Robbe Grillet, l'incipit des gommes à l'oral
Alain Robbe Grillet : Entretien, l'incipit des gommes
*** Le nouveau roman
Lecture du texte :
“Dans la pénombre de la salle de café le patron dispose les tables et les chaises, les cendriers, les siphons d’eau gazeuse; il est six heures du matin.
Il n’a pas besoin de voir clair, il ne sait même pas ce qu’il fait. Il dort encore. De très anciennes lois règlent le détail de ses gestes, sauvés pour une fois du flottement des intentions humaines; chaque seconde marque un pur mouvement : un pas de côté, la chaise à trente centimètres, trois coups de torchon, demi-tour à droite, deux pas en avant, chaque seconde marque, parfaite, égale, sans bavure. Trente et un. Trente-deux. Trente-trois. Trente-quatre. Trente-cinq. Trente-six. Trente-sept. Chaque seconde à sa place exacte.
Bientôt malheureusement le temps ne sera plus le maître. Enveloppés de leur cerne d’erreur et de doute, les événements de cette journée, si minimes qu’ils puissent être, vont dans quelques instants commencer leur besogne, entamer progressivement l’ordonnance idéale, introduire çà et là, sournoisement, une inversion, un décalage, une confusion, une courbure, pour accomplir peu à peu leur oeuvre : un jour, au début de l’hiver, sans plan, sans direction, incompréhensible et monstrueux.
Mais il est encore trop tôt, la porte de la rue vient à peine d’être déverrouillée, l’unique personnage présent en scène n’a pas encore recouvré son existence propre. II est l’heure où les douze chaises descendent doucement des tables de faux marbre où elles viennent de passer la nuit. Rien de plus. Un bras machinal remet en place le décor.
Quand tout est prêt, la lumière s’allume…
Un gros homme est là debout, le patron, cherchant à se reconnaître au milieu des tables et des chaises. Au-dessus du bar, la longue glace où flotte une image malade, le patron, verdâtre et les traits brouillés, hépatique et gras dans son aquarium.
De l’autre côté, derrière la vitre, le patron encore qui se dissout lentement dans le petit jour de la rue. C’est cette silhouette sans doute qui vient de mettre la salle en ordre; elle n’a plus qu’à disparaître. Dans le miroir tremblote, déjà presque entièrement décomposé, le reflet de ce fantôme; et au-delà, de plus en plus hésitante, la kyrielle indéfinie des ombres : le patron, le patron, le patron… Le Patron, nébuleuse triste, noyé dans son halo.“
Commentaire de l'incipit :
Introduction
Robbe Grillet est le promoteur du nouveau roman. Il a écrit « pour un nouveau roman » . Dans ce mouvement il y a une disparition de certaines traditions romanesques comme au niveau de l’incipit puisque les personnages ne sont pas présentés et ne disposent d ’ aucune psychologie. Ces disparations sont dûes au fait que les valeurs du 19éme siècles sont jugées comme périmées. Comme on peut le voir dans l’incipit des gommes écrit en 1953, l’homme est placé au second plan contrairement aux objets
Initiateur du nouveau roman
Nous verrons comment à travers un incipit déroutant ( déstabilisant) l’écrivain présente un personnage déshumanisé et pose la question du temps ?
