Le corbeau et le renard, La Fontaine, analyse d'une fable au collège.

DNBac

 

Le Corbeau et le Renard

Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l'odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
"Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois."
A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s'en saisit, et dit : "Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute :
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. "
Le Corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.
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Le Corbeau et le Renard est la deuxième fable du livre I de Jean de La Fontaine situé dans le premier recueil des Fables, édité pour la première fois en 1668.


1.La mise en page : celle d'un poème
2.La composition de la fable : un récit (qui comprend un dialogue)
une morale

3.Les temps employés : dans le récit : le passé simple, l'imparfait mais aussi le présent de narration (vers 14 et 15)
dans le dialogue : le présent d'actualité
dans la morale : le présent d'actualité

 

I. Une fable plaisante

1. Les caractéristiques de la fable
2. La personnification des animaux
3. Un récit plaisant

II. Deux personnages mis en scène au service de la morale

1. Parallélisme dans la présentation des personnages
2. Le corbeau et le renard : deux personnages différents
3. L'éloquence du renard
4. La morale




Commentaire littéraire

I. Une fable plaisante

1. Les caractéristiques de la fable


- Ce texte a les caractéristiques d'une fable : récit bref qui met souvent en scène des animaux, auxquels on prête les qualités et les défauts des hommes.
- Animaux = allégorie des caractères humains.
- L'histoire est simple.
- Il y a une morale.


2. La personnification des animaux

- Bien qu'ayant des attributs d'animaux (noms, "ramage", plumage"), les animaux sont personnifiés.
- Les animaux sont appelés "Maître", "Monsieur", "Mon bon Monsieur".
- Les animaux parlent.
- Le corbeau possède un fromage que le renard convoite, pourtant ces animaux ne sont pas des mangeurs de fromage, au contraire de l'homme -> les animaux sont représentent des humains.
- Le corbeau a des émotions explicites "honteux et confus".
- Les animaux ont des défauts bien humains : le corbeau est vaniteux, le renard est flatteur.


3. Un récit plaisant

- Musicalité : parallélisme de construction des vers 1-2 et 3-4.
- Le dialogue prend une grande place dans cette fable, ce qui la rend vivante et plaisante.
- Le discours du renard est rythmé : apostrophe au corbeau "Hé !", phrases courtes et exclamatives.
- Ton ironique envers le corbeau : "ne se sent pas de joie" -> humour.
- Corbeau tourné en dérision "Jura, mais un peu tard" -> humour.
- Ironie dans les paroles du renard "Sans mentir", alors qu'il est justement en train de mentir.



II. Deux personnages mis en scène au service de la morale

1. Parallélisme dans la présentation des personnages


- Les deux animaux sont appelés "Maître" (vers 1 et vers 3). Le corbeau est au début "Maître" (vers 1) de la situation, mais dès que le renard entre en scène c'est bien lui qui va devenir "Maître" (vers 3) de la situation.
- Utilisation de majuscules pour le nom des animaux -> sont plus que des animaux.
- Parallélisme de construction des vers 1-2 et 3-4 qui présentent le corbeau et le renard.
- Le verbe tenir est utilisé pour les 2 personnages, l'un pour le fromage, l'autre pour le langage.

2. Le corbeau et le renard : deux personnages différents

- Le corbeau, perché et possédant un fromage, semble en meilleure position que le renard.
- Ces animaux représentent différentes catégories sociales :
* corbeau : position dominante + possession d'un bien -> noblesse
* renard : position inférieur + pas de possession -> peuple

- Le corbeau est vaniteux puisqu'il veut montrer au renard à quel point il a un beau "ramage". Le renard est menteur.

3. L'éloquence du renard

- Le renard est un bon orateur qui va obtenir ce qu'il veut uniquement grâce à la parole.
- Eloquence du renard : utilisation de métaphores "Vous êtes le Phénix", vocabulaire soutenu. Alternance entre octosyllabe et alexandrin.
- Le renard parle avec alors que le corbeau est réduit au silence dans cette fable.
- Ici, le renard tente de persuader (faire appel aux sentiments) plutôt qu'à convaincre (faire appel à la raison). Il aurait d'ailleurs bien du mal à convaincre le corbeau de lui donner son fromage.
- Pourtant à bien y regarder, les compliments du renard peuvent sembler creux : "beau" n'est qu'une rime avec "corbeau". "si votre ramage / Se rapporte à votre plumage" -> le plumage du corbeau est noir uniforme, et n'est donc pas spécialement beau.


4. La morale

- La morale est énoncée par le renard lui-même, à celui qu'il a dupé. Cela la rend encore plus cruelle envers le dupé. Cela est encore un trait d'humour dans cette fable.
- Utilisation du présent de vérité générale.
- Fierté du renard qui a réussi, alors que le corbeau est "honteux et confus".
- Le renard raille le dupe corbeau "Mon bon Monsieur" -> ironie du renard.
- "Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute." -> la morale aura coûté le fromage au corbeau. Le "sans doute" est ironique de la part du renard qui sait bien que l'échange n'était pas honnête et que le corbeau s'est fait avoir.
- La réaction de la victime, le corbeau, est le dénouement de la fable.

Le Corbeau "jura […] qu'on ne l'y prendrait plus", pourtant il renouvelle son erreur dans la fable Le Corbeau voulant imiter l'Aigle, où le corbeau perd sa liberté.

Dans cette fable, le voleur et menteur est le renard, mais c'est bien le corbeau, vaniteux, qui est raillé et le renard qui sort victorieux. Ainsi, La Fontaine montre que la supériorité sociale ne fait pas tout, et critique la vanité humaine.

 

Le corbeau et le renard
par Ésope, VIIe-VIe siècles av. J.-C.


Un corbeau déroba un morceau de viande et alla se percher sur un arbre. Un renard, l'ayant aperçu, voulut se rendre maître du morceau. Posté au pied de l'arbre, il se mit à louer la beauté et la grâce du corbeau : À qui mieux qu'à toi convient-il d'être roi ? En vérité tu le serais, si tu avais de la voix. Le corbeau, voulant lui montrer qu'il n'en était pas dépourvu, laissa tomber la viande et poussa de grands cris. L'autre se précipita, s'empara de la viande et dit : "Ô corbeau, si tu avais aussi de l'intelligence, il ne te manquerait rien pour être le roi de tous les animaux."
Avis au sot.

 

 

DNBac

 

 

 

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Date de dernière mise à jour : 10/07/2021

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