L'oreille cassée, Hergé, Tintin et ses aventures

L'Oreille cassée : Hergé, les aventures de Tintin

 
 
 
L'Oreille cassée
6e album de la série Les Aventures de Tintin
Image illustrative de l'article L'Oreille cassée

Auteur Hergé
Genre(s) Franco-Belge
Aventure

Personnages principaux Tintin
Milou
Général Alcazar
Lieu de l’action Drapeau de la Belgique Belgique
Flag of San Theodoros.svg San Theodoros
Flag of Nuevo Rico.svg Nuevo Rico

Éditeur Casterman
Première publication 1937 (noir et blanc)
1943 (couleur)
Nb. de pages 62 (couleur)
128 (noir et blanc)

Prépublication Le Petit Vingtième
Albums de la série Les Aventures de Tintin
Précédent   Le Lotus bleu   L'Île Noire    

 

 

 

L'Oreille cassée est le sixième album de bande dessinée des Aventures de Tintin, prépublié en noir et blanc du 5 décembre 1935 au 25 février 1937 dans les pages du Petit Vingtième, supplément du journal Le Vingtième Siècle. La version couleur et actuelle de l'album est parue en 1943.

Enigmes posées par Hergé dans "Le Petit Vingtième"
Contrairement au Lotus Bleu et aux albums précédents, l'histoire dans laquelle Tintin évolue se déroule ici dans des pays imaginaires d'Amérique du Sud. C'est la première fois qu'Hergé utilise des territoires fictifs, mais par la suite, il sera mené à recommencer. Dans l'Oreille Cassée, le San Theodoros, où règne une très forte rivalité entre le général Tapioca et le général Alcazar - que l'on aura d'ailleurs l'occasion de retrouver dans des aventures ultérieures, notamment dans Tintin et les Picaros - est un pays qui regroupe toutes les mythologies du Sud de l'Amérique. Le pays voisin, le Nuevo Rico est l'ennemi du San Theodoros. Le conflit entre ces deux pays pour le Gran Chapo reprend la guerre du Gran Chaco opposant la Bolivie au Paraguay. Ce conflit éclata en 1932, le jour où deux compagnies pétrolières étaient en compétition pour l'exploitation de gisements situés sur le Gran Chaco. Ce conflit provoqua 500 000 morts pendant les trois années de guerre

 

Un fétiche arumbaya a été volé au Musée ethnographique : Tintin mène son enquête. En remontant les pistes, il retrouve deux hommes s'intéressant au même fétiche. Ceux-ci partent pour le San Theodoros, une république d'Amérique du Sud. Tintin les poursuit et se retrouve au cœur d'une révolution.

À la suite d'un concours de circonstances, il devient aide de camp du général Alcazar. Une guerre ayant éclaté entre le San Theodoros et son voisin, le Nuevo Rico, Tintin, poursuivi par tous, fuit chez les Arumbayas. Il y découvre enfin le secret du fétiche : celui-ci contient un précieux diamant. C'est finalement en Europe que Tintin retrouvera le fétiche et le rendra au musée.

Analyse

Le nouveau réalisme

Avec l'album précédent, Le Lotus bleu, Hergé avait découvert le réalisme grâce à la présence de Zhang Chongren, jeune étudiant chinois qui avait accompagné l'auteur dans la préparation de l'album en l'instruisant sur la réalité du monde asiatique. Ainsi, l'album, par son réalisme - géopolitique notamment - contrastait fort avec la fantaisie qui caractérisait les volets précédents. Mais ce réalisme poussé à son extrême avait eu pour désavantage de mécontenter des ambassadeurs, japonais surtout, qui étaient venus se plaindre du jugement qui était infligé à leur pays dans l'histoire d'Hergé. Ce dernier, pour éviter de nouveaux ennuis de ce genre, ne délaissa pas le réalisme, mais le traita différemment, notamment en le détournant[4].

 

Situation géographique avant la guerre du Chaco, qui a inspiré le conflit dans l'album.

