Diderot, Bougainville, ch. 2 et 4

 

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LA QUESTION DE L’HOMME DANS LES GENRES DE L’ARGUMENTATION DU XVIIЀME SIЀCLE A NOS JOURS

Voyage, altérité et engagement

 

Comment l’ouverture à l’autre favorise la découverte de soi-même et l’engagement pour l’égalité?

Denis DIDEROT, Supplément au voyage de Bougainville, 1772, Ed Belin - Gallimard, coll Classicolycée.

 LA  : extrait du chapitre II, « Puis s’adressant à Bougainville » à « ni de tes vertus chimériques ».

 LA  : extrait du chapitre IV, « L’AUMONIER : Vous ne connaissez guère » à « n’en veut-il pas bien un autre ? »

 

 

 

Lecture analytique 1 Supplément au voyage de Bougainville, 1772

« Puis s’adressant à Bougainville […] ni de tes vertus chimériques. » (Chapitre II)

 

 

LA QUESTION DE L’HOMME DANS LES GENRES DE L’ARGUMENTATION DU XVIIЀME SIЀCLE A NOS JOURS

Voyage, altérité et engagement

Denis DIDEROT, Supplément au voyage de Bougainville, 1772,

LA  : extrait du chapitre II

 

Puis s'adressant à Bougainville, il ajouta: "Et toi, chef des brigands qui t'obéissent, écarte promptement ton vaisseau de notre rive : nous sommes innocents, nous sommes heureux ; et tu ne peux que nuire à notre bonheur. Nous suivons le pur instinct de la nature ; et tu as tenté d'effacer de nos âmes son caractère. Ici tout est à tous ; et tu nous as prêché je ne sais quelle distinction du tien et du mien. Nos filles et nos femmes nous sont communes ; tu as partagé ce privilège avec nous ; et tu es venu allumer en elles des fureurs inconnues. Elles sont devenues folles dans tes bras ; tu es devenu féroce entre les leurs. Elles ont commencé à se haïr ; vous vous êtes égorgés pour elles ; et elles nous sont revenues teintes de votre sang. Nous sommes libres ; et voilà que tu as enfoui dans notre terre le titre de notre futur esclavage. Tu n'es ni un dieu ni un démon : qui es-tu donc pour faire des esclaves ? Orou, toi qui entends la langue de ces hommes-là, dis-nous à tous, comme tu me l'as dit à moi-même, ce qu'ils ont écrit sur cette lame de métal : Ce pays est à nous. Ce pays est à toi ! et pourquoi ? parce que tu y as mis le pied ? Si un Otaitien débarquait un jour sur vos côtes, et qu'il gravât sur une de vos pierres ou sur l'écorce d'un de vos arbres : Ce pays est aux habitants d'Otaiti, qu'en penserais-tu ? Tu es le plus fort ! Et qu'est-ce que cela fait ? Lorsqu'on t'a enlevé une des méprisables bagatelles dont ton batiment est rempli, tu t'es récrié, tu t'es vengé ; et dans le même instant tu as projeté au fond de ton coeur le vol de toute une contrée ! Tu n'es pas esclave : tu souffrirais plutôt la mort que de l'être, et tu veux nous asservir ! Tu crois donc que le Otaitien ne sait pas défendre sa liberté et mourir ? Celui dont tu veux t'emparer comme de la brute, le Otaitien est ton frère. Vous êtes deux enfants de la nature ; quel droit as-tu sur lui qu'il n'ait pas sur toi ? Tu es venu ; nous sommes-nous jetés sur ta personne ? avons-nous pillé ton vaisseau ? t'avons-nous saisi et exposé aux flèches de nos ennemis ? t'avons-nous associé dans nos champs au travail de nos animaux ? Nous avons respecté notre image en toi. Laisse-nous nos mœurs ; elles sont plus sages et honnêtes que les tiennes ; nous ne voulons point troquer ce que tu appelles notre ignorance contre tes inutiles lumières. Tout ce qui nous est nécessaire et bon, nous le possédons. Sommes-nous dignes de mépris, parce que nous n'avons pas su nous faire des besoins superflus ? Lorsque nous avons faim, nous avons de quoi manger ; lorsque nous avons froid, nous avons de quoi nous vêtir. Tu es entré dans nos cabanes, qu'y manque-t-il, à ton avis ? Poursuis jusqu'où tu voudras ce que tu appelles les commodités de la vie ; mais permets à des êtres sensés de s'arrêter, lorsqu'ils n'auraient à obtenir de la continuité de leurs pénibles efforts, que des biens imaginaires. Si tu nous persuades de franchir l'étroite limite du besoin, quand finirons-nous de travailler ? Quand jouirons-nous ? Nous avons rendu la somme de nos fatigues annuelles et journalières la moindre qu'il était possible, parce que rien ne nous paraît préférable au repos. Va dans ta contrée t'agiter, te tourmenter tant que tu voudras ; laisse-nous reposer : ne nous entête ni de tes besoins factices, ni de tes vertus chimériques."

