais à son essence comme à un autre être. (…) Toutes les déterminations de l'être divin sont donc des déterminations de l'essence humaine. (…) Notre rapport à la religion n'est donc pas uniquement négatif, mais critique ; nous ne faisons que séparer le vrai du faux (…). La religion est la première conscience de soi de l'homme. Les religions sont saintes parce qu'elles constituent les traditions de la première conscience. Mais ce qui pour la religion est premier, Dieu, est, comme on l'a démontré, second en soi, du point de vue de la vérité, car il n'est que l'essence de l'homme objective à elle-même, et ce qui pour la religion est second, l'homme doit donc nécessairement être posé et énoncé comme étant premier. L'amour pour l'homme ne peut pas être dérivé ; il doit être originaire. Alors seulement l'amour peut être une puissance authentique, sacrée, sûre. Si l'essence de l'homme est pour lui l'essence suprême, alors pratiquement la loi suprême et première doit être l'amour de l'homme pour l'homme."

Essayez de définir le terme "essence" dans le contexte F


Quel sens prend le mot "amour" dans le texte ?F



b) Karl Marx (19è) – "Le fondement de la critique irreligieuse est celui-ci : l'homme fait la religion, la religion ne fait pas l'homme. Plus précisément : la religion est la conscience de soi et de sa valeur de l'homme qui ou bien ne s'est pas encore conquis lui-même, ou bien s'est déjà perdu à nouveau. Mais l'homme, ce n'est pas un être abstrait, installé hors du monde. L'homme, c'est le monde de l'homme, l'Etat, la société. Cet Etat, cette société produisent la religion, une conscience du monde à l'envers, parce qu'ils sont un monde à l'envers. La religion, c'est la théorie générale de ce monde, son compendium encyclopédique, sa logique sous une forme populaire, son point d'honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale, son complément solennel, le fondement général de sa consolation et de sa justification. Elle est la réalisation fantastique de l'être humain, parce que l'être humain ne possède pas de réalité vraie. La lutte contre la religion est immédiatement la lutte contre ce monde dont la religion est l'arôme spirituel. 

La misère religieuse est tout à la fois l'expression de la misère réelle et la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature tourmentée, l'âme d'un monde sans coeur, de même qu'elle est l'esprit de situations dépourvues d'esprit. Elle est l'opium du peuple. L'abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple, c'est l'exigence de son bonheur véritable. Exiger de renoncer aux illusions relatives à son état, c'est exiger de renoncer à une situation qui a besoin de l'illusion. La critique de la religion est donc dans son germe la critique de la vallée des larmes, dont l'auréole est la religion. " 
Qu'ajoute de décisif la critique de Marx à celle de Feuerbach ?



c) "Un platonisme pour le peuple" et "Dieu mort" : la critique de Nietzsche (19è) – La critique de Nietzsche à l'égard de la religion est particulièrement féroce. A sa manière, Nietzsche diagnostique également une illusion, une aliénation, et même une tromperie. Si Nietzsche se montre si virulent à l'égard du christianisme, c'est parce qu'à travers cette religion il s'en prend d'abord à la morale. Pour lui, la vérité (funeste) de la religion est avant tout morale. L'expression "platonisme pour le peuple" est particulièrement méprisante. Dans le platonisme (la philosophie de Platon) Nietzsche voit une philosophie complètement irréaliste ayant inventé un arrière-monde d'Idées soi-disant plus vraies et plus réelles que le monde vivant et matériel, une philosophie qui a inversé les valeurs. Pas étonnant que la christianisme s'y retrouve dans ses grandes lignes, avec son ascétisme, son rejet de la vie et de la joie de vivre,. La morale chrétienne est hypocrite, elle a été inventée par des faibles pour les faibles, c'est-à-dire ceux qui ne peuvent pas s'assumer – et pour culpabiliser les forts. La morale chrétienne est une religion du "troupeau", alors que Nietzsche veut sublimer l'individu et ses forces créatrices.

