Le père Goriot, Balzac,analyse de l'oeuvre
Séquence roman, la comédie humaine, le père Goriot
Séquence Roman
Honoré de Balzac : le père Goriot
La vie de Balzac
*** Questionnaire sur la biographie de l’écrivain
- De quel siècle Balzac est-il?
- Écrivain français né à Tours en 1799, décédé à Paris en 1850, Balzac (qui ajoutera une particule à son nom en 1831) est issu de la petite bourgeoisie provinciale.
- A quelle carrière est-il destiné?
- Il était destiné à une carrière juridique mais très passionné de lecture, il parvient à convaincre sa famille de le laisser s’adonner à l’écriture.
- Qui lui déconseillera la carrière littéraire?
- Après avoir lu la première tragédie en vers de Balzac, Cromwell déconseillera la carrière littéraire au jeune homme.
- Se décourage t’-il?
- Non, il continue à écrire sous divers pseudonymes.
- Qu’achète t ‘il en 1825?
- En 1825, il achète une imprimerie mais fait rapidement faillite et, couvert de dettes, se tourne de nouveau vers le roman.
- Quand sera t’-il introduit dans les salons littéraires aristocratiques?
- Dès ses premiers succès en particulier dans le salon de Mme Récamier.
- A t’-il contribué à instaurer la protection du droit d’auteur?
- Oui, il contribue à instaurer la protection du droit d’auteur, c’est un grand précurseur, membre de la Société des gens de lettres dès sa création en 1838, il met en place cette protection de la propriété intellectuelle.
- A quoi donne t’-il naissance en 1837?
- Au roman feuilleton avec La vieille fille, c’est le premier exemple paru dans les journaux.
- A quel âge meurt-il?
- A 50 ans.
- Qui avait-il épousé quelques mois auparavant?
- Mme Hanska, une comtesse polonaise avec qui il entretint pendant seize ans une correspondance admirable (Lettres à Mme Hanska, 1832-1848, publiées en 1968).
L’Œuvre de Balzac : la comédie humaine
*** Questionnaire sur la comédie humaine
La comédie humaine
Un tableau complet de l’espèce humaine
- En quoi la comédie humaine reflète t’-elle le projet et l’ambition de Balzac? Quel Est-ce projet et quelle importance a t’-il dans l’histoire littéraire?
- projet prodigieux dans l'histoire de la littérature. On peut considérer la comédie humaine comme une oeuvre documentaire. Il veut composer l'histoire naturelle de l'homme.
- Etude de l’espèce humaine comme on le ferait pour le genre des espèces animales. Cela suppose l'analyse des catégories sociales, toutes professions et tous milieux. La description donnée des personnages est très réaliste jusqu'à leur lieu d'habitation et leurs moeurs témoins d'un contexte historique précis. L'étude se porte également sur les types, par exemple, Goriot, symbole de la paternité, Rastignac, image de l'arriviste sans scrupules.
Citation de Balzac :
«J'ai entrepris l'histoire de toute la Société. J'ai exprimé souvent mon plan dans cette seule phrase : une génération est un drame à quatre ou cinq mille personnages saillants. Ce drame, c'est mon livre. » (Lettre à Hippolyte de Castille, 11 octobre 1846).
- Quelles sont ses œuvres les plus importantes?
- Son œuvre essentielle est la comédie humaine.
- C’est le titre que Balzac donne à son œuvre romanesque, 1842
- Que pouvez-vous dire sur le titre «Comédie Humaine»?
- C’est le titre que Balzac a donné à son œuvre romanesque en 1842 à 95 romans publiés don 48 ébauchés. C’est une fresque divisée en trois parties. L’étude des mœurs, études philosophiques et études analytiques.
- Le premier titre générique retenu par Balzac pour l'édition complète de ses œuvres est Études sociales, mais il se ravise et, par allusion à la Divine Comédie de Dante, songe un instant à nommer son ouvrage la Diabolique Comédie du sieur Balzac. Il retiendra finalement la Comédie humaine.
- Combien de romans ont-ils été publiés?
