Molière Dom Juan ou le Festin de pierre

 

DNBAC


Le texte théâtral et sa représentation

Dom Juan ou le Festin de pierre

 

Problématique : pourquoi le Dom juan ou le Festin de Pierre de Molière est-il une pièce inclassable?

Lectures analytiques

Dom Juan ou le Festin de Pierre, Molière, I, 2

Dom Juan ou le Festin de Pierre, Molière, V, 5 et 6

Tirso de Molina, le Trompeur de Séville et l'invité de pierre, la scène de dénouement : "DON GONZALE. - Tel est le vin qui sort de nos pressoirs." "CATHERINON. - Dieu me protège! Qu'est ceci? Toute la chapelle est en flammes..."

 

Etudes d'ensemble :

La séquence théâtre

 

  • Qu'est-ce que le monologue?
  • Définir la didascalie
  • Quelles formes le dialogue peut-il prendre?
  • L'action dramatique
  • La structure interne

 

Le mythe de Don Juan :

 

  • Les caractéristiques du mythe
  • Molière, Schmitt, Tirso de Molina

 

Questions sur la séquence le théâtre :

le langage théâtral

Qu'est ce qu'un monologue?

Il manifeste la présence d'un personnage seul sur scène qui se parle à lui même ou éventuellement à quelqu'un d'absent. Il permet au spectateur de connaitre les pensée du personnage.

Définir la didascalie

Indications scéniques en italique le plus souvent qui donnent des information au metteur en scène ou au lecteur; On distingue les didascalies initiales, elles donnent le titre de la pièce, les listes des personnages, les indications scéniques de lieu et du décor. Les didascalies internes accompagnent le dialogue.

Quelle forme le dialogue peut il prendre?

  • Il manifeste la présence d'au moins deux personnages sur scène. Il prend différentes formes :
  • - la réplique : elle constitue la réponse d'une personne à l'autre
  • - la répartie : c'est une réplique brève qui répond à une attaque
  • -stichomythie : dialogue où les personnages se répondent vers par vers et qui donne un style à l'échange

 

L'action dramatique :

  • quelles sont les règles des trois unités? Les règles ont été élaborées tout au long du 17 ème siècle
  • - règle du temps : l'action ne doit pas dépasser 24 heures
  • - règle du lieu : un décor de palais pour une tragédie
  • un intérieur bourgeois pour la comédie
  • - l'action : tenir l'intrigue à une action principale
  • - la vraisemblance : vise ce que le public peut croire
  • - la bienséance : elle interdit de faire couler le sang sur scène
  • - découpage d'une pièce de théâtre : les actes sont en général au nombre de 5 , il n'y en a que 3 parfois dans les comédies.

 

La structure interne :

  • - l'exposition : elle informe le spectateur de la situation initiale par des renseignements sur le lieu et le temps, les personnages et l'action.
  • - le noeud dramatique : il situe les obstacles et les conflits qui empêchent la progression de l'action. Celle ci est ponctuée de péripéties comme les sentiments de situation, les coups de théâtre, les quiproquos qui retardent l'action et les rebondissements qui compliquent l'intrigue.
  • - le dénouement : Il permet de résoudre les conflits présents dans l'intrigue.
  • La scène théâtrale :
  • Un espace de jeu : les décors, les costumes, les maquillages contribuent au symbolisme de la scène en soulignant les choix du metteur en scène.

 

 

  • Questions sur le mythe de Don Juan : la réécriture du mythe

  • **Le nom de Don Juan est entré dans la langue française et désigne désormais un libertin et un séducteur. Tirso de Molina En 1630 Tirso de Molina crée un Don Juan baroque.
  • Faire un résumé du mythe de Don Juan
  • Don Juan est un mythe qui raconte l’histoire d’un homme qui recherche et vit dans le plaisir et la jouissance de l’instant présent, en s'opposant aux contraintes et aux règles sociales, morales et religieuses, ainsi qu'en ignorant volontairement autrui. Il est donc à la fois jouisseur et cynique, également égoïste et destructeur.
  • Après Tirso de Molina, qui a écrit sur Don Juan au théâtre, en poésie, pour l’opéra?
  • Le Trompeur de Séville et le Convive de pierre attribué à Tirso de Molina, dramaturge espagnol est publié en 1630
  • Molière reprend le texte et l’adapte en 1665, Mozart avec l’opéra, Don Giovanni, Baudelaire en poésie avec Don Juan aux enfers
  • Quels sont les éléments qui ont contribué à la création du mythe?
  • Les éléments surnaturels ont contribué à la création du mythe
  • De quel thème moral dominant s’agit-il?
  • On peut parler d’un thème moral au sens où l’idée de punition domine, il s’agit de punir le débauché (idée fréquente à l’époque dans les collèges religieux et les ballades populaires.
  • Quelle est la date de publication du trompeur de Séville de Tirso de Molina?
  • 1630
  • Ce texte a t’-il été intégré à la commedia dell’arte?
  • Oui
  • Qui réadapte le texte en 1665?
  • Molière
  • Qui le personnage de Don Juan a t’-il fasciné?
  • Mozart, Molière, Baudelaire
  • Malgré l’évolution des mœurs, le personnage de Don Juan au-delà des réécritures change t’-il?
  • Il évolue mais ses caractéristiques restent identiques : refus des règles morales et sociales, défi à l’autorité et à Dieu, séduction des femmes mariées.
  • La trame de fond reste t’-elle la même?
  • Oui.
  • Quels sont les éléments communs à toutes les réécritures?
  • Don Juan reste un marginal, libertin, débauché
  • Quel mouvement littéraire fait apparaître un Don Juan libertin repenti?
  • Le romantisme
  • Quel auteur est à l’origine de ces changements?
  • Mérimée
  • Faire une fiche sur : recherches personnelles
  • Analysez les différences et les points communs sous forme d’un tableau synthétique
  • Les caractéristiques de Don Juan chez Tirso de Molina
  • Don Juan chez Tirso de Molina est en quête de plaisir, il fait abstraction des autres pour satisfaire de manière égoiste et cynique ses intérêts et son propre plaisir. Il manipule et ne se remet pas en question au point de porter au plus haut ses tendances aux défis à l’autorité, à Dieu. Il est antisocial, matérialiste, il ne vit que dans l’instant et pour le plaisir et remet à plus tard son repentir mais il se repent trop tard car il est déjà plongé dans les flammes de l’enfer.
  • Les caractéristiques de Don Juan chez Molière
  • Don Juan de Molière reprend le personnage de Molina, il est toujours celui qui est en quête de femmes à séduire soucieux de son plaisir charnel, égoiste et cynique, manipulateur et séducteur, défiant Dieu et l’ordre établi, antisocial, marginal, libertin impie mais il ne se repent jamais même plongé dans les flammes de l’enfer.
  • . Dans quel ouvrage, Schmitt propose t’-il une réécriture originale de Dom Juan avec un héros humain?
  • La Nuit de Valognes : Schmitt
  • Montrez en quoi
  • Don juan a trouvé dans l’amour une dimension qui n’est pas sexuelle , physique . Il trouve le bonheur dans l’amour des autres et non dans l’amour de l’autre  On peut observer une quête intérieure de la part du personnage. Il se cherche en passant par l’amour des autres en général  Prise de conscience face à cette nouvelle conception de l’amour, il ressent une angoisse métaphysique. Ce personnage est devenu fragile, ce n’est plus un « sur- homme » .Don juan reste un homme qui s’interroge sur la vie et sur l’amour. Un nouveau Don juan voit le jour mais en même temps il est troublé (= pas heureux) Cette nouvelle conception de l’amour passe par un questionnement (questions à la duchesse) Don juan s’éloigne de Sganarelle = une nouvelle confiance en lui commence (= nouveau costume) L’ancien Don juan a disparu
  • L’ ancien Don juan a disparu, nous avons une fin originale, en ce sens, nous pouvons parler d‘une réécriture originale. Ouverture sur Tirso de Molina ou sur le dénouement de don juan de Molière

