L'entretien sur le théâtre de l'absurde : Ionesco
Entretien sur Ionesco : séquence "théâtre", le théâtre de l'absurde
Au XXe siècle, le théâtre de l’absurde (terme formulé par l’écrivain et critique Martin Esslin en 1962) est un type de théâtre apparu dans les années 1940, se caractérisant par une rupture totale par rapport aux genres plus classiques, tels que le drame ou la comédie. Il s’agit d’un genre traitant fréquemment de l’absurdité de l’Homme et de la vie en général, celle-ci menant toujours à la mort. L’origine de cette pensée étant sans conteste le traumatisme, la chute de l’humanisme à la sortie de la Seconde Guerre mondiale.
Ionesco, Adamov, Beckett, Genet, voire Pinter sont parmi les auteurs de ces œuvres qui ont bouleversé les conventions du genre. La particularité de Eugène Ionesco et Samuel Beckett est qu’ils ont exposé une philosophie dans un langage lui-même absurde qui réduit les personnages au rang de pantins, détruit entre eux toutes possibilités de communication, ôte toute cohérence à l’intrigue et toute logique aux propos tenus sur scène.
L’absurdité des situations mais également la destructuration du langage lui-même ont fait de ce style théâtral un mouvement dramatique à part entière. Ce type de théâtre montre une existence dénuée de signification mettant en scène la déraison du monde dans laquelle l’humanité se perd.
Il désigne essentiellement le théâtre de Samuel Beckett, Eugène Ionesco, Fernando Arrabal, les premières pièces d’Adamov et de Jean Genet…
-
Sources philosophiques
appui dans les écrits théoriques d’Antonin Artaud, Le Théâtre et son double (1938), et dans la notion brechtienne de l’effet de distanciation (Verfremdungseffekt). L’apparente absurdité de la vie est un thème existentialiste que l’on trouvait chez Sartre et Camus mais ceux-ci utilisaient les outils de la dramaturgie conventionnelle et développaient le thème dans un ordre rationnel. Sans doute influencé par Huis clos (1944) de Sartre, le théâtre de l’absurde ne fut ni un mouvement ni une école et tous les écrivains concernés étaient extrêmement individualistes et formaient un groupe hétérogène. Ce qu’ils avaient en commun, cependant, outre le fait qu’ils n’appartenaient pas à la société bourgeoise française, résidait dans un rejet global du théâtre occidental pour son adhésion à la caractérisation psychologique, à une structure cohérente, une intrigue et la confiance dans la communication par le dialogue. Héritiers d’Alfred Jarry et des surréalistes, Samuel Beckett (En attendant Godot, 1953; Fin de partie, 1957) ou Jean Vauthier (Capitaine Bada, 1950) introduisirent l’absurde au sein même du langage, exprimant ainsi la difficulté à communiquer, à élucider le sens des mots et l’angoisse de ne pas y parvenir. Ils montraient des antihéros aux prises avec leur misère métaphysique, des êtres errant sans repère, prisonniers de forces invisibles dans un univers hostile (La Parodie d’Adamov, 1949 ; Les Bonnes de Jean Genet, 1947 ; La Cantatrice chauve d’Eugène Ionesco, 1950).
- Origine critique
L’essai de Martin Esslin publié en 1962, où l’expression théâtre de l’absurde devient célèbre, définit ce type de dramaturgie en l’analysant à la lumière des écrits d’Albert Camus, et notamment du Mythe de Sisyphe qui portent sur l’absurdité de l’être. Pour Esslin les principaux dramaturges du mouvement sont Eugène Ionesco, Samuel Beckett, Jean Genet et Arthur Adamov, bien que chacun de ces auteurs ait les préoccupations et des styles très personnels qui dépassent le terme absurde.
Géographiquement, le théâtre de l’absurde est à l’origine très clairement situé dans le Paris avant-gardiste, dans les théâtres de poche de la Rive gauche, et même précisément du Quartier latin. Cependant, parmi les chefs de file de ce mouvement qui vivent en France, peu sont Français.
- Caractéristiques
-
Refus du réalisme, des personnages et de l’intrigue. Souvent on ne trouve pas de personnalités marquées ni d’intrigue dans le sens « narratif » du terme.
-
Le lieu où se déroule l’action n’est souvent pas cité avec précision (dans « en attendant Godot », on sait que l’action se déroule dans une lande, sans plus de précision).