- 95 romans publiés et 48 ébauchés, de 1829 à 1855
Le Père Goriot marque l’étape la plus importante dans la construction de la Comédie humaine. Balzac maîtrise désormais sa technique des personnages qui est une caractéristique majeure de la Comédie humaine, ainsi que celle du cycle romanesque « faisant concurrence à l’état civil ». Il expose son projet, en 1834, dans une lettre à Ewelina Hańska : « Je crois qu’en 1838, les trois parties de cette œuvre gigantesque seront, sinon parachevées, du moins superposées et qu’on pourra juger la masse ». Et il décrit les trois étages de l’édifice« les Études de mœurs, représenteront les effets sociaux,(…) la seconde assise est les Études philosophiques, car après les effets viendront les causes(…). Puis, après les effets et les causes viendront les Études analytiques, car après les effets et les causes, doivent se rechercher les principes(…).
- De combien de parties la comédie humaine est-elle formée?
- En trois partie :
- Etudes de mœurs
- Etudes philosophiques
- Etudes analytiques
- Dans quelle partie, le père Goriot se situe t’-il?
- Le père Goriot se situe dans Scènes de la vie privée « Etudes des moeurs »
- C’est aussi le cas de :
- Un début dans la vie
- La femme abandonnée
- Honorine
- Le colonel Chabert
- Le contrat de mariage
- Citez deux ou trois œuvres tirées des « Etudes des moeurs » et des scènes de la vie de Province
- Eugénie Grandet
- Illusions perdues
- Citez deux ou trois oeuvres tirées des « Etudes des moeurs » et des scènes de la vie parisienne
- Un homme d’affaires
- Les petits bourgeois
- Citez des ouvrages de Balzac tirés des Etudes philosophiques
- La Peau de chagrin
- Le Chef d’œuvre inconnu
- Citez deux œuvres tirées des Etudes analytiques
- La physiologie du mariage
- Petites misères de la vie conjugale
Le Père Goriot
Questionnaire sur le père Goriot
- Quelle est la période décrite dans cet ouvrage de Balzac?
- Période décrite : 1819 - 1820
- Quels sont les thèmes abordés?
- La politique, la carrière, l’amour, les enfants
- Dans quels ouvrages, le personnage, Goriot Jean-Joachim apparaît-il?
- Dans splendeurs et misères des courtisans, dans le père Goriot et dans Gobseck
- Que représente t’-il?
- Il symbolise les parents
- Qu’en est-il de Rastignac?
- Il représente le politicien et il apparaît dans plusieurs romans de la comédie humaine, le père Goriot, Splendeurs et misères, le député d’Arcis.
Faire un résumé du Père Goriot en mettant l’accent sur le type représenté par le Goriot : Les parents.
- Résumé
- Goriot est un ancien négociant, ouvrier d’avant la révolution qui pendant cette période a fait fortune en vendant des farines dix fois leur prix pour lutter contre la disette du peuple. Il est père, veuf de deux filles qui sont au centre de ses intérêts et de sa vie au point de leur céder à chacune la moitié de sa fortune. Ses filles deviennent, l’une comtesse de Restaud et l’autre baronne de Nucingen. Goriot se retire à la pension Vauquer après la vente de son commerce. Il se montre en père toujours soucieux de ses deux filles qu’il sauve de la ruine à plusieurs reprises, se lie ensuite avec Rastignac. Il prendra conscience un peu plus tard de l’exploitation de ses filles mais reste jusqu’à la fin le père parfait, aimant sans condition et sans souci des convenances.
Analyse du père Goriot
Intérêt de l’action : l’intrigue
Celle d’un roman d’apprentissage = un roman initiatique
- De quelle nature ce roman est-il?
- C’est à la fois un roman social, psychologique et policier.
- Quelle est l’intrigue et de quelle nature est-elle?
- L’intrigue est complexe : Mise en œuvre un peu longue de l’histoire puis, la crise qui se situe à trois niveaux :
- trois intrigues apparemment distinctes et parallèles :
- - l’éducation de Rastignac qui reçoit trois leçons (celle de Mme de Beauséant, celle de Goriot, celle de Vautrin) ; c’est le parcours aventureux d’un arriviste à Paris
- - le drame du père Goriot
- - le roman policier de Vautrin, le forçat évadé qui est opposé à la société (sur le modèle de Vidocq) = les intrigues de Vautrin
- Goriot lui montre la vérité derrière les apparences;
- Vautrin lui montre les injustices de l'ordre social;
- Delphine lui permet de découvrir un nouvel ordre des sentiments à savoir que l'amour vient après la possession
- Quels sont les deux mouvement qui s’opposent?