 

OBJET D’ETUDE : LE TEXTE THEATRAL ET SA REPRESENTATION

SEQUENCE  : DOM JUAN
LECTURES ANALYTIQUES:

LA : Acte I, scène 2:
a- Dans quelle mesure peut-on dire que la première apparition de Dom Juan dans la pièce est une pièce de bravoure dans le domaine de l'éloquence? Comment le dramaturge s'y prend-il pour convaincre de la virtuosité rhétorique de son personnage?
b- Montrez que cet éloge de l'infidélité dresse un portrait ambigu de Dom Juan?


LA : Acte V, scènes 5 et 6:
a- Interprétez et discutez le sens de ce dénouement final.
b- Comment est représenté ce dénouement foudroyant?
c- Quelle est la singularité spectaculaire de ce dénouement?

THÈMES:
Hédonisme / épicurisme
Libertinage / Inconstance
Maître et valet
Hypocrisie
Athéisme
Cynisme
Libre-pensée et rationalisme
Surnaturel

 

Dom Juan (acte I - scene2)

 

  • Tirade de l’inconstance
  • Problématique :
  • En quoi cette tirade est-elle paradoxale?
  • Plan de l'étude :
  • I - La gravité de l'éloge
  • II - Le caractère de l'éloge
  • III - Les arguments de Don Juan

 

Lecture du texte :
Scène II

 

