Molière, L'école des femmes, III, 5
LECTURE ANALYTIQUE N ° 3 DE « L’ECOLE DES FEMMES » DE MOLIERE
- - Problématique : En quoi peut-on dire qu’il s’agit d’un sermon religieux ?
- - Support : « L’Ecole des femmes » de Molière
Acte III - scène 2 - vers 675 à 716
Plan possible de l'étude :
- I ) L’argumentation d’Arnolphe
- - Construction comme un sermon
- A ) Ses allusions et références
- « levez la tête et tournez le visage » (v.676)
- B ) Appel à la reconnaissance
- C ) Sa vision des rapports hommes/ femmes
- II ) Regard ironique de Molière
- A ) Les figures de rhétorique
- - Grossissement d’énumérations, d’accumulation (rhétorique du rire) :
- « Son mari, son chef, son supérieur et son maître » (v. 712)
- B ) Discours confus d’Arnolphe
- C ) Assimilation d'Arnolphe à Dieu
TEXTE:
- ARNOLPHE, assis.
- Agnès, pour m'écouter, laissez là votre ouvrage.
- Levez un peu la tête et tournez le visage :
- Là, regardez-moi là durant cet entretien,
- Et jusqu'au moindre mot imprimez-le-vous bien.
- Je vous épouse, Agnès ; et cent fois la journée
- Vous devez bénir l'heur de votre destinée,
- Contempler la bassesse où vous avez été,
- Et dans le même temps admirer ma bonté,
- Qui de ce vil état de pauvre villageoise
- Vous fait monter au rang d'honorable bourgeoise
- Et jouir de (...)la couche et des embrassements
- D'un homme qui fuyoit tous ces engagements,
- Et dont à vingt partis, fort capables de plaire,
- Le coeur a refusé l'honneur qu'il vous veut faire.
- Vous devez toujours, dis-je, avoir devant les yeux.
- Le peu que vous étiez sans ce noeud glorieux,
- Afin que cet objet d'autant mieux vous instruise
- A mériter l'état où je vous aurai mise,
- A toujours vous connoître, et faire qu'à jamais
- Je puisse me louer de l'acte que je fais.
- Le mariage, Agnès, n'est pas un badinage :
- A d'austères devoirs le rang de femme engage,
- Et vous n'y montez pas, à ce que je prétends,
- Pour être libertine et prendre du bon temps.
- Votre sexe n'est là que pour la dépendance :
- Du côté de la barbe est la toute-puissance.
- Bien qu'on soit deux moitiés de la société,
- Ces deux moitiés pourtant n'ont point d'égalité :
- L'une est moitié suprême et l'autre subalterne ;
- L'une en tout est soumise à l'autre qui gouverne ;
- Et ce que le soldat, dans sons devoir instruit,
- Montre d'obéissance au chef qui le conduit,
- Le valet à son maître, un enfant à son père,
- A son supérieur le moindre petit Frère,
- N'approche point encor de la docilité,
- Et de l'obéissance, et de l'humilité,
- Et du profond respect où la femme doit être
- Pour son mari, son chef, son seigneur et son maître.
- Lorsqu'il jette sur elle un regard sérieux,
- Son devoir aussitôt est de baisser les yeux,
- Et de n'oser jamais le regarder en face
- Que quand d'un doux regard il lui veut faire grâce.
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Date de dernière mise à jour : 26/07/2021
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