Le renard et la cigogne, La Fontaine, étude bac

 

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UNE FABLE A VISEE DIDACTIQUE, LES DEUX FONCTIONS DE L’APOLOGUE

 

PLAIRE ET INSTRUIRE

L’allégorie animale au service de la morale

 

Le Renard et la Cigogne

 

Lecture de la fable

Compère le Renard se mit un jour en frais,
et retint à dîner commère la Cigogne.
Le régal fût petit et sans beaucoup d'apprêts :
Le galant pour toute besogne,
Avait un brouet clair ; il vivait chichement.
Ce brouet fut par lui servi sur une assiette :
La Cigogne au long bec n'en put attraper miette ;
Et le drôle eut lapé le tout en un moment.
Pour se venger de cette tromperie,
A quelque temps de là, la Cigogne le prie.
"Volontiers, lui dit-il ; car avec mes amis
Je ne fais point cérémonie. "
A l'heure dite, il courut au logis
De la Cigogne son hôtesse ;
Loua très fort la politesse ;
Trouva le dîner cuit à point :
Bon appétit surtout ; Renards n'en manquent point.
Il se réjouissait à l'odeur de la viande
Mise en menus morceaux, et qu'il croyait friande.
On servit, pour l'embarrasser,
En un vase à long col et d'étroite embouchure.
Le bec de la Cigogne y pouvait bien passer ;
Mais le museau du sire était d'autre mesure.
Il lui fallut à jeun retourner au logis,
Honteux comme un Renard qu'une Poule aurait pris,
Serrant la queue, et portant bas l'oreille.
Trompeurs, c'est pour vous que j'écris :
Attendez-vous à la pareille.

 

Analyse littéraire

 

Introduction

Nous allons étudier la fable le renard et la cigogne, tirée du livre premier sur les 12 de La Fontaine. La Fontaine est un fabuliste qui a emprunté à Phèdre et Esope pour écrire ses fables. Il s'inspire beaucoup d'Esope mais contrairement à celui-ci qui écrivait en prose, il a versifié ses écrits. La fable est un apologue composé d'un récit et d'une morale. Le symbolisme animalier lui permet de faire des dénonciations diverses en mettant en scène un grand palmarès d'animaux, tout en évitant la censure. Dans la fable qui nous intéresse, Le Renard et la Cigogne, le fabuliste met en avant l'allégorie animale dans le but de procéder à la satire de la noblesse de l'époque dont il dénonce les vices.

Problématique

En quoi cette fable de La Fontaine par un récit plaisant et bien mené parvient-elle à instruire en mettant l'allégorie animale au service d'une dénonciation et d'une morale ?

 

 

 

Plan

I – Plaire par un récit bien mené et argumenté

II – Instruire = une allégorie animale au service d'une dénonciation et d'une morale

 

 

 

Développement

 

Les deux fonctions de l'apologue

I – Plaire par un récit bien mené et argumenté

 

Chaque fable de La Fontaine est plaisante mais elle n'a pas pour seul but de divertir mais également de remplir sa fonction didactique, elle doit instruire comme nous le verrons dans notre deuxième partie. Tout d'abord, nous nous intéresserons au récit et à son contenu très plaisir en lecture, ce qui prépare le lecteur à l'enseignement recherché par le fabuliste. Le début de la fable met le lecteur directement (in média res) dans l'histoire, se sentant ainsi plus impliqué et concerné. L'histoire se découvre de manière très plaisante grâce à ses rimes alternées, embrassées, croisées, ses effets de sonorités, sa richesse en vers, alexandrins, décasyllabes, octosyllabe au vers 27 et sa manière d'interpeller par l'alternance des styles directs, vers 27 et 28 et indirects. Nous retrouvons l'écriture, claire, succinte, fluide du classicisme répondant ainsi aux exigences d'écriture d'un Boileau = «tout se qui se conçoit bien/ S'énonce clairement ». L'aspect abordable du récit renforce l'impression de simplicité et d'aisance malgré la talentueuse écriture du fabuliste, le message se cache et ne tarde pas à se faire découvrir. La lecture se poursuit dans la richesse des allitérations en « L », vers 10, 11, en « M », vers 9, des enjambements, vers 11, 12, 13, 14.

La cigogne reçoit une invitation de la part du Renard pour aller dîner chez lui. Le renard préparer un broullon immangeable pour la cigogne à cause de son long bec. Alors, la Cigogne invite le renard un jour chez elle et lui offre de la viande coupée en petits morceaux et servie dans un vase à long col, de sorte que le Renard ne puisse pas en manger avec son large museau.

L'allégorie animale se profile dans la description rendue toujours de manière plaisante dans un parallélisme touchant aux actions du Renard et de la Cigogne ainsi que le précise déjà le titre. La Cigogne est qualifiée de « commère » et le Renard de « compère ». Les deux personnages ne s'entendent pas et n'ont aucune affinité. On peut parler de fausse entente mise en scène dans la fable. Il s'agit pour le fabuliste de mettre en scène ces personnages antagonistes dans le but d'illustrer avec un certain comique de situation les efforts faits par le Renard pour piéger les autres. Le comique est à cet égard renforcé par la répétition de la tromperie. Nous touchons au comble de la tromperie et c'est la chute de la fable.

Mais le récit ne fait que raconter une histoire et c'est derrière celle-ci et son symbolisme animalier que se cache le message.

 

 

 

II - – Instruire

une allégorie animale au service d'une dénonciation et d'une morale

 

L'opposition des personnages est manifeste. Nous avons un Renard à la réputation d'animal rusé, flatteur et la Cigogne, belle, élégante, délicate. Le portrait du Renard n'est pas flatteur car La Fontaine le décrit comme un personnage avare, égoiste, vers 3 «Le régal fut petit », vers 4 «Le galant pour toute besogne », il est noble mais vit «chichement » sans domestique. Il se montre sans convenances «avec mes amis je ne fais point de cérémonie » et sait manipuler son monde, il fait valoir la flatterie dans un but intéressé pour obtenir ce qu'il souhaite = « il loua très fort la politesse ». Son portrait n'est pas flatteur car il est le symbole de la cour de l'époque, trop confiant et sûr de lui, trop prétentieux, trop égocentrique, il a tendance à se montrer hypocrite et ne penser qu'à lui pour oublier le monde qui l'entoure. Mais l'intention de La Fontaine est de faire en sorte que la vraie nature du Renard se réveille afin de la mettre à jour. Il se dévoile donc dans sa nature profonde, piégé à son propre piège, à son propre jeu face à une cigogne qui parvient malgré tout à se venger avec une grande ruse, en planifiant bien sa mise en scène puisque le renard ne s'en rend pas compte. Elle se montre d'une intelligence supérieure et sait s'adapter à la situation en rendant au renard ce que ce dernier a bien voulu lui donner = « menus morceaux de viande », « bon appétit surtout », le renard croyait «la viande friande » et ne se « réjouissait rien qu’à l’odeur ».

 

 

Conclusion

La morale = si on trompe quelqu'un, on a la revanche de celui qui a été trompé = «Trompeurs, c'est pour vous que j'écris : Attendez-vous à la pareille ». La morale est transcrite dans un discours direct en octosyllabes. Elle est tirée de l'allégorie animale et transcrit l'hypocrisie des membres de la cour de l'époque. La morale est universelle. Ainsi La Fontaine prévient les trompeurs car ils seront un jour, à leur trompés. On peut parler d'une leçon de vie, malgré l'aspect divertissant de la fable, le fabuliste parvient à transmettre son message et à instruire l'homme sur un aspect de sa nature humaine en dénonçant les vices de la cour.

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 16/05/2019

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