L'art peut-il se passer de règles?

 

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L'art peut-il se passer de règles?

 

Introduction

L'art ne se conçoit pas sans moyens techniques, en peinture par exemple et estimer une production esthétique c'est le plus souvent aussi reconnaître que les choses ont été faites dans les "règles de l'art", donc bien faites et en conformité avec certaines règles.

Mais une oeuvre d'art peut aussi se faire valoir par pure et simple originalité et sans aucun souci des règles et canons du beau.

L'art peut-il se passer de règles?

Problématique : Les règles sont-elles une entrave ou une condition nécessaire à la création artistique ?

Le créateur d'oeuvres d'art suit-il des règles pour mettre en pratique un savoir faire destiné au beau, doit-il connaître les lois de la nature pour une plus grande maîtrise de la matière ou au contraire s'émancipe t'-il des règles au nom de l'originalité et de la liberté? Ou encore l'artiste est-il celui qui créé ses règles?

1. L'art ne peut pas se passer de règles

A. Il faut connaître les lois de la nature pour créer

L'action de créer suppose diverses créations plus ou moins appréciées par le public en fonction des moyens utilisés et de la maîtrise de l'artiste. Qu'il s'agisse d'un tableau ou d'une sculpture, la réception de l'oeuvre est relative à ces critères. L'artiste maîtrise t'-il sa technique? A t'-il mené son projet à terme ou pas?

Pour conduire convenablement un projet architectural, l'auteur de ce projet devra avoir connaissance des lois de la pesanteur, il ne peut passer outre les lois de la nature pour créer. A ce niveau, il semble que l'art ne puisse pas se passer de règles. Le schéma de réussite est le même en peinture ou encore en musique. Sans connaissance du solfège, il semble difficile d'enfanter une symphonie dans le respect des notes les plus harmonieuses.

B. Il faut une certaine maîtrise de la matière

Si l'on se réfère à l'étymologie Grecque du concept d'art, , tecknê nous dirons que ce dernier renvoie en premier lieu à la technique donc à un savoir faire et une maîtrise. Par conséquent si l'on reprend l'exemple de la sculpture, sans maîtrise de la matière, le sculpteur est infirme, il n'y a d'art que pour autant que l'artiste affronte sa matière, ainsi du musicien avec le solfège, ainsi de l'écrivain avec la grammaire. Les règles sont incontournables, il n'y a pas d'oeuvre d'art à partir de rien mais seulement une production esthétique sur la base d'une matière. Règles et maîtrise assurent la réussite de l'oeuvre. Ainsi, nous dirons pour reprendre les mots d'Hegel que l'art s'exerce toujours sur une matière.

C. La réception d'une oeuvre d'art suppose des règles de reconnaissance

Si l'artiste ne peut se passer de règles, il semble évident que la réception des oeuvres d'art ne puissent pas non plus s'en affranchir. Le spectateur, pour reconnaître les valeurs esthétiques du "beau" doit retrouver dans la création de quoi justifier son adhésion. Il y a donc un critère d'authentification du Beau que l'on appelera "canons" de la beauté. La qualité d'un tableau ou d'une sculpture doit être évaluée, mesurée en fonction de ces règles du Beau.

Entre l'acceptation et l'irréversible respect des règles en matière d'art, l'artiste n'est-il pas celui qui au nom de l'originalité et de la liberté revendique son émancipation des règles?

II - L'art s'émancipe des règlesDnbac dissertations

A - Au nom de l'originalité de la création

L'histoire témoigne du rejet des plus grands génies artistiques, ceux qui revendiquaient originalité et liberté absolues. On peut à cet égard citer Van Gogh, peintre extraordinaire mais qui malgré son génie est mort dans la plus grand misère et solitude car le public n'avait pas reconnu son génie créatif, trop original, trop innovant donc incompris et non authentifié de son vivant comme artiste reconnu. Chacune de ses oeuvres contenait en elle-même ses propres règles sans cesse renouvelées d'un tableau à un autre. Il est le symbole d'un génie créatif mal compris, rejeté pour son trop plein d'originalité et son refus des règles. Lorsqu'un artiste choque, il y a parfois rejet, au contraire une nouvelle valeur esthétique est incarnée dans la recréation ou le détournement de la fonction originelle de certaines objets du quotidien, c'est le cas de Duchamp avec son urinoir, objet provocateur de l'histoire de l'art, un art de l'idée, un symbole de la subversion. Cet objet est devenu la Fontaine, il choque encore.

