L'Assommoir, Zola, L'incipit, étude et oral EAF. Fonction informative. Une politique de l'objet = rapport des objets aux personnages
*** Séquence roman, un roman naturaliste
Naturalisme de Zola : réalités, symboles et critique sociale Objet d'étude« Le roman et la nouvelle au XIXe siècle : réalisme et naturalisme » Problématique et objectifs A travers des textes représentatifs de l'écriture naturaliste du romancier, il s'agit d'étudier comment l'écrivain opère la transfiguration d'une réalité particulière en symboles, le plus souvent porteurs d'une critique sociale. critique de la société corrompue du second Empire. Questions sur Zola :
Émile Zola est un écrivain et journaliste français
né à Paris le 2 avril 1840 et mort dans la même ville le 29 septembre 1902
Considéré comme le chef de file du naturalisme, c’est l'un des romanciers français les plus
Germinal, Nana, L’Assommoir
Sur le plan littéraire, il est principalement connu pour Les Rougon-Macquart, fresque romanesque en vingt volumes dépeignant la société française sous le Second Empire et qui met en scène la trajectoire de la famille des Rougon-Macquart, à travers ses différentes générations et dont chacun des représentants d'une époque et d'une génération particulière fait l'objet d'un roman.
Les dernières années de sa vie sont marquées par son engagement dans l'affaire Dreyfus avec la publication en janvier 1898, dans le quotidien L'Aurore, de l'article intitulé « J'accuse » qui lui a valu un procès pour diffamation et un exil à Londres dans la même année. L'assommoir de ZolaQuestions générales sur l'oeuvre =
Zola, l'assommoir, l'incipit romanesque et naturalistele texte : Gervaise avait attendu Lantier jusqu'à deux heures du matin. Puis, toute frissonnante d'être restée en camisole à l'air vif de la fenêtre, elle s'était assoupie, jetée en travers du lit, fiévreuse, les joues trempées de larmes. Depuis huit jours, au sortir du Veau à deux têtes, où ils mangeaient, il l'envoyait se coucher avec les enfants et ne reparaissait que tard dans la nuit, en racontant qu'il cherchait du travail. Ce soir-là, pendant qu'elle guettait son retour, elle croyait l'avoir vu entrer au bal du Grand-Balcon, dont les dix fenêtres flambantes éclairaient d'une nappe d'incendie la coulée noire des boulevards extérieurs ; et, derrière lui, elle avait aperçu la petite Adèle, une brunisseuse qui dînait à leur restaurant, marchant à cinq ou six pas, les mains ballantes comme si elle venait de lui quitter le bras pour ne pas passer ensemble sous la clarté crue des globes de la porte. Quand Gervaise s'éveilla, vers cinq heures, raidie, les reins brisés, elle éclata en sanglots. Lantier n'était pas rentré. Pour la première fois, il découchait. Elle resta assise au bord du lit, sous le lambeau de perse déteinte qui tombait de la flèche attachée au plafond par une ficelle. Et, lentement, de ses yeux voilés de larmes, elle faisait le tour de la misérable chambre garnie, meublée d'une commode de noyer dont un tiroir manquait, de trois chaises de paille et d'une petite table graisseuse, sur laquelle traînait un pot à eau ébréché. On avait ajouté, pour les enfants, un lit de fer qui barrait la commode et emplissait les deux tiers de la pièce. La malle de Gervaise et de Lantier, grande ouverte dans un coin, montrait ses flancs vides, un vieux chapeau d'homme tout au fond, enfoui sous des chemises et des chaussettes sales ; tandis que, le long des murs, sur le dossier des meubles, pendaient un châle troué, un pantalon mangé par la boue, les dernières nippes dont les marchands d'habits ne voulaient pas. Au milieu de la cheminée, entre deux flambeaux de zinc dépareillés, il y avait un paquet de reconnaissances du mont-de-piété, d'un rose tendre. C'était la belle chambre de l'hôtel, la chambre du premier, qui donnait sur le boulevard. Cependant, couchés côte à côte sur le même oreiller, les deux enfants dormaient. Claude, qui avait huit ans, ses petites mains rejetées hors de la couverture, respirait d'une haleine lente, tandis qu'Étienne, âgé de quatre ans seulement, souriait, un bras passé au cou de son frère. Lorsque le regard noyé de leur mère s'arrêta sur eux, elle eut une nouvelle crise de sanglots, elle tamponna un mouchoir sur sa bouche, pour étouffer les légers cris qui lui échappaient. Et, pieds nus, sans songer à remettre ses savates tombées, elle retourna s'accouder à la fenêtre, elle reprit son attente de la nuit, interrogeant les trottoirs au loin. L'hôtel se trouvait sur le boulevard de la Chapelle, à gauche de la barrière Poissonnière. C'était une masure de deux étages, peinte en rouge lie de vin jusqu'au second, avec des persiennes pourries par la pluie. Au-dessus d'une lanterne aux vitres étoilées, on parvenait à lire entre les deux fenêtres : Hôtel Boncoeur, tenu par Marsoullier, en grandes lettres jaunes, dont la moisissure du plâtre avait emporté des morceaux. Gervaise, que la lanterne gênait, se haussait, son mouchoir sur les lèvres. Elle regardait à droite, du côté du boulevard de Rochechouart, où des groupes de bouchers, devant les abattoirs, stationnaient en tabliers sanglants; et le vent frais apportait une puanteur par moments, une odeur fauve de bêtes massacrées. Elle regardait à gauche, enfilant un long ruban d'avenue, s'arrêtant presque en face d'elle, à la masse blanche de l'hôpital de Lariboisière, alors en construction. Analyse littéraire
Introduction Nous allons étudier l'incipit de L'Assommoir de Zola, écrivain naturaliste de la deuxième moitié du XIXème siècle. Dans cet ouvrage tiré de la fresque des Rougon-Macquart, série d'une vingtaine de romans, l'auteur analyse la société de son temps. L'Assommoir est le septième roman de la fresque des Rougon dans lequel l'écrivain s'interroge sur le monde ouvrier et met en avant la question de l'alcoolisme, au sens d'un déterminisme génétique. L'analyse naturaliste du sujet de l'alcoolisme est centrée sur l'origine sociale ouvrière. Dans cette première page, les personnages principaux sont présentés, Gervaise, l'héroine de l'histoire et Lantier son amoureux.
