Quand vous serez bien vieille, Ronsard

Ronsard, sonnet pour Hélène, commentaire du sonnet

 

Sonnets à Hélène Ronsard
 
*** Lecture en ligne du commentaire sur prépabac
 

 

Pierre de Ronsard : "quand vous serez bien vieille au soir à la chandelle"

 

Lecture du poème :

 
  • Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle,
  • Assise auprès du feu, dévidant et filanta,
  • Direz chantant mes vers, en vous émerveillant :
  • « Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle. »

 

  • Lors vous n’aurez servante oyant telle nouvelle,
  • Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
  • Qui au bruit de Ronsard ne s’aille réveillant,
  • Bénissant votre nom de louange immortelle.

 

  • Je serai sous la terre, et fantôme sans os
  • Par les ombres myrteuxa je prendrai mon repos ;
  • Vous serez au foyer une vieille accroupie,

 

  • Regrettant mon amour et votre fier dédain.
  • Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :
  • Cueilllez dès aujourd’hui les roses de la vie.

 

Synthèses :

  • Problématiques autour de la poésie
  • Fuite du temps
  • Fonction du poète et de la poésie
  • - poète prophète (Victor Hugo, dévoiler les secrets du monde)
  • - Poète guide (Ronsard : carpe diem)
  • - immortaliser (Corneille : couvrir d’éloge ou de blâme)
  • - engagement par la poésie (Aragon : résistant français)
  • (Agrippa d’Aubigné : guerres de religion)
  • - Mémoire : la poésie a un devoir de mémoire : Aragon : "strophes pour se souvenir"

 

Complément d’analyse sur la poésie pour répondre aux
questions

 

La pléiade

 

1 - De la brigade à la pléiade

 
  • Du Bellay et Ronsard fondent le groupe de la brigade, ils cherchent une nouvelle poésie française nourrie des trésors de l’antiquité.
  • 1549 : défense et illustration de la langue française, manifeste du groupe sous la signature de Du Bellay.
  • 1553 : la brigade prend le nom de la pléiade : 7 poètes : Du Bellay, Ronsard, De Baif, Belleau, Jodelle, Pelletier du Mans, Pontus de Tyard et Dorat.
 

2 - Projets et convictions

 
  • - réhabilitation de la langue française comme langue littéraire à part entière et refus de soumission au vieux latin universitaire
  • - enrichissement de la langue française par emprunt aux langues anciennes aux dialectes français ou au vocabulaire des métiers.
  • -embellissement stylistique et évolution métrique pour une meilleure harmonie de la phrase et du vers
  • - Imitation innovante des modèles antiques
    -Redéfinition du statut du poète : homme de technique et de savoir faire et inspiré de valeurs humanistes, engagé dans les débats ou combats de son temps.
 
Sonnets pour Hélène, Ronsard


Descriptif :
Le devoir corrigé fait 4 pages word, il comprend une introduction très développée une problématique pour l’’étude et d’autres problématiques vous sont proposées pour vous entraîner, trois parties avec chacune deux  arguments, des transitions, une conclusion avec deux ouvertures possibles pour votre oral .


Analyse


Nous allons étudier un sonnet de Ronsard, tiré de son recueil, Sonnets pour Hélène, écrit en 1578. Né dans une famille noble, il souffre de problèmes de santé et se consacre aux lettres, et fondera avec Du Bellay la Pléiade après avoir suivi l’enseignement de Dorat.
  • Plan de l’étude :

Introduction 

Développement

I - Une évocation précise et réaliste

1 - une description simple et sans complaisance

2 - une évocation vivante

Transition

II - Une invitation à l’amour originale

1 - Un contre éloge

2 - Le carpe Diem

Transition

III Un poète mis en scène par lui même

1 – L’image de la mort et les regrets

2 – Le poète et la poésie  immortalisés

Conclusion avec ouverture

 

Introduction

Nous allons étudier un sonnet de Ronsard, intitulé, "Quand vous serez bien veille le soir à la chandelle", en date de 1578. Il s’agit d’un sonnet, il est donc composé de deux quatrains et d’un sizain ou deux tercets. Ce sonnet est régulier et bâti sur la structure ABBA, ABBA, CCD, EED; Il s’agit pour le poète de souligner la variation du motif du carpe diem : profiter de l’instant présent . La femme n’est pas ici comparée à une rose et c’est ce qui le rend original, nous sommes
très loin de la comparaison avec la fleur. En fait, Ronsard invite la femme à répondre à son amour pendant qu’elle le peut encore, pendant qu’il en est encore temps. Le carpe diem qui signifie, "cueille le jour " est un motif emprunté au poète latin
du nom d’Horace, on peut parler d’une véritable philosophie car il s’agit de profiter au maximum du moment présent.

 

Problématique :

 En quoi ce poème sert-il ladouble ambition du poète, à savoir être une déclaration d’amour et servir à rendre cet amour immortel ?

 

Avec les Sonnets pour Hélène s’ouvre une longuepériode de la vie de Ronsard, au cours de laquelle il n’aura de cesse d’envoyer des poèmes à sa muse en lui demandant d’être aimé, malgré son âge et sa vieillesse. C’est pourquoi l’on retrouve avec une telle fréquence les idées du temps et de la jeunesse dans son œuvre, parce qu’elles agissent sur l’Amour aussi bien que sur l’Etre, et Ronsard, qui veut que le nom de celle qu’il aime soit immortel, souhaite aussi que leur amour le soit.

