Le monstre : quelques pistes d’exploitation pédagogique dans les classes de collège
Introduction
Si l’on se réfère aux documents d’accompagnement des classes de collège, faire accéder nos élèves au plaisir de lire apparaît comme un véritable leitmotiv. Or, pour pouvoir accéder à ce plaisir, qui leur fait souvent cruellement défaut, ils devraient pouvoir s’approprier certaines figures afin d’établir des parallélismes qui les mèneraient à l’acquisition de référents culturels et esthétiques permettant une compréhension des textes et donc un accès à ce plaisir. La figure du monstre est l’un de ces types littéraires facilement abordables au collège et il existe de nombreuses œuvres, tant dans la littérature de référence que dans celle écrite pour la jeunesse, qui permettent des exploitations pédagogiques variées. L’objet de cette intervention n’est pas de proposer directement des séquences et des projets pédagogiques mais plutôt de faire état de ce que l’on peut étudier dans les classes de collège.
La classe de 6ème
La figure du monstre est fréquemment étudiée en classe de 6ème, dans la mesure où le programme comporte des genres dans lesquels elle apparaît de façon évidente.
Les textes de « référence »
Tout d’abord, les contes comportent de nombreuses figures monstrueuses. En effet, les contes de fées mettent fréquemment en scène des personnages tells que sorcières, ogres... On retrouve également la figure des monstres dans des contes d’autres cultures (les contes africains, les Mille et Une nuits). On peut également penser à exploiter les différents monstres dans les contes régionaux, chaque région possédant en quelque sorte « sa » créature. L’exemple le plus parlant serait la Bête du Gévaudan, mais bien d’autres régions ont tissé leurs contes autour de figures monstrueuses. Il serait intéressant dans une séquence sur le conte de choisir ces contes régionaux pour supports afin de comparer ces figures monstrueuses qui sont toujours la quête du héros ou bien un des opposants.
Bien d’autres textes étudiés en 6ème utilisent la même figure du monstre comme élément de la construction même du héros. Comment ne pas penser alors aux différents textes fondateurs évoqués dans les programmes ? :
L’Odyssée
L’Enéide
La Bible
Les Métamorphoses
Les figures monstrueuses y sont nombreuses et permettent de faire repérer aux élèves les caractéristiques évidentes de la monstruosité :
le gigantisme : Polyphème
l’hybridation : le Minotaure
les autres aberrations de la nature qui créent la monstruosité.
Toutefois, en référence aux programmes, on peut évoquer d’autres pistes pédagogiques pour étudier ces monstres :
une séquence de repérage du texte descriptif (portrait des monstres)
une séquence de travail autour des ouvrages documentaires : dictionnaires et encyclopédies... (en lien avec le documentaliste) afin de définir les figures monstrueuses présentes dans ces textes, ce qui peut se coupler avec un travail sur l’image ( interdisciplinarité avec le collègue d’histoire : lecture des vases grecs ?)
Oeuvres de littérature pour la jeunesse
Parallèlement à ces textes « de référence », la figure du monstre comme élément opposé au héros et permettant sa mise en valeur apparaît dans de nombreuses œuvres de littérature pour la jeunesse. En effet, les auteurs y exploitent une figure qui plaît aux élèves (Ne sont-ils pas friands de la série Chair de Poule ?)
Récits mythologiques :
Nathanaël Hawthorne, Le Minotaure
Gabriel Aymé,, Les douze travaux d’Hercule
Récits fantastiques et d’aventures :
L’Ile du crâne, Anthony Horowitz
Un papa vraiment terrible, Ellen Conford (Livre de poche jeunesse)
Ah ! Si j’étais un monstre !, Marie-Raymon Farré (Livre de poche jeunesse)
Comment tuer un monstre ?, Sang de monstre, R.Stine (Bayard, coll. Chair de Poule)
Bernard et le monstre, D.Mckee (Gallimard Jeunesse)
Yann et le monstre marin, J.Boucher (Boréal)
L’affaire du monstre, de E.Bobillo (Série « Zachary Holmes » : tome 1)
Le monstre poilu et Le retour du monstre poilu, Henriette Bichonnier (Gallimard jeunesse)
Le géant de Zéralda, Tomi Ungerer
La bête du Gévaudan, José Féron Romano (Livre de poche jeunesse)
Un monstre dans la vitrine, H.Misserly (L’école des Loisirs)
Brrr, un monstre dans la chambre !, Brigitte Minne (Chantecler jeunesse)
Récits policiers :
Le monstre, de Jonathan Kellerman (Le Seuil)
Contes et récits merveilleux :
Deux-Pieds et son dragon, Paul Thiès (Livre de poche jeunesse)
L’auvergne des monstres et des sorciers, Geneviève Saint-Martin (Edite)
Bandes Dessinées :
KoupKoup, coiffeur de l’horreur, O’Grojnowski (Glenat - Bandes Dessinées)
Hypocrite et le monstre du loch Ness, J.C Forest (L’association - Bandes Dessinées)
Recueils de poésie :
Petites chimères et monstres biscornus, Thierry Lefèvre (Actes Sud Junior)
La figure métaphorique du monstre
Parallèlement à cette figure aspectuelle du monstre, il est également possible d’aborder en classe de 6ème la figure métaphorique du monstre. Là encore, nombreux sont les ouvrages à proposer des personnages qui relèvent de ce type par la grandeur de leur perversion. D’ailleurs le mot « monstre » est un de ceux qui vient automatiquement à la bouche des élèves pour les désigner.
Un exemple : Le personnage de Mlle Legourdin dans Matilda de Roald Dahl, directrice d’école tyrannique et violente qui déteste les enfants et les martyrise. Elle a également dépossédé sa nièce de tous ses biens. Rappelons que cette œuvre a été adaptée par Dany De Vito au cinéma. La monstruosité du personnage y est particulièrement bien rendue, ce qui laisse envisager des pistes pédagogiques intéressantes pour la classe de français.
On va même parfois jusqu’à une certaine parodie de la figure monstrueuse : le monstre qui a peur des humains et met en valeur le courage du héros.
Bébé monstre (ed Galllimard)
Les monstres et Cie nouveau film Disney
Un monstre aux pois verts (Ed Calligram)
Le monstre aux mille fesses
Monstre à la gomme, Michel Perrin (Magnard Jeunesse)
Enfin, il semble intéressant en 6ème de montrer aux élèves que l’on peut dépasser le cliché qui associe quasi systématiquement le monstre au mal. Cela nous permet d’élargir la vision des élèves, tout en leur apprenant à ne pas envisager la littérature, quelle qu’en soit la forme, comme quelque chose de figé, dans laquelle un motif réapparaît toujours sous la même forme. En effet, certains exemples peuvent mettre en évidence le monstre comme figure du bien.
Quelques exemples :
Eliott le dragon chez Walt Disney
Le géant aux chaussettes rouges, le gentil petit diable dans les contes de Pierre Gripari
Un monstre sympathique, la bande dessinée de Jean Tabary (Iznogoud n°26 - Tabary)
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