Problématique : Quelle est la ou les fonction(s) de cet incipit ?
Annonce du plan = Dans le but de répondre à la question, nous verrons dans un premier temps en quoi cet incipit est informatif, comment il répond aux critères du roman naturaliste et enfin dans quel sens sa politique de l'objet favorise l'enfermement et l'aliénation des personnages vers une critique sociale du milieu ouvrier
Plan choisi = I – Informer le lecteur Le cadre spatio-temporel Les personnages L'action II – Un roman naturaliste Le milieu Le réalisme L'écriture III – Une politique de l'objet = rapport des objets aux personnages Les objets signifient l'enfermement des personnages Aliénation des personnages par les objets La critique sociale
Analyse littéraire en trois fichiers
Incipit assommoir 1 (381.23 Ko) Incipit assommoir 2 (419.04 Ko) Incipit assommoir 3 (439.43 Ko)
QuestionnaireI - Informer lecteur
II - Un roman naturaliste
III - Une politique de l'objet = rapport de l'objet aux personnages
Conclusion = Cet incipit remplit sa fonction informative car il situe l'histoire dans un cadre spatio-temporel bien défini, Paris dans la deuxième moitié du XIXème siècle, la nuit. Le portrait de Gervaise et de Lantier est dressé, il situe la question de l'alcoolisme au cœur de l'histoire ouvrière à travers Lantier . Il remplit aussi son rôle incitatif. Le lecteur a envie de poursuivre la lecture. Nous sommes dans l'écriture naturaliste de Zola. Cette première page fera écho à la dernière puisque Gervaise meurt dans la plus grande solitude et la misère du fait de son alcoolisme. Cet incipit annonce l'enfermement du personnage dans une situation sociale misérable et dominée par le problème de l'alcool. L'enfermement du personnage est aussi suggéré par la politique de l'objet qui l'aliène et autorise Zola à dresser une critique virulente du milieu social ouvrier. |
*** Travailler l'ouverture
Il est possible de proposer une ouverture en comparant la description métonymique de Gervaise et la chambre et Madame Vauquer avec la pension dans le père Goriot ou encore la casquette avec Charles dans l'incipit de Mme Bovary de Flaubert.
On formule l'ouverture sous forme d'une question :
Retrouve t'-on dans le père Goriot avec Madame Vauquer, une telle description métonymique qui réduit en osmose le personnage et l'objet qui le caractérise? (ici la pension).
Questions sur le naturalisme et le réalisme
Naturalisme
Crée en même temps que le romantisme (De Balzac à Stendhal), le réalisme ne prend vraiment son essort que dans la période 1850-1900 (par Flaubert et Maupassant) et se retrouve dans le naturalisme crée par Zola.
1) Réalisme et Naturalisme (à travers l'histoire) - Les romans emprunts de réalisme s'identifient à l'époque traversée: des révolutions de 1848 (qui se retrouve dans "L'Education sentimentale" de Flaubert, du coup d'état de L-N Bonaparte (conteste de "La Fortune des Rougon" de Zola) ou de la politique stable du 2ème Empire (1852 à 1870). -Les Années 1850-1900 virent la vraie naissance du capitalisme moderne: Zola le décrit à travers les grands magasins dans "Au bonheur des dames" paru en 1883, et à travers la bourse dans "l'Argent" paru en 1891. C'est une époque de fortes évolutuions tant sociales (naissance de la classe ouvrière) que urbaines (à travers le Paris du Préfet Haussmann). -C'est enfin le grand moment du positivisme, qui use de l'expérience scientifique comme fondement à tout savoir. Les romanciers écrivent aussi sur les avancées en médecine et en psychologie, Maupassant disserte sur la folie ("Le Horla" en 1887), les frères Goncourt s'expriment sur l'hystérie féminine ("Germine Lacerteux" en 1865), ou encore Zola sur les valeurs de l'hérédité, servant de base à ses "Rougon-Macquart" (de 1871 à 1893), période romanesque sous titrée "Histoire Naturelle et social d'une famille sous le second Empire".