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Plan :
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I Un incipit moderne et déroutant
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a) Importance de la description
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b) La théâtralité du texte
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c) Un texte déroutant et suspensif
II Le patron : un héros moderne (personnage déshumanisé, robot) -
a) Un héros moderne
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b) La déshumanisation et la mise en objet des êtres vivants
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c) La mise en place de la fatalité : un temps tragique
I - Un incipit moderne et déroutant
a) l’importance de la description :
Cadre spatio-temporel : « salle de café », « 6 heures du matin » Il y a des articles définis « le patron » donne l’impression que le lecteur connaît l’endroit Ces éléments donnent l’impression qu’une relation existe entre le narrateur et le lecteur On a l’impression d’assister en direct à la scène Scène qui est visuelle Circonstancielles de lieu et déictiques « la »
montre au lecteur où se situent les choses Les objets semblent bouger d’eux mêmes et il y a une déshumanisation de l’être La réalité de la description est triste = « verdâtre, gras »
b) la théâtralité du texte
Quand tout est prêt la lumière s’allume
idée de spectacle, de lever de rideau « Décors », »dans la pénombre de la salle de café »
champs lexical du théâtre « Chaque seconde à sa place exacte »
impression que la scène est jouée Le personnage n’a pas d’existence propre
c’est un comédien implanté dans un décor, dénué de vie Forte unité de temps = cette journée, de lieu= le café , action = le patron installe les chaises Comme au théâtre classique il y en a trois le narrateur mélange les genres en mettant du théâtre dans l’incipit
C) texte original
« mais il est encore trop tôt » Original car le narrateur dit au lecteur qu’il faudra patienter encore pour en savoir plus Déroutant car jeu sur la temporalité Jeu sur la temporalité, deux temps : patron qui installe son bar ; temps ou le narrateur s’exprime au lecteur texte suspensif , pas de véritable action au sens de l’intrigue
« le patron n’a pas d’épaisseur ( psychologique ) , « le patron ,nébuleuse triste , noyé dans hale » Phrase de conclusion : ce début de texte est original , il est théâtralisé , un incipit qui ne correspond pas à ce qu’on s’attend d’un incipit classique .
II Le patron : un héros moderne (personnage déshumanisé, robot)
A) Un héros moderne
les prépositions sont négatives : « il n’a pas besoin de voir » « il ne sait même pas ce qu’il fait » Il n’est pas sujet , mais un simple exécutant , un pantin « de très anciennes lois règlent le détail de ses gestes »
gestes précis , gestes minutieux , instinctif » « Aucune place est laissée à l’approximation, rigueur dans les mouvements » Le narrateur dénigre la psychologie du personnage : Personnage sans identité « fantômes » Répétitions du mot patron : on a l’impression qu’il veut le faire exister Il dort encore Répétions des actions
B) Omniprésence des objets dans ce texte « table », « marbre », « torchon »
Le personnage devient une machine « bras machinal » Le patron est dans l’ombre comme les objets Il ya une allitération s et z
comme si c’était un robot « Chaise, centimètre » « Sans plan, sans direction », « incompréhensible et monstrueux » Le mobilier renvoie à la réalité du quotidien Thème principal du nouveau roman personnification = des êtres vivants
C) Obsession du temps
il s’inscrit dans l’absurdité humaine Allitération : « chaque seconde à sa place exacte » Le temps mange le personnage et le manipule Synchronisation entre les gestes et le rythme des secondes = reproduit le métronome
Temps rend l’existence du personnage, fatal, tragique « le patron se dissout lentement » ; « nébuleuse et triste »
Conclusion :
C’est un incipit moderne, atypique par le statut de son personnage. Mais aussi grâce à la déconstruction des caractéristiques de début de roman. La description la théâtralité du texte, l’absence d’informations, la mise en objet du temps, la fatalité participent aussi à cette modernité. L’incipit qui habituellement présente le personnage perd sa fonction puisqu’ici il est une ombre, un fantôme. C’est un héros moderne à l’inverse des héros que l’on retrouve chez Zola et Balzac.
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Questions sur Robbe-Grillet :
- Quelles sont les dates de Robbe Grillet?
- né le 18 août 1922 à Brest (Finistère) et mort le 18 février 2008 à Caen
- Qu’incarne t’-il dans le genre littéraire?
- le chef de file du nouveau roman
- Quel est le nom de son premier roman?
- Les Gommes
- Comment Robbe Grillet considère t’-il son ouvrage « Les gommes »?
- comme le premier « nouveau roman »
- Quand l’expression « Nouveau roman » apparaît-elle?
- Le terme fut créé par le critique Émile Henriot dans un article du journal Le Monde du 22 mai 1957, pour critiquer le roman la Jalousie, d'Alain Robbe-Grillet
- Qui appelle t’-on « le pape du Nouveau roman »?
- Robbe Grillet
- Citez deux de ses oeuvres
- La Jalousie (1957)
- Dans le labyrinthe (1959)
Questions sur le roman :
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Le roman et ses personnages : visions de l'homme et du monde, série de questions
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1. Donner une définition du roman.