DOM JUAN, SGANARELLE.
DOM JUAN: Quel homme te parlait là? Il a bien de l'air, ce me semble, du bon Gusman de Done Elvire.
SGANARELLE: C'est quelque chose aussi à peu près de cela.
DOM JUAN: Quoi? c'est lui?
SGANARELLE: Lui-même.
DOM JUAN: Et depuis quand est-il en cette ville?
SGANARELLE: D'hier au soir.
DOM JUAN: Et quel sujet l'amène?
SGANARELLE: Je crois que vous jugez assez ce qui le peut inquiéter.
DOM JUAN: Notre départ sans doute?
SGANARELLE: Le bonhomme en est tout mortifié, et m'en demandait le sujet.
DOM JUAN: Et quelle réponse as-tu faite?
SGANARELLE: Que vous ne m'en aviez rien dit.
DOM JUAN: Mais encore, quelle est ta pensée là-dessus? Que t'imagines-tu de cette affaire?
SGANARELLE: Moi, je crois, sans vous faire tort, que vous avez quelque nouvel amour en tête.
DOM JUAN: Tu le crois?
SGANARELLE: Oui.
DOM JUAN: Ma foi! tu ne te trompes pas, et je dois t'avouer qu'un autre objet a chassé Elvire de ma pensée.
SGANARELLE: Eh mon Dieu! je sais mon Dom Juan sur le bout du doigt, et connais votre cœur pour le plus grand coureur du monde: il se plaît à se promener de liens en liens, et n'aime guère à demeurer en place.
DOM JUAN: Et ne trouves-tu pas, dis-moi, que j'ai raison d'en user de la sorte?
SGANARELLE: Eh! Monsieur.
DOM JUAN: Quoi? Parle.
SGANARELLE: Assurément que vous avez raison, si vous le voulez; on ne peut pas aller là contre. Mais si vous ne le vouliez pas, ce serait peut-être une autre affaire.
DOM JUAN: Eh bien! je te donne la liberté de parler et de me dire tes sentiments.
SGANARELLE: En ce cas, Monsieur, je vous dirai franchement que je n'approuve point votre méthode, et que je trouve fort vilain d'aimer de tous côtés comme vous faites.
DOM JUAN: Quoi? tu veux qu'on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend, qu'on renonce au monde pour lui, et qu'on n'ait plus d'yeux pour personne? La belle chose de vouloir se piquer d'un faux honneur d'être fidèle, de s'ensevelir pour toujours dans une passion, et d'être mort dès sa jeunesse à toutes les autres beautés qui nous peuvent frapper les yeux! Non, non: la constance n'est bonne que pour des ridicules; toutes les belles ont droit de nous charmer, et l'avantage d'être rencontrée la première ne doit point dérober aux autres les justes prétentions qu'elles ont toutes sur nos cours. Pour moi, la beauté me ravit partout où je la trouve, et je cède facilement à cette douce violence dont elle nous entraîne. J'ai beau être engagé, l'amour que j'ai pour une belle n'engage point mon âme à faire injustice aux autres; je conserve des yeux pour voir le mérite de toutes, et rends à chacune les hommages et les tributs où la nature nous oblige. Quoi qu'il en soit, je ne puis refuser mon cœur à tout ce que je vois d'aimable; et dès qu'un beau visage me le demande, si j'en avais dix mille, je les donnerais tous. Les inclinations naissantes, après tout, ont des charmes inexplicables, et tout le plaisir de l'amour est dans le changement. On goûte une douceur extrême à réduire, par cent hommages, le cœur d'une jeune beauté, à voir de jour en jour les petits progrès qu'on y fait, à combattre par des transports, par des larmes et des soupirs, l'innocente pudeur d'une âme qui a peine à rendre les armes, à forcer pied à pied toutes les petites résistances qu'elle nous oppose, à vaincre les scrupules dont elle se fait un honneur et la mener doucement où nous avons envie de la faire venir. Mais lorsqu'on en est maître une fois, il n'y a plus rien à dire ni rien à souhaiter; tout le beau de la passion est fini, et nous nous endormons dans la tranquillité d'un tel amour, si quelque objet nouveau ne vient réveiller nos désirs, et présenter à notre cœur les charmes attrayants d'une conquête à faire. Enfin il n'est rien de si doux que de triompher de la résistance d'une belle personne, et j'ai sur ce sujet l'ambition des conquérants, qui volent perpétuellement de victoire en victoire, et ne peuvent se résoudre à borner leurs souhaits. Il n'est rien qui puisse arrêter l'impétuosité de mes désirs: je me sens un cœur à aimer toute la terre; et comme Alexandre, je souhaiterais qu'il y eût d'autres mondes, pour y pouvoir étendre mes conquêtes amoureuses.
SGANARELLE: Vertu de ma vie, comme vous débitez! Il semble que vous ayez appris cela par cœur, et vous parlez tout comme un livre.
DOM JUAN: Qu'as-tu à dire là-dessus?
SGANARELLE: Ma foi! j'ai à dire., je ne sais; car vous tournez les choses d'une manière, qu'il semble que vous avez raison; et cependant il est vrai que vous ne l'avez pas. J'avais les plus belles pensées du monde, et vos discours m'ont brouillé tout cela. Laissez faire: une autre fois je mettrai mes raisonnements par écrit, pour disputer avec vous.
DOM JUAN: Tu feras bien.
SGANARELLE: Mais, Monsieur, cela serait-il de la permission que vous m'avez donnée, si je vous disais que je suis tant soit peu scandalisé de la vie que vous menez?
DOM JUAN: Comment? quelle vie est-ce que je mène?
SGANARELLE: Fort bonne. Mais, par exemple, de vous voir tous les mois vous marier comme vous faites.
DOM JUAN: Y a-t-il rien de plus agréable?
SGANARELLE: Il est vrai, je conçois que cela est fort agréable et fort divertissant, et je m'en accommoderais assez, moi, s'il n'y avait point de mal; mais, Monsieur, se jouer ainsi d'un mystère sacré, et.
DOM JUAN: Va, va, c'est une affaire entre le Ciel et moi, et nous la démêlerons bien ensemble, sans que tu t'en mettes en peine.
SGANARELLE: Ma foi! Monsieur, j'ai toujours ouï dire que c'est une méchante raillerie que de se railler du Ciel, et que les libertins ne font jamais une bonne fin.
DOM JUAN: Holà! maître sot, vous savez que je vous ai dit que je n'aime pas les faiseurs de remontrances.
SGANARELLE: Je ne parle pas aussi à vous, Dieu m'en garde. Vous savez ce que vous faites, vous; et si vous ne croyez rien, vous avez vos raisons; mais il y a de certains petits impertinents dans le monde, qui sont libertins sans savoir pourquoi, qui font les esprits forts, parce qu'ils croient que cela leur sied bien; et si j'avais un maître comme cela, je lui dirais fort nettement, le regardant en face: "Osez-vous bien ainsi vous jouer au Ciel, et ne tremblez-vous point de vous moquer comme vous faites des choses les plus saintes? C'est bien à vous, petit ver de terre, petit mirmidon que vous êtes (je parle au maître que j'ai dit), c'est bien à vous à vouloir vous mêler de tourner en raillerie ce que tous les hommes révèrent? Pensez-vous que pour être de qualité, pour avoir une perruque blonde et bien frisée, des plumes à votre chapeau, un habit bien doré, et des rubans couleur de feu (ce n'est pas à vous que je parle, c'est à l'autre), pensez-vous, dis-je, que vous en soyez plus habile homme, que tout vous soit permis, et qu'on n'ose vous dire vos vérités? Apprenez de moi, qui suis votre valet, que le Ciel punit tôt ou tard les impies, qu'une méchante vie amène une méchante mort, et que."
DOM JUAN: Paix!
SGANARELLE: De quoi est-il question?
DOM JUAN: Il est question de te dire qu'une beauté me tient au cœur, et qu'entraîné par ses appas, je l'ai suivie jusques en cette ville.
SGANARELLE: Et n'y craignez-vous rien, Monsieur, de la mort de ce commandeur que vous tuâtes il y a six mois?
DOM JUAN: Et pourquoi craindre? Ne l'ai-je pas bien tué?
SGANARELLE: Fort bien, le mieux du monde, et il aurait tort de se plaindre.
DOM JUAN: J'ai eu ma grâce de cette affaire.
SGANARELLE: Oui, mais cette grâce n'éteint pas peut-être le ressentiment des parents et des amis, et.
DOM JUAN: Ah! n'allons point songer au mal qui nous peut arriver, et songeons seulement à ce qui nous peut donner du plaisir. La personne dont je te parle est une jeune fiancée, la plus agréable du monde, qui a été conduite ici par celui même qu'elle y vient épouser; et le hasard me fit voir ce couple d'amants trois ou quatre jours avant leur voyage. Jamais je n'ai vu deux personnes être si contents l'un de l'autre, et faire éclater plus d'amour. La tendresse visible de leurs mutuelles ardeurs me donna de l'émotion; j'en fus frappé au cœur et mon amour commença par la jalousie. Oui, je ne pus souffrir d'abord de les voir si bien ensemble; le dépit alarma mes désirs, et je me figurai un plaisir extrême à pouvoir troubler leur intelligence, et rompre cet attachement, dont la délicatesse de mon cœur se tenait offensée; mais jusques ici tous mes efforts ont été inutiles, et j'ai recours au dernier remède. Cet époux prétendu doit aujourd'hui régaler sa maîtresse d'une promenade sur mer. Sans t'en avoir rien dit, toutes choses sont préparées pour satisfaire mon amour, et j'ai une petite barque et des gens, avec quoi fort facilement je prétends enlever la belle.
SGANARELLE: Ha! Monsieur.
DOM JUAN: Hein?
SGANARELLE: C'est fort bien fait à vous, et vous le prenez comme il faut. Il n'est rien tel en ce monde que de se contenter.
DOM JUAN: Prépare-toi donc à venir avec moi, et prends soin toi-même d'apporter toutes mes armes, afin que. Ah! rencontre fâcheuse. Traître, tu ne m'avais pas dit qu'elle était ici elle-même.
SGANARELLE: Monsieur, vous ne me l'avez pas demandé.
DOM JUAN: Est-elle folle, de n'avoir pas changé d'habit, et de venir en ce lieu-ci avec son équipage de campagne?

 

 

¨Première partie de l'entretien :

Présentation et étude de la scène

Nous allons étudier une tirade (longue réplique) de Dom Juan (I,2), qui est l’œuvre de Molière, auteur, dramaturge et comédien français du XVII ème siècle, il va faire l’éloge de l’inconstance/infidélité. Nous allons voir en quoi cette tirade est paradoxale.
Tout d’abord, on va étudier la gravité de l’éloge puis le caractère de l’éloge et pour finir on se demandera comment DJ argumente sa thèse.
 
I. La gravité de l’éloge.
Dom Juan déroule, dans se tirade, les arguments qui servent à louer l’infidélité: c’est un éloge de l’inconstance. Cela se traduit dans l’usage que Molière fait de l’hyperbole dans l’ensemble de la tirade. Par exemple, Dom Juan dit : « Et si j’en avais mille (des cœurs), je les donnerai tous ». L’hyperbole transmet bien au spectateur la démesure du caractère adultère de Dom Juan. En outre, l’enthousiasme de Dom Juan sert également à cacher l’immoralité de son éloge de l’infidélité. Dom Juan suggère qu’il est généreux, qu’il a du cœur et même des cœurs alors qu’en réalité, il veut dire qu’il est volage. L’hyperbole du type « toutes les belles ont le don de nous charmer » sont autant d’arguments qui défendent la valeur méconnue de l’infidélité. La tirade est un éloge de l’inconstance qui ne peut que choquer Sganarelle et le spectateur.
 