Extrait du chapitre II

 

 

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Introduction :

Diderot (1413-1484) est issu d'une famille d'artisans aisés. Écrivain français et philosophe des lumières, il est connu particulièrement pour sa co-fondation de l'encyclopédie. Il écrit beaucoup de dialogues tels que "Neveu de Rameau" et "le rêve d'Alembert" "Supplément au voyage de Bougainville". Publié en 1774, cette oeuvre est la suite de "Voyage autour du monde" de Bougainville. Diderot rédige la suite sous forme de dialogue entre A et B. Dans cet extrait situé au chapitre 2 , Diderot fait raconter par son personnage le discours d' adieu du vieux tahitien fait à Bougainville, abordant des questions d'ordre moral et religieux

 

QUELLE IMAGE DIDEROT DONNE-T-IL DES OCCIDENTAUX ET DES TAHITIENS DANS CE TEXTE ?

Deux systèmes opposés

Ce texte nous présente deux images opposées de deux civilisations très différentes : celle des Européens et celle des Tahitiens

  1. Un réquisitoire autant qu’un plaidoyer

La harangue du vieillard à Bougainville est une accusation, un réquisitoire contre les Européens ainsi qu’un plaidoyer pour le mode de vie des tahitiens. Le vieillard accuse les Européens d’avoir contaminé les Tahitiens, avec un chiasme « elles sont devenues folles dans tes bras, tu es devenu féroce entre les leurs »  et il défend le mode de vie des indigènes.

  1. Le partage ou la propriété

 Les Européens ont une notion de propriété inconnue des tahitiens : « tu nous a prêché je ne sais quelle distinction du tien et du mien. » (opposition tien/mien) « ici tout est à tous » Alors que les Tahitiens ne connaissaient que le partage ce qui garantissait une tranquillité relative, les européens ont tenté de les corrompre et ainsi ont brisé la tranquillité dont jouissaient les Tahitiens. Pire, ils ont profité de cette qualité des indigènes et ils en ont abusé.

  1. D’inutiles lumières et une forte cupidité contre une vie simple où seule la nécessité compte

Les deux systèmes ont des valeurs très contrastées et un mode de vie différent. On retrouve dans ce texte une attaque à l’encontre des Européens ayant reçu l’enseignement des Lumières mais ne le mettant pas en pratique. Pourquoi en partant de France, les colons oublient les valeurs de leur pays ? La philosophie des Lumières est mal représentée. Les colons sont de mauvais ambassadeurs. « inutiles lumières » = oxymore ; « vertus chimériques »

L’opposé, on retrouve dans la civilisation indigène les valeurs de liberté et tolérance : ils sont libres et ne veulent pas de l’esclavage « nous sommes libres » // « esclavage »

La vie est simple, ils ne se préoccupent pas de besoins non nécessaires, ils ont le minimum ce qui rend la vie facile contrairement aux Européens qui ont « des besoins superflus ».

