La philosophie de Descartes
LA METHODE CARTESIENNE : Document 1
Le modèle mathématique
Introduction
Nous allons étudier la philosophie de Descartes, nous verrons comment le philosophe recherche dans le domaine philosophique une vérité égale à la certitude mathématique. Dans un premier temps, nous analyserons l
’entreprise cartésienne et verrons en quoi elle consiste. En second lieu, nous donnerons une définition de la méthode et enfin, dans une dernière partie, nous étudierons le modèle mathématique.
En quoi consiste l'entreprise cartésienne?
L'entreprise cartésienne commence avec l'expérience d'une déception. Cette déception rend la méthode nécessaire. La description que donne Descartes de cette déception nous permet de caractériser a contrario le sens de son projet et ce qu'il attend de la philosophie. Lorsqu'il la relate en 1637, elle est si globale que rien n'en semble pouvoir réchapper. Ou que l'on se tourne, quoi qu'on considère, tout est précaire et dérisoire. «Regardant d'un œil de philosophe les différents aspects et entreprises de tous les hommes, il n'y en a quasi aucune qui ne me semble vaine et inutile». L'exil volontaire de Descartes eut pour but de maintenir ce regard de philosophe qu'il portait sur l'existence. Il s'éloigne pour se maintenir en cet éloignement qu'est la philosophie. Ce qu'il fuit en s'exilant c'est cet ordinaire divertissement et cette accoutumance par lesquels nous venons à ne plus même remarquer la futilité de nos occupations ni éprouver l'inanité de notre vie. Ce regard philosophique exprime donc certaines exigences originaires de la pensée cartésienne. Si l'on élucide pourquoi les diverses actions et entreprises de tous les hommes apparaissent vaines et inutiles au regard d'un philosophe, on aura caractérisé négativement ce que Descartes attend de la philosophie et en quoi elle est la seule occupation que le philosophe qualifie de bonne et d'importante. Les seules entreprises considérées ici sont scientifiques manifestant ainsi que les seuls vrais biens sont ceux que notre industrie nous procure immanquablement parce que notre science nous en instruit nécessairement. Pour n'être ni vaines, ni inutiles, il faut que nos occupations nous procurent l'efficacité de nos actions par la seule rectitude de notre jugement et que la véracité de notre jugement ne dépende que du libre usage de notre volonté. Ce qui n'a pas été jugé en vérité n'est qu'inutilement fait.
Définition de la méthode
Nous donnerons à la méthode la définition suivante : «On appelle méthode, l'ordre que la pensée doit suivre pour parvenir à la sagesse. C'est un parfait usage de l'esprit». Descartes affirme qu'il n'y a pas tant de perfection dans les ouvrages composés de plusieurs pièces et faits de la main de divers maîtres qu'en eux auxquels un seul travaillé. Le philosophe est désireux de composer une géométrie dont il avait conçu l'idée, c'était son projet promis à son ami Beeckman. Mais en cherchant les fondements de cette science, il conçoit l'idée de l'unité du corps des sciences et tente de la constituer. Il souhaite reconstruire le corps des sciences. C'est son dessein.
Le modèle mathématique, un modèle d'évidence
Le modèle mathématique devient un modèle d'évidence, de clarté et de distinction, or ce qui est conçu clairement et distinctement ne peut être faux, donc le modèle de l'évidence mathématique est un modèle de vérité. Il faut habituer l'esprit à penser selon le modèle mathématique. Les mathématiques servent de modèles épistémologiques. La certitude de leurs raisons et de leurs conclusions est un fait logique exemplaire qui nous marque ce que nous devons exiger en toutes les sciences. C'est un modèle de certitude tel que «ceux qui cherchent le droit chemin de la vérité ne devront s'occuper de rien qui ne puisse être l'objet d'une certitude égale à celle des démonstrations d'arithmétique et de géométrie», nous dit Descartes dans les Regulae II. Ce n'est pas de leur objet que les mathématiques reçoivent leur exemplaire certitude mais des principes et de l'ordre selon lesquels elles l'élucident. Ce n'est pas parce qu'ils sont géomètres que les bons géomètres raisonnent avec certitude c'est parce qu'ils raisonnent bien qu'ils progressent avec certitude de leur science. Les mêmes causes produisent les mêmes effets, il suffit donc de transporter sur d'autres objets le même mode de raisonnement pour avoir la même certitude en quelque science. La certitude du raisonnement est indépendante de l'objet, elle ne peut résulter que de sa forme donc de ses règles. Les règles sont nécessaires à la certitude du raisonnement. Les mathématiques et les autres sciences sont rendues semblables par la communauté de leur démarche ou de leur raisonnement, c'est-à-dire, de leur méthode.
