Peut-on parler objectivement lorsqu'il s'agit d'une oeuvre d'art?
Dissertation
Pouvons-nous parler objectivement lorsqu'il s'agit d'une oeuvre d'art ?
Programme de Terminale : La culture / l'art
Eléments pour une dissertation sur la problématique du jugement de goût : pouvons nous parler objectivement lorsqu’il s’agit de juger une oeuvre d'art?
Introduction :
En matière de goût dans le domaine de l'art, l'accord n'est pas unanime d'oû l'indiscutable adage sur les goûts et les couleurs : il ne se discute pas, chacun ses goûts et cela se vérifie plus que jamais dans le domaine artistique. Cependant, c'est un regard un peu flou et une affirmation trop générale pour répondre à notre question : "pouvons nous parler objectivement lorsqu'il s'agit de juger d'une oeuvre d'art?"
Il serait sans doute possible d'évoquer une forme d'objectivité dans ce domaine car certaines oeuvres sont reconnues de manière universelle comme des oeuvres classiques, ainsi de des compositions musicales de Mozart, les représentations de Michel-Ange. Il semble donc que nous devions nous poser la question de savoir si les jugements en matière d'art sont fatalement subjectifs ou s'ils admettent une forme d'objectivité.
Thèse :
Le Caractère Relatif des Jugements de goût.
La Beauté :
Le concept de beauté s'applique à une diversité d'objets et donne ainsi une acceptation très large de cette idée. Qu'est-ce que la beauté? Un chien peut-être beau, ainsi qu'un tableau, un vase.... Les objets sont plurielles et pourtant nous les qualifions de beaux sans distinction particulière. Ils sont juste beaux de sorte que nous ne faisons plus la différence entre ces genres de beauté, on ne voit plus non plus ce qu'il y a de commun entre eux. Comment comprendre et différencier la beauté du tableau de Picasso, Guernica et une composition de Wagner, un vase et un animal? Le beau ne se laisse pas si facilement définir
Un jugement de goût subjectif :
Que l'on trouve Guernica beau est légitime néanmoins ce jugement esthétique n'est pas forcément partagé par tous, il ne vaut pas universellement. Nous ne sommes pas égaux quant à la manière d'apprécier une oeuvre d'art, notre analyse esthétique dépend de notre culture, de notre éducation et aux facteurs d'ordre sociaux, certains autres facteurs d'ordre psychologiques s'ajoutent, mâturité, concentration.... Ainsi pour reprendre les mots de Protagoras, nous dirons que "l'homme est mesure de toutes choses". Le relativisme s'applique aussi au jugement esthétique, subjectif nous déclarons ce tableau de Picasso est beau : nous sommes la mesure de notre jugement esthétique, cela devient notre vérité aussi relative soit-elle.
Cependant ne pouvons-nous pas envisager de juger une oeuvre d'art selon un critère objectif? Faire valoir notre jugement esthétique de manière objective et reconnu par tous?
Antithèse :
Valeur et critère de beauté :
Les Critères objectifs :
Pour reprendre les mots de kant nous dirons que "chacun appelle agréable ce qui lui fait plaisir, beau ce qui lui plaît simplement, bon ce qui'il estime". Mais nous ne pouvons réduire notre réflexion sur le jugement en matière d'art à une simple adhésion relative et subjective, un jugement personnel qui ne vaudrait que parce qu'il nous plait. Le sentiment de beau doit posséder des caractéristiques objectives. Si nous prenons l'exemple d'une mélodie, la juste mesure entre les notes et les sons s'impose, de même dans un visage, l'équilibre et la juste proportion seront les critères qui déterminerons si ce visage m'inspire de la beauté ou au contraire de la laideur.
Kant :
Selon Kant, le goût est l'instrument de discernement esthétique, le goût du point de vue de la qualité nous amène à poser le beau au sens de l'objet d'une satisfaction désintéressée. Il se rapporte aux sentiments de plaisir et de peine. Mais la conséquence de ce point est que le goût du point de vue de la quantité est ainsi décrit : est beau ce qui plait universellement sans concept.
Nous aimons penser que lorsque nous évaluons tel tableau "beau", cette adhésion à la beauté soit partagée par tous : une façon de faire valoir notre bon goût en matière de discernement esthétique. Si concernant les choses agréables, il est difficile de présupposer un sens commun, il n'en va pas de même concernant le domaine du beau au point que nous ne disons pas ce tableau est beau pour moi mais simplement, il est beau ce qui implicitement suppose que notre jugement soit partagé.
"c'est beau" s'appuie sur le sentiment que j'éprouve. Mais la richesse et le nombre des représentations que j'évoque, leur généralité me font imaginer qu'elles finiront par correspondre à celles d'autrui.
Conclusion :
Il semblerait donc qu'il soit difficile dans un premier temps de parler objectivement d'une oeuvre d'art, le jugement est voué au relativisme et au subjectivisme, chacun réceptionne une oeuvre de manière différente selon sa culture et sa sensibilité. Le bon goût est malgré tout objet d'un apprentissage, il s'apprend se travaille, se perfectionne et l'objectivité du jugement "c'est beau" n'est qu'un acte de mon imagination
Date de dernière mise à jour : 31/01/2020