Plotin : analyse de L'Un, quelle est sa nature?
La nature de l’Un chez Plotin
« Les ennéades »
Introduction
Nous allons étudier la nature de l’Un chez Plotin d’après les « ennéades » du philosophe. Nous savons que l’Un est ainsi que le dit le penseur, « l’Un est la chose la plus grande de toutes non pas par sa dimension mais par sa puissance ». Le second Un est la synthèse de l’Un et de l’étant par participation du premier Un. Ce qui permet au second Un d’être, c’est l’essence même de la donation du premier Un; nous avons deux états de l’intelligence selon qu’on se réfère au premier Un et au second Un. Le second nous renvoie à la réflexion de la pensée sur elle-même, car l’Un étant intelligence, l’étant est intelligible. C’est l’interprétation qu’en donne Aristote. Le Dieu d’Aristote correspond à la seconde hypostase. L’Un se manifeste dans l’intelligence et l’intelligence ne cesse de faire retour à l’Un. Nous avons une réciprocité de l’étant et de l’intelligence de l’étant, nous obtenons ainsi une trilogie, l’Un, l’Intelligence et l’âme. Nous arrivons ainsi à la troisième hypostase, il y a retour à l’Un. Il faut chercher à travers l’âme, la stase qui donnera naissance à des êtres individués. Il y a prolifération des vivants car ils vivent une conversion qui les ramène au premier principe.
Annonce du plan et questionnement
Nous allons tenter d’élucider à partir de ces premières explications la nature de l’Un. L’Un comme nature génératrice est il ce qu’il engendre, est il intelligible? Peut il se placer du côté du pensant ou du penser? Nous renvoie t-il à la contemplation?
Quelle est la nature de l’UN?
L’Un, la nature génératrice de toutes choses n’est rien de ce qu’elle engendre. L’un est un rien, ce n’est pas une négation absolue, mais du non étant. On ne peut concevoir l’Un sans sa volonté d’être. L’Un est la volonté absolue car solitaire par de là, l’étant en son absoluité. Il est impossible de concevoir l’Un sans volonté d’être ce qu’il est. Il est-ce qu’il veut être; sa volonté ne fait qu’un avec lui la volonté de soi, cet acte c’est son sujet. Il s’engendre lui-même. Il se veut lui-même. L’Un est il intelligible? « On ne comprend l’Un ni par science ni par l’intuition intellectuelle mais par une présence supérieure à la science », affirme Plotin.
Dieu est posé dans une relation non réciproque avec les étants. Si l’homme peut se définir à partir d’une ressemblance, il est impossible de concevoir le principe comme identique, dissemblable. Dieu est étranger à toute ressemblance ou dissemblance. Dieu est dans son absoluité.
Il n’y a pas de relation réciproque avec l’intelligence humaine. Dieu est sans relation avec ce qui vient après lui, l’Un n’est pas un acte de penser. « Il ne se connaît pas lui-même. Il ne peut se placer dans la catégorie du pensant mais du penser ». Ce n’est pas la pensée de la pensée, elle ne se redouble pas, il y a connaissance absolue, qui n’est pas connaissance de quelque chose mais connaissance absolument parlant. La connaissance absolue est une pure présence à soi. L’Un est présent à soi sans avoir à réfléchir sur soi. Dieu est sans attribution; il est-ce qui échappe à toute vue, de Dieu on a un non savoir. C’est une intellection vide, Dieu est sans commune mesure avec nos facultés intellectuelles. Il y a représentation non intuitive, non compréhensive, non voyante de Dieu. Tous les êtres ne sont que l’Un mais ne s’individualisent qu’en affirmant des unités nouvelles. Parfois oublieux du principe originaire et parfois en conversion vers lui. Il faut saisir cet universel mouvement de la contemplation pour comprendre l’unité de l’univers et y intégrer le mouvement de notre âme et de notre conscience. Il faut partir de l’inférieur pour s’élever, cela nous montre que dès les êtres les plus humbles, il y a des traces et une conscience de cette unité première. Tous les animaux et êtres raisonnables sont à la recherche non du plaisir mais de la contemplation. Pour Aristote, la nature est logos, raison. Toute détermination naturelle se ramène à cette raison, rien n’est conçu de façon mécaniste. Il y a une raison qui se manifeste dans les formes visibles des êtres, raison du dernier rang et inerte désormais incapable de produire une autre raison. La raison productrice ne peut être que contemplation en son activité immanente. On a donc en tout être une raison de dernier rang qui peut être contemplée et une raison antérieure à celle là. La raison antérieure peut être appelée âme car elle fait vivre chaque être en sa singularité ou nature car elle est cause formelle ou finale de l’âme et des déterminations matérielles.
Mais comment concevoir cette activité de la nature sinon comme une sorte de contemplation où ce qui est produit est déjà possédé non pas par l’appréhension d’une raison discursive mais par une présence à soi, « ce qui en moi contemple produit un objet à contempler ainsi les géomètres tracent des figures en contemplant; moi je n’en trace aucune je contemple et les lignes des corps se réalisent comme si elles tombaient de moi, dit la nature en une sorte de prosopopée ».
Date de dernière mise à jour : 17/05/2019