« Nous avons rendu la somme de nos fatigues annuelles et journalières la moindre qu’il était possible, parce que rien ne nous paraît préférable au repos »

Eloge de la vie naturelle : à travers ses paroles le veillard défend les valeurs de la vie naturelle, innocence, naiveté, bonheur, pur instinct de la nature, tout est à tous, absence de possession = pas de cupidité

« nous sommes innocents, nous sommes heureux »

« nous suivons le pur instinct de la nature »

« ici tout est à tous »

  1. Deux peuples frères mais contraires

Il y a dans ce texte des phrases structurées en deux parties, décrivant la vie paisible des Tahitiens puis l’impact néfaste des Européens sur leur civilisation « Nous suivons le pur instinct de la nature, et tu as tenté d’effacer de nos âmes son caractère » (l.4) « Nous sommes libres, et voilà que tu as enfoui dans nos terres le titre de notre futur esclavage » (l.10)

L’opposition entre tahitiens et européens est notamment marquée par les pronoms. « tu » représente le comportement des Européens et « nous » celui des Tahitiens.

De nombreuses analogies sont faites entre les 2 peuples souvent, le plus sage paraît être celui du vieillard « Laisse nous nos mœurs, elles sont plus sages et plus honnêtes que les tiennes »

Les deux peuples sont caractérisés par des éléments antithétiques « tout est à tous » // « distinction du tien et du mien »

« notre ignorance » // « tes inutiles lumières »

« « nécessaire et bon » // « besoins superflus » « bien imaginaires »

Pour autant, ces deux peuples sont semblables. La nature humaine est universelle comme le prouve certaines phrases « nos filles et nos femmes nous sont communes » « l’Otaïtien est ton frère. » « Vous êtes deux enfants de la nature »

Tahiti

Europe

Partage

Possession tien-mien

Pureté morale

Corruption des mœurs

Nécessité

Cupidité

 

 

Un orateur talentueux pour défendre les tahitiens et porte-parole de Diderot

  1. Un homme sage

Le vieillard est représentant des Otaïtiens et leur fervent défenseur. On retrouve très peu de pronoms « je », mais plutôt des « nous » qui correspondent à tout son peuple.

Le vieillard est le porte-parole de Diderot : double énonciation. On retrouve dans le texte les idées, pensées et accusations de l’auteur. De plus, le personnage choisi est un vieillard par conséquent sage donc qui aime la philosophie. Diderot fait parler quelqu’un qui, de par son âge, est respectable.

  1. Une adresse irrespectueuse et dépréciative rabaissant les Européens

Cependant, ce vieillard parle à Bougainville, un amiral, qui a un grade nettement supérieur. Mais dès sa première apostrophe avec une périphrase dépréciative « chef des brigands » le vieil homme manque de respect à Bougainville. Au travers de ses nombreuses apostrophes, il utilise le pronom "tu" qui est également une marque de manque de respect. Le Tahitien se considère l’égal de l’Européen et ce dernier n’est pas digne de son respect. Il lui rappelle que ce n’est qu’un homme « tu n’es ni un dieu ni un démon »

  1. Une violente accusation

Les français sont : des brigands, ils ont des vertus chimériques, ne respectent pas les principes des Lumières, ils sont vicieux, champ lexical de la violence « féroce » « égorgés » « sang » caractère nocif = controverse de Valladolid quand le dominicain décrit les méfaits des espagnols

  1. Un discours éloquent qui donne la parole à l’opprimé

Son discours est percutant de par son contenu, des termes négatifs forts, de nombreuses critiques et reproches. Les Occidents sont une menace pour l’île, le vieillard défend la liberté de son peuple, ne veut pas être mis en esclavage. Il refuse la colonisation car ils ont introduit vices et corruption à Tahiti. « tu ne peux que nuire à notre bonheur »

Il utilise un discours très éloquent et construit avec un argumentaire structuré et de nombreuses figures de rhétorique. Il y a des phrases exclamatives, des questions rhétoriques ; présent de vérité général, impératif et oppositions. « Tu es le plus fort ! » « Sommes nous dignes de mépris, parce que nous n’avons pas su nous faire des besoins superflus ? », « Tu n’es ni un homme ni un démon », « laisse-nous »

Il blâme les « brigands », les colonisateurs remarquablement bien.

L’indigène fait preuve d’une grande éloquence mise au service des idées du philosophe.

Conclusion

Ainsi, à travers l’éloquente harangue du vieillard, Diderot critique les colonisateurs, dresse un portrait dévalorisant de la civilisation occidentale, pleine de défauts et valorise celle des indigènes qui vivent en harmonie avec la nature.