- Rastignac connaît une ascension, le père Goriot subit une véritable déchéance.
- Comment la chronologie est-elle?
- La chronologie est linéaire
- Balzac est-il neutre dans sa narration?
- Il n’est pas tout à fait neutre, son point de vue est objectif mais ses sentiments transparaissent dans le récit
- Comment la focalisation se fait-elle?
- La focalisation se fait sur Rastignac, Goriot et Vautrin.
Intérêt psychologique
L’intrigue du père Goriot
- - Comment Balzac construit-il ses personnages?
- Il s’appuie sur des théories scientifiques. A cet égard les personnages représentatifs sont Vautrin et Rastignac.
Qu’en est-il de Vautrin?
Le roman policier de Vautrin
- Vautrin est un forçat évadé, profiteur, sans scrupules. ce qui compte pour lui : les femmes, le prestige, l'or
- Il symbolise la volonté de puissance.
Qu’en est-il de Rastignac?
L’éducation de Rastignac
- C’est le personnage qui nous fait dire que le père Goriot est un roman d’initiation, d’apprentissage car Rastignac est celui qui doit être initié à l’âge des responsabilités. On le voit évoluer tout d’abord comme un homme naif sortant de sa campagne et débarquant à Paris, société dans laquelle il va devoir se faire une place et apprendre à vivre. Il se retrouve alors en contradiction avec l’éducation reçue et la morale parisienne bien différente de celle inculquée dans sa famille. Le personnage se montre versatile parfois volontaire et audacieux mais parfois découragé, pessimiste.
- Il incarne la contradiction, il est bien vite entre vice et vertu, dès son arrivée à la pension. Il va se réaliser tout au long du livre à travers une série d’expériences :
- Education de Rastignac : première leçon
- une visite à Mme de Restaud lui fait connaître l' adultère, ce sera la leçon parmi les trois reçues du personnage : l’éducation de Rastignac qui reçoit trois leçons (celle de Mme de Beauséant, celle de Goriot, celle de Vautrin) ;
- L’enseignement de Vautrin : deuxième leçon
- Vautrin par son arrestation découvre que la révolte est très dangereuse.
- L’enseignement de Goriot : troisième leçon
- . À la fin, il suit le convoi funéraire du père Goriot. Il a compris que pour y arriver dans la vie, il faut se servir des autres, c'est un arriviste.
Qu’en est-il du père Goriot?
Le drame du père Goriot
Le père Goriot incarne l’amour paternel, sa passion pour ses deux filles le dévore tout entier. Son sacrifice pour elles est inconditionnel et le conduit irrémédiablement à sa perte, sa ruine. L’issue est fatale, il se perd pour ses deux filles qui ne lui rendent pas son amour bien plus, elles le méprisent. Il deviendra clairvoyant trop tard, lorsqu’il comprend enfin les véritables sentiments de ces deux filles. Sa souffrance le rend lucide mais trop tard.
- - Comment Balzac croise t’-il les fils de ses trois intrigues?
- Grâce au personnage de Rastignac et aux thèmes de la paternité ainsi que de celui de la filiation
- Une intrigue articulée autour du thème de la paternité
Un roman de la paternité
Il y a dans ce roman quatre personnages de pères, Goriot, Vautrin, le père d'Eugène de Rastignac et Taillefer
.
Monsieur Taillefer
C’est un riche banquier relativement insensible à tout sauf à ses biens, il représente le père indigne et en ce sens entre en opposition avec le père Goriot qui se sacrifie de manière inconditionnelle à ses filles ingrates.
Le père d’Eugène
Cette figure de la paternité n’est pas présente, le père biologique de Rastignac n'est que cité.
Le père Goriot
Patronyme péjoratif donné par Mme Vauquer par jalousie et par vengeance . Ce patronyme est méprisant
« Malheureusement, à la fin de la deuxième année, monsieur Goriot justifia les bavardages dont il était l’objet, en demandant à madame Vauquer de passer au second étage, et de réduire sa pension à neuf cents francs. Il eut besoin d’une si stricte économie qu’il ne fit plus de feu chez lui pendant l’hiver. La veuve Vauquer voulut être payée d’avance, à quoi consentit monsieur Goriot, que dès lors elle nomma le père Goriot. Ce fut à qui devinerait les causes de cette décadence. »
Seconde interprétation du « père » dans père Goriot : c'est le portrait du père. Goriot n'est qu'un père dans l'histoire. Il symbolise la paternité dans le sens fort du terme car son amour paternel le conduira à la folie. Goriot pour n'avoir pas sur aimer ses deux filles ne leur inspire aucun respect, elles font preuvent à son égard du plus grand mépris et de la plus grande indifférence.
