Jean Claude Carrière, la controverse de Valladolid, chapitre 11, les conséquences de l'expérience menée
Chapitre 11 de la Controverse de Valladolid de J-C Carrière
Introduction :
Nous allons étudier un extrait de la Controverse de Valladolid tiré du début du chapitre XI de « A ce moment… en lui tendant un verre d’eau ». Né en 1931 Jean Claude Carrière est également l’auteur de Lézard son premier roman. C’est un extrait argumentatif, symbolique. Dans ce passage, on teste la réaction des amérindiens lors de la destruction de leur idole et on en tire les conséquences. Dans le but de répondre à la question « les indiens sont- ils soumis à un démon ? » nous verrons dans un premier temps l’expérience qui est menée puis en second lieu, nous tirerons les arguments de cette compréhension.
Plan :
I. L’expérience qui est menée
1° L’attente du légat
Le début du chapitre 11 s’ouvre sur une expérience ordonnée par le prélat et exécutée par un moine. Il s’agit de se munir d’une masse suffisamment robuste en fer, de frapper l’idole de façon à la détruire et d’observer la réaction des indiens. Ainsi le cardinal en s’adressant au moine plus âgé dit : « Approchez-vous. Frappez sur leur idole et observons leurs réactions ». C’est alors que la sculpture sous les coups de la masse est brisée en partie : « des morceaux de pierre, tombent à terre. Puis un deuxième coup est porté, et un troisième. L’idole, ou « serpent à plumes se brise et se défigure peu à peu. Il est enveloppé de poussière ».
2° Réactions de l’homme qui cherche à s’interposer
La destruction de l’idole suscite à peine quelques petites réactions dans l’ensemble. La foule reste relativement passive ainsi que le suggère la phrase : « les indiens ont légèrement tressailli ». Un homme cependant réagit. La destruction du serpent à plumes progressivement défigé le pousse à intervenir. Il fait donc « un mouvement dans le but de « défendre son Dieu ». La foi le pousse à agir instinctivement car il y a violation des ses convictions religieuses. La réaction de l’homme est néanmoins suspendue car « la femme l’a retenu par le bras »
3° La réaction de la femme qui l’empêche d’intervenir
Lorsque l’indien a fait un mouvement pour défendre son Dieu, « la femme l’a retenu par le bras ». Sépulvéda s’écria : «Vous avez vu ? Il a failli intervenir ! » Voici les faits permettant à l’auteur de mettre en avant sa thèse à savoir les Amérindiens sont capables d’intelligence.
A partir de cette expérience qui est menée nous allons à présent étudier les arguments de cette compréhension respectivement selon Las Casas et Sépulvéda.
II. Les conséquences de l’expérience menée
1° Les arguments de Sépulvéda
Sépulvéda se concentre sur le cas de l’homme qui intervient lors de la destruction de l’idole. Il a réagit à la destruction du serpent à plume, il a ainsi montré son « idolâtrie obstinée ». Il en conclut qu’il est sous la possession du malin, «soumis à toutes les forces aveugles », qu’il est devenu « une créature égarée saisie entre les pattes du démon ». Sépulvéda dans son analyse sur les réactions des amérindiens s’oppose à Las Casas.
2° Les arguments de Las Casas
Afin de contrer les arguments de Sépulvéda, Las Casas ne se contente pas de constater que l’indien s’est manifesté en faveur de son idole dont il voulait empêcher la destruction. L’analyse est plus profonde. Il se concentre sur le cas de la jeune femme qui empêche son mari d’intervenir. La conséquence à tirer selon Las Casas est l’intelligence de cette personne. Elle a empêché son mari et c’est une preuve de réflexion car elle a su dans le moment anticiper les ennuis à venir au cas où son époux serait allé plus loin dans la révolte contre les agresseurs. Cela permet à las Casas d’affirmer que les amérindiens ont la même intelligence que les européens. « Cela prouve tout simplement qu’ils sont capables de penser ! De penser le pour et le contre ! Et cela très rapidement ! Ainsi rapidement que nous ! Cette femme a parfaitement compris la situation, et les dangers que courait son mari ». Les amérindiens sont du point de leur intelligence comparés aux européens. Ils sont dignes de « toute pensée supérieure ».
Conclusion :
Les positions des deux interlocuteurs sont inconciliables. Le débat n’est pas tranché mais le texte tend à privilégier la thèse de Las Casas par la pertinence de ses interventions où nous reconnaissons les valeurs humanistes. Nous adhérons ainsi à la thèse de Las Casas selon laquelle les indiens ont la même intelligence que les européens.
La nécessité est de déplacer la vision ethnocentriste car la conception de Sépulvéda est dangereuse. En effet, une telle conception de l’humanité ne risque t- elle pas de conduire à une distinction sous forme de castes imperméables empêchant toute évolution de la société ? On retrouve cette réflexion dans le chapitre 31 des Essais de Montaigne « Des cannibales » les sauvages ne sont pas les indiens mais les européens.
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Date de dernière mise à jour : 28/02/2021