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Le roman est, au XIIème siècle, un récit en vers français. A partir du XIVème siècle, le roman renvoie à des textes en prose. Selon son sens moderne, le roman est une « œuvre d’imagination en prose, assez longue, qui présente et fait vivre dans un milieu des personnages donnés comme réels, nous fait connaître leur psychologie, leur destin, leurs aventures. »
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2. Quelles sont les différentes formes du roman ?
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Le roman de chevalerie et les fabliaux (de petites histoires en vers simples et amusants) au Moyen-âge
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Le roman comique au XVIIème
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Le roman épistolaire et le roman picaresque (dont le héros est un aventurier ou un vaurien) au XVIIIème
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Le roman historique, le roman de mœurs, le roman d’aventures, et le roman fantastique au XIXème
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Le roman policier, le roman de science-fiction, le roman analyse et le « nouveau roman » au XXème.
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3. Quelles sont les interrogations romanesques essentielles ?
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La passion amoureuse
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L’apprentissage du monde et la découverte du réel
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Le jeu de la mémoire et du temps
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L’interrogation devant la condition humaine.
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4. Quelles sont les fonctions du roman ?
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La fonction ludique (se divertir, s’évader, s’identifier…)
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La fonction didactique :
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o le roman comme connaissance du monde (roman historique, roman social, roman témoignage…)
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o Le roman comme connaissance de l’homme
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o Le roman comme leçon (le roman engagé, la morale)
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o Le roman comme interrogation
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5. Donner des exemples de romans à fonction didactique?.
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Romans didactiques : Les lettres persannes de Montesquieu Les liaisons dangereuses de Laclos Le rouge et el noir de Stendhal
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6. Qu’est-ce que le schéma actantiel ?
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Le schéma actantiel s’applique parfois parfaitement à l’intrigue, et pour certaines œuvre, il ne coïncide que partiellement avec l’action. Les personnages principaux, qui ont une place importante dans le déroulement du récit (parmi eux, le héros) sont classés en deux catégories qui s’opposent :
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o Les personnages adjuvants, qui aident le héros dans sa quête (de même, peuvent être adjuvants des objets, des évènements…)
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o Les personnages opposants, qui sont en conflit avec le héros, et tentent de le mettre en échec.
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Le héros, entourés des personnages principaux, subit une épreuve principale avant d’atteindre son but.
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7. Comment la caractérisation des personnages est-elle réalisée ?
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Elle est directe pour les descriptions, les renseignements explicites sur l’identité du personnage
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Elle est indirecte quand il s’agit de déduire les traits de la personnalité du héros, de son comportement, ou ses paroles.
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On appelle « effet personnage » l’illusion de réalité que donne le roman, le lecteur assemblant mentalement au fil du récit des éléments dispersés qui construisent peu à peu le personnage. Pourtant, celui-ci n’est rien au départ.
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8. Quelles sont les fonctions des personnages dans un roman ? Représentation : le portrait des personnages donne au lecteur l’image d’une réalité.
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Symbole : Le personnage symbolise souvent toute une catégorie de personnes, il dépasse les perspectives individuelles.
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Interprétation : c’est à travers le personnage que se construit le sens du récit.
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Identification : les comportements d’un personnage peuvent influencer le lecteur qui a tendance à s’identifier à lui.
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Esthétique : il existe un art de la composition du personnage, et de le créer au fil du récit.
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Information : Le personnage transmet des indices, des valeurs au lecteur.
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9. Qu’est-ce qu’un héros ?
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Le personnage principal d'un roman est la personne sur laquelle sont fondée toute l'action, et toute la cohérence de l'histoire contée. Dans notre langage quotidien, nous appelons toujours le personnage principal le héros de l'histoire ; or le véritable héros est l'individu qui parvient à vaincre les difficultés et à régler les problèmes par l'intermédiaire de sa force, son pouvoir ou son intelligence. Les vrais héros de romans vivent de multiples aventures racontées dans de nombreux ouvrages, ils ont déjà des capacités ou des facultés particulières qui autorisent ces aventures. Le mot « héros » désigne à l’origine, un demi-dieu, qui accomplie des exploits, et incarne le courage et des valeurs moral. Cependant, il existe des personnages principaux appelés des antihéros.