Le cartésianisme méthodologique
L’unité des sciences nous tourne vers l’idée d’un ordre unique des connaissances analogue à l’ordre mathématique. La certitude des mathématiques est d’ordre universel. Dans l’unité de l’esprit, la connaissance est sagesse suprême. Mais le monde est fait d’une même et unique matière de sorte que la physique, l’astronomie et la biologie doivent obéir aux mêmes règles. Dans la méthode, les règles doivent être certaines et faciles permettant d’aboutir à la connaissance vraie de tout ce dont on est capable. Il faut éviter l’erreur, le philosophe est animé par la volonté de parvenir à tout ce qui est clair, (idée claire, toute idée qui se manifeste par l’intuition), et distinct, (ce qui nous est saisissable, possibilité de séparer une idée d’une autre). Afin de ne pas sombrer dans l’erreur, il ne faut pas se fier aux préjugés, éviter la précipitation, ce qui est susceptible de ne pas nous amener aux idées claires et distinctes et qui serait douteux. Il faut en outre découvrir la vérité. Par les règles de l’analyse, « diviser les difficultés, les examiner en autant de parcelles possibles afin de les mieux résoudre », les règles de la synthèse, « conduire par ordre mes pensées en commençant par les plus simples et les plus aisées à connaitre pour remonter peu à peu, jusqu’à la connaissance des plus composées ». Vient ensuite le dénombrement, « faire partout des dénombrements si entiers et des revues si générales que je fusse assuré de ne rien omettre ». Les trois notions dominantes permettant de découvrir la vérité par le biais de la synthèse, de l’analyse et du dénombrement sont, l’intuition, l’induction, ce qui permet de passer d’un terme à un autre en s’apercevant, par intuition de leur rapport, et l’ordre, complexe, ordonné, c’est le but final de la science cartésienne, du cartésianisme méthodologique.
LA RAISON
Les notions essentielles : réhabilitation de la raison : le rationalisme : Document 2
Deux ordres de connaissance, la raison et le cœur
Pascal et Descartes
Nous avons vu avec Descartes que la raison était réhabilitée, elle doit tout gérer et par l’intermédiaire du doute, le philosophe touche à la certitude mathématique, il obtient une certitude égale à la certitude mathématique, nous arrivons donc à la vérité indubitable du cogito ergo sum, le « je pense donc je suis ». La raison a des domaines où elle peut régner en souveraine comme dans les sciences par exemple. Sans pour autant disqualifier la raison, il faut si l’on se réfère à Pascal, les pensées, admettre un autre principe de connaissance, le cœur. Nous pouvons à cet égard le citer, « deux excès, exclure la raison et n’admettre que la raison », ou encore, « le cœur a des raisons que la raison ignore ». Il y aurait donc une connaissance par les sentiments. Il faut élargir la notion de connaissance et y intégrer toutes les puissances de la vie. Il parait indispensable d’admettre une pensée irrationnelle; la raison ne peut résoudre tous les problèmes. La spiritualité déborde la rationalité. Le philosophe ajoute, « la dernière démarche de la raison est de reconnaître qu’il y a une infinité de choses qui la surpassent ». C’est un désaveu de la raison. La raison des choses n’est pas forcément donnée par la raison seule. A ce niveau de la réflexion, il y a sacrifice du principe de raison suffisante et affirmation des raisons du cœur. Donc, la raison ne vaut pas pour tout comprendre mais seulement pour comprendre ce qui lui est accessible.