Ouverture

Quelle autre œuvre littéraire dresse un portrait semblable des colons, c’est-à-dire violents et non respectueux des valeurs de leur contrée ?

 

DNBAC

 

Lecture analytique 2

Supplément au Bougainville, Denis DIDEROT (1796)

Chapitre 4

 

« l’aumônier – Vous ne connaissez guère la jalousie […] à ton avis n’en vaut-il pas bien un autre »

LA QUESTION DE L’HOMME DANS LES GENRES DE L’ARGUMENTATION DU XVIIЀME SIЀCLE A NOS JOURS

Voyage, altérité et engagement

Denis DIDEROT, Supplément au voyage de Bougainville, 1772

 Extrait du chapitre IV

L'AUMONIER. Vous ne connaissez guère la jalousie, à ce que je vois ; mais la tendresse maritale, l'amour paternel, ces deux sentiments si puissants et si doux, s'ils ne sont pas étrangers ici, y doivent être assez faibles.

OROU. Nous y avons suppléé par un autre, qui est tout autrement général, énergique et durable, l'intérêt. Mets la main sur la conscience, laisse là cette fanfaronnade de vertu, qui est sans cesse sur les lèvres de tes camarades, et qui ne réside pas au fond de leur cœur; dis-moi si, dans quelque contrée que ce soit, il y a un père qui, sans la honte qui le retient, n'aimât mieux perdre son enfant, un mari qui n'aimât mieux perdre sa femme que sa fortune et l'aisance de toute sa vie. Sois sûr que partout où l'homme sera attaché à la conservation de son semblable comme à son lit, à sa santé, à son repos, à sa cabane, à ses fruits, à ses champs, il fera pour lui tout ce qu'il est possible de faire. C'est ici que les pleurs trempent la couche d'un enfant qui souffre ; c'est ici que les mères sont soignées dans la maladie ; c'est ici qu'on prise une femme féconde, une fille nubile, un garçon adolescent ; c'est ici qu'on s'occupe de leur institution, parce que leur conservation est toujours un accroissement, et leur perte toujours une diminution de fortune.
L'AUMONIER. Je crains bien que ce sauvage n'ait raison. Le paysan misérable de nos contrées, qui excède sa femme pour soulager son cheval, laisse périr son enfant sans secours et appelle le médecin pour son bœuf...

OROU. Je n'entends pas trop ce que tu viens de dire ; mais, à ton retour dans ta patrie si policée, tâche d'y introduire ce ressort ; et c'est alors qu'on y sentira le prix de l'enfant qui naît, et l'importance de la population. Veux-tu que je te révèle un secret? mais prends garde qu'il ne t'échappe. Vous arrivez, nous vous abandonnons nos femmes et nos filles, vous vous en étonnez, vous nous en témoignez une gratitude qui nous fait rire. Vous nous remerciez, lorsque nous asseyons sur toi et sur tes compagnons la plus forte de toutes les impositions. Nous ne t'avons point demandé d'argent, nous ne nous sommes point jetés sur tes marchandises, nous avons méprisé tes denrées ; mais nos femmes et nos filles sont venues exprimer le sang de tes veines. Quand tu t'éloigneras, tu nous auras laissé des enfants ; ce tribut levé sur ta personne, sur ta propre substance, à ton avis, n'en vaut-il pas bien un autre ?

Extrait du chapitre IV

Problématiques possibles :

  • MONTREZ QUE CE DIALOGUE PHILOSOPHIQUE TRAITE DE FACON DIRECTE ET ORIGINALE LE THEME DE LA COLONISATION.
  • COMMENT DIDEROT DEFEND-IL D’UNE MANIERE ORIGINALE LA PHILOSOPHIE DES LUMIERES ?
  • COMMENT LA CONNAISSANCE DE L’AUTRE FAVORISE-T-ELLE LA DECOUVERTE DE SOI ?

 

Problématique

Comment la connaissance de l’autre favorise-t-elle la découverte de soi ?

Dialogue entre un tahitien et un occidental

  1. Des révélations d’une lointaine contrée

Deux personnages différents l’un de l’autre porteur de deux thèses.