II. Le caractère de l’éloge.
En effet, cet éloge est paradoxal comme celui que Sganarelle prononce au sujet du tabac lors de la scène d’exposition. L’éloge paradoxal est un genre de texte. Cela signifie que DJ ensence ce qui est jugé indigne par la société. La valeur de la fidélité est honnie par DJ qui, en tant que libertin, lui préfère la frivolité amoureuse. Le caractère paradoxal (ou ambivalent ou ambigu) de l’éloge apparaît dans l’oxymore « douce violence ». Dans cet exemple, « douce » s’oppose à « violence » pour exprimer la nature perverse de DJ qui se plaît à faire souffrir les femmes en les séduisant. L’adjectif « douce » atténue l’immoralité de la violente idée qu’exprime DJ : c’est un plaisir de manipuler autrui et c’est le seul plaisir de l’amour.
 
III. Les arguments de Don Juan
Dans ces conditions, DJ apparaît comme un libertin qui défend avec maestria ses idées subversives. Il déploie tous les ressorts de l’art oratoire pour convaincre Sganarelle et le spectateur de sa doctrine du libre amour. Cela est manifeste dans la comparaison qui clôt le champ lexical de la guerre. Dom Juan parle d’amour en termes guerriers: « douce violence, pas à pas, forcer, céder, de victoire en victoire, etc. ». Ce champ lexical belliqueux est normalement, l’antithèse de l’amour mais DJ marque ici sa conception du libertinage qui envisage la conquête amoureuse comme un asservissement de la femme. En outre, il se compare à Alexandre le Grand, le célèbre empereur grec qui a tenté de conquérir le monde. « Et comme Alexandre, je voudrais qu’il y eut d’autres mondes pour étendre mes conquêtes ». Cela fonctionne comme un argument d’autorité où DJ fait ostentation de sa culture aristocratique mais elle est également emphatique et solennelle si bien que Sganarelle comme le spectateur semblent conquis. Sganarelle précise que son maître parle comme un livre: il est un orateur même si les idées qu’il défend sont répréhensibles.
 
Conclusion:
La tirade de DJ est un éloge paradoxal de l’inconstance où Dom Juan apparaît comme un libertin perfide et un habile rhéteur.

 

La tirade de l'inconstance : les questions possibles à l'oral EAF

Thème : La diversité des mises en scène possibles grâce aux registres mêlés dans le texte de Molière (comique, tragique et fantastique)

Problématique : en quoi cet éloge est il paradoxal?

Textes complémentaires possibles  :

  • la représentation du conflit au théâtre
  • Question d'ensemble : par quels moyens le dramaturge et le metteur en scène présentent ils le conflit au théâtre?
  • Molière, Dom Juan, I, 3
  • Beaumarchais, le mariage de Figaro, 16-19, acte II
  • Giraudoux, Electre, II , 2

 

Questions :

  • Plan de l'étude : tirade de l'inconstance
  • Un éloge paradoxal
  • 1 - Des arguments pour louer l'infidélité
  • un éloge de l'inconstance
  • 2 - un éloge paradoxal
  • 3 - Don Juan : un libertin perfide et habile rhéteur

La tirade de Don Juan est un élog paradoxal de l'inconstance ou Don Juan apparait comme un libertin perfide et un habile rhéteur

1 - Questionnaire : les réponses sont dans le commentaire

  • pourquoi pouvons nous parler d'éloge de l'inconstance?
  • quels sont les arguments qui le montrent?
  • quelle fonction remplit l'hyperbole, "si j'en avais 1000 je les donnerai tous" en faisant allusion au coeur
  • cela traduit il la démesure du carctère adultère de Don Juan?
  • Nous donne t'il une impression d'immoralité par rapport à son éloge?
  • Quelle est la réaction de Sganarelle?

 

2 - Questionnaire

  • pourquoi parler d'un éloge paradoxal ?
  • A travers quelle figure rhétorique le caractère paradoxal de l'éloge apparait il ?
  • "douce violence"
  • que traduit cet oxymore?
  • Définir l'oxymore

 

3 - Questionnaire

  • Définir le concept de libertinage
  • En quel sens pouvons nous dire que Don Juan est un libertin?
  • COmment manie t'il l'art oratoire?
  • Dans quel but? convaincre Sganarelle et le spectateur
  • Relevez le champ lexical de la guerre, que traduit il ? la conquête amoureuse est un asservissement de la femme.
  • Que montre la comparaison à Alexandre le Grand?
  • Etendre les conquêtes, exercer sa puisssance dans le domaine des conquêtes
  • la pièce est elle classique ou baroque?

 

Dom Juan : Molière : Entretien préparé et commentaire des scènes 5 et 6 de l'acte V

Dom Juan, Molière, acte V, 5 et 6

Séquence : le théâtre

Thème : La diversité des mises en scène possibles grâce aux registres mêlés dans le texte de Molière (comique, tragique et fantastique)

Problématique : En quoi pouvons nous parler d'un dénouement original?

Plan de l'étude :

  • I - Le spectre : la mort et la machine
  • 1 - apparition du surnaturel
  • 2 - L'épreuve héroique
  • II - Le châtiment : un dénouement merveilleux
  • 1 - Un châtiment exemplaire
  • 2 - Dénouement spectaculaire, très théâtral
  • III - La solitude de Sganarelle
  • 1 - La disparition du méchant homme
  • 2 - Le contraste bouffon

 

Le dénouement

Introduction:

Situation:

L’acte V met en scène les sommations finales du destin et la chute de DJ aux Enfers ; l’acte s’ouvre sur un double coup de théâtre: la conversion de DJ: après avoir menti à son père(scène 1 ), et avoir fait l’éloge de l’hypocrisie(scène 2), DJ révèle sa stratégie. Il utilise la religion pour masquer son immoralité.

Pendant un long moment dans la pièce, DJ est empêché de souper : il a de plus en plus de mal à manger, de plus en plus mal à réussir ses séductions. C’est à un repas qu’il invite la statue de pierre ( d’où le titre espagnol « el convidado de piedra » contre toute attente, la statue accepte l’offre et retourne l’invitation de manière à placer DJ dans les circonstances d’un repas que le commandeur a préparé spécialement pour le damné.

Il s’endurcit dans sa faute, jusqu’à vouloir abattre d’un coup d’épée le spectre, qui, le dernier voudra convaincre de renoncer. Arrêté par le fantôme de la femme voilée qui redouble le retour d’Elvire revêtue elle aussi d’un voile. La femme voilée se mue en image du Temps pour signifier que la vie de Dom Juan va dans l’instant être terrassée.