Le rationalisme cartésien
Le rationalisme en tant que doctrine qui pose que la connaissance est accessible par la raison trouve son point culminant avec Descartes. En effet son ambition première était de trouver en philosophie une certitude égale à la certitude mathématique. À l
’aide du raisonnement hypothético déductif, raisonnement emprunté aux mathématiques, il va poser l’intuition comme nature simple permettant de déduire sans être déduit puis la déduction comme moyen d’opérer de longues chaînes d’inférences. Le point de départ de la réflexion philosophique est le doute méthodique puis hyperbolique, il parvient à poser que le malin génie, pantin épistémologique peut le tromper autant qu’il voudra, il reste « que s’il me trompe, je suis. » c’est ainsi que dans l’acte de douter, s’affirme le sujet pensant. S’il me trompe, il ne peut pas faire que je ne sois rien. Nous avons donc une conjonction nécessaire entre ma pensée actuelle et mon existence actuelle. Il y a une liaison entre le je pense et et le je suis. L’existence précède la pensée, c’est la notion première. L’important est de comprendre que l’esprit triomphe du doute, je suis et j’existe est la première affirmation ontologique; nous pouvons ainsi affirmer que par les procédés mathématiques, les questions peuvent être résolues, la déduction est appliquée à la philosophie.
Affirmation ontologique indubitable du cogito
Je pense donc je suis
Nous arrivons donc à ce stade de la réflexion à la réalité indubitable du cogito, l’affirmation ontologique du « je pense donc je suis », le cogito ergo sum. Le malin génie peut me tromper autant qu’il voudra il reste que s’il me trompe, je suis. Dans l’acte de douter, s’affirme le sujet pensant. S’il me trompe, il ne peut pas faire que je ne sois rien. « Je doute mais tandis que doute je ne peux douter que pense et si je pense je suis car pour penser, il faut être », « je pense donc je suis », « cogito ergo sum », « mais que suis-je moi qui suis? Je suis une substance pensante ». Il y a conjonction nécessaire entre ma pensée actuelle et mon existence actuelle. Il y a une liaison entre je pense et je suis; l’existence précède la pensée. L’existence est la notion première, la notion simple non déduite qui sert à déduire la pensée. L’existence relève de l’intuition, la pensée de la déduction; ainsi, l’esprit triomphe du doute, je suis, j’existe est la première affirmation ontologique. Par conséquent toutes les questions solubles sont résolues par des procédés conformes aux mathématiques : la déduction est appliquée à la philosophie.
Le cogito, « je pense donc je suis » est une découverte non une production. L’origine du sens, nous sommes dans une précompréhension de tout, nous donne le modèle d’une compréhension au sens d’une première vérité, c’est l’évidence, je ne peux pas douter que je sois. Qu’est-ce donc que je croyais être auparavant? Pour Descartes, tout se passe comme si une espèce de pur intellect, un fantôme s’était introduit dans lun corps. Le mental comprend un certain nombre d’états de conscience, il y a un fantôme qui hante un lieu géométrique, physique qui est le corps. Cette substance matérielle n’existe que pour moi. Ma représentation, les pensées ne sont que des images. Nous sommes tentés de parler d’évènements mentaux de l’âme, versons nous dans l’idéalisme?
UNE EXIGENCE DE RATIONALITE : Document 3
Les fonctions de la raison
Dépassement de la fonction discursive vers l’auto compréhension de l’esprit par lui-même. Élucidation de la question de la raison philosophique.
Introduction
Nous allons étudier le concept de la raison dans ses fonctions respectives. Nous allons suivre une démarche particulière pour plus de compréhension. Nous savons que la raison philosophique n’est pas une connaissance d’objets mais une élucidation des sens, des significations. La pensée devient conscience, à savoir, retour de la pensée sur elle-même, c’est la pensée qui prend conscience, nous l’appelons en philosophie, la conscience réflexive. Elle se situe à un degré supplémentaire de la conscience spontanée. La philosophie se définit dès lors comme l’accomplissement d’une raison qui s’interroge et se découvre toujours en quête de savoir et non dogmatique, elle reste sans cesse ouverte aux questionnements divers. Elle consiste dans la découverte interne essentielle, à savoir, l’expérience humaine est rationnelle. La raison n’aurait donc pas seulement une fonction discursive, il ne s’agit pas uniquement de la poser comme on poserait un raisonnement hypothético-déductif. Au contraire, elle est auto compréhension de l’esprit par lui-même. Dans un premier temps, nous verrons les fonctions accordées au concept de raison. En second lieu, nous nous pencherons sur le concept rationaliste cartésien et tenterons de dépasser le raisonnement discursif et de poser un rationalisme pluraliste.