Passages représentatifs : une victime de ses sentiments
« Enfin, je vis trois fois. Voulez-vous que je vous dise une drôle de chose ? Eh bien ! quand j’ai été père, j’ai compris Dieu. Il est tout entier partout, puisque la création est sortie de lui. Monsieur, je suis ainsi avec mes filles. Seulement j’aime mieux mes filles que Dieu n’aime le monde, parce que le monde n’est pas si beau que Dieu, et que mes filles sont plus belles que moi. »
« Pour bien peindre la physionomie de ce Christ de la Paternité, il faudrait aller chercher des comparaisons dans les images que les princes de la palette ont inventées pour peindre la passion soufferte au bénéfice des mondes par le Sauveur des hommes. »
« J’ai bien expié le péché de les trop aimer. Elles se sont bien vengées de mon affection, elles m’ont tenaillé comme des bourreaux. Eh ! bien, les pères sont si bêtes ! je les aimais tant que j’y suis retourné comme un joueur au jeu. Mes filles, c’était mon vice à moi ; elles étaient mes maîtresses, enfin tout ! »
Vautrin
Vautrin et Goriot
Vautrin est l’antithèse du père Goriot victime de son amour démesuré pour ses filles : en effet il donne l'image de l'homme libéré
Intérêt documentaire
- Sur quoi repose l’intérêt documentaire du roman?
- Balzac affirme dans la préface : « Ce drame n’est ni une fiction, ni un roman : all is true. ». On retrouve dans cette affirmation la même volonté de réalisme que dans la pension de Mme Vauquer « Toute sa personne explique la pension, comme la pension implique sa personne. »
- Quels sont les éléments réalistes d’un point de vue historique représentatifs de l’œuvre?
- D’un point de vue historique, la révolution. Du point de vue romanesque, Balzac souligne le pouvoir de l 'argent grâce au statut de rentier de Goriot jusqu'à sa ruine. Le lecteur assiste à sa déchéance.
Intérêt philosophique
- Le concept de déterminisme :
- Balzac met en avant le concept de déterminisme si présent dans le naturalisme. Les hommes sont soumis à une certaine fatalité tant sur le plan génétique que social. Ici Balzac met l’accent sur l’origine, sur le physique, sur le tempérament. Les hommes sont soumis au déterminisme, il est impossible d’y échapper.
- La société
- Dénonciation de la montée du pouvoir de l’argent à travers la bourgeoisie et acception d’une société même si Balzac dénonce les mauvaises mœurs.
- La volonté de puissance
- Balzac met en avant et fait l’éloge de la volonté de puissance qui suppose la maîtrise la plus absolue des passions.
- Quel est le schéma actantiel du livre?
- Le schéma narratif
- Situation initiale
- Rastignac revient à Paris : il se fait inviter à un bal chez Mme de Beauséant.
- Elément déclencheur
- rencontre mondaine – au bal de Mme de Beauséant, il s’éprend d’Anastasie de Restaud :
- le mystère Goriot – enquête sur l’identité du vieillard
- Péripétie no 1 : Les deux visites : chez Mme de Restaud puis Mme de Beauséant, Rastignac élucide le mystère du père Goriot
- Péripétie n2 : Vautrin propose au jeune homme une autre manière pour arriver à ses fins, se servir de Victorine Taillefer
- Premier dénouement
- Echec de la séduction de Victorine
- Second dénouement
- Delphine devient la maîtresse de Rastignac
- Situation finale
- Vautrin arrêté, Beauséant exilé, Goriot mort et Rastignac commence une nouvelle vie.
Schéma actantiel
- Situation Initiale
- • Equilibre: province, arrivée à Paris, pension Vauquer…
- • Déséquilibre: rencontre de Goriot et Vautrin
- • Manque: réussite sociale = argent.
- Situation de Transformation
- • Objet: devenir lucide, adulte et responsable
- • Epreuve qualifiante: Goriot et Vautrin le désignent
- • Héros: Rastignac
- • Etapes: Pension Vauquer; Taillefer; Langeais, Restaud, Bauséant, Nucingen; Arrestation de Vautrin; fils de goriot.