Texte :

Scène 5 :

DOM JUAN, UN SPECTRE en femme voilée, SGANARELLE.

LE SPECTRE, en femme voilée.- Dom Juan n'a plus qu'un moment à pouvoir profiter de la miséricorde du Ciel, et s'il ne se repent ici, sa perte est résolue.

SGANARELLE.- Entendez-vous, Monsieur?

DOM JUAN.- Qui ose tenir ces paroles? Je crois connaître cette voix.

SGANARELLE.- Ah, Monsieur, c'est un spectre, je le reconnais au marcher.

DOM JUAN.- Spectre, fantôme, ou diable, je veux voir ce que c'est.

Le Spectre change de figure, et représente

le temps avec sa faux à la main.

SGANARELLE.- Ô Ciel! voyez-vous, Monsieur, ce changement de figure?

DOM JUAN.- Non, non, rien n'est capable de m'imprimer de la terreur, et je veux éprouver avec mon épée si c'est un corps ou un esprit.

Le Spectre s'envole dans le temps que

Dom Juan le veut frapper.

SGANARELLE.- Ah, Monsieur, rendez-vous à tant de preuves, et jetez-vous vite dans le repentir.

DOM JUAN.- Non, non, il ne sera pas dit, quoi qu'il arrive, que je sois capable de me repentir, allons, suis-moi.

Scène 6:

LA STATUE, DOM JUAN, SGANARELLE.

LA STATUE.- Arrêtez, Dom Juan, vous m'avez hier donné parole de venir manger avec moi.

DOM JUAN.- Oui, où faut-il aller?

LA STATUE.- Donnez-moi la main.

DOM JUAN.- La voilà.

LA STATUE.- Dom Juan, l'endurcissement au péché traîne* une mort funeste, et les grâces du Ciel que l'on renvoie, ouvrent un chemin à sa foudre.

DOM JUAN.- Ô Ciel, que sens-je? Un feu invisible me brûle, je n'en puis plus, et tout mon corps devient un brasier ardent, ah!

Le tonnerre tombe avec un grand bruit et de grands éclairs

sur Dom Juan, la terre s'ouvre et l'abîme, et il sort

de grands feux de l'endroit où il est tombé.

SGANARELLE.- Ah! mes gages! mes gages! Voilà par sa mort un chacun satisfait: Ciel offensé, lois violées, filles séduites, familles déshonorées, parents outragés, femmes mises à mal, maris poussés à bout; tout le monde est content: il n'y a que moi seul de malheureux! Mes gages! mes gages! mes gages!

Commentaire des scènes 5 et 6

I) Le spectre : la mort et la machine.

a) L’apparition du surnaturel

DJ voit passer un spectre devant lui : fantôme de toutes les femmes déshonorées et perdues par DJ, il offre une dernière chance à DJ : « Dj n’a plus qu’un moment à pouvoir profiter de la miséricorde du Ciel ; et s’il ne se repent ici, sa perte est résolue » ; voix difficilement identifiable : « Qui ose tenir ces paroles? Je crois connaître cette voix » Dj veut « voir » ce qu’est le spectre, il veut dévoiler les apparences pour connaître la vérité; au nom de la raison souveraine, il veut identifier le phénomène qu’il voit : « spectre, fantôme ou diable, je veux voir ce que c’est » Spectre = allégorie du Temps (« changement de figure ») qui s’envole.

Moins rationaliste, plus proche de la superstition qui accrédite les mystères extravagants de l’univers, Sganarelle, lui, croit. Pour lui, cette apparition est la marque de la puissance invisible de Dieu : « Ah ! Monsieur, rendez vous à tant de preuves, et jetez-vous vite dans le repentir. » Il insiste auprés de DJ pour qu’il évite la tragédie. Le valet joue deux fonctions ici: il introduit le comique dans ce moment fantastique et dramatique; mais il est aussi impuissant à faire entendre raison à son maître.

b) L’épreuve héroïque

Par une métamorphose fantastique, le spectre revêt l’habit du Temps; DJ se heurte donc au Temps qu’il a outrageusement méprisé. Il croyait pouvoir se maintenir dans la répétition de ses instants de jouissance. Homme du présent, du plaisir le plus immédiat, Dj ignore le passé ( Il oublie ses victimes et ne regrette rien) et le futur ( il ne prend pas garde à sauver son âme.) DJ, le libertin, ne peut plus rien face à l’irrationnel. Opiniâtreté orgueilleuse de Dj: « rien n’est capable de m’inspirer de la terreur »; « Non, non, il ne sera pas dit, quoi qu’il arrive, que je sois capable de me repentir » : éprouve de la fierté à ne pas faillir à sa réputation, à son propre mythe. > Le repentir ne dépend pas d’un coup de théâtre.

L’épreuve de la mort est vécue comme une preuve héroïque : tandis qu’au cours de l’acte V, DJ avait accepté l’artifice du masque, celui de l’hypocrisie conformiste, il apparaît ici grandi par le combat perdu de la mort.

Acte de Dj, qui s’élève à la hauteur de son mythe. Homme de la négation absolue, ( à Dieu, aux usagers sociaux, aux croyances…), DJ prononce par 2 fois le non du refus (« Non, non »scène 5 et 6)

II) Le châtiment : un dénouement merveilleux.

a) Un châtiment exemplaire.

Intervention de la statue du commandeur : arrête DJ dans son élan « Arrêtez Don Juan » (scéne 6) Représentation du divin et de la loi; invité de pierre > confère rigidité, caractère inébranlable ; lien avec la mort qui rigidifie le vivant. L’inconstance et la légèreté existentielles de DJ, se heurtent à l’impassibilité de la permanence. Dureté inébranlable de la statue: elle parle de façon ferme et autoritaire : « Arrêtez; donnez-moi la main » ; dernière sentence à la 3ème personne > façon d’accroître la solennité de la mise en demeure + façon de prendre à témoin le public, de lui annoncer dès le début de la pièce et de le rendre ainsi plus exemplaire.

La statue exprime le point de vue de Dieu, dont la miséricorde n’est pas infinie. Le christianisme affirme que toute faute peut être pardonnée si elle suscite un repentir sincère. Sinon, châtiment divin sévère.

Dernière transgression, sacrilège supplémentaire commis par DJ : il accepte de manger avec un mort, il franchit la ligne de partage entre le monde des vivants et celui des morts. Il brave la force qui l’assaille : « Oui. Où faut-il aller?La voilà »

Pour la première fois, DJ respecte la parole donnée. Pour la premiere fois, il agit.

b) Dénouement spectaculaire, très théâtral:

- Les éclairs symbolisent la colère de Dieu (souvent les éclairs sont les attributs de Zeus)

-Le corps de DJ s’embrase = cf. les représentants traditionnels de la damnation et de la chute aux Enfers.( Feu d’en bas, enfer imaginé comme un éternel brasier) > dimension tragique à la mort de DJ ; public de l’époque impatient de voir ce spectacle.

