Verlaine, L'Ariette I à l'oral
Paul VERLAINE (1844-1896)
Recueil : Romance sans paroles
**** Entretien préparé
L'Ariette I
- Paul VERLAINE (1844-1896)
C'est l'extase langoureuse
C'est l'extase langoureuse,
C'est la fatigue amoureuse,
C'est tous les frissons des bois
Parmi l'étreinte des brises,
C'est, vers les ramures grises,
Le choeur des petites voix.
O le frêle et frais murmure !
Cela gazouille et susurre,
Cela ressemble au cri doux
Que l'herbe agitée expire...
Tu dirais, sous l'eau qui vire,
Le roulis sourd des cailloux.
Cette âme qui se lamente
En cette plainte dormante,
C'est la nôtre, n'est-ce pas ?
La mienne, dis, et la tienne,
Dont s'exhale l'humble antienne
Par ce tiède soir, tout bas ?
Etude de la poésie de Verlaine :
Ariette I, romance sans paroles
Introduction:
auteur des poèmes saturiens, de fêtes galantes, de la bonne chanson, ... Verlaine, poète reconnu quand en 1872 il commence à écrire Romances sans paroles. Tenté par le parnasse un moment, il a rejoint à l'instar de Mallarmé, le mouvement symboliste qui correspond mieux à son désir d'explorer le tenu, le fugitif, le nuancé. Lié à ses années d'errance avec Rimbaud, le recueil a été difficilement publié qu'en 1874. Le titre qui propose une poésie musicale et sans discours qui rappelle "l'art poétique" : "De la musique avant toute chose" Premier poème de "Arrietes oubliées" composé 3 sizains d'hectasyllabes
I. Une réalité indéfinie
- Pas de titre mais numéroté - 1er sizain: "c'est" x 4, on a 4 vers qui commencent par "c'est " - 2ème sizain: "cela" x 2 , pronom démonstratif neutre qui ne veut rien dire en lui même ---> on ne sait pas de quoi il s'agit réellement - Pas de référent, c'est et cela ne réfèrent à rien - "cela ressemble", "tu dirais" : on dirait ---> flou, comparaison, rien n'est dit mais tout est suggéré - allusion à la nature : "bois" "herbe" "eau" "caillou" mais une nature érotisée "étroite" "agitée" "exhale" "frisson" "expire" "cri" - "extase langoureuse" "fatigue amoureuse"
- Inversion des adjectifs ---> effet de brouillard ---> allusion moment après l'amour, moment ruisselé sur la nature
- question d'un couple dans la 3eme strophe : "nôtre" ---> lien avec moment d'amour - épigraphe : 2 vers de pentasyllabes ; mètre : impair "suspend son haleine" rappelle "expire" - "Plaine" rappelle "plainte" ---> réalité toujours flou - système de rimes et de phrases qui ne correspond pas à la 1ère strophe : rime plate + rime embrassée 1+1 ; 1+1+1+1 - Les deux premiers vers vont ensembl, les 4 suivants aussi mais "c'est" x3 ---> ce qui n'est pas cohérent . Dans la 2ème strophe : rime plate + rime embrassée 2; 4 mais au niveau syntaxe 1; 2+3+4; 5+6 - 3ème strophe : 2 phrases 3; 3 ---> créé un effet de brouillage
La syntaxe et le schéma de rimes ne correspondent pas
II. Un locuteur à peine présent
- absence du "je"- "la mienne" - seul pronom possessif de la 1ère personne mais apparait qu'à la 3ème strophe
- "tu" : idée d'un interlocuteur mais cela reste ambigu car c'est équivalent à "on dirait" --> tu général
- "dis" impératif --> idée d'interlocuteur - "la nôtre" moi + compagnon = idée de couple : avoir même âme --> "cette âme ... C'est la nôtre" ---> Confusion, osmose, fusion totale
- Les vers suggèrent l' union mais cette dernière est remise en question par "n'est ce pas" vers suivant "la mienne" "la tienne" bien séparés par "dis" - "dis" "n'est ce pas" ---> seule fois où il essaie d'établir un dialogue, sans succès
- état d'extase et de fatigue incarné par aucune personne "frissons" "plainte" ---> Le sentiment existe indépendamment de tout corps - état d'extase --> moment où le sujet est hors de lui même - confusion entre le moi du poète et le reste du monde --> question sur sa propre âme
- sujet qui cherche sa voie "humble antienne" ---> refrain musical, répété - rime riche "tienne/antienne" ; "susurre/murmure" - subjectivité qui s'exprime : "exhale" = souffle --> semblant de parole
- Paroles atténuées : "gazouille" "susurre" "murmure" "expire" "le chœur des petites voix" - "oh ! Frêle et frais murmure" - Phrase nominale sans verbes, cela suggère les émotions mais pas de développement à ce sujet. Instance initiative à la fois présente et absente avec un "moi" qui perd ses contours.