-
Le temps est lui-même tourné à l’absurde par certains moyens (pendule sonnant un nombre improbable de fois dans La Cantatrice chauve de Ionesco).
-
Volonté de créer un spectacle total : utilisation de mime, de clown, d’un maximum d’éléments visuels, soucis du détail dans la mise en scène, jeux de lumières, de sons.
-
La toile de fond de l’action est souvent la satire de la bourgeoisie, de son langage figé et de son petit esprit.
-
La scène se déroule souvent dans un climat de catastrophe mais le comique s’y mêle pour dépasser l’absurde.
-
Le langage mis en scène n’est plus un moyen de communication mais exprime le vide, l’incohérence et représente la vie, laquelle est elle-même ridicule.
-
Volonté de dresser un tableau de la condition humaine prise dans son absurdité. L’absurdité est que la vie mène à la mort, elle est aussi présente dans la guerre.
-
L’absurde n’y est pas démontré, mais simplement mis en scène ; c’est au spectateur qu’il revient de comprendre, grâce aux gestes.
-
Par ces essais, le nouveau théâtre s’adresse aux intellectuels : l’absurde fait rire au premier abord, ce n’est qu’après réflexion que l’on se rend compte du malaise qui y est dénoncé.
-
Par certains aspects, le nouveau théâtre renoue avec le théâtre antique ; le spectacle y est total et non seulement visuel ou axé sur les dialogues.
- L'avant-garde de l'après-guerre
En analysant le répertoire de l’avant-garde dramatique de son époque, Martin Esslin montre que ces pièces de théâtre sont moins farfelues qu’elles ne paraissent et qu’elles possèdent une logique propre, s’attachant à créer des mythes, autrement dit une réalité plus psychologique que physique. Elles montrent l’homme plongé dans un monde qui ne peut ni répondre à ses questions, ni satisfaire ses désirs. Un monde qui, au sens existentialiste du mot, est « Absurde ».
À partir de La Cantatrice chauve, première pièce de Ionesco en 1950, se fonde pourtant un absurde spécifiquement théâtral, plus proche du raisonnement par l’absurde connu en logique, que de la notion existentialiste. La critique de l’époque appelait d’ailleurs également ce mouvement dramatique : « nouveau théâtre », l’expression « théâtre de l’absurde » étant au début désavouée par Ionesco et Adamov qui récusaient toute appartenance à l’existentialisme. Ce genre se fonde aussi sur le spectacle total prôné par Antonin Artaud.
- Les précurseurs
- Guillaume Apollinaire (1880–1918)
- Antonin Artaud (1893–1948)
- Albert Camus (1913–1960)
- Roger Vitrac (1899–1952)
-
Julien Torma (1902–1933)
-
Michel de Ghelderode (1898-1962) : théâtre où le surnaturel et la mort éclatent en images hallucinantes. Il s’agit d’un précurseur, puisque ses pièces ont été écrites avant la guerre, mais publiées après. Son angoisse devant la dérision humaine annonce la violence de l’interrogation métaphysique au cœur du nouveau théâtre.
Ce théâtre qui va, dit Esslin en 1961, « fournir un langage nouveau, des idées nouvelles, des points de vue nouveaux et une philosophie nouvelle, vivifiée, qui transformeraient dans un avenir assez proche les modes de pensées et de sentiments du grand public ».
- Les pionniers
- Samuel Beckett (1906–1989) : il a une volonté de faire un spectacle laissant une impression de vide (En attendant Godot, Oh les beaux jours, Fin de partie)
- Arthur Adamov (1908–1970)
- Eugène Ionesco (1909–1994) : il déteste les genres plus classiques de théâtre, n’aimant que les sources primaires des théâtres antiques. Sa pièce principale est La Cantatrice chauve, pièce qui est en fait un ensemble de dialogues décousus mettant en évidence l’absurdité de la répétitivité quotidienne de la vie.
- Jean Genet (1910–1986) : en s’inspirant de sa vie dans la pègre le menant jusqu’à la prison, il écrira diverses pièces dépeignant l’univers des parias, essentiellement les hors-la-loi homosexuels (Haute Surveillance). Il a également dépeint l’univers des domestiques (Les Bonnes).