Propos de DJ, 2 fonctions:

- Justifier la surprise qu’il éprouve en montrant que jusqu’au dernier moment, DJ se montre incrédule : « Ô Ciel ! Que sens-je? »

- Informer le public de la terrible souffrance que subit le héros pour pouvoir juger de la pertinence du chatîment et s’en effrayer. « un feu invisible me prend, je n’en puis plus »

Didascalie indique que DJ n’est plus présent = le sujet de la pièce a disparu

III) La solitude de Sganarelle

a)La disparition du « méchant homme »

Traditionnellement, le dénouement réunit tous les personnages de la pièce qui s’achève par une réconciliation de tous les protagonistes dont le conflit est résolu, Or, ici Sganarelle est seul.

Cf pluriel dans la tirade de Sganarelle : « Lois violées, filles séduites, familles déshonorées, parent outragé, femmes mises à mal, maris poussés à bout, tout le monde est content » > montre qu’une multitude d’individus a été outragé par DJ, et pas seulement les personnages de la pièce. Sganarelle exprime ainsi la cause des valeurs humaines, classées par ordre d’importance décroissante. Disparition de DJ peut cependant laisser un sentiment de frustration car si le montre est puni, ses victimes ne sont pas dédommagées.

b)Le contraste bouffon

« Mes gages, mes gages » : considération de Sganarelle bassement matérielle ; cette réplique détruit l’effet moralisateur du dénouement et crée un contraste bouffon avec la solennité du moment. Elle relativise la nécessité du châtiment : après tout, DJ était utile, il faisait vivre Sganarelle.

Réplique ambiguë, qui manifeste aussi l’hypocrisie de Sganarelle, qui après avoir crié sans cesse à l’immoralité, fait passer ici son intérêt matériel avant la justice divine. DJ a encore une dette « post-mortem » à payer…

Solitude de Sganarelle « il n’y a que moi seul de malheureux »: registre pathétique ou bouffon ?

Phrase censurée dans plusieurs versions : subversive

Conclusion:

Fin très ambiguë :

Molière a satisfait la morale traditionnelle en châtiant DJ : Le problème est traité matériellement par un coup de théâtre… dénouement moral établit l’ordre social et moral en châtiant le coupable.

Mais, Sganarelle = Molière a fait en sorte d’écrire cette réplique ; « Mes gages » pour un dramaturge = ma recette, Molière pose ainsi le problème de l’argent : est-ce que ma pièce va faire recette ?

Ouvertures possibles :

  • - Intertextualité possible avec I, 1
  • - Le personnage d'Antigone, il reste fidèle à lui même jusqu'au bout et refuse de sacrifier son intégrité pour vivre. Il vaut mieux mourir que de renoncer à soi même

 

Deuxième partie de l'entretien :

Questions sur l'extrait de la pièce :

*** Toutes les réponses sont dans le commentaire et suivent les axes d'étude

I - Questionnaire

  • 1 - En quoi peut on parler d'apparition du surnaturel?
  • Quels sont les éléments du surnaturel?
  • Que symbolise le spectre : allégorie du temps
  • Quel est le point de vue de Sganarelle concernant l'apparition du spectre?
  • Quelle fonction le valet joue t'il? Il introduit le comique dans ce moment fantastique et dramatique mais il est impuissant à faire entendre raison à son maître.
  • 2 - Quelle est l'attitude de Don Juan face à l'irrationnel?
  • Comment l'épreuve de la mort est elle vécue?
  • Peut on parler d'une épreuve héroique?
  • Est il toujours l'homme de la négation absolue?

 

II - Questionnaire

  • 1 - Que représente la statue du commandeur?
  • La statue exprime t'elle le point de vue de Dieu?
  • Quel est le dernier sacrilège de Don Juan?
  • 2 - Peut on parler d'un dénouement spectaculaire et théâtral?
  • Quels éléments contribuent à offrir un tel dénouement?
  • Relevez une didascalie

 

III - Questionnaire

  • 1 -Relativement à la disparition de Don Juan, comment Sganarelle se sent il?
  • 2 - Expliquez le contraste bouffon à travers les mots de Sganarelle : "mes gages, mes gages"
  • Quel est le registre de ce passage : "il n'y a que moi seul de malheureux..." pathétique ou bouffon?
  • Avec un tel dénouement, peut on dire que Molière a satisfait la morale traditionnelle?

 

 

Tirso de Molina

, Le Trompeur de Séville et l’invité de pierre, 1630

 

*** Entretien préparé 

Lecture de la scène

(Dans la chapelle funéraire, où Don Juan a répondu à la contre-invitation du Commandeur : ce sera la troisième apparition du Mort, offrant à son invité un repas noir et parodique de scorpions et de vinaigre, repas immangeable pour le vivant.( Don Gonzale est le Commandeur, Catherinon

le valet de Don Juan)

DON GONZALE. - Tel est le vin qui sort de nos pressoirs.

(On chante :)

Que le bras justicier se prépare à faire exécuter la vengeance de Dieu, car il n'est pas de délai qui n'arrive, ni de dette qui ne se paie

CATHERINON. – Oh ! la la ! ça va mal. Par le Christ. J'ai compris ce refrain, et qu'il parle de nous.

DON JUAN. - Mon coeur se glace à en être brûlé.

(On chante:)

Tant qu'en ce monde on est vivant, il n'est pas juste que l'on dise : Bien lointaine est votre échéance! alors qu'il est si bref le temps

du repentir.

CATHERINON. - Qu'est-ce qu'il y a dans ce petit ragoût?

DON GONZALE. - Des griffes.

CATHERINON. - II doit se composer de griffes de tailleur, si c'est un ragoût d'ongles.

DON JUAN. - J'ai fini de souper. Dis-leur de desservir.

DON GONZALE. - Donne-moi cette main, n'aie pas peur, donne-moi donc la main.

DON JUAN. - Que dis-tu? Moi! Peur? Ah ! je brûle! ne m'embrase pas de ton feu!

DON GONZALE. - C'est peu de chose au prix du feu que tu cherchas. Les merveilles de Dieu, Don Juan, demeurent insondables,

et c'est ainsi qu'il veut que tu paies tes fautes entre les mains d'un mort, et si tu dois ainsi payer, telle est la justice de Dieu : « Oeil

pour ail, dent pour dent ».

DON JUAN. – Ah ! je brûle! Ne me serre pas tant! Avec ma dague je te tuerai. Mais... Ah !... Je m'épuise en vain à porter des

coups dans le vent. Je n'ai pas profané ta fille. Elle avait démasqué ma ruse avant que je...

DON GONZALE. - II n'importe, puisque tel était bien ton but.

DON JUAN. - Laisse-moi appeler quelqu'un qui me confesse et qui me puisse absoudre.

DON GONZALE. - Il n'est plus temps, tu te repens trop tard.

DON JUAN. –Ah ! je brûle! Mon corps est embrasé! Je meurs!

(Il tombe mort.)

CATHERINON. - Il n'y a personne qui puisse s'échapper : ici je vais mourir, moi aussi, pour t'accompagner.