Les différentes fonctions du concept de raison
Nous avons plusieurs fonctions possibles, dans un premier temps, il y a la fonction d’abstraction catégoriale, elle est identifiée au problème des catégories, par exemple la fonction des catégories dans la gnoséologie d’Aristote. Cette fonction fait abstraction des classifications. Il traite des données immédiates de nos sens, les subsume, les change. L’intelligence passive reçoit les qualités passives, nous passons donc de la perception passive des qualités sensibles individuelles à l’intelligence active qui intervient pour révéler la présence des catégories. Le procès de la connaissance dans la théorie aristotélicienne se réduit à l’explication du passage des idées à plusieurs étapes. Nous avons une seconde fonction, l’explication des phénomènes, nous pourrions dire, « sauver les phénomènes », pour reprendre l’expression de Simplicius. Dans un troisième temps, il nous faut accorder à la raison une fonction d’organisation. La pensée accomplit l’organisation rationnelle, la coordination formelle se traduit dans le domaine scientifique. S’établit alors, un système universel de relations logiques. L’exigence d’intelligibilité est déjà manifestation d’une dynamique de l’esprit car la raison n’est pas simplement un mode discursif, déductif de l’activité mentale. Elle traduit au contraire un pouvoir d’auto compréhension qui s’exerce dans les forces scientifiques et dans la pensée analytique. D’une façon générale, nous pouvons affirmer que c’est un mouvement incessant d’élucidation. Le rationalisme est une compréhension de nous-mêmes. La raison est le nom qui a été donné à ce pouvoir.
Le concept rationaliste cartésien
Selon Descartes, la raison est tout à la fois indivisément vision des idées claires et distinctes, la clarté et la distinction étant les deux critères de vérité, une pensée claire et distincte ne peut être fausse selon le philosophe cartésien. Elle est également argumentation, elle doit se justifier et mettre en œuvre des démarches probatoires. C’est en outre un pouvoir de l’ordre du jugement car la connaissance n’est pas une passivité. Nous dirons pour reprendre en substance les termes du penseur, que penser c’est juger. Il nous faut donc admettre une intelligibilité pluraliste et pas seulement un rationalisme qui prendrait pour modèle la rationalité de type mathématique. Le modèle mathématique n’a-t-il pas faussé l’idéal de rationalité? Si l’on définit uniquement la raison par rapport aux mathématiques, alors le mode déductif de l’activité mentale se réduit à la faculté de raisonner logiquement c’est-à-dire conformément à des règles préalablement admises. Le raisonnement dans ce cas est nécessaire, il est formellement correct. Affirmer, raisonner c’est déduire, calculer, c’est admettre un raisonnement trop étroit si l’on reconnaît que la raison est un pouvoir d’éclairement et d’auto compréhension de la vie humaine. Raisonner est une forme d’un savoir qui vise le contrôle critique de ses opérations et le dépassement de toutes les particularités, nous pouvons par exemple citer l’impératif catégorique. Le savoir est aussi un contenu et une exigence de lucidité discursive qui recherche la compréhension d’elle-même et l’accord avec la totalité, ces deux aspects sont liés, en fait c’est un pouvoir. Si la raison est une forme, elle est un acte instaurateur, l’élaboration d’un contenu. L’ordre rationnel fait de tous les discours, un contenu. Elle est toujours en train d’advenir, elle se vit comme une entreprise en pleine constitution et comme l’espérance de son propre avènement. C’est une instance d’interprétation et de décision. Ainsi la raison s’est constituée en principe universel capable de tout ordonner. C’est un mouvement d’unification du réel. Elle cherche à former un système clos, achevé. Elle recherche la suffisance absolue, la suffisance à soi; mais peut-elle satisfaire à son propre programme? L’auto fondation est par conséquent une tendance immanente à toute rationalité. La raison a pour vocation de s’instituer elle-même. Nous pouvons cependant nous demander si l’exigence de rationalité peut se fonder rationnellement.