III. Une mélancolie en sourdine
- champ lexical de la tristesse : "se lamente" "plainte" "expire" "s'exalte" "cris doux" "langoureuse" - mais au champ lexical de l'assourdissant "susurre" "murmure" "doux" "dormante" "brise" "rouli" "tout bas" ---> tristesse atténuée - "langoureuse" --> tristesse liée à l'extase, au plaisir ---> liaison entre la tristesse et le plaisir - Le champ lexical est renforcé par l'assonance en "a" extase, fatigue, amoureuse
- expire... : atténue l'idée de tristesse à chaque fois : "plainte dormante"
- "grise" "sourd" "frisson" "brise" "petites" "doux" "tiède" "frêle" ---> idée de petitesse - "tout bas" ---> rejeté à la fin de la phrase - Le son est plaintif mais muet Assonance en ou "gazouille" "doux" "sous" "roulis" "sourd" "cailloux" ---> Ce qui a un effet d'atténuation.
Conclusion:
Romance du murmure dans laquelle le monde est à peine suggéré, le locuteur s'efface derrière des affirmations impersonnelles, s'absente de lui même pour enregistrer des sensations pures. Mélancolie musicale et atténuée, caractéristique de ce que Verlaine appelle la chanson grise
- Questions sur le poème : L’ Ariette I : les réponses sont dans l'introduction du commentaire
- Sous quel titre le poème est-il tout d’abord paru? Romance sans paroles
- Quand est-il paru tout d’abord dans Renaissance littéraire et artistique? 18 mai 1872
- Les « équivalences sensorielles » présentes dans ce poème sont-elles caractéristiques du symbolisme?
- En quoi? Expliquez?
- Quand Verlaine a t’-il commencé à écrire Romance sans paroles?
- Quel mouvement littéraire rejoint-il alors? Pourquoi? Expliquez les motifs de son adhésion?
- Que pouvez-vous dire du titre?
- Qu’évoque t’-il? Que rappelle t’-il?
- Analysez la composition du poème : rythme, rimes etc.
Définir les mouvements littéraires
Donnez les définitions suivantes:
Parnasse
Mouvement littéraire poétique apparu en France dans la seconde moitié du 19ème siècle. Le Parnasse valorise l'art pour l'art, rejette l'engagement social et politique de l'artiste et les excès lyriques, sentimentaux du romantisme (Lamartine). La perfection formelle est mise en avant. L'art n'est pas utile, il vise purement et simplement la beauté = théorie de l'art pour l'art de Théophile Gautier
Symbolisme : Verlaine et le symbolisme
Le symbolisme est un mouvement littéraire apparu en France vers 1866 contre le naturalisme et le Parnasse. Le symbolisme tente d'établir un rapport entre l'Idée abstraite et l'image qui l'exprime. Pour les symbolistes, le monde reste à déchiffrer. Ce mouvement trouve ses origines dans les Fleurs du mal de Baudelaire mais c'est en Verlaine que les symbolistes verront leur chef de file.
- Histoire littéraire: "Le Parnasse et le Symbolisme"
Nous sommes à la seconde moitié du 19e siècle qui ne se réduit pas au roman réalisme. Grâce au parnasse et au symbolisme, la poésie se renouvelle.
I) Le Parnasse et le symbolisme de lhistoire
Ces deux courants poétiques se caractérisent par un refus d'une référence au présent. Contrairement aux poètes engagés, les parnassiens et symbolistes ne prennent pas en considération les actualités politiques et idéologiques propres à leur époque. On peut les qualifier d'anti confirmistes, ils se font publier dans des revues confidentielles à faibles tirages.
II) Les idées propre au parnasse et au symbolisme
Le représentant du Parnasse est Leconte de Lisle qui regroupe autour de lui José Maria de Hérédia, François Coppée, Sully Prudhomme ou Catulle Mendès. L'esthétique Parnassienne recherche l'art pour l'art et conteste ainsi les principes romantiques. La beauté recherchéz devient idéale et intemporelle, la poésie se veut objective et impersonnelle. La perfection voulue est purement formelle. Les constataires de l'esthétiques parnassienne sont Rimbaud, Verlaine, Gros. C'est avec "les poètes maudits" de Verlaine que nait le courant symboliste. C'est Jean Moreas qui en 1886 lui donne son nom pour qui des poètes recherchent le symbole. Idée reprise par Mallarmé qui estime que les symbolistes tentent de suggérer un objet par une image ou une
métaphore.