B - Au nom de la liberté de la création

La liberté créatrice est absolue au point de refuser les règles des siècles précédents, elle se revendique et évolue en s'émancipant de ces mêmes règles qui géraient les canons du Beau. Faire de l'art une bonne imitation des choses serait réducteur, l'art n'est pas seulement imitation, il reproduit et en reproduisant il recréé les choses selon sa mesure, selon ses règles évolutives, renouvelées dans le temps et selon le génie créatif. On peut affirmer de l'art qu'il est une recréation du monde mais on ne peut le réduire à une simple imitation bien faite des choses sans risquer de l'assimiler à une simple technique. La surprise que suscite une oeuvre d'art a une grande importance, le spectateur doit ressentir l'audace du créateur et suspendre son souffle à la vue de son oeuvre et non pas se contenter de retrouver les mesures et les formes d'un objet reproduit à la perfection. Le génie créatif fait de sa liberté sa nouvelle garantie pour faire de sa création une oeuvre unique dans le respect de sa liberté de créer..

C - Au nom d'une émancipation absolue sans souci d'être fonctionnel, reconnu ou d'une quelconque appartenance à une école d'art.

La seule règle à suivre devient la liberté de créer dans le moment choisi sans aucun souci d'être fonctionnel, efficace, productif, reconnu ou encore d'appartenir à une quelconque école d'art. L'artiste incarne l'être capable de se libérer des chaînes du quotidien, plus de servitude, de carcans. Il faut libérer l'art de ses entraves.

Cependant un artiste reste un être à part qui s'éloigne de par son mode de vie du genre commun. Reconnaître que les créateurs s'émancipent des règles signifie t'-il au sens propre ne plus avoir de règles du tout? Dans ce cas de figure, comment se fait-il qu'il y aient encore des écoles d'art?

III - L'émancipation des règles signifie t'-il qu'il n'y a plus de règle du tout?

A - L'artiste est l'auteur de ses propres règles. Il les créées.

Revendiquer son originalité pour créer une oeuvre d'art et refuser toute règle préétablie ne signifie pas faire n'importe quoi. Si l'artiste refuse d'être réduit à un simple technicien capable de bien reproduire un objet en suivant ou pas un modèle, il ne doit pas pour autant revendiquer un génie au nom de l'absurde. Ainsi les génies comme Mozart et Beethoven se font reconnaître dans l'histoire de la musique pour leur exemplarité, le caractère unique de leur composition dans le plus grand dépassement d'eux-mêmes à la plus grande stupéfaction et admiration de tous. Il n'y a qu'un Beethoven, un génie unique, de même pour Mozart. Si le premier suit le second, il ne l'a pas pour autant copié. L'artiste génie suit l'intuition qui l'anime au plus fort et au plus profond de lui-même. Il est cet autre qui crée dans le moment de l'inspiration. "Cet autre" qui seul a su créer Dom Juan par exemple, oeuvre unique et toujours d'actualité, éternelle de beauté et de sens. Le refus des règles n'est pas synonyme de "plus de règles du tout". L'artiste, lorsqu'il est habité par sa création trouve en lui les ressorts d'une inspiration qui le pousse à se transcender lui-même vers cet au-delà qui fait de l'oeuvre une oeuvre unique, une oeuvre de génie.

B- Le miracle de la création

Le génie vu ainsi serait à l'origine du miracle de la création. Intuition, inspiration, transcendance, flamme...... L'artiste doit obéir à sa nature toute particulière que Kant appelle le génie et que Nietzsche refuse de concevoir autrement que comme un travail forcené et assidu.

Si nous gardons la thèse du génie au sens du don naturel donc d'un miracle de la création, il nous faut aussi reconnaître que c'est un don qu'il faut respecter et expoiter lorsque l'on en est pourvu.

C - L'artiste suit ses règles intérieures, inspiration, intuition = génie

L'artiste est sacralisé, il est celui qui par son inspiration quasi divine peut et sait créer ou recréer tel un Dieu vivant sur terre conduisant les hommes pour les distraire, les instruire, les guider. Une telle disposition n'est pas le fait de tout un chacun et suppose de suivre ses propres règles intérieures, son inspiration, son génie, ses intuitions. Il a en lui ses propres règles.

Conclusion

L'artiste est donc le seul à pouvoir s'émanciper de toutes règles au nom de la liberté et de l'originalité de créer. Mais ce dépassement vers le génie créatif ne signifie pas annihilation de toutes règles, mais plutôt respect de ses règles intérieures. L'artiste est capable de dépassement et en ce sens, il sait créer ses propres règles.

Ainsi pour répondre à notre question, l'art peut-il se passer de règles? Il semble que nous soyons autorisés à répondre que l'artiste en tant que génie n'est soumis qu'aux règles qui le conduisent à ses créations uniques et exemplaires. L'art n'a que ses règles et celles-ci permettent au créateur de se renouveler dans la liberté la plus totale.

 

Date de dernière mise à jour : 31/01/2020

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