LA PHILOSOPHIE CARTESIENNE : Document 4
Le point de départ de la philosophie : naissance du "je", la conscience
Le cartésianisme méthodologique
Doute naturel et doute hyperbolique
Le doute hyperbolique n’est pas un doute sceptique
Le doute naturel consiste à douter de ce qui n’est pas évident. Le doute hyperbolique nous ramène à l’évidence. La règle est de considérer comme faux le douteux. D’où l’objection de Gassendi et de Leibniz qui pensent qu’il n’est pas en notre pouvoir de changer la façon dont les choses nous apparaissent, cela suppose une volonté de voir au-delà, elle est donc absolue. Cela est refusé par certains philosophes. Cela suppose l’élimination du vraisemblable. C’est un système à deux valeurs, le certain et le faux. Nous avons un degré certain de progression vers la vérité, le vraisemblable pour Leibniz, le semblable relève du calcul précis; Il faut sans cesse trouver des raisons de douter. Dans le doute naturel, il y a deux raisons de douter. Il faut douter du sensible par le doute naturel, nos sens nous trompent, c’est l’argument sceptique ancien, mais Descartes va plus loin car il ne pense pas seulement les sens mais l’existence. Il faut douter de l’existence du monde extérieur et considérer comme douteux tout ce qui nous est donné par les sens. On peut douter de l’existence extérieure, des sensations extérieures, mais il est impossible de douter des données sensibles internes. Nous devons éliminer tout ce qui n’est absolument vrai, tout ce qui pourrait contenir un doute, les données des sens sont fausses et les objets extérieurs n’existent pas. Nous nous situons dans l’espace et le temps. Notre propre situation dans l’espace nous parait irréfutable. Notre corps n’est pas douteux. Il faut trouver un argument valable pour en douter. Il faut invoquer l’argument du rêve et de la veille qui pourraient également être une illusion. Tout se pourrait être sur le mode du rêve. Si je croyais ça, je serais fou dit Descartes.
le cogito ergo sum
« je pense donc je suis »
Le doute comme point de départ
La vérité indubitable, sortie du doute
Je ne peux me rencontrer dans une immédiateté singulière. Quelle est la certitude de mon existence et en quoi consiste l’acte du cogito? C’est une conscience de soi. Comment le « je » peut-il se résumer être pur pensée? Tout le contenu de pensée est douteux mais non l’acte de penser, « je pense donc je suis ». Je pense, le « je » est la seule présence de ma pensée, je pense je, je suis-je, et « je » est ma certitude unique. La conscience que la pensée a d’elle-même est comme une transparence de la conscience d’elle-même. C’est le cogito cartésien. Le cogito n’est pas nécessaire, il ne relève pas du déterminisme. Il trouve la nécessité d’être. Je ne peux pas ne pas penser que je ne suis pas nécessairement. L’unité de la pensée et l’être renvoient à la question de savoir ce que je suis. Je pense, je suis, je suis pensé. Je suis une chose pensante. Qui est-ce je qui dis je pense parce qu’il ne pense pas en tant que moi particulier. En pensant, je pense, je suis, je suis tout méditant, en fait « je » est un penseur anonyme, il est universel paraissant à la conscience du moi concret. L’essence de toute pensée est subjectivité concrète. De tous les sujets, le » je pense » découvre l’objectivité dans la subjectivité. C’est comme intellect que Descartes découvre le « je pense« . L’acte pur s’oppose au pur objet, à la fantasmagorie du dieu farceur, je doute pour affirmer la certitude d’exister en tant que sujet. Le pur objet est un objet de la science. La science moderne débute avec Descartes dans ce face à face du pur objet et du pur sujet. Le pur objet correspond à la non âme, l’étendue, la pure chose, tandis que le sujet renvoie au non corps, la substance spirituelle s’oppose à la substance matérielle, le sujet n’a besoin de rien d’autre que lui-même. Il y a exclusion réciproque de la conscience et de l’objet de la conscience. Nous avons un dualisme de deux réalités par le doute en particulier lorsque l’esprit se dessaisi du corps. Il y a autonomie de la pensée, je pense que je respire. Le monde est ma représentation. Le « je » est conscience de soi. C ‘est en fait l’origine du cogito cartésien.