- Situation Finale
- • Equilibre: Vie adulte à Paris: société nouvelle
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En quoi le schéma actantiel est-il significatif d'une quête du 19es?
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Le schéma est révélateur du 19e siècle car Rastignac souhaite arriver à l'âge adulte et responsable. Il s'agit d'un roman d'apprentissage. On voit ce personnage évoluer dans la société parisienne. Il bénéficie des enseignements de Vautrin et de Mme Beauséant. Il représente le 19ème siècle avec ce que cela suppose : le pouvoir de l'argent, le progrès. Il est ambitieux et arriviste.
- La dernière phrase, "A nous deux maintenant" montre que le personnage sans scrupules commence une nouvelle vie dans cette société parisienne. Elle marque donc la fin de l'initiation.
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le mystère Goriot, les personnages s’observent
Objectifs : pour comprendre l'évolution des personnages à partir des extraits du livre
→ La focalisation et l'exposition Supports → Goriot épié par Rastignac : de « Sa pensée vagabonde » à « ne pas inconsidérément condamner son voisin » Sa pensée vagabonde escomptait si drûment ses joies futures qu'il se croyait auprès de madame de Restaud quand un soupir semblable à un ban de saint joseph troubla le silence de la nuit, retentit au coeur du jeune homme de manière à le lui faire prendre pour le râle d'un moribond. Il ouvrit doucement la porte, et quand il fut dans le corridor, il aperçut une ligne de lumière tracée au bas de la porte du père Goriot. Eugène craignit que son voisin ne se trouvât indisposé, il approcha son oeil de la serrure, regarda dans la chambre, et vit le vieillard occupé de travaux qui lui parurent trop criminels pour qu'il ne crût pas rendre service à la société en examinant bien ce que machinait nuitamment le soi-disant vermicellier. Le père Goriot, qui sans doute avait attaché sur la barre d'une table renversée un plat et une espèce de soupière en vermeil, tournait une espèce de câble autour de ces objets richement sculptés, en les serrant avec une si grande force qu'il les tordait vraisemblablement pour les convertir en lingots.- Peste! quel homme! se dit Rastignac en voyant le bras nerveux du vieillard qui, à l'aide de cette corde, pétrissait sans bruit l'argent doré, comme une pâte. Mais serait-ce donc un voleur ou un receleur qui, pour se livrer plus sûrement à son commerce, affecterait la bêtise, l'impuissance, et vivrait en mendiant? se dit Eugène en se relevant un moment. L'étudiant appliqua de nouveau son oeil à la serrure. Le père Goriot, qui avait déroulé son câble, prit la masse d'argent, la mit sur la table après y avoir étendu sa couverture, et l'y roula pour l'arrondir en barre, opération dont il s'acquitta avec une facilité merveilleuse.- Il serait donc aussi fort que l'était Auguste, roi de Pologne? se dit Eugène quand la barre ronde fut à peu près façonnée. Le père Goriot regarda tristement son ouvrage, des larmes sortirent de ses yeux, il souffla le rat-de-cave à la lueur duquel il avait tordu ce vermeil, et Eugène l'entendit se coucher en poussant un soupir.- Il est fou, pensa l'étudiant. - Pauvre enfant! dit à haute voix le père Goriot. A cette parole, Rastignac jugea prudent de garder le silence sur cet événement, et de ne pas inconsidérément condamner son voisin.
Conclusion - Bilan Cet extrait du Père Goriot fait partie de la Comédie humaine, c'est un texte essentiel car il nous révèle l'état d'esprit d'Eugène de Rastignac, on le devine curieux, malsain parfois. Cette manière d’exposer est-elle caractéristique de Balzac? Le mystère est mis en avant, la lecture est incitative. Le lecteur est directement dans l'action et voit la scène par les yeux de Rastignac : cela est rendu possible par la focalisation interne. Le lecteur se fait voyeur au même titre que Rastignac.