Nietzsche (19è) – " Le plus important des événements récents, — le fait que «Dieu est mort», que la foi en le Dieu chrétien a été ébranlée — commence déjà à projeter sur l’Europe ses premières ombres. Du moins pour le petit nombre de ceux dont le regard, dont la méfiance du regard sont assez aigus et assez fins pour ce spectacle, un soleil semble s'être couché, une vieille et profonde confiance s'être changée en doute : c'est à eux que notre vieux monde doit paraître tous les jours plus crépusculaire, plus suspect, plus étrange, plus «vieux». On peut même dire, d'une façon générale, que l'événement est beaucoup trop grand, trop lointain, trop éloigné de la compréhension de tout le monde pour qu'il puisse être question du bruit qu'en a fait la nouvelle, et moins encore pour que la foule puisse déjà s'en rendre compte — pour qu'elle puisse savoir ce qui s'effondrera, maintenant que cette foi a été minée, tout ce qui s'y dresse, s'y adosse et s'y vivifie : par exemple toute notre morale européenne."

Que veut dire "Dieu est mort" ? 



d) "L'avenir d'une illusion" (Freud). – Commençons par distinguer l'erreur de l'illusion. L'erreur est accidentelle et n'a pas d'autre signification que l'absence de vérité ou d'exactitude. Une illusion au contraire possède un sens, elle n'est pas le fruit du hasard. Elle répond à un désir, elle consiste même souvent à "prendre ses désirs pour la réalité". Quels désirs en l'occurrence ? Freud interprète la religion comme un désir de protection, un attachement infantile à une figure paternelle apaisante. Mais à ce désir se mêle un fantasme, lui-même corrélé à un sentiment de culpabilité d'origine oedipienne. L'homme nourrit à l'égard de ce Père qu'elle s'est donné un sentiment ambivalent : crainte et adoration, et culpabilité, parce que ce père a dû être assassiné "à l'origine" ; d'où ces rituels plus ou moins obsessionnels qui à la fois célèbrent et tentent de compenser l'acte initial… En tout cas la religion est bien la névrose obsessionnelle de l'humanité, et pour Freud les chances d'en guérir sont minces puisqu'il prédit "l'avenir" de cette illusion…

Sigmund Freud (20è) – "Les idées religieuses, qui professent d'être des dogmes, ne sont pas le résidu de l'expérience ou le résultat final de la réflexion : elles sont des illusions, la réalisation des désirs les plus anciens, les plus forts, les plus pressants de l'humanité ; le secret de leur force est la force de ces désirs. Nous le savons déjà : l'impression terrifiante de la détresse infantile avait éveillé le besoin d'être protégé - protégé en étant aimé - besoin auquel le père a satisfait ; la reconnaissance du fait que cette détresse dure toute la vie a fait que l'homme s'est cramponné à un père, à un père cette fois plus puissant. L'angoisse humaine en face des dangers de la vie s'apaise à la pensée du règne bienveillant de la Providence divine, l'institution d'un ordre moral de l'univers assure la réalisation des exigences de la justice, si souvent demeurées non réalisées dans les civilisations humaines, et la prolongation de l'existence terrestre par une existence future fournit les cadres du temps et le lieu où les désirs se réaliseront. Des réponses aux questions que se pose la curiosité humaine touchant ces énigmes : la genèse de l'univers, le rapport entre le corporel et le spirituel, s'élaborent suivant les prémisses du système religieux. Et c'est un énorme allègement pour l'âme individuelle de voir les conflits de l'enfance - conflits qui ne sont jamais entièrement résolus - lui être pour ainsi dire enlevés et recevoir une solution acceptée de tous."

Que signifie la dernière phrase ? A quoi Freud fait-il allusion ?

Conclusion : la religion correspond-elle à un besoin perpétuel chez l'homme ?

- D'un point de vue métaphysique : la mort est-elle pensable en faisant abstraction d'un Dieu, d'un au-delà ?


- D'un point de vue moral : s'il n'y a pas de Dieu, tout est-il permis ?

- D'un point de vue social : la civilisation, la culture peut-elle survivre si elle oublie la religion

 
   

 

BAC

Date de dernière mise à jour : 28/07/2021

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