LES MEDITATIONS : Document 5
Descartes
« Je pense donc je suis »
Introduction
Nous allons étudier la première méditation cartésienne en rapport avec la thématique littéraire de la conscience. Nous verrons comment en prenant le doute comme point de départ de la réflexion philosophique, le philosophe parvient à la vérité indubitable du cogito ergo sum, « je pense donc je suis ». Le doute renvoie au sentiment rationnel à l’état naturel, par opposition au sentiment qui n’est pas un indice, ni une disposition qui nous conduit à la vérité.
Développement
1) Le doute comme point de départ de la réflexion
« Je peux croire que je suis assis au coin du feu, habillé alors que je suis allongé tout nu dans mon lit », nous avons l’argument du rêve mis en avant par Descartes, ce qui permet de douter. Je me trompe, je suis victime d’illusions, je peux croire ce que je veux, les sens sont trompeurs il est donc nécessaire d’en douter. Pourquoi vouloir douter au-delà de ce qui est douteux raisonnable? Pour prouver que rien n’échappe au doute. Le doute devient hyperbolique, il faut une construction méthodique, le monde n’a pas été créé par Dieu, mais par un malin génie qui truque les réalités, les évidences. Il nous faut donc maintenir le doute au-delà du doute naturel, c’est un exercice héroïque le doute est volontaire et systématique, il reste cependant naturel car il est plus facile de sombrer dans le doute sceptique. Dans la première méditation, nous avons une opinion de Dieu, il a créé arbitrairement toutes les vérités éternelles, mathématiques et aurait pu les créer autrement et faire que 2 et 2 ne fassent pas 4. L’hypothèse du malin génie qui peut tromper contrairement à Dieu, est un pur procédé méthodologique. Cette hypothèse permet de douter. Il révèle la nature du doute cartésien, il émane avant tout de notre volonté, il y a suspension volontaire de nos jugements, de nos préventions; Il n’est pas sceptique, mais méthodique, il nous préserve des sensations, de la mémoire et de l’imagination ainsi que des opinions. Le Dieu trompeur est doublé de la fiction du malin génie, je m’obstine dans la négation de tout ce à quoi j’ai cru. Mais, il ne se contente pas de douter, il considère les opinions douteuses comme fausses dans le but d’atteindre la certitude; Le doute a pour conséquence immédiate la découverte de la première vérité, le moi pensant, de négation, il devient affirmation de la pensée qui doute, « je pense donc je suis ».
2) Le « je pense donc je suis », vérité indubitable
Le « je pense donc je suis », nous ramène à « pour penser, il faut exister », or j’existe et je suis certain d’exister donc, le cogito est un modèle de vérité. Il permet d’affirmer le primat de la pensée, à la fin de la méditation, à travers l’analyse du morceau de cire, Descartes affirme que la perception des corps se réduit à un inspection de l’esprit et que l’apparente présence des choses est le fruit de nos préjugés. Le cogito établit l’existence de l’âme. Il affirme la distinction entre l’âme et le corps, je suis assuré d’avoir une âme alors que je ne sais pas encore s’il existe un corps L’âme ne doit pas être conçue comme corporelle. Le cogito est donc la première certitude. Il faut douter volontairement de toutes les opinions, les préjugés et les idées reçues, établir quelque chose de ferme et de constant dans les sciences un ordre universel de connaissance dont la certitude égalerait celle des mathématiques. C’est un pas vers la science. Descartes met en avant la facilité à douter des choses composées, soit par l’imagination d’un artiste, soit par la construction d’un savant. Ainsi, l’astronomie, la médecine, la physique et toutes les autres sciences dépendant de la considération des choses composées sont incertaines et douteuses par opposition aux choses simples, données à mes représentations, elles s’imposent à moi malgré moi, elles ont quelque chose de certain et d’indubitable, le carré n’aura jamais plus de quatre côtés et deux et trois joints égaleront toujours cinq. Comment douter des évidences intellectuelles les plus simples qui s’imposent à mon esprit? Ici le doute hyperbolique devient métaphysique. N’ai-je pas dans mon esprit une certaine opinion que Dieu peut tout? La volonté divine est toute puissante, il aurait pu faire autrement. Les vérités de raison sont des créatures contingentes. Nous avons donc un Dieu trompeur qui est une hypothèse métaphysique permettant d’appuyer mon entreprise sur le doute et le malin génie qui est un pantin méthodologique, un épouvantail épistémologique. Mais il y a des obstacles psychologiques, il faut donc douter de tout systématiquement, ainsi le doute nous conduit à la vérité première.