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10. Qu’est-ce qu’un antihéros ?
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On peut distinguer quatre types principaux d’antihéros:
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o le personnage « sans qualités », l’être ordinaire vivant une vie ordinaire dans un cadre ordinaire
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o le héros « décalé », un personnage ordinaire, sans qualités, qui par les circonstances se trouve plongé dans une situation extraordinaire.
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o le héros négatif, porteur de valeurs antihéroïques et en général antisociales, mais sans qualités « héroïques ».
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o le héros déceptif, un personnage ayant potentiellement des qualités héroïques mais qui n’en fait pas usage ou les utilise mal ou à mauvais escient, ou qui tend à perdre ces qualités, ou enfin qui se trouve dans un cadre où ces qualités ne sont plus appréciées ou admises.
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11. Quelles sont les différents types de héros, et leurs caractéristiques ?
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Au XVIIème siècle, prédominent les héros raffinés des romans précieux, les héros joyeux des romans comiques, et les héros parfaits du roman classique.
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Au XVIIIème siècle, on assiste à la naissance du héros de roman moderne, avec les personnages entreprenants du réalisme, les héros hédonistes du roman libertin, les héros philosophes du roman des lumières, les héros sensibles des romans du courant pré-romantique.
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Au XIXème, le personnage idéalisé du roman romantique apparaît, ainsi que le héro moderne des romans réalistes, et le héro expérimental du roman naturaliste.
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Au XXème siècle, on retourne à des personnages forts (vers les années 30), ce sont des héros engagés, aux prises avec les conflits de leur temps. Dans les années 50, les personnages dans le nouveau roman sont remis en question, par exemple en rendant le personnage principal anonyme, ou en ne se focalisant pas sur un personnage principal.
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12. Qu’est –ce que la focalisation ?
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Pour raconter une histoire, on doit choisir un point de vue, la focalisation : le romancier décide qui perçoit les événements rapportés. (le mot « focalisation » est issu du vocabulaire photographique : c’est le foyer à partir duquel une photo est prise.
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13. Quels sont les différents points de vue utilisés dans un roman ?
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Le point de vue externe = perception « du dehors », sans connaître les pensées des personnages.
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Le point de vue interne = perception d’un seul personnage, dont on suit les pensées, les sensations.
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Le point de vue omniscient (ou focalisation zéro) = perception de l’ensemble des sentiments et des sensations de tous les personnages, ainsi que du passé et de l’avenir.
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14. Qu’est-ce que les modalités du récit ? Quelles sont-elles dans un roman ?
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Le temps romanesque n’est pas linéaire comme le temps réel : le récit peut accélérer ou ralentir l’action, revenir en arrière, s’arrêter brusquement. Les personnages ont dans le roman une vie plus ou moins complète, certains ne font que des apparitions épisodiques, la façon dont ils s’inscrivent dans le temps peut donc être importante dans l’étude du roman. Ce sont ces « effets » que l’on appelle modalités.
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La scène : (Elle est calquée sur les évènements.)
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La pause : . (Comme son nom l’indique, c’est un arrêt du déroulement des évènements.)
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Le sommaire : (Les évènements sont énumérés ou résumés.)
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Analepse : c’est un retour en arrière (qui provoque une pause dans le récit. Le temps n’avance plus, mais des renseignements qui font avancer le récit sont dévoilés.)
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Prolepse : anticipation du futur
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Ellipse : passage sous silence d’une période plus ou moins longue.
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Modalité itérative : action répétée une seule fois.
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15. Quelle est la structure du récit dans le roman ?
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Le récit romanesque est composé de :
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o La situation initiale : définit le cadre de l'intrigue, met en place le lieu, l'époque, les personnages... le héros vit une situation d’équilibre.
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o L’élément perturbateur : C'est l'élément qui fait basculer la situation du début, remet en cause l'état initial: rencontre, découverte, événement inattendu...