DON GONZALE. - Telle est la justice de Dieu : « Oeil pour oeil, dent pour dent

(Le sépulcre s’enfonce avec fracas, engloutissant Don Juan et Don Gonzade, tandis que Catherinon se sauve en se

traînant.)

CATHERINON. - Dieu me protège! Qu'est ceci? Toute la chapelle est en flammes...

 

Etude du passage à présenter à l'oral

Notes introductives

Don Juan

Le nom de Don Juan est entré dans la langue française et désigne désormais un libertin et un séducteur.
Tirso de Molina En 1630 Tirso de Molina crée un Don Juan baroque.

Il écrit donc deux drames opposés et complémentaires :

Le Damné par manque de confiance et Le Trompeur de Séville et l’Invité de pierre

. La première pièce montre le manque de confiance, de foi et le héros est

damné parce qu’il a péché contre l’espérance. La deuxième pièce montre un héros qui pèche

par excès de confiance, qui est insouciant et inaccessible à la repentance

Le Don Juan de Tirso de Molina est donc un inconstant

Don Juan est un personnage légendaire qui a eu dans la littérature et au théâtre une très grande destinée. Son origine est espagnole. Don Juan tua un commandeur, Ulloa après avoir enlevé sa fille.

Les franciscains, dans la chapelle desquels, le commandeur avait été enterré, attirèrent Don Juan dans leur couvent, et le tuèrent puis, ils firent croire que Don Juan était venu pour insulter le commandeur sur son tombeau et que de ce fait, il avait été englouti par la statue vers l’enfer. Nous avons donc la version des franciscains qui ont attribué le châtiment au ciel.

Tirso de Molina adopta cette version (un moine) composa la comédie : "El Burlador de Seville y el Convidado de Piedra".

La légende chez Tirso de Molina et Molière n’est pas la même cependant,

Don Juan tout comme Don Quichotte sont Espagnols et sont devenus des symboles universels.

  • Notes introductives : Petit questionnaire
  • Que désigne Don Juan?
  • Faire un portrait de Don Juan de Tirso de Molina
  • Quelle version de Don Juan Tirso de Molina adopte t’-il?
  • Peut-on dire de Don Juan qu’il est un symbole universel?
  • Citez un autre symbole littéraire universel

 

 

Le trompeur de Séville et l’invité de Pierre


Tirso de Molina est un écrivain espagnol du 16ème siècle, qui a écrit le trompeur de Séville et l’invité de pierre en 1630. Cette pièce de théâtre reprend une histoire qui aurait réellement existé. Dans celle-ci le personnage principal est Don juan, homme sans scrupules qui payer à sa manière du fait de sa manière de se comporter à la fin de la pièce. L’extrait que nous étudions est situé à l’acte trois scène 20 ou Don Juan après avoir assassiné don Gonzalo qui était un commandeur prend plaisir à insulter la statue du commandeur. Elle s’anime et l’invite a manger. Il accepte et y va avec son valet. Dans cette dernière scène, il est amené au enfer.

Problématique : nous verrons comment ce dénouement fait de Don juan un héros mythique

I la mise en scène du châtiment
a) L’invitation forcée aux enfers
b) Une tension dramatique
II l’attitude de don juan
a) Une forme de courage particulière
b) La religion
III la leçon
a) Le commandeur comme donneur de leçon
b) La réception de la leçon par don juan

I

A )

on rappelle que Don juan ne recule devant rien, il a fallu qu’il soulève la dalle d’un tombeau pour rentrer dans le royaume des morts

 présence du ciel de l’enfer
 présence de l’impératif « donne moi la main »
 le ragout nous montre que l’ on est en enfer
 didascalie : on chante, cela annonce la mort de Don juan et le châtiment du ciel

B)

 le froid glacial contribue à cette montée dramatique  point final assez brutal au repas mis par Don Juan  la pression de Don Gonzalo sur Don juan  la souffrance de Don juan « je brule : sensibilise le lecteur  atmosphère oppressante C’est une punition à la hauteur de Don juan donc la tension est à la hauteur de ses crimes

 

II

A)

Son courage se résume à ne rien entendre Il ne veut pas entendre les menaces ( chant ) chez lui tout est un jeu Le froid glacial n’est pas une réaction à la peur On insiste sur son corps pour rappeler que c’est un être de chair Son courage donne des indices sur l’orgueil de Don juan Son courage le fait agir de manière irréfléchie, il est inconséquent Il cherche a négocier = ne comprend pas que son heure soit arrivée Il veut gagner du temps A un moment, on a l’impression qu’il y a une prise de conscience de la gravité de la situation mais il reste le même finalement. Il restera fidèle en actes à inconstance et son athéisme.

b) Pour la première fois à la fin don juan utilise un langage religieux il fait appel a la pitié du commandeur Le thème de la religion suscite de l’intérêt pour catalinon qui associe son sort à celui de son maitre catalinon souligne la toute puissance de Dieu ( Tirso veut fixer l’importance de Dieu dans l’esprit du lecteur , spectateur )


III la leçon

A ) la leçon

 chacun paye ses actes et cela revient comme un refrain Il s’agit de montrer a Don juan que chaque acte est puni et pris en compte donc chaque faute doit être expiée Selon Tirso il faut y penser avant d’agir, savoir mesurer les conséquences de nos actes. Châtiment : cette notion, l’expiation des fautes est le concept dominant du dénouement. L’homme doit payer pour ses fautes : connotations religieuses. Dénouement à une valeur d’exemple pour le spectateur


b) Don juan ne semble pas comprendre cette leçon, il réagit comme un enfant pris en flagrant délit, réaction d’un homme très attaché à la vie . Plutôt que de comprendre la leçon , il cherche à réduire au silence la statue et à mettre en doute sa détermination
On ne sait pas si Don juan a vraiment peur de mourir ou s’ il joue la comédie , il fait preuve d’habilité La justice divine quoiqu’il arrive est inflexible Catalinon a compris la leçon « pas moyen d’y échapper » Il est la voix de la sagesse et doit tourner l’homme vers la sagesse, il est humble, respectueux


Conclusion
Don juan perd toute sa splendeur ( de son exception )car il veut gagner du temps , il essaye d’échapper à la statue , il réclame un confesseur , contrairement à Molière, il ne va pas jusqu’au bout du libertinage on peut supposer peut –être qu’il prenne conscience de son erreur . Mais il est trop tard Ce dénouement a pour but de marquer par son aspect spectaculaire et de montrer la puissance de Dieu au sens du châtiment divin incontournable. Le public espagnol était croyant et il ne fallait pas les choquer Il faudra attendre Molière pour voir un Don juan incapable de se repentir

 

  • Questions sur Tirso de Molina
  • Quelles sont ses dates?
  • 24 mars 1583 - 12 mars 1648
  • Quel est son vrai nom?
  • Gabriel Téllez
  • A t’-il marqué son siècle?
  • l'un des grands auteurs de théâtre du Siècle d'or espagnol
  • Grâce à quelle pièce a t’-il connu la célébrité?
  • El Burlador de Sevilla
  • Était-il un grand homme de théâtre?
  • très grande popularité comme homme de théâtre
  • Pourquoi a t’-il été condamné?
  • de corrompre les mœurs par des « comédies profanes », c'est pourquoi il sera condamné à quitter la Cour et interdit d'écrire pour le théâtre

 

 

Questions sur le commentaire en fonction du plan de l’étude :

I -

A -

Quelle est la situation du passage?