Ainsi, L'Oreille cassée s'inspire fortement de la guerre du Chaco qui a opposé la Bolivie et le Paraguay de 1932 à 1935[4]. La raison en était la concurrence acharnée entre deux compagnies pétrolières qui voulaient exploiter le territoire. Ces trois années de guerre provoquèrent cent mille morts. C'est ainsi que le grand Chaco devient le grand Chapo et que certains personnages sont physiquement très ressemblants à leurs modèles, parmi lesquels Bazil Zaharoff pour Bazil Bazaroff[4]. On peut aussi constater le changement de l'entreprise d'armements Vickers en Vicking[4].

Mais le réalisme est moins poussé que dans le volet précédent, notamment car Hergé a eu l'idée d'inventer de nouveaux pays, le San Theodoros et le Nuevo Rico, qui réapparaîtront plusieurs fois par la suite. Ces nouveaux pays laissent à l'auteur une totale liberté sur les plans géographiques, historiques et géopolitiques[4]. Cette idée fut exploitée une nouvelle fois dans Le Sceptre d'Ottokar avec l'apparition de deux nouveaux pays rivaux : la Syldavie et la Bordurie.

 

La fin du feuilleton

Depuis les deux albums précédents, Hergé a tenté de délaisser le genre feuilletonesque qui caractérisait ses premières œuvres en leur donnant un scénario plus fourni et surtout en tentant de les unifier. Pour cela, le dessinateur avait introduit dans Les Cigares du pharaon un élément récurrent : le signe du pharaon Kih-Oskh, qui revenait régulièrement dans l'histoire. Toutefois, cette initiative fut maladroite, les nombreux rebondissements du scénario rendant difficiles une véritable unification. Dans Le Lotus bleu, aucun élément récurrent n'apparaît, mais l'intrigue était suffisamment solide - centrée presque uniquement sur la quête des trafiquants de stupéfiants - pour permettre à cet album de devenir la première réussite scénaristique du jeune auteur.

L'Oreille cassée marque une nouvelle étape dans cette recherche de l'unification. Le scénario peut sembler au départ très feuilletonesque, avec ses très nombreuses péripéties lui donnant un air très désordonné[5], à tel point qu'Hergé lui-même s'y perdait

« Je ne savais plus comment me dépêtrer : cette histoire de bijoux ? Qui avait tué ? Qui avait volé ? Pourquoi ? Comment ? Je n'en sortais plus. »

— Hergé[6]

Pourtant, L'Oreille cassée innove par l'apparition du premier véritable élément récurrent suffisamment porteur pour assurer une véritable unité : le fétiche arumbaya[5]. Il est au centre de l'intrigue, à tel point que sa caractéristique - il possède une oreille cassée - inspire le titre de l'album. Il apparaît à la première page du récit, disparaît aussitôt et réapparaît à la page 60 (sur 62) de l'édition en couleur, ayant été l'objet d'une longue traque par plusieurs personnes aux intérêts plus ou moins nobles. Il est également le but du voyage de Tintin, ce dernier étant bien décidé à percer à jour son secret et la raison de sa présence au cœur de tant d'intrigues[5].

Avec le fétiche arumbaya, Hergé intègre le principe du « fil conducteur » et n'hésitera pas à mettre de nouveau, dans certains récits, la quête d'un objet disparu ou d'une personne chère[5]. On peut ainsi citer le sceptre d'Ottokar dans l'album éponyme, le professeur Tournesol dans Le Temple du Soleil et L'Affaire Tournesol, Tchang dans Tintin au Tibet...

Source

Une histoire de couverture et de pages de gardes

 

Sixième album de la série, la première version avec des gardes grises et de type « Tintin reporter » avec une « petite image » collée sur la couverture est sans nul doute une des plus rares et plus recherchées chez les collectionneurs. Certains ont prétendu que la première version de L'Oreille cassée était la version « bleue » (albums avec des gardes bleues) mais il n'en est rien.

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 30/07/2021

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