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o Les péripéties : c’est une suite de transformations qui modifie la situation des personnages.
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o L’élément de résolution : il annonce la résolution de l’intrigue. C’est le dénouement.
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o La situation finale : Le personnage principal trouve une nouvelle situation d'équilibre, sur laquelle s’achève le roman/le récit.
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Ce modèle, à l'origine de toute invention narrative, peut être plus ou moins modifié; certaines étapes peuvent être difficiles à reconnaître, ou leur ordre changé. Mais retrouver et analyser ce schéma permet d'enrichir l'étude du roman.
Questions sur le Nouveau roman
- Quand le Nouveau roman est-il apparu?
- Le Nouveau roman est un mouvement littéraire apparu au XXème siècle
- Quels écrivains composent ce mouvement littéraire?
- Joris-Karl Huysmans, Franz Kafka, Nathalie Sarraute, Claude Simon, Alain Robbe-Grillet
- Comment le terme fut-il créé? Pour qui? Dans quel but?
- Le terme fut créé par le critique Émile Henriot dans un article du journal Le Monde du 22 mai 1957, pour critiquer le roman la Jalousie, d'Alain Robbe-Grillet
- Qui exploitera ce terme de «nouveau roman"?
- des revues littéraires désireuses de créer de l'actualité ainsi qu' Alain Robbe-Grillet
- Donnez une définition du Nouveau roman. Quelles sont ses caractéristiques?
- Le Nouveau Roman rejette les conventions du roman traditionnel en place depuis le XVIIIème siècle, telles qu'on les trouve chez Balzac, Zola. On revoit la notion de narrateur et de l'intrigue. L'intrigue et le personnage ne sont plus la base de toute fiction, ils sont relégués au second plan.
- Quels auteurs représentent le roman traditionnel?
- Balzac, Zola
- Comment Pérec et Sarraute s’inscrivent-ils dans ce mouvement?
- Perec avec les Choses propose une lecture différente : renouveau dans l'écriture, il suit le programme du nouveau roman. Le véritable héros du roman = les objets de consommation courante. En 1956, Nathalie Sarraute avait déjà interrogé le roman et récusé ses conventions dans son essai l'Ère du soupçon.
- Peut-on parler du Nouveau roman en terme de Renouveau?
- Le Nouveau Roman veut renouveler le genre romanesque, on peut donc parler de renouveau.
Questions sur le commentaire en fonction des axes du commentaire :
Questions sur l’introduction :
Quelles traditions romanesques disparaissent dans cet incipit?
Est-ce caractéristique du Nouveau roman?
A quoi ces disparitions sont-elles dues?
Comment les valeurs du 19ème siècle sont-elles jugées?
Quand Robbe-Grillet a t’-il écrit « les gommes?
Quelle est la place de l’homme dans son œuvre?
Quelle place les objets occupent-ils?
Questions sur les axes :
I -
A -
Quel est le cadre spatio-temporel?
Citez pour justifier votre réponse
Que marquent les articles définis?
Que suggèrent les éléments mis en place? Que peut-on dire concernant la relation du narrateur et du lecteur?
La scène est-elle visuelle? Justifiez votre réponse en citant
Montrez qu’il y a déshumanisation de l’homme par opposition aux objets en mouvement
Comment qualifieriez-vous cette peinture de la réalité?
B -
Quels indices reflètent la théâtralité du texte? Citez pour justifier votre réponse
Qu’en est-il de la lumière?
Analysez le champ lexical du théâtre
Avons-nous l’impression en tant que lecteur que la scène soit jouée? Justifiez
Quelle place le comédien occupe t’-il?
Analysez les unités de temps, de lieu et d’action
Cela correspond t’-il aux trois règles du théâtre classique?
Ce mélange des genres est-il surprenant pour un incipit de Nouveau roman?
C -
Montrez que cet incipit est original en expliquant et en citant le texte.
II -
A -
Montrez que nous avons un héros moderne
Ce héros est-il sujet? Citez pour justifier votre réponse
Montrez que le narrateur dénigre la psychologie du personnage
Que marque la répétition du mot « patron »?
