Résumé du Jeu de la feuillée de Adam de la Halle, 1276
Adam fait part de sa décision d’aller à Paris.
Rikiers tente de l’en dissuader, jamais bon clerc n’est sorti d’Arras. Adam lui rappelle le clerc Rimier Amoion, mais Riquiers est très ironique à son sujet. Gilot dit qu’il ne peut abandonner sa femme et qu’elle le rejoindra. Mais Adam répond que pour la sevrer, il mettra de la moutarde sur sa verge (Ainsi elle le laissera tranquille car elle aura mal).
Alors Adam raconte comment ils se sont connus, leurs amours, si belles (Description pastorale dans un cadre idyllique). Mais maintenant, il la voit laide et décrépie. Suit un portrait très élogieux, fortement épidictique et mélioratif (Un panégyrique). Portrait de la tête au pied. Mais chaque partie du corps élogieusement décrite est suivie de son contraire : antithèse entre le passé et le présent : satire du temps qui passe et des conséquences de la vieillesse, satire aussi de l’amour, si beau, dans ses débuts, qui se meurt au fil du temps. C’est parce que l’amour en lui s’est tari qu’il la voit si laide (Poète précurseur de Ronsard). Il ne veut donc pas empirer sa situation et ne veut pas l’engrosser.
Gilos dit qu’elle serait bien à son goût, s’il la lui laissait. Mais Adam espère ne pas connaître un tel malheur, il a eu assez d’ennuis. Il veut donc aller à Paris pour rattraper le temps perdu. Son père lui dit d’y aller au plus vite.
Gilos le Petit dit qu’il lui faut de l’argent. Henry prétend qu’il n’en a pas, et qu’il n’a que des maladies comme biens. Mais le médecin se moque de lui et lui rappelle que sa maladie, c’est l’avarice. Mais il lui propose de le guérir. Il soigne bon nombre de malades atteints de la même maladie, ainsi Halois se tue à petit feu en mangeant du poisson pourri.
Dame Douche aimerait aussi qu’il la guérisse. Mais le médecin lui dit qu’elle est enceinte. Elle nie, mais l’épreuve du pouce ne ment pas. Elle avoue donc et dit que le père est Riquier. Mais il nie, et il a peur des réactions de sa femme. Gillot dit qu’elle a bien raison de se faire craindre et loue, ironiquement, toutes les femmes de la Garance qui savent en faire autant. S’ensuit une satire des femmes qui battent leur mari et savent si bien se faire craindre.
Mais le moine arrive, avec les reliques de Saint Acaire. Chacun donne des piécettes en échange d’un vœu. Le fou (le dervès) dit ses quatre vérités, mine de rien (le moine veut le tuer, il ne croit pas en ces papiers, il est roi…) : Eloge paradoxal de la folie au XIIe et XIIIe siècle.
Mais le fou traite Adam de bigame. Celui-ci nie et rétorque que d’autres le sont bien assez. Maître Henri blâme le pape d’avoir incriminé tant de bons papes en faisant que les clercs mariés deux fois (veuf se mariant à une veuve) paieraient des impôts. C’est pousser au concubinage et oublier ceux qui vivent dans la luxure en passant au travers des mailles du filet. Beaucoup de clercs (dont Plumus) se vantent de ne pas se laisser faire et organisent un procès, avec l’avocat Maître Gilles et des notaires. Le fou continue à dire ses folies : Il a deux mots à dire au pape et veut qu’on le lui amène. Le moine s’étonne de toutes les merveilles qu’il dit. Son père leur apprend que c’est tous les jours ainsi, il ne sait pas ce qu’il fait et encore moins ce qu’il dit. Il est fou depuis deux ans (pourquoi ?). Le fou dit qu’on l’a tant battu, qu’il est devenu une petite boule. Mais le fou est aussi poète, il reprend les mots et comprend leurs homonymes. Le moine conseille au père de l’emmener, car il a trop veillé et ne fait que rabâcher.
Rikeche Auris conseille au moine de ranger son reliquaire, car les fées ne vont pas tarder, comme c’est la coutume : Elles attendent qu’il soit parti et viendront à la nuit tombée. Ils entendent déjà des cloches, mais c’est Croquesot, envoyé par son maître le roi Hellequin, qui aime Dame Morgue, qu’il aime. Mais Arsile, Morgue et Magloire arrivent. Magloire n’a pas de couteau ! Morgue lui dit que ce n’est pas grave et demande qui a si bien tout préparé. Croquesot lui apprend que c’est Rikeche Auris et Adam. Arsile (arser signifie brûler) veut les récompenser. Morgue fait le vœu que Rikeche soit riche et Adam soit le plus amoureux du monde entier. Arsile ajoute qu’il sera enjoué et bon trouvère (faiseur de chansons). Morgue insiste pour que Magloire fasse de même. Elle fait donc le vœu que Rikeche soit tondu (donc qu’il perde toutes ses richesses ? sachant la harangue sur la roue de la fortune) et qu’Adam change d’avis et n’aille jamais à Paris par amour pour sa femme.
Morgue dit à Croquesot qu’elle ne peut aimer son maître car elle lui préfère Robert Sommeillons, qui joute si bien pour elle à la table ronde. Hellequin en est jaloux car Someillons se vantait de ses amours avec elle, un jour, alors, Hellequin lui a fait un croc en jambe à son cheval, qui laissa tomber le jeune homme. Mais Arsile lui apprend que c’est un vrai coureur de jupons. Alors Morgue donne son cœur à hellequin, pour toujours, Croquesot doit aller le lui dire.
Mais l’allégorie de la Fortune arrive, muette, sourde et aveugle de naissance. Des rois avares entrent en scène, Magloire n’hésite pas à dire la vérité sur eux, tant elle est courroucée.
Dame Douche survient, elle se plaint d’avoir tant peiné pour les trouver. Elle veut tuer Riquier, comme elle l’a fait pour Jaquemon et Gillier (Ses deux ex-maris ?). Magloire lui promet son aide.
Elles s’en vont, le moine se réveille. Ils vont tous au bar, Gilos demande au moine si Saint Acaire a fait des miracles aujourd’hui, le tavernier est outré et l’envoie au diable. Le moine endormi, les autres en profiteront pour lui faire payer la note, c’est une idée du tavernier. Hal prétendra avoir joué pour lui. Réveillé, le moine ne veut rien savoir. Mais le tavernier le menace de lui prendre son froc en garantie de paiement. Le médecin arrive et les sermonne, le vin rend malade, mais il finit par boire avec eux ! Le moine laisse ses reliques en gage, le tavernier peut donc prêcher ! On assiste à un renversement des valeurs : monde carnavalesque, subversion au profit de la satire.
Mais le fou arrive avec son père… Le moine lui reproche de l’avoir amené, mais le père préfère le balader, il casse tout et il a faim. Le père lui donne une pomme, et le fou croit que c’est une plume (jeu de mot : Eve et la pomme et le rôle de l’écrivain ?). Le moine s’en va en maudissant la taverne et en promettant de ne plus jamais y remettre les pieds.
Ils vont tous partir. Gilos propose d’aller baiser la châsse de Notre-Dame et d’illuminer un cierge, pour que leurs affaires se portent mieux. Le fou continue à comprendre tout ce que lui dit son père de travers, et croit toujours qu’il lui veut du mal, ce que les propos du père ne contredisent guère, il le maudit…
Le moine n’a plus rien à faire ici, il va donc aller à Saint-Nicolas.