Après avoir décrit une « pension bourgeoise » des plus sordides, le narrateur nous présente sa propriétaire, madame Vauquer : « (…) Cette pièce est dans tout son lustre au moment où, vers sept heures du matin, le chat de madame Vauquer précède sa maîtresse, saute sur les buffets, y flaire le lait que contiennent plusieurs jattes couvertes d’assiettes, et fait entendre son ronron matinal. Bientôt la veuve se montre, attifée de son bonnet de tulle sous lequel pend un tour de faux cheveux mal mis ; elle marche en traînassant ses pantoufles grimacées. Sa face vieillotte, grassouillette, du milieu de laquelle sort un nez à bec de perroquet ; ses petites mains potelées, sa personne dodue comme un rat d’église, son corsage trop plein et qui flotte, sont en harmonie avec cette salle où suinte le malheur, où s’est blottie la spéculation et dont madame Vauquer respire l’air chaudement fétide sans en être écoeurée. Sa figure fraîche comme une première gelée d’automne, ses yeux ridés, dont l’expression passe du sourire prescrit aux danseuses à l’amer renfrognement de l’escompteur , enfin toute sa personne explique la pension, comme la pension implique sa personne. Le bagne ne va pas sans l’argousin, vous n’imagineriez pas l’un sans l’autre. L’embonpoint blafard de cette petite femme est le produit de cette vie, comme le typhus est la conséquence des exhalaisons d’un hôpital. Son jupon de laine tricoté, qui dépasse sa première jupe faite avec une vieille robe, et dont la ouate s’échappe par les fentes de l’étoffe lézardée, résume le salon, la salle à manger, le jardinet, annonce la cuisine et fait pressentir les pensionnaires. Quand elle est là, ce spectacle est complet ».
Eugène Balzac – Le Père Goriot - Le portrait de Mme Vauquer
Eugène Balzac – Le Père Goriot - Le portrait de Mme Vauquer Dans cet extrait, Balzac nous fait le portrait de Madame Vauquer, un portrait bien singulier et ironique puisqu'il suit en première partie la description de la pension. Nous verrons que ces descriptions se font écho, puisque le décor de la pension reflète le portrait de sa propriétaire. Il y a une osmose entre le personnage et son décor, on peut parler d'interaction, de rapport entre le physique et le caractère. La pension est le lieu d'habitation de la tenancière, nous sommes à Paris en 1819. L'intérêt de s'y attarder tient au fait que ce lieu devient mythique puisqu'il retrace le drame du père Goriot. On peut noter une description statique des lieux qui se substitue à une description plus dynamique des personnages. Nous avons ici Mme Vauquer au saut du lit . Nous allons en étudier la laideur, le réalisme et l'ironie de Balzac. I – La laideur d'un portrait réaliste et ironique: médiocrité et mesquinerie La laideur transparaît dans sa réalité la plus manifeste. Le quotidien se charge de nous livrer dans les détails les apparences d'une Mme Vauquer prise au saut du lit et faisant l'objet d'une peinture peu gracieuse. Balzac se charge de nous montrer le personnage sans se soucier des détails disgracieux. Nous voyons la veuve attifée, sortie de son lit et prendre vie sous la plume d'un Balzac au vocabulaire familier pour accentuer la laideur du portrait de la femme. La peinture est réaliste et laisse transparaître un blâme: On la devine coquette grâce à la référence de bonnet de tulle qui est un vêtement de femme mais d'un tissu bon marché, donc coquette mais radine. Le laisser aller de Madame Vauquer se traduit par les pantoufles. Elle laisse transparaître une certaine pauvreté, une misère vis-à-vis de ses pensionnaires dans un but bien précis. Calculatrice, elle souhaite se faire ainsi plaindre dans le but d'arriver à ses fins. Ainsi, ils la plaignent car la croient sans fortune et «bonne femme» que le lecteur assimile davantage à une bonne comédienne. Non soupçonnée d'abuser ses locataires, elle est ainsi à l'abri des soupçons d'abus. Le champ lexical de l'argent confirme cet aspect du personnage = « spéculation », « escompteur », « payer plus cher », « fortune ». Son portrait moral de femme radine, calculatrice, manipulatrice se double d'un portrait physique bien peu flatteur ainsi que le suggèrent les termes péjoratifs. On la devine grassouillette (mains potelées, embonpoint ) .... rat d'église, œil vitreux, air innocent de l'entremetteuse (qui connote la tromperie). L'odeur