Comment la mise en scène du châtiment s’organise t’-elle?

L’invitation aux enfers est-elle forcée?

Comment Don Juan réagit-il?

Quels sont les signes de l’enfer? Citez pour justifier votre réponse

Quel rôle la didascalie « on chante » joue t’-elle?

Que souligne l’impératif « donne moi la main »?

B -

De quel ordre la tension est-elle?

Justifiez votre réponse en citant

A quoi la montée de la tension dramatique tient-elle?

Montrez que l’atmosphère est oppressante

Analysez le champ lexical de la souffrance

Comment le lecteur peut-il la ressentir?

 

II -

A -

Comment se traduit le courage de Don Juan?

Joue t’-il jusqu’au bout?

A quoi est-il réduit?

Garde t’-il son orgueil jusqu’au bout?

Vous semble t’-il lucide et conscient de ce qui se passe réellement?

Réalise t’-il qu’il approche de la mort?

Reste t’-il fidèle à lui-même jusqu’au bout?

B -

Qu’utilise Don Juan pour la première fois?

Justifiez en citant

Qu’implore Don Juan? A qui?

Quelle est l’intention de Tirso?

 

III -

A -

Quelle image le lecteur a t’-il du commandeur?

Sur quel aspect Tirso de Molina insiste t’-il?

L’image de l’homme est-elle selon valorisée si l’on considère que chaque mauvaise action comme moralement condamnable?

L’expiation des fautes est mise en avant : la sanction est-elle selon vous plus « religieuse » ou imprégnée de religion que dans le Don Juan de Molière?

Le dénouement doit-il selon Tirso de Molina servir d’exemple pour le lecteur?

Comment la leçon est-elle comprise par Don Juan?

B -

Quelle est l’attitude de Don Juan?

Ressent-il le besoin d’expier ses fautes?

Comment se comporte t’-il vis-à-vis de la statue?

A cet instant précis, selon vous, Don Juan a t’-il peur de mourir ou est-il encore en train de jouer?

 

Questions sur la conclusion

Don Juan face à la mort :

- Quelles sont les différences entre le Don Juan de Molière et celui de Tirso de Molina

- Va t’-il jusqu’au bout de son libertinage?

A t’-il selon vous compris ses erreurs?

Analysez l’aspect spectaculaire de la scène

 

Pour aller plus loin : je fais d'autres recherches personnelles

Pour orienter vos recherches

QUESTIONS D'ENSEMBLE:
1-
En quoi, selon vous le choix d'un valet comme défenseur de la religion est-il ambigu de la part de Molière?
- Pourquoi l'attitude impuissante de Sganarelle est-elle comique?
- Quels  risques Molière a-t-il pris dans cette pièce?
2- Don Juan est-il un héros comique ?

3- La présence de Sganarelle aux côtés de Dom Juan donne une tonalité comique aux scènes de l'acte I, de l'exposition. Indiquez quel(s) type(s) de comique ce personnage introduit?
4- Expliquez comment les Romantiques ont anobli la figure du "grand seigneur méchant homme"?
5- Si le thème de la séduction n'est plus repris après l'acte II par Molière, c'est qu'il ne constitue qu'un trait secondaire du héros. Quel est selon vous le trait de caractère principal de Dom Juan?
6- Selon vous, la présence sur scène quasi constante de Dom Juan et de son serviteur est-elle signifiante? Quel rôle joue-telle?
7- L'acte V, acte du dénouement, doit résoudre toutes les intrigues. Il doit avoir été préparé, et en même temps convaincre le spectateur par sa force et par son évidence.
- Le châtiment qui frappe le héros a été annoncé à plusieurs reprises dans la pièce: où et par qui? Relevez une citation de chacun de leurs avertissements.
- L'acte est construit sur un effet de crescendo. Comment celui-ci s'inscrit-il dans les avertissements adressés à Dom Juan? Et dans l'endurcissement de ce dernier?
- Expliquez la difficulté de la représentation de ce dénouement spectaculaire (éclairage, son, mouvements, ton).
- Expliquez la nécessité des paroles de Dom Juan dans la dernière scène, leur relation au spectacle (dire ce qu'on ne peut pas montrer).
- Expliquez la tirade finale de Sganarelle, le rôle du dernier mot: "Mes gages" et les raisons de la censure au XVème siècle.
8- En quoi est-ce une pièce d'essence baroque?
9- La pièce respecte-t-elle les 3 règles d'unité d'une pièce classique?
10- Un "éloge paradoxal" est un discours rhétorique qui entreprend de louer un objet que le sens commun et l'opinion publique blâment ordinairement.
- Indiquez les 3 extraits de la pièce où le personnage en scène prononce un éloge paradoxal.
- Quel est le thème de chacun d'entre eux?
11- Dans la scène 2 de l'acte V, Dom Juan ajoute un nouveau vice à son tableau de chasse. Lequel? Dans quelle mesure l'éloge de ce vice à la mode constitue-t-il une attaque en règle des milieux dévots?
12- Par quelle action récurrente se termine les trois premiers actes de la pièce?
13- La bouffonnerie de la farce se mêle au tragique. Relevez deux scènes, l'une dans l'acte I et l'autre à l'acte IV, où le rire et la gravité sont étroitement associés.
14- Molière a déjà fait la satire des hypocrites religieux dans une pièce précédente. De quelle pièce s'agit-il? Que pouvez-vous dire de la réception de la pièce?
15- Le début de l'acte V présente  un faux rebondissement. Expliquez lequel et montrez qu'il constitue un signe de "l’endurcissement au péché " de Dom Juan.
16- Qu'a retenu la postérité de Dom Juan de Molière?
17- Le nom du héros est entré dans la langue courante. Que désigne-t-on par un don Juan de nos jours? Quels traits de caractère emprunté-t-il au protagoniste moliéresque?
18- Quelle a été la réception de la pièce à l'époque de Molière? (accueil du public)
19- Que pouvez-vous dire des choix pris par le metteur en scène de la pièce dans la version que vous avez regardée?
20- Est-il aisé de mettre en scène cette pièce de Molière?
21- Comment Eric-Emmanuel Schmidt a-t-il repris la figure de Dom Juan dans sa pièce La Nuit de Valognes?
VOCABULAIRE:
Pièce à machines / Deus ex machina
Baroque / Classicisme
Mythe
Comédie de mœurs / comédie de caractère / farce / burlesque / satire / tragi-comédie

.

Date de dernière mise à jour : 17/05/2019

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