L’esprit triomphe du doute. Moi qui doute, je suis, j’existe, c’est la première affirmation ontologique.
« Je suis une substance pensante ». Qu’est-ce que penser? « ne chose qui pense, c’est une chose qui veut, qui entend, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi et qui sent ». La puissance d’imaginer est en nous, mais il demeure toujours douteux que les objets sentis ou imaginés existent réellement. On veut, on imagine, on sent, on voit mais il faut dire je pense que je vois, que je sens etc.
- Le morceau de cire
La deuxième méditation consiste à affirmer la réalité indubitable de l’esprit de mon seul esprit, c’est le solipsisme. On ne peut s’empêcher de croire dit Descartes que les choses matérielles que l’on voit, touche sont plus certaines que l’existence du sujet pensant. Nous touchons ici à l’analyse du morceau de cire. Il vient detre tiréde la ruche, il est une chose qui s’impose à moi par son odeur, couleur, sa figure, sa dureté. Mais il suffit de l’approcher du feu et « l’odeur s’évapore, sa couleur change, sa figure se perd ». Pourtant même s’il ne demeure rien que quelque chose d’étendu, on affirme toujours l’identité de la cire. « Ceci est de la cire », cela suppose une inspection de l’esprit, un présence de mon entendement. La seule chose certaine est que je pense, je juge. L’affirmation ceci est de la cire renvoie à un objet matériel encore douteux mais vraie ou fausse, cette affirmation est un jugement de mon esprit. Elle prouve la présence de mon esprit. Mon esprit est par conséquent plus aisé à connaître que le corps.
Il ne démontre rien de nouveau. C’est une contre épreuve. L’esprit est plus aisé à connaître que le corps. Ce qui est premier dans l’esprit, c’est l’entendement. L’analyse est directe. Il faut se maintenir dans l’attitude du doute. Il ne s’agit pas d’établir la vérité du monde extérieur. On se place dans l’attitude du non philosophe qui croit en la vérité extérieure. C’est l’analyse d’une croyance et non l’analyse de la cire. Il ne s’agit pas de fonder une physique; Sur quoi se fonde la croyance de l’homme du monde extérieur? Après que la cire ait fondu, nous continuons à croire que c’est la même cire dans tous ces états divers. Qu’est-ce qui nous permet de le croire? Ce n’est pas la perception car par elle la couleur-forme et l’état ont changé. Ensuite, Descartes nous dit, c’est l’imagination. Nous croyons en l’état permanent des choses, des états changeants. L’imagination ne peut saisir l’infini. C’est le même sous une infinité de formes. L’entendement comprends l’infini. C’est un jugement, une inspection de l’esprit. Si on analyse ce qu’on croit, on ne retrouve que l’activité de l’esprit.
Une inspection de l’esprit
L’esprit est plus aisé à connaître que le corps; l’esprit est premier; Même en restant dans l’attitude du doute naturel, cette croyance dépend de l’activité de l’esprit; A l’intérieur de cet esprit, il y a l’entendement qui est premier. La perception a besoin de l’imagination pour poser un objet ,mais l’imagination a besoin de l’entendement pour s’exercer. Le contraire ne se vérifie pas; La perception ne nous donne pas l’objet, sa réalité permanente nous est donné par l’entendement. La connaissance de l’esprit est plus riche que celle du corps, ce que je connais est connu par l’entendement, c’est la faculté principale.
-L’arbre
La métaphysique, l’âme, Dieu le monde, constitue les racines de l’arbre du savoir, la physique en est le tronc et la mécanique, la médecine et la morale en sont les branches. Il faut donc déduire la morale de l’ensemble du savoir déjà constitué. Cela suppose le temps de trouver les certitudes métaphysiques et physiques à partir desquelles la morale va être déduite et devenir elle-même une science des conduites humaines. La morale par provision renvoie aux règles de prudence. La mécanique est une branche de la physique ayant pour objet les causes et les propriétés du mouvement.
Date de dernière mise à jour : 17/05/2019