Qu’en est-il des actions?
B -
Relevez une allitération en « S » et une autre en « Z »
Que soulignent ces allitérations?
Retrouvons-nous à travers l’omniprésence des objets, le thème principal du Nouveau roman?
Analysez la ou les personnification(s)
C -
Comment le temps apparaît-il?
En quoi reflète t’-il l’absurdité humaine?
Montrez en citant que le temps nous renvoie à la fatalité et au tragique
Questions sur la conclusion :
L’aspect atypique de l’incipit est-il bien mis en avant grâce au statut du personnage?
Cela suffit-il pour qualifier cet incipit de moderne?
Devons-nous parler en terme de déconstruction des caractéristiques du roman?
Faites une synthèse des différents caractéristiques du Nouveau roman propres à cet incipit
L’incipit du Nouveau roman perd t’-il sa fonction première?
A quel héros, le héros moderne de Robbe Grillet s’oppose t’-il?
Dossier bac : Butor et le Nouveau roman :
- Butor a contribué à renouveler le genre romanesque
- Dans la Modification, son roman le plus célèbre publié en 1957, Butor propose un voyage en train qui superpose deux lieux : Paris et Rome.
- Ce roman est écrit presqu’entièrement à la seconde personne du pluriel. Il rompt avec les conventions : Nouveau mode d’écriture et de la lecture .
- - Narration : « vous « désigne dans l’incipit à la fois le narrataire et le personnage;
- Incipit in medias Res. Le lecteur est propulsé dans le roman. En effet, le « vous »fait que les relations entre le lecteur et l’auteur sont déroutantes.
- - Le lecteur de ce fait doit entrer dans l’histoire et réorganiser l’espace et le temps comme s’il s’agissait de réécrire l’histoire toute entière.
- Le texte est donc ouvert et le lecteur est projeté dans le cœur du récit.
- - Personnage du roman : un anti-héros, personnage d’un genre nouveau.
- Anti-héros par ses faiblesses, nous avons des descriptions qui tendent à faire du personnage un homme vieillissant qui manque d’aisance et d’assurance.
- - L’anonymat du protagoniste persiste et il prend vie pour le lecteur à travers une certaine forme de malaise existentiel. Le « vous « reste énigmatique et les informations ne sont jamais données dans le moment attendu : cela souligne les influences du Nouveau Roman.
Entraînez-vous à l’oral : Dossier Butor et le nouveau roman
Répondez aux questions suivantes
- - La modification : Ce roman est-il le plus célèbre du Butor?
- - Quand a t’-il été publié?
- - Quelle est l’histoire?
- - Où se passe t’-elle?
- - Qu’en est-il de l’énonciation?
- - Que souligne l’usage dominant et exclusif de la deuxième personne du pluriel?
- - En ce sens, peut-on dire qu’il rompt avec les conventions?
- - Peut-on parler de nouveau mode d’écriture et de lecture?
- - Que désigne le « vous »?
- - Est-ce un incipit in medias res?
- - Comment le lecteur entre t’-il dans l’histoire?
- - Avons-nous un texte ouvert?
- - Le personnage du roman est-il un héros ou un anti-héros?
Travailler l’ouverture :
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Le nouveau roman : analogie avec l’incipit de Robbe Grillet, les Gommes
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Robbe Grillet est le promoteur du nouveau roman. Il a écrit « pour un nouveau roman » . Dans ce mouvement il y a une disparition de certaines traditions romanesques comme au niveau de l’incipit puisque les personnages ne sont pas présentés et ne disposent d 'aucune psychologie. Ces disparitions sont dues au fait que les valeurs du 19éme siècles sont jugées comme périmées. Comme on peut le voir dans l’incipit des gommes écrit en 1953, l’homme est placé au second plan contrairement aux objets
Dépassement :
- Analogies : renouvellement du personnage romanesque : XX et XXI ème siècle avec Sarraute et Robbe Grillet
- Les personnages n’existent pas par leur psychologie. Ils restent anonymes et en proie à un certain malaise. Nous n’avons pas de déroulement chronologique de l’action.
Date de dernière mise à jour : 17/05/2019