animale renforce la laideur d'un tableau déjà repoussant. Il y a une multitude de comparaisons aux animaux. On peut à cet égard, mettre en avant les champs lexicaux de l'animalité = « nez à bec de perroquet », « rat d’église » ; La maladie est en outre suggérée avec les expressions suivantes = « embonpoint blafard », typhus », « exhalaisons d’un hôpital », « œil vitreux », « « geindre », « tousser » ; Parmi les champs lexicaux présents, on peut aussi mettre en avant celui de la pauvreté = « tour de faux cheveux mal mis », « pantoufles grimacées », « malheur » (exprimé trois fois), « vieille robe », étoffe lézardée », « entremetteuse », « les yeux pour pleurer », ne compatir à aucune infortune »,« souffert ». Au portrait succède la caricature, le portrait ironique. Balzac commence par les seins, «corsage trop plein et qui flotte», vient ensuite sa physionomie, «air chaudement fétide», «yeux ridés». La caricature est globale car l'insistance est mise sur l'ensemble du personnage, son âge, le poids des malheurs en italique, son œil vitreux, de «bonne femme au fond». Les défauts physiques sont exagérés de manière à mettre en avant son avarice, son égoïsme. II Le personnage et son décor : l’osmose Ainsi Mme Vauquer est présentée comme une « veuve », « attifée », avec de « faux cheveux », « vieillotte », « ridée », « sourire prescrit », débordant de graisse (« corsage trop plein », mains potelées »), elle répond à l'image de la salle qui « suinte le malheur… la spéculation ». On remarque que Balzac va de l'extérieur à l'intérieur. « sa personne dodue [.] sont en harmonie avec cette salle ». Le personnage et le décor sont étroitement lié. On remarque l'utilisation de termes abstraits et concrets avec par exemple« cette salle où suinte le malheur » ou encore, « où s'est blotti la spéculation » La pension est ainsi l'expression d'un décor, vieux, laid, désagréable, rebutant. Elle s'apparente à une ruine tout comme sa propriétaire « l'étoffe lézardée ». L'harmonie entre le personnage et le lieu se traduit également avec son jupon qui annonce le salon, la salle à manger et laisse deviner les pensionnaires. Vieux, laid, délabré, vidé, autant d’adjectifs qui correspondent autant à Mme Wauquer qu’à la pension. Le personnage modèle le milieu dans lequel il vit, et vice versa : l’osmose. On comprend le message de Balzac = le milieu reflète le personnage Le naturalisme, application de la théorie de Darwin dans un roman.
Séquence roman Lecture du texte : Les deux prêtres, l'enfant de choeur et le bedeau vinrent et donnèrent tout ce qu'on peut avoir pour soixante-dix francs dans une époque où la religion n'est pas assez riche pour prier gratis. Les gens du clergé chantèrent un psaume, le Libera, le De profundis. Le service dura vingt minutes. Il n'y avait qu'une seule voiture de deuil pour un prêtre et un enfant de choeur, qui consentirent à recevoir avec eux Eugène et Christophe.
I Un enterrement bâclé, d’un homme pauvre et abandonné Le mourant, Goriot à l’agonie souffre plus de l’abandon de ses filles que de l’approche de la mort elle-même ainsi que le suggèrent les expressions suivantes, « Il n’y avait qu’une seule voiture de deuil.. Il n’y a point de suite… «. Il porte sa souffrance à son paroxysme car son sacrifice d’une vie pour ses deux enfants suscite de la pitié de la part du lecteur qui compatit et partage la déchirure de ce vieil homme abondonné par les deux êtres auxquels il tient le plus au monde. Les voiture sont donc vides, l’absence est ainsi connotée et tranche avec l’aspect valorisé du point de vue social des voitures « armoriées », vides certes mais armoriées. La noblesse du titre nous montre que les apparences sont sauves, les filles sont absentes mais elles sont représentées par leurs domestiques, « les gens de ses filles ». Le sens du prestige social contraste et met en relief l’absence de sentiments. Précipitation de l’enterrement du pauvre homme. Nous voyons le clergé intervenir de manière très calculée « Le service dura vingt minutes… Nous pouvons aller vite… il est cinq heures et demie… A six heures, le Père Goriot… ». Il semble donc que tous souhaitent voir la fin de l’enterrement ainsi que le suggère la phrase « aussitôt que fut dite la courte prière… ». Les verbes au passé simple amplifient l’impression expéditive de la cérémonie « Les deux