III) Les genres Parnassiens et symbolistes
Les parnassiens sont avant tout des poètes car c'est par la poésie que l'on peut approcher la perfection formelle. Quant aux symbolistes, ils considèrent que la poésie est le genre par excellence de l'image. La musicalité du langage est mise en avait ainsi que le suggère Mallarmé par son sommet en "ix" comme un "aboli bibelot d'inanité sonore".
IV) Les thèmes parnassiens
Le parnasse accorde l'importance essentielle à la mythologie et à l'exotisme. On peut citer Leconte de Lisle et ses poèmes barbares. Le symbolisme se plait dans des univers oniriques comme Verlaine avec son "rêve familier" ou Rimbaud avec son "alchimie du verbe" en mattant bien en évidence la traduction des sensations.
- Questions sur le symbolisme :
- Avec le symbolisme peut-on dire que la poésie se renouvelle? En quoi?
- Par quoi se caractérise ce courant poétique?
- Les symbolistes sont-ils des poètes engagés? Anticonformistes?
- Qui sont les contestataires de l’esthétique parnassienne?
- Comment le courant symboliste apparaît-il?
- Qui lui donne son nom?
- A quoi les symbolistes assimilent -ils la poésie?
- Que mettent-ils en avant?
-
De quel siècle Verlaine est-il?
- Du XIX ème siècle
- De qui est-il le contemporain?
- Rimbaud
- Citez quatre recueils de Verlaine?
- Poèmes Saturniens, Jadis et naguère, Fêtes galantes, Romances sans paroles
Questions sur la poésie en fonction du plan proposé :
Plan de l'étude :
I. Une réalité indéfinie
II. Un locuteur à peine présent
III. Une mélancolie en sourdine
Questions en fonction des axes du commentaire du site :
Problématique :
En quoi cette poésie nous propose t'-elle une lecture caractéristique du courant poétique symbolique?
Questions sur l’étude : toutes les réponses sont dans le commentaire
I -
Comment la réalité est-elle transcrite?
Quelle anaphore structure le premier sizain?
Savons-nous de quoi il s’agit?
Quels référents avons-nous pour comprendre le poème?
Comment la suggestion entretient-elle l’impression de flou? Citez pour justifier votre réponse
Analysez les adjectifs : que mettent-ils en évidence?
Comment l’amour est-il connoté? Citez et expliquez
Analysez les rimes : selon vous contribuent-elles à accentuer la musicalité du poème? En quoi? Expliquez et citez
II -
Comment le locuteur apparaît-il?
Quels sont les signes de sa présence?
Quel pronom souligne sa présence?
Avons-nous un interlocuteur?
Que suggère l’impératif « dis »?
Comment l’idée de couple transparaît-elle? Citez pour justifiez
A quoi cette idée s’associe t’-elle?
Quelle impression cela donne t-il au lecteur?
Comment l’idée d’union est-elle ensuite remise en question? Justifiez en citant
L’expression du ressenti comme l’extase, la fatigue nous surprend t’-elle? Comment Verlaine parvient-il à l’exprimer?
Ressentons-nous en tant que lecteur une confusion entre le moi du poète et le reste du monde?
Quel semblant de parole avons-nous?
Analysez le refrain musical
Comment se traduit la subjectivité?
Relevez les expressions et termes qui connotent les paroles atténuées
III -
Relevez le champ lexical de la tristesse
Comment cette dernière est-elle atténuée?
Comment la liaison entre la tristesse et le plaisir est-elle suggérée?
Relevez une assonance en « A » qui renforce cette contradiction
Montrez que le son est plaintif mais muet
Montrez en citant que l’assonance en « OU » a un effet d’atténuation
Questions sur la conclusion :
Qu’avez-vous pensé de cette poésie?
Retrouvons-nous à la lecture de cette poésie la justification du titre du recueil «Romance sans paroles»?
Expliquez ce que Verlaine appelait « la chanson grise »
Expliquez les différences essentielles après lecture et étude de la poésie entre Parnasse et le symbolisme (pour vous aider, consultez l’exposé joint en lien )
Date de dernière mise à jour : 17/05/2019