Réalisme et naturalisme :
- A quel moment le naturalisme prend t'-il son essor?
- Citez deux romans réalistes
- Quelles sont les caractéristiques du réalisme?
- Quelles en sont les sources?
- Quel est le cadre historique?
2) Les clés du réalisme et du naturalisme: -Les principes généraux de la vision réaliste naissent chez Balzac qui crée, avec "La comédie Humaine" le roman total, vrai "concurrence à l'Etat-civil" (préambule de 1842) et chez Stendhal qui crée le roman assimilé à "une glace qui déambule sur une grande-route" ("Le Rouge et le Noir" en 1830). Les 2 écrivains affirment retranscrire la réalité de manière fidèle. -Le mot "réalisme survient, au début de manière péjorative pour enfin définir une nouvelle création de description, constituée autour de Gustave Courbet. Plus tard, Champfleury et Duranty se l'approprient en littérature en affirmant l'objectivité sur base romantique, et ses qualités de description. Le réalisme n'est cependant qu'au second plan comme courant en littérature: et même Flaubert, pourtant son affirmé (Chef de file, ne se disait-il pas comme non-réaliste. -Par contre, le naturalisme a bien représenté une école littéraire, avec les frères Goncourt et Zola ("Thérése Raquin", en 1867, puis les "Rougon Macquart" à partir de 1871). Les écrits de ce dernier écrivain, Le Roman d'expérience (en 1880) et les Romanciers (1881) apportent leur fondement au naturalisme; ils revendiquent un réalisme extrémiste par leur expérimentation du modèle scientifique. Ils s'attirent toutefois des avis mesurés, chez Maupassant (exemple: la préface de "Pierre et Jean", en 1887) ou chez Huysmans "exemple: la préface de "A retours", en 1903).
Les clés du réalisme et du naturalisme :
- Quels sont les deux écrivains qui posent les clés du réalisme?
- Définissez "réalisme"
- Le naturalisme a t'-il représenté une école littéraire?
- Quels écrits sont à l'origine du fondement du naturalisme?
- Quel réalisme les écrivains fondateurs revendiquent-ils?
- De quel modèle s'inspirent-ils?
3) Les genres réalistes et naturalistes: - Le roman est le genre le plus retenu: on estime qu'il décrit le mieux la réalité. Balzac avec "La Comédie Humaine", et Zola , avec les "Rougon-Macquart" racontent de grandes épopées familiales, empreintes de social et d'histoire. Contrairement aux romantiques avec le roman sur fond d'histoire, les réalistes et les naturalistes s'intéressent eux au présent et tirent leur inspiration de la vie réelle (Stendhal écrit aussi son roman "Le Rouge et le Noir" en se basant sur un fait divers relaté dans un journal). -Le descriptif a une grande importance, car il permet de décrire la réalité: il repète les "petits faits avérés" (Stendhal) et cela donne un effet de réalité. -Enfin, se focaliser dans ce genre de romans, autorise des effets complexes, entre narrateur présent en permanence, image du démiurge qui crée tout un monde (Balzac), et le "se focaliser" propre à Zola, qui permet au narrateur de se dissimuler derrière ses personnages.
Les genres réralistes et naturalistes :
- Parmi les genres réralistes et naturalistes, quel est le genre le plus reconnu? Pourquoi?
- Que racontent Balzac et Zola dans la Comédie humaine et les Rougon Macquart?
- Quelle est la base de l'inspiration de ces genres littéraires?
- Quelle est la place du descriptif?
4) Les Thèmes réalistes et naturalistes: -Le réalisme s'attaque d'abord au romantisme, qu'on accuse d'éloigner de la réalité. Flaubert dans "Madame Bovary", décrit les effets néfastes de l'illusion romantique sur l'héroisme de son roman). Par contre, réalistes et naturalistes revendiquent la réalité des villes, politique et sociale. Les héros de ces romans sont ordinaires, qu'ils soient de la classe bourgeoise de Flaubert ou de la classe ouvrière de Zola- Zola décrit aussi, dans les "Rougon-Macquart" le monde des prostituées, l'alcool et le crime. -C'est la réalité que les romans décrivent. C'est pourquoi le réalisme a souvent été qualifié d' inesthétique et parfois même manquant de moralité et apportant la subversion: en 1857; un procés a même été intenté contre Flaubert "Madame Bovary" sous l'accusation suivante: "Atteinte à la morale des gens et aux bonnes moeurs".
Les thèmes réalistes et naturalistes :
- A quoi le réalisme s'attaque t'-il?
- Donnez un exemple
- Que revendiquent les réalistes et les naturalistes?
- Citez trois thèmes reccurrents chez Zola
- Le réalisme est -il associé à la moralité ou au manque de moralité?
- Que pouvons-nous dire à ce propos sur Madame Bovary?
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La découverte du Nouveau monde, Montaigne, Des Cannibales, Cyrano de Bergerac, l'autre monde, Bougainville, Bouvier, l'usage du monde
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<Date de dernière mise à jour : 05/03/2021