prêtres… vinrent et donnèrent,… les gens du clergé chantèrent,… deux voitures armoriées mais vides se présentèrent et suivirent… le corps du Père Goriot fut descendu… », ou encore « A six heures, le corps du Père Goriot fut descendu dans sa fosse, autour de laquelle étaient les gens de ses filles, qui disparurent avec le clergé aussitôt que fut dite la courte prière due au bonhomme pour l’argent de l’étudiant ». Nous voyons tout au long de cet enterrement que l’argent dirige tout, on lit tout d’abord que Goriot obtient »tout ce qu’on peut avoir pour soixante dix francs », la religion est ensuite mise en cause de ce point de vue car même pour elle et jusque dans la mort, « la religion n’est pas assez riche pour payer gratis », le clergé sait facturer ses services surtout face à la gestion d‘un convoi funéraire, plus loin dans le texte, « l’un des fossoyeurs lui demanda un pourboire ». La place de l’argent est donc très importante dans cette page finale du roman. II - La fin d’une initiation Eugène a une réelle prise de conscience par rapport au passé. Il se révolte contre le spectacle de la pauvreté. En effet, il lui manque Vingt sous et « Ce fait si léger en lui-même détermina chez Rastignac un accès d’horrible tristesse ». La tristesse domine, il est démuni et n’est plus celui qu’il était. Il réalise l’importance de son dénuement qui l’apparente trop selon lui à celui de Goriot. Etat qu’il refuse mais c’est la fin des illusions. La tonalité dominante à ce moment du passage est la tristesse. Pourtant, l’espoir d’un renouveau transparaît dans la phrase suivante : « Il se croisa les bras, contempla les nuages, et, le voyant ainsi, Christophe le quitta ». Elle connote une sorte de retour à la vie, l’espoir d’une renaissance, d’un recommencement, le regard vers le ciel et les nuages pourrait traduire de manière imagée son désir d’ascension. Sa foi en la vie renaît comme les promesses d’un nouvel avenir. Nous voyons Rastignac reprendre goût à la vie fastueuse, il rêve secrètement de Paris , la richesse l’attire et le fascine, tout ce qui appartient au monde Parisien est séduction. C’est une ville de fête, « commençaient à briller les lumières », d’argent, de beaux quartiers « là où vivait ce beau monde ». Paris devient l’objet en rêve de tous ses désirs, de toutes ses aspirations, il le vit déjà en pensée ainsi que le suggère l’expression : « un regard qui semblait par avance en pomper le miel » . Son appétit sans limites, sa soif de conquête, de luxe et de fêtes parisiennes se traduit dans l’apostrophe « A nous deux maintenant! ». Le lecteur ressent l’ambition démesurée de cet homme que rien ne peut arrêter, il se présente sous les traits d’un conquérant, d’un homme jeune, déterminé et plein d’assurance. C’est pourquoi, il décide de se servir du sentiment amoureux pour arriver à ses fins mercantiles. Il s’offre un dîner d’ambitieux : « Rastignac alla dîner chez madame de Nucingen ». Il est désormais Rastignac et tout même l’amour devient l’instrument de son ambition sans bornes. Conclusion Cette dernière page du roman est importante, on y retrouve le thème de la vie envisagée par Balzac dans sa fin et son commencement, une vie s’achève et une commence. On retrouve dans cette dernière page le thème de l’égoisme dominant dans l’œuvre de Balzac. On peut dire qu’il s’agit de la fin d’une initiation car Eugène se retrouve face à lui-même, Vautrin est arrêté, Goriot est mort mais il aura contribué à son apprentissage de vie.
Rastignac : le maître du jeu Eugène = le héros Début de la deuxième partie (« L’entrée dans le monde », de « Monsieur, dit le Père Goriot en entrant » à « Eugène et le père Goriot étaient devenus de bons amis »). Rastignac n’est plus un espion mais un confident, il est à présent ami avec Goriot. Ils ont un intérêt commun. Goriot se sert de Rastignac pour savoir si ses filles se sont bien amusées et Eugène de Goriot pour atteindre Delphine de Nucingen. Cependant, Rastignac est devenu le maître du jeu et indispensable pour le père Goriot très délaissé. Goriot est le héros éponyme de l’œuvre, Rastignac devient le héros du livre, il est le symbole de la réussite mondaine, le personnage qui se construit par opposition à Goriot qui incarne la déchéance. |
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Date de dernière mise à jour : 03/09/2023