Paysages avec Orphée, Nicolas Poussin, le mythe d'Orphée en peinture et en littérature
La représentation d'Orphée dans la peinture française de l'âge classique
L'histoire Fils du roi de Thrace Œagre et de la muse Calliope, Orphée avait reçu d’Apollon une lyre magique dont il tirait des sons si mélodieux que les rivières s’arrêtaient de couler pour l’écouter et que les rochers le suivaient. Il avait épousé la nymphe Eurydice qui, voulant échapper aux avances du berger Aristée, fut piquée par un serpent et mourut. Orphée parvint à obtenir de Zeus d’aller la chercher aux Enfers, mais il ne put s’empêcher de la regarder avant d’en être sorti, malgré l’interdiction qui lui en avait été faite, et la jeune femme disparut à jamais. Poussin, ne faisant pas référence au berger Aristée, représente l’instant où Eurydice vient d’être piqué par le serpent. Orphée joue de la lyre, ne voit pas la jeune femme piquée par le serpent, que l’on devine à peine dans l’herbe.
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Nicolas Poussin (1594-1665) Paysage avec Orphée et Eurydice (v. 1659, Musée du Louvre)
Le paysage comme acteur principal Principal acteur de cette scène, le paysage de ce tableau est un des plus majestueux peints par Poussin. À gauche, une forteresse, rappelant le château et le pont Saint-Ange à Rome, semble en flammes, d’inquiétantes fumées s’échappant de ses tours. À droite, des montagnes rocheuses et des arbres évoquent une nature sauvage. À l’avant-plan, une calme rivière, peinte avec un fort désir de réalisme, avec quelques baigneurs dans le lointain. La lumière éclairant l’avant-plan où Orphée joue de sa lyre, tout autant que les tours de la forteresse de l’arrière-plan, suggère une tranquille journée d’été secouée tout à coup par le drame qui précède la mort de la jeune nymphe Eurydice.
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Une méditation sur la vie et la mort Ce tableau, l’un des plus célèbres de Poussin, a été mis en rapport par des études récentes avec le Paysage avec un homme tué par un serpent (Londres, The Trustees of the National Gallery) dont l’inspiration est beaucoup moins nettement liée à la mythologie, mais dont l’esprit et la composition semblent très proches : les deux œuvres sont une méditation sur l’irruption brutale de la mort dans un paysage idyllique. Elles ont par ailleurs été peintes à la même période et ont figuré toutes deux dans la collection de l’amateur lyonnais Jean Pointel. On ne peut cependant en conclure fermement qu’elles ont été conçues en pendant, car leurs dimensions ne semblent pas avoir été les mêmes, bien qu’elles aient toutes deux subi des coupures.
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Date de dernière mise à jour : 01/08/2021