- René de Obaldia (1918– )
- Les héritiers
- Jean Tardieu (1903–1995)
- Max Frisch (1911–1991)
- Robert Pinget (1919–1997)
- Boris Vian (1920–1959) : Les Bâtisseurs d’empire
- Roland Dubillard (1923–)
- Edward Albee (1928–)
- Harold Pinter (1930–2008) : La Mort aux naseaux
- Sławomir Mrożek (1930–)
- Fernando Arrabal (1932–)
- Tom Stoppard (1937–)
- Stanislav Stratiev (1941–2000)
- Walter Wykes
- Jean Michel Ribes (1946-)
- Mikhail Volokhov (1955-)
- Articles wikipédia, le théâtre de l'absurde
- Paternité - Partage des Conditions Initiales à l'Identique 3.0 Unported (CC BY-SA 3.0)
-
L'esprit est-il plus facile à connaître que le corps?
- Le 25/12/2016
- Dans Dissertations philosophiques
- 0 commentaire
Le corps et l'esprit
-
Les différentes écoles philosophiques
- Le 22/12/2016
- Dans Commentaires philosophiques
- 0 commentaire
Les différentes écoles philosophiques
-
La Grèce, la civilisation de la parole : philosophie ancienne
- Le 22/12/2016
- Dans Commentaires philosophiques
- 0 commentaire
Le logos Grec
-
Descriptif bac : De l'objet culte à l'objet de consommation : Hergé, Barthes et Ch. de Brosses
- Le 22/12/2016
- Dans Listes EAF , descriptifs candidats libres
- 0 commentaire
Mythologies, Du Culte des Dieux fétiches, l'oreille cassée
-
Mythologies, R. Barthes, le plastique, Saponides et détergents, jouets, Bichons chez les nègres, les Romains au cinéma, la nouvelle citroën
- Le 21/12/2016
- Dans Les oeuvres intégrales
- 0 commentaire
Analyse d'une oeuvre intégrale au baccalauréat de français
-
Roland Barthes Mythologies, Le plastique, commentaire littéraire et oral EAF
- Le 20/12/2016
- Dans Les oraux de français
- 0 commentaire
L'industrie du plastique
-
Roland Barthes, les Jouets, Mythologies, commentaire littéraire et oral EAF
- Le 20/12/2016
- Dans Les oraux de français
- 0 commentaire
Mythologies
-
Ch. de Brosses, Du culte des Dieux fétiches, commentaire et oral EAF
- Le 20/12/2016
- Dans Les oraux de français
- 0 commentaire
Une réflexion sur l'homme
-
Roland Barthes, Mythologies, La nouvelle Citroën, commentaire et oral EAF
- Le 19/12/2016
- Dans Les oraux de français
- 0 commentaire
En quoi ce texte est-il une mythologie?
-
Les hypostases plotiniennes et les hypothèses du Parménide de Platon
- Le 17/12/2016
- Dans Commentaires philosophiques
- 0 commentaire
Les hypostases plotiniennes et les hypothèses du Parménide de Platon
-
Le principe de l’âme et de l’intelligence, l'Un chez Plotin, sa nature, Comment l'Un peut il être s'il ne participe pas de l'être?
- Le 17/12/2016
- Dans Commentaires philosophiques
- 0 commentaire
Comment l’Un peut il être s’il ne participe pas de l’être?
-
La nature de L'Un chez Plotin, les Ennéades
- Le 17/12/2016
- Dans Commentaires philosophiques
- 0 commentaire
L'Un la nature génératrice de toutes choses
-
Faire son descriptif oral EAF sur skype avec un professeur
- Le 06/12/2016
- Dans Pédagogie français. Services pédagogiques du site dubrevetaubac.fr
- 0 commentaire
Faire sa liste bac oral EAF sur skype
-
La prééminence de la parole, la pensée Grecque
- Le 19/11/2016
- Dans Commentaires philosophiques
- 0 commentaire
La pensée Grecque
-
L'individu et la substance. Notions pour le bac
- Le 19/11/2016
- Dans Commentaires philosophiques
- 0 commentaire
Individu et substance
-
Plotin, l'intellect dans les Ennéades : procession et conversion
- Le 19/11/2016
- Dans Commentaires philosophiques
- 0 commentaire
L'âme médiatrice universelle de l'Un
-
La question Plotinienne de l'Un, Ennéades II, 9
- Le 19/11/2016
- Dans Commentaires philosophiques
- 0 commentaire
En quel sens parler de l'Un chez Plotin?