 

I) Une description précise et réaliste


a) Une description simple et sans complaisance


Vers 1 - Mise en parallèle et en égalité de la vieillesse et de la nuit : la position des mots « vieille » et « soir » de part et d’autre d’un hémistiche que la liaison comble et assouplit tend à faire de la vie une journée que la mort vient éteindre, et c’est le noir.
Vers 2 - Emergence du champ lexical de la lumière, «feu, chandelle » qui va s’opposant à celui de l’ombre : « ombre, fantôme ». Ronsard invite à la comparaison entre ce qui est et ce qui sera.
- Enumération de participes présents qui figent l’action, lui donnent un caractère intemporel et qui allègent la description. Ronsard veut peut-être signaler que cette époque de vieillesse n’est pas si loin que le dirait un futur simple qui rejette au lendemain la décrépitude.

Vert 9 - Champ lexical de l’ombre.

 

b) Une évocation réaliste et vivante


Vers 1 - Présence du futur => inéluctable et certain
Vers 3 - Le futur qui revient avec « direz » marque bien le contraste et souligne l’action.
Vers 5 – Le marqueur temporel qui ouvre le second quatrain fait écho au « quand » qui ouvre le premier quatrain et montre l’obsession de Ronsard face au temps.
Vers 6 – « Déjà » = nouvelle référence au temps, à nouveau en début de vers.
Vers 13 – Ordre, injonction, on revient au présent : c’est la morale du conte. 

-Nouvelle connotation temporelle « demain » qui s’oppose à « aujourd’hui » au vers suivant.
Vers 14 – Métaphore entre la Rose et les plaisirs, la vie et surtout le caractère éphémère.

-Ronsard conseille à Hélène de profiter du jour même (carpe Diem, épicurisme etc…).
-Le dernier mot, vie, s’oppose à la mort qui baignait le premier tercet.

Transition :

Cette description précise et réaliste nous conduit à présent à l’invitation à l’amour mais cette dernière est en fait un contre éloge et la déclaration reste implicite.

 

II) Une invitation à l’amour originale


a) Un contre éloge


Vers 1 - Le destinataire est directement mentionné: intimité entre le poète et la muse.
Vers 4 – Apparition dunom de l’auteur qui souligne l’intimité du poème.
-Retour à « votre nom » qu’il ne cite pas => intimité.
Vers 9 – Introduction directe du poète « je ».
Vers 11 – Retour, et donc mise en parallèle entre les deux vieillesses de Ronsard et d’Hélène.
-Retour un mot « vieille » qui devient la seule caractéristique d’Hélène.

 

b) Une déclaration singulière


- Vers 2 - Le symbolisme de la toison cousue peut rappeler celle de Pénélope, d’autant qu’une autre Hélène peuplait les odes d’Homère.
-Champ lexical de l’éloge oral : « chantant, direz, célébrer ».
- Vers 12 – Vers construit sur une symétrie entre mon amour et votre dédain. L’idée du regret est à son tour exprimée, le poème se précise, le sous-entendu s’effiloche.
- Vers 13 ou 14 - Jamais de mot « amour » juste « célèbrait » => Ronsard fait uen déclaration silencieuse.


Transition :

On retrouve le thème dominant du carpe diem,invitation à vivre l’instant et à profiter du temps qui passe mais en fait celui ci prend forme à travers la fonction de l’écriture qui permet au poète de trouver l’éternité.

 

III poète mis en scène par lui même


a) L’image de la mort et des regrets


-Allitération en « v » qui d’ailleurs prend source au premier vers : sonorité douce et mélancolique.
-Les participes présent ; valeur de regrets, et du temps fixe, reviennent dans le quatrain.
-Litote pour sommeillant qui renvoie plutôt à la mort et à la vieillesse. A demi-sommeillant se lit plutôt comme « à demi-mort ».
- Vers 10

 – Allusion à leur ancien amour, symbolisé par les myrtes.
- Retour de l’idée de repos du vers 6
 Litote pour la mort.
-Allitérations en « r » sonorité rugueuse témoignant de la tristesse d’être séparés.

 

b) La poésie et le poète immortalisés


-Servante sans pronom = toutes les servantes connaissent Ronsard.
Vers 7 – Le réveil apporté par le nom de Ronsard s’oppose au sommeil de la mort : Ronsard vit à travers son œuvre et se projette dans l’immortalité.
Vers 8 – Onretrouve cette idée avec le dernier mot du deuxième quatrain (fin
de la phrase).

Conclusion :


Ronsard célèbre la jeunesse et la beauté d’Hélène, qu’il invite à en profiter, et à jouir des plaisirs de la vie, et donc à l’aimer. Mais l’ambition du poète est aussi de « déjouer la mort » et de faire en sorte que ses poèmes soient le vestige éternel de son amour pour Hélène, et de sa beauté que le temps va faner.  C’est d’ailleurs plutôt réussi, car Baudelaire, plusieurs siècles après cela, reprendra ce thème dans de nombreux poèmes, notamment dans « Remords Posthume », ou c’est cette fois-ci la muse qui a trépassé, et qui regrette de ne pas avoir suivi les conseils de Ronsard, c’est-à-dire profiter de la vie, et connaître « ce que pleurent les morts », l’amour.

 

Ouvertures possibles

 

Ouverture n° 1

Invitation à vivre l’instant présent pour conjurer la mort, le temps qui passe. L’écriture poétique a une fonction particulière, un
effet cathartique qui consiste à libérer des maux par les mots, combattre l’angoisse, conférer l’immortalité et détruire les effets de la mort.

 

Ouverture n° 2

On peut rapprocher ce poème dans un autre poème de Ronsard "Comme on voit sur la branche au mois de Mai la rose." On retrouve le thème de la fleur du temps qui passe et de la référence mythologique aux Parques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

 

 
 

  


 

 


 

 



 

 

Date de dernière mise à jour : 17/05/2019

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