Cet extrait met en scène deux personnages foncièrement différents : Orou et l’aumônier. L’aumônier est le représentant d’une civilisation (l’occident) et d’une religion. Il incarne les valeurs de fidélité, d’amour et les sentiments altruistes. Il commence à s’adresser à Orou avec condescendance dans sa première réplique mais ce dernier ne se laisse pas faire et répond à l’aumônier de manière brillante. Orou représente les Tahitiens, l’inconstance et paraît volage. Alors que l’aumônier défend « la tendresse maritale, l’amour paternel », Orou et son peuple prône « l’intérêt »

  1. L’intérêt prime sur l’amour

L’aumônier découvre des vérités qu’il n’aurait jamais imaginées et l’argumentaire de l’indigène porte ses fruits « je crains bien que ce sauvage n’ait raison. ». L’intérêt, défendu par Orou, semble avoir le dessus sur l’amour. L’intérêt ressort moral plus efficace que le sentiment, il est qualifié « général, énergique et durable ». De plus, intérêt et altruisme ne sont pas contradictoires. Orou utilise une loi générale qui met sur le même plan biens matériels et relations humaines. Ses propos sont illustrés par une série d’exemples qui sont mis en exergue par une anaphore « c’est ici ». Enfin, il termine sa tirade par une conclusion qui réaffirme la valeur de l’intérêt, introduite par « parce que ».

  1. La procréation : une richesse

La procréation est une richesse pour les Tahitiens et le sang une richesse matérielle « le sang de tes veines ». Les enfants sont la source de toutes richesses « Leur conservation est toujours un accroissement et leur perte toujours une diminution de fortune. ». La « femme féconde » la « fille nubile » et le « garçon adolescent » sont prisés.

Le secret d’Orou « Veux-tu que je te révèle un secret » met l’accent sur le manque d’intérêt qu’éprouve les européens envers les autres -hommes- alors que les tahitiens eux valorisent chaque individu. Les enfants que leur laissent les européens sont des biens valorisés. Prêter leurs femmes aux occidentaux est une stratégie d’accroissement. Ils prennent aux occidentaux non pas des biens superficiels mais une descendance. « ce tribut […] n’en vaut-il pas bien un autre ? »

  1. Qui entraine un nouveau regard sur sa société

  1. Une remise en question

Orou décide que l’aumônier doit se remettre en question.

Il est en train de convaincre : raisonnement logique et raisonné du général au particulier, preuves tangibles (recours au fait, exemples qui illustrent…). Il utilise également des questions rhétoriques. « dis-moi si dans quelque contrée que ce soit il y a » « ce tribut […] n’en vaut-il pas bien un autre ? »

Il emploie le tutoiement, preuve de familiarité contraire au comportement des Européens.

Phrases de types injonctives : impératif « mets la main sur ta conscience »

  1. Une supériorité inattendue : celle des indigènes

Orou monopolise la parole, c’est lui qui a le pouvoir dans cet échange, ses tirades sont plus longues et il est plus éloquent.

En réalité, l’hospitalité spontanée des Tahitiens cache un intérêt, un piège =  Les préjugés sur les tahitiens sont détrompés, ils ne sont pas idiots.

« Quand tu t’éloigneras, tu nous auras laissé des enfants »

Lexique de la guerre : « imposition » « tribut »

Les occidentaux sont en réalité les plus naïfs car ils pensent être supérieurs

  1. Des défauts mis en exergue

Orou se moque des Européens, qui, à travers ce texte, se rendent compte de leurs défauts. Tournure ironique  « ta patrie si policée »

Périphrase péjorative : « fanfaronnade de vertu » discrédite la morale traditionnelle et critique l’hypocrisie des occidentaux

Conclusion

Ainsi, Diderot en déléguant sa parole à Orou nous donne une leçon philosophique originale sous forme de dialogue qui nous permet de mieux nous connaître. L’aumônier, ce personnage sage et respecté, dont la parole est valorisée, au contact d’Orou, découvre des vérités sur son peuple. Nous est ici présenté un Tahitien très éloquent qui arrive à réfuter la thèse de l’aumônier. De cette confrontation entre deux civilisations ressort une compréhension accrue de soi-même.

 Ouverture : Quel autre auteur donne la parole à un opprimé ? (Marivaux à l’esclave Cléanthis)

 

 

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 17/05/2019

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