-
Le Gorgias et le Phèdre : dialectique et rhétorique
- Le 18/11/2016
- Dans Commentaires philosophiques
- 0 commentaire
Le langage
-
L'héritage de la philosophie socratique
- Le 15/11/2016
- Dans Commentaires philosophiques
- 0 commentaire
Le socratisme, son héritage
-
L'orientation philosophique socratique : le but de la philosophie
- Le 15/11/2016
- Dans Commentaires philosophiques
- 0 commentaire
Apprendre à philosopher
-
La philosophie et son origine
- Le 15/11/2016
- Dans Commentaires philosophiques
- 0 commentaire
La question de l'origine
-
La liberté en Dieu. Les futurs contingents aristotéliciens. Aristote, les stoiciens et les mégariques
- Le 14/11/2016
- Dans Commentaires philosophiques
- 0 commentaire
Les futurs contingents
-
Le stoicisme et le scepticisme
- Le 13/11/2016
- Dans Commentaires philosophiques
- 0 commentaire
Stoicisme et scepticisme, fiche bac
-
La grande année après Aristote. L'éternel retour, les stoiciens
- Le 13/11/2016
- Dans Commentaires philosophiques
- 0 commentaire
Les stoiciens
-
Philolaos, harmonie, circularité, éternel retour
- Le 13/11/2016
- Dans Commentaires philosophiques
- 0 commentaire
Eternel retour
-
Harmonie et circularité chez Empédocle
- Le 12/11/2016
- Dans Commentaires philosophiques
- 0 commentaire
La question de l'origine chez Empédocle
-
La circularité chez Empédocle
- Le 12/11/2016
- Dans Commentaires philosophiques
- 0 commentaire
Le principe du monde, harmonie et circularité
-
Héraclite, étude des fragments, 30, 31, 90 et 94.
- Le 12/11/2016
- Dans Commentaires philosophiques
- 0 commentaire
Remise en question de l'éternel retour
-
Héraclite, fragments, 36, 119 et 50. La pensée de la contradiction
- Le 12/11/2016
- Dans Commentaires philosophiques
- 0 commentaire
Etude de trois fragments
-
Héraclite étude du fragment 66, l'unité des contraires, le feu et le non-feu
- Le 12/11/2016
- Dans Commentaires philosophiques
- 0 commentaire
L'harmonie des contraires
-
Hergé, l'Oreille cassée commentaire et oral EAF : De l'objet culte à l'objet de consommation
- Le 15/10/2016
- Dans Les oraux de français
- 0 commentaire
L'objet culte, l'objet de consommation
-
Aristote, Métaphysique, Livre A, I
- Le 14/10/2016
- Dans Commentaires philosophiques
- 0 commentaire
Aristote, Métaphysique
-
Roland Bacri, Fable électorale, commentaire littéraire et oral EAF
- Le 07/08/2016
- Dans Les oraux de français
- 0 commentaire
La réécriture
-
Réécriture de la cigale, le recueil de fables d'Anouilh. Commentaire littéraire et questionnaires
- Le 07/08/2016
- Dans Les oraux de français
- 0 commentaire
Séquence réécriture
-
Aragon, le Roman inachevé, la guerre et ce qui s'ensuivit. Commentaire littéraire et oral EAF
- Le 07/08/2016
- Dans Les oraux de français
- 0 commentaire
La dénonciation de la guerre
-
Oral EAF, Cyrano de Bergerac, l'autre monde ou les états et empires de la lune
- Le 07/08/2016
- Dans Les oraux de français
- 0 commentaire
La découverte du Nouveau Monde
-
Bougainville, Voyage autour du monde, commentaire littéraire et oral EAF
- Le 06/08/2016
- Dans Les oraux de français
- 0 commentaire
La découverte du Nouveau monde
-
La Boétie, Discours de la servitude volontaire, commentaire littéraire et oral EAF
- Le 06/08/2016
- Dans Les oraux de français
- 0 commentaire
L'humanisme
-
Réflexions sur l'esclavage des nègres, Condorcet. Les questions pour l'oral et commentaire littéraire
- Le 05/08/2016
- Dans Les oraux de français
- 0 commentaire
L'esclavage des nègres
Date